Le théâtre

Merci pour tes trois avis Annwvyn !
Pour le Tartuffe (que nous avons vu ensemble), je suis d’accord avec ce que tu dis, j’ai passé un bon moment, mais je ne m’en rappelle plus beaucoup, et puis je n’aime pas vraiment cette pièce de Molière.

Ce que tu dis de La double inconstance me fait bien plaisir ! J’y vais dimanche avec Esperluette, et tu me rends encore plus impatiente, j’espère aimer autant que toi !

Je me disais justement que l'absence de commentaires sur le Tartuffe n'était pas très bon signe . Merci pour vos impressions Annwvyn et Ju. J'y vais demain, et ai hâte de me faire une idée des comédiens et de la mise en scène. Ce n'est pas une pièce que j'apprécie particulièrement, mais comme je ne l'ai encore jamais vue sur scène, je ne demande qu'à être séduite.

La Double inconstance m'aurait bien intéressée, d'autant que je n'ai jamais vu de pièce de Marivaux. Mais il faut faire des choix, surtout quand on habite en province...

Tatiana a écrit:

La Double inconstance m'aurait bien intéressée, d'autant que je n'ai jamais vu de pièce de Marivaux. Mais il faut faire des choix, surtout quand on habite en province...

Vraiment Tatiana, si tu en as l'occasion, n'hésite pas. C'est le tout début de l'alternance, la pièce va encore être jouée un petit moment. Ju, j'espère que tu aimeras.

Ce Tartuffe restera comme un beau moment de théâtre, sans pour autant être un coup de cœur.

J'étais placée comme pour Lucrèce Borgia, à l'avant-scène, ce qui m'a permis de bien profiter de l'ensemble. Il m'a fallu un peu de temps pour me remettre dans l'histoire, mes souvenirs de lecture étant bien loin. D'autant que de nombreux acteurs sont présents dans scène d'ouverture et que je me suis sentie un peu perdue. Ce qui m'a fait regretter de ne pas m'être plongée davantage dans le programme.

Je ne me souvenais plus que Tartuffe apparaît si peu. Michel Vuillermoz remplit bien le cahier des charges, il est assez répugnant comme tu le soulignes Annwvyn, d'une froideur renforcée par la couleur de son habit. Rien d'exceptionnel dans son interprétation cependant. Les autres acteurs m'ont tous paru très bons, même si j'ai eu un peu de mal avec Elsa Lepoivre (qui s'est d'ailleurs emmêlée avec son texte pendant quelques secondes lorsqu'elle tente de faire comprendre à son mari que Tartuffe cherche à la séduire). Je ne saurais pas dire pourquoi, disons que son personnage m'a paru quelconque. En revanche, j'ai adoré Didier Sandre (on ne se refait pas ) dont l'Orgon austère et détestable pendant une partie de la pièce est rehaussé par son charme et son élégance naturels. Placée comme je l'étais, j'ai pu apprécier les différents registres de son jeu, depuis le calme avec lequel il accueille les plaintes de son entourage envers Tartuffe jusqu'à son explosion de colère face à son fils. C'est la première fois que je le vois dans un rôle qui se prête à un peu d'humour. J'ai énormément aimé la Dorine de Cécile Brune, en particulier dans sa scène avec Orgon, puis au cours de la querelle des deux amoureux . Avec la scène du piège tendu par Elmire à Tartuffe - la forte toux d'Elmire pour faire comprendre à son mari qu'il est temps de cesser une scène qu'elle ne peut poursuivre sans horreur   , ici encore avec d'heureux moments comiques, c'est celle que j'ai préférée. Le couple Marianne/Valère fonctionne parfaitement.

La mise en scène m'a semblé bien servir la pièce, sans trouvaille exceptionnelle. L'effet de profondeur du fond de la scène est efficace. Les costumes sont beaux dans l'ensemble, surtout les robes de ces dames . Le seul élément tout à fait dispensable, ce sont les masques dont sont affublés les valets à la toute fin de la pièce, lors de l'arrestation de Tartuffe. Ils jurent avec l'harmonie du décor et des costumes.

Merci pour ton avis Tatiana, et contente que tu aies aimé!

Pour ma part, c'était La double inconstance de Marivaux aujourd'hui, et si on excepte le fait qu'on n'était pas très bien placées (pour des places de catégorie B, je trouve ça un peu abusé d'avoir une très belle vue sur les projecteurs ), j'ai beaucoup aimé!

Annwvyn a très bien décrit les qualités de cette pièce, et surtout de la mise en scène, très originale
Le contraste entre des aspects modernes et plus vieillots est sympathique, en particulier pour les costumes! Vraiment magnifiques
Le décor (sans énormément changer au cours de la pièce) est soigné et je l'ai trouvé vraiment très beau!
Les jeux avec le miroir sont très bien trouvés aussi, franchement cette mise en scène était vraiment bien!
Au sujet des acteurs, ils m'ont tous convaincu (oui même Loïc Corbery mais je partais conquise ), même si leurs personnages sont loin d'être attachants (en même temps, il faut bien justifier l'inconstance du titre )

Un très bon souvenir - encore une fois - de la Comédie Française!

Dimanche prochain, ce sera le tour de Dom Juan avec encore Loic Corbery

J'arrive dernière sur ce topic et peux donc plussoyer vos posts Annwvyn et Ju.

La mise en scène, les décors et costumes, tout est très fin et délicat et vient servir le texte de Marivaux (je ne connaissais pas la pièce en plus, la découvrir dans ce cadre était un régal). Comme Ju j'ai trouvé tous les acteurs excellents, même Loïc Corbery (mais je ne suis pas sûre d'être très objective dans son cas ).

Et puis les quelques intermèdes musicaux (la bossa, Joni Mitchell, le passage style comédie musicale), j'ai moi aussi adoré.

En revanche, je n'ai pas été hyper convaincue par la mise en abyme avec l'idée de la répétition théâtrale. Mais c'est vraiment un détail.


Je suis en train de me dire que je n'avais pas posté d'avis sur La Mouette vue au Théâtre de Nanterre en octobre avec Annwvyn (bien aimé sans être complètement séduite ; quelques acteurs étaient un peu en-dessous, par contre la pièce est superbe et j'avais beaucoup aimé l'interprétation de Nicole Garcia) et dans un autre registre, Un dîner d'adieu avec Audrey Fleurot, Eric Elmosnino et Guillaume de Tonquédec (par les auteurs du Prénom, une comédie assez caustique et bien écrite, quelques moments d'anthologie).

Que d'enthousiasme pour ce Marivaux, je vais voir si je peux m'arranger pour aller voir cette pièce.

J'ai repéré Un dîner d'adieu qui m'aurait tenté aussi, en partie pour Audrey Fleurot que je serais curieuse de voir sur scène.

Tatiana a écrit:

Les autres acteurs m'ont tous paru très bons, même si j'ai eu un peu de mal avec Elsa Lepoivre (qui s'est d'ailleurs emmêlée avec son texte pendant quelques secondes lorsqu'elle tente de faire comprendre à son mari que Tartuffe cherche à la séduire).

Oooh, c'est dommage. Peut-être que ce n'était pas son jour ! Elsa Lepoivre est vraiment une grande actrice que j'admire beaucoup. Les critiques la reconnaissent souvent comme une des meilleures actrices du Français. J'aime sa voix, et je trouve qu'elle a toujours énormément de classe et de présence.

Citation :

En revanche, j'ai adoré Didier Sandre (on ne se refait pas ) dont l'Orgon austère et détestable pendant une partie de la pièce est rehaussé par son charme et son élégance naturels. Placée comme je l'étais, j'ai pu apprécier les différents registres de son jeu, depuis le calme avec lequel il accueille les plaintes de son entourage envers Tartuffe jusqu'à son explosion de colère face à son fils.

Je suis contente que tu n'aies pas été déçue par Didier Sandre Tatiana. Quand je pense à lui, je pense à toi. Personnellement, je n'ai été ni enthousiasmée ni déçue par son jeu. Je l'ai simplement trouvé très juste, ce qui est déjà bien !

En tout cas, je partage ton avis sur Cécile Brune, excellente de bout en bout et notamment dans la scène de la dispute des amoureux. Je l'aime peu d'habitude, mais on ne peut pas nier que dans Tartuffe elle est parfaite ! Et je te plussoie pour les masques. On ne peut pas nier qu'ils sont très laids.

esperluette a écrit:

Joni Mitchell [...]
En revanche, je n'ai pas été hyper convaincue par la mise en abyme avec l'idée de la répétition théâtrale. Mais c'est vraiment un détail.

Aaah, je me demandais de qui était la chanson, merci Esperluette !
En ce qui concerne la mise en abyme, je m'attendais à pire. C'est un petit tuyau vu et revu au théâtre, et franchement ça ne me disait rien. Mais tout compte fait, et bien que ce soit sans originalité, j'ai trouvé que ça passait bien : d'abord par rapport aux propos de Marivaux (où est la franchise, le jeu, l'hypocrisie ?), et surtout parce que ça autorise une superbe reconstitution du foyer des artistes de la Comédie française.

Contente en tout cas que vous ayez aimé Ju et Esperluette, en dépit du projecteur. Tatiana, si tu as l'occasion, n'hésite pas. La pièce est un régal pour les yeux (décors et costumes) mais aussi pour les oreilles (je suis toujours épatée par la subtilité de l'écriture de Marivaux).

J'ai failli aller voir Un dîner d'adieu, et finalement cela ne s'est pas fait. Dommage, car j'aurais aussi bien voulu voir Audrey Fleurot sur scène.

Ah, ben voilà, je ne savais pas où mettre ça !
J'ai vu Platonov avec Emmanuelle Devos, une version très modernisée tant au niveau de la mise en scène que tu texte, mais j'ai beaucoup aimé... Et pourtant ça durait 3h30...

J'aime beaucoup cette pièce Lily. Comment était la mise en scène ? J'espère que tu as aimé la plume et la sensibilité de Tchekhov, je crois que c'est mon auteur préféré. J'aime aussi énormément les personnages de Platonov et Anna Petrovna... en dépit de leur côté assez peu sympathique. En revanche, je ne suis pas folle d'Emmanuelle Devos. Je l'ai peu vue, mais je lui trouve un côté un peu vulgaire...

3h30 c'est bien normal. Les manuscrits de Tchekhov pour Platonov, joués dans leur intégralité durent plus de 6 heures. A priori les metteurs en scènes choisissent librement les scènes qu'ils veulent jouer. Je suppose que ça dépend aussi des traductions. Avec mon groupe de théâtre, on avait joué une autre version que celle que j'ai vue l'année dernière aux Ateliers Berthiers (Odéon) avec Ju.

Platonov, je connaissais déjà pour l'avoir lu et vu (à la télé seulement). Mais là, la mise en scène était très loufoque mais sans rien perdre de la sensibilité slave. Certains passage étaient un peu moins bons que d'autres, mais dans l'ensemble l'émotion passait. La fin ma tiré les larmes alors que je la connaissais.
Je trouve pas que Platonov soit si antipathique que ça, il est tout simplement humain... Il était très bien interprété. Emmanuelle Devos ne m'a pas paru vulgaire (sauf à un moment mais cela ne venait pas d'elle mais de la mise en scène). Sinon, elle a su parfaitement faire passer le désespoir de son personnage...
Images ici

Merci Lily pour ton avis plus détaillé. Merci pour les photos aussi. Les pièces du théâtre de La Colline sont assez souvent controversées. Je vois que la traduction était la même que celle que j'ai vu jouer l'année dernière, et je dois dire que ce n'est pas ma préférée (même si j'avais aimé le travail d'André Markowicz sur Les Trois sœurs). Elle est effectivement modernisée.

Personnellement, j'aime beaucoup Platonov, mais je sais qu'il peut paraître antipathique à certains (voir la manière dont il traite Sophia et Grekova), et en tout cas exaspérant (avec cette impossibilité qu'il a d'agir). C'est un personnage humain, oui, mais humain dans toute sa complexité, un peu comme Hamlet, et qui n'accroche pas forcément tout le monde. Quant à Emmanuelle Devos, je présume qu'elle jouait Anna Petrovna appelée dans cette traduction "La générale", et tant mieux si elle n'était pas vulgaire. La vulgarité est une solution de facilité, mais pour moi le personnage doit être plus nuancé.

Je reviens d'une représentation de Dom Juan à la Comédie Française (sûrement ma dernière pièce de 2014 ) et j'ai bien aimé

Ce ne sera pas un coup de coeur, parce que j'ai eu besoin d'un acte entier pour entrer vraiment dedans... Le premier acte est assez faible pour moi: Loïc Corbery avec sa perruque blonde ne me plaisait pas plus que ça, Suliane Brahim encore moins et je ne me rappelle même plus ce qui s'y passe vraiment
Mais le début de l'acte II m'a totalement convaincue C'est des scènes à la campagne, avec un duo de paysans (Benjamin Lavernhe et Julie Sicard) et Benjamin Lavernhe est juste génialissime!! Franchement!! Vraiment excellent, très drôle, totalement convaincant (je ne l'avais même pas reconnu au début, tellement il est dans son personnage!). Vraiment le meilleur passage de la pièce, j'ai adoré adoré
Les actes suivants sont bons aussi, on est vraiment dans l'histoire (et Loïc Corbery se débarasse enfin de sa perruque immonde, il était bien mieux ensuite ).

Le changement de la fin est assez décevant. Mais bon, je ne suis pas non plus fan de Molière au point de crier au sacrilège, c'est juste dommage et ça change un peu la morale de la pièce.
Les décors sont épurés et minimalistes, mais ils servent bien au propos donc ça ne m'a pas dérangé. Les costumes sont bien aussi.

Je reviens un peu sur les acteurs:
comme dit plus haut, Benjamin Lavernhe est pour moi la révélation de cette pièce! Il a un deuxième rôle dans l'acte III, mais pas beaucoup de répliques. Son personnage de Pierrot était vraiment excellent par contre
Les filles s'en sortent bien (Julie Sicard en particulier, en paysanne), même si j'ai eu du mal avec Suliane Brahim (bien meilleure néanmoins dans l'acte IV).
Je n'avais jamais vu Clément Hervieu -Léger sur scène: son rôle n'est pas très facile et assez fade, donc pas grand chose à en dire.
Serge Bagdassarian ensuite: excellent lui aussi!! Présent quasiment tout le long dans le rôle de Sganarelle, valet de Dom Juan, il est vraiment très très bien et très drôle!
Je termine sur Loïc Corbery. Il est vraiment très bon en Dom Juan, surtout que le rôle est très loin d'être facile. J'ai mis un peu de temps à vraiment entrer dans son jeu, mais dans la deuxième partie, il est vraiment excellent. Je l'ai trouvé convaincant dans ce rôle.

Je pense que ce que je retiendrai vraiment de cette pièce (si j'en retiens quelque chose), c'est les jeux excellents de Benjamin Lavernhe en tête et Serge Bagdassarian (qui le suit d'une courte tête). Et aussi de Loïc Corbery, mais qui m'a un peu moins marquée vu qu'il était présent tout le long et que son personnage est difficile à aimer (même impossible )

Merci pour ton avis détaillé Ju, qui me donne envie de découvrir ou revoir (parce que j'ai peut-être déjà vu, mais je ne me souviens pas) Benjamin Lavernhe.

Dom Juan est une pièce que j'aime peu, à cause de son sujet. Alors que j'adore l'opéra de Mozart, mais la musique y est pour quelque chose . J'ai vu la pièce avec Philippe Torreton dans le rôle-titre il y a quelques années, mais elle ne m'a pas marquée. Cela dit, si j'avais pu voir Loïc Corbery dans ce même rôle, la curiosité l'aurait emporté.

Serge Bagdassarian tient donc deux rôles en ce moment puisqu'il joue aussi dans Tartuffe, et le rôle de Sganarelle est conséquent, quel travail (mais c'est la règle de cette grande maison).

Tatiana a écrit:

Serge Bagdassarian tient donc deux rôles en ce moment puisqu'il joue aussi dans Tartuffe, et le rôle de Sganarelle est conséquent, quel travail (mais c'est la règle de cette grande maison).

Oui c'est la règle et ils sont beaucoup dans ce cas! Ne serait-ce que Loïc Corbery qui joue en ce moment le prince dans La double inconstance, un rôle moins important que Dom Juan mais quand même assez conséquent!

Hier soir je suis retournée voir (pour la quatrième fois, oui, il faut assumer^^) Un chapeau de paille d’Italie à la Comédie Française. Et après coup, même si j’ai une nouvelle fois passé un très bon moment, je me dis que j’aurai peut-être mieux fait de m’abstenir…
J’y suis retournée (après y être allée 3 fois la saison passée) pour faire découvrir Pierre Niney à ma petite sœur (la seule de mes proches à ne pas l’avoir vu l’an passé). Comme il jouait en alternance, j’avais préparé le coup en vérifiant les dates auxquelles il jouait, et quel ne fut mon choc (je peux même dire déception) en voyant entrer en scène Benjamin Laverhne !
Je n’ai rien contre l’acteur, qui fait un très bon boulot et qui a tout à fait convaincu le public, je l’ai bien aimé, mais passer après Pierre Niney, c’était trop difficile… Et comme sans me vanter, j’ai fini par connaitre la pièce sur le bout des doigts, je n’ai pu m’empêcher de comparer (dès qu’il ouvrait la bouche, j’entendais en off Pierre Niney, c’est dingue )
Et malheureusement, même si sa copie est fidèle et plutôt bluffante, ce n’est pas pareil…
S’il n’y avait eu que ça, ça aurait pu passer (parce qu’il est quand même très bon !) mais certains autres acteurs avaient changé aussi, et en moins bien il faut le dire… Me venant tout de suite à l’esprit : le personnage du cousin Bobin, merveilleusement interprété par Félicien Juttner est devenu ici un personnage grotesque, une marionnette ne sachant pas trop quoi faire de son corps… Pas de tout convaincue, j’ai même frémi à l’approche de chacune de ses scènes. Pourtant ma sœur – et le public – l’ont aimé. C’est juste que pour moi, l’acteur ne supportait pas une seule seconde la comparaison.
Changement aussi de l’acteur de Beauperthuis, Nazim Boujenah en fait des tonnes, et ça ne passe pas…
Heureusement, Christian Hecq était là pour sauver la mise !  
Voilà, j’avais quand même envie de revenir poster ici. Je suis franchement déçue de ne pas avoir vu Pierre Niney (attention, je voulais aussi voir ce qu’avait fait Benjamin Laverhne du personnage, mais j’aurai voulu être prévenue à l’avance et ne pas le découvrir sur place, surtout après tout le plaisir que j’anticipais…) et les changements d’interprétation ne m’ont pas vraiment plu (pourtant ils s’essayent tous à une copie conforme mais…)
Mais sinon, ça reste une très bonne pièce et un très bon spectacle, qui nous fait tous sortir de bonne humeur

4 fois doit être un record inégalé, je suis très impressionnée Ju

Je comprends tout à fait que tu aies été déçue de ne pas avoir vu Pierre Niney alors que tu l'attendais, je l'aurais été aussi en pareille situation. Au moins tu auras eu la possibilité de comparer deux acteurs dans un même rôle très exigeant. Il est clair que passer après lui qui a tout marqué les esprits ne doit pas être facile.
Ah le beau-père de Christian Hecq (et son myrthe), j'en ris encore .

J'ai vu la semaine dernière La double inconstance à la Comédie Française, représentation qui restera un souvenir de théâtre sympathique sans que la pièce m'ait transportée. D’abord, je n’étais pas dans de très bonnes conditions, j’étais fatiguée et ai dû lutter pour rester concentrée. Ensuite, par moments les comédiens parlaient tellement vite que des morceaux de phrases m’ont échappé. Je ne sais pas si cette vitesse de diction était volontaire, mais elle m’a empêchée de savourer pleinement le texte, au demeurant raffiné. C’était mon premier Marivaux sur scène et j’aurais aimé profiter davantage du texte.

La mise en scène est des plus réussies, avec une mise en abîme a première pas très originale mais qui une fois dans le vif du sujet fonctionne bien. Je retiens de belles trouvailles : les quelques pas de danse effectués par Loïc Corbery et Adeline d’Hermy (on aurait dit de vrais pros   ) et balcon censé surplomber Paris, qui de plus donne lieu à une scène très drôle entre le Prince et Arlequin.

Je suis plus mitigée sur la distribution. Sur les dames, pour être précise. Si Georgia Scalliat parvient à donner de l’étoffe à Lisette, je n’ai pas aimé la Silvia d’Adeline d’Hermy. Déjà la voix de la comédienne m’a toujours gênée bien que dans Un chapeau de paille elle corresponde au personnage. Mais ici, je me suis focalisée sur elle. Sans pouvoir me prononcer de manière approfondie sur le personnage faute de bien connaître le théâtre de Marivaux, cette voix traînante aux intonations très particulières donne à Silvia une naïveté qui ne lui convient pas. Même déception pour Florence Viala dont j’ai adoré la Lulu d’Un fil à la patte. Son personnage est à la limite du vulgaire. Je m’interroge sur les directions qu’Anne Kessler a données à la comédienne. Une chose est sûre, cette vision du personnage est trop cruelle à mon goût. Chez les hommes en revanche, Loïc Corbery m’a une fois de plus conquise    par son aisance et son charisme, sans oublier sa parfaite maîtrise du texte. L’Arlequin de Stéphane Valrupenne a été une belle découverte même s’il m’a fallu un peu de temps pour m’habituer à son jeu, qui se bonifie au cours de la pièce. Je suis d’ailleurs curieuse de voir, si j’en ai l’occasion, ce que donnera son Bois d’Enghien puisqu’il interprètera le rôle tenu auparavant par l’excellent Hervé Pierre.

Merci beaucoup pour ton avis Tatiana ! Je suis contente que tu aies apprécié la représentation, même si elle ne t'aura pas enthousiasmée tant que ça.

Je me souviens trop peu de la pièce pour défendre les comédiens. Simplement, je n'ai pas trouvé Florence Viala trop cruelle, ou bien est-ce tout bonnement ce que j'attendais d'une pièce de Marivaux ? Sous des dehors assez légers, l'auteur présente une vision assez acide de la société, et si on ne retrouve pas un côté un peu piquant, je pense qu'il manque quelque chose.

Ce soir, je vais voir Les Estivants de Gorki à la Comédie française, avec Ju. Pour moi, ce sera la découverte de cet auteur qui a marqué le début du XXème siècle russe (il était partisan des bolchéviques, et proche de Lénine autant que de Tchkekhov). Les décors ont l'air magnifiques, si on en croit le programme, et j'espère ne pas être déçue. Thierry Hancisse y sera, et c'est un comédien que j'adore et qui se fait bien trop rare à mon goût !

Merci pour ton avis Tatiana.
Quand tu parles de rapidité de diction, je me rappelle l’avoir moi aussi remarquée, et en effet, si tu étais un peu fatiguée, ce ne devait pas être l’idéal…
Je garde un bon souvenir de cette pièce, même si je ne m’en souviens déjà plus trop. J’avais en tout cas trouvé la mise en scène très originale !
Ce soir, nous allons voir Les estivants de Gorki avec Annwvyn, j’espère que ce sera bien (et que j’arriverai à rester concentrée jusqu’au bout ! La pièce est longue – 3 heures – et je ne suis pas au meilleur de ma forme en ce moment… Mais je pense que ça ira, en général le théâtre arrive à me réveiller et me stimuler intellectuellement )

Edit: bon on s'est croisées^^

Ju a écrit:

(et que j’arriverai à rester concentrée jusqu’au bout ! La pièce est longue – 3 heures – et je ne suis pas au meilleur de ma forme en ce moment… Mais je pense que ça ira, en général le théâtre arrive à me réveiller et me stimuler intellectuellement )

Personnellement, quand je suis fatiguée, j'ai beau me concentrer, je ressens toujours moins de choses et je peine à ne pas décrocher (avec certains auteurs tout particulièrement, comme Shakespeare et parfois Molière). Pour le Gorki, il y a 4 actes , mais je crois que l'auteur était plus un auteur politique qu'un auteur attaché à la forme du texte ou aux beaux mots. Ajoutée à ça la date de la pièce (1904 je crois ), il y a des chances qu'on arrive à suivre. Enfin j'espère !

En fait je n'avais pas d'attente particulière sur le texte, si ce n'est que je ne pensais pas être face à une peinture si cruelle de la société de l'époque. Ma seule expérience de Marivaux remonte à une bonne dizaine d'années, j'avais dû lire Le jeu de l'amour et du hasard dont je ne garde quasiment aucun souvenir.

Forte de cette représentation, je me demande si l'écriture de Marivaux me plaît. Il faudrait que je lise la pièce. Mais en sortant du Français, je me suis dit être plus sensible à ses à peu près contemporains Beaumarchais et Goldoni, donc à des auteurs d'un XVIIIe plus tardif. La double inconstance date de 1723, juste à la fin de la Régence, époque libertine et insolente s'il en fût.

Je remarque que, parmi mes expériences récentes au Français, peu de pièces ont un entracte. J'aurais été sans doute plus réceptive s'il y en avait eu un, pour recharger un peu mes batteries.

Bon Gorki à vous deux ce soir J'espère que nous aurons droit à un compte rendu .

Tatiana a écrit:

En fait je n'avais pas d'attente particulière sur le texte, si ce n'est que je ne pensais pas être face à une peinture si cruelle de la société de l'époque.[...]
Forte de cette représentation, je me demande si l'écriture de Marivaux me plaît. Il faudrait que je lise la pièce. Mais en sortant du Français, je me suis dit être plus sensible à ses à peu près contemporains Beaumarchais et Goldoni, donc à des auteurs d'un XVIIIe plus tardif. La double inconstance date de 1723, juste à la fin de la Régence, époque libertine et insolente s'il en fût.

Pour ma part, j'aime énormément Goldoni, dont je trouve qu'il se rapproche de Marivaux, mais peut-être avec plus d'humour et moins d'acidité, effectivement. Je connais un peu moins Beaumarchais. Peut-être Marivaux vivait-il effectivement dans une époque plus propice à la critique ?

Concernant Marivaux, j'ai trouvé que la mise en scène d'Anne Kessler avait su parfaitement doser l'humour, la "romance" et la critique des mœurs. La mise en scène de Galin Stoev du Jeu de l'amour et du hasard à la Comédie française se plaçait sur le même ton, mi-amusé, mi-désabusé voire cynique (décors horribles, mais direction d'acteurs brillante, un de mes meilleurs souvenirs de la CF). Lorsque tu lis le Jeu, tu peux ne voir que la comédie légère. Et pourtant, j'avais étudié en classe de seconde une mise en scène... complètement tragique.

Je crois que c'est ce que j'aime chez Marivaux, cette délicatesse, cette possibilité de placer le curseur du cynisme là où on veut. Il y a beaucoup d'ironie aussi (et parfois, je pense à Jane Austen ). Mais en réalité, je me souviens avoir écrit la même chose à propos de Goldoni, donc... N'hésite pas à te pencher sur les textes Tatiana, je veux bien ton avis !

Double post pour la bonne cause. Les Estivants mis en scène par Gérard Desarthe à la Comédie française... c'était excellent !

Ce n'est pas une surprise, j'aime les pièces chorales où les personnages passent leur temps dans les jardins à bavarder, à se poser des questions existentielles. J'adore en particulier Tchekhov, et la pièce d'hier avait un petit air de Tchekhov. En réalité, et j'ai trouvé ça très intéressant, j'ai eu l'impression que cette pièce était à mi-chemin entre Tchekhov et Les justes de Camus. On perd énormément de la délicatesse du premier, parce que la bourgeoisie est arrivée au bout de son ennui (et parce que Gorki n'a pas la plume de Tchekhov ) ; et puis on sent que les personnages commencent à s'engager (ou décident de renoncer pour de bon, chacun choisit son camp). On voit aussi que les femmes vont jouer un rôle plus important, laissant les vieux machos sur leurs idées datées. C'est vraiment une pièce du début du XXème siècle, j'ai trouvé ça vraiment passionnant !

Comédie française a écrit:

Comme chaque été, Bassov et sa femme Varvara retrouvent leurs amis dans une datcha en bord de mer. En retrait du monde, se réunissent ainsi une quinzaine d’individus oisifs qui emploient leurs journées à échanger sur l’amour, la mort, l’art ou la révolution. Mais deux nouveaux personnages, une intellectuelle engagée, Maria Lvovna, et un poète en panne d’inspiration, Chalimov, vont bousculer l’équilibre des vacanciers, obligeant les uns et les autres à prendre position. Après deux mois de villégiature loin de la ville et de ses faux-semblants, les langues se délient, les rancoeurs affleurent et les conflits sous-jacents se font jour. Fils d’un monde crépusculaire, au seuil d’une ère à venir, ces estivants révèlent leur vérité nue dans la tension d’une existence en devenir.

La mise en scène est peut-être un peu sage, puisqu'on parle (un peu) d'engagement, j'aurais aimé que sur la fin au moins, la mise en scène soit plus forte, plus marquante. Mais je ne me plains pas tant que ça, dans la mesure où je ne connais pas Gorki, c'est difficile de juger. La pièce (en 4 actes) est une succession de scènes de groupes, parfaitement jouées, tout à fait rythmées. Le décor est simple aussi, mais très beau (forêt de bouleau, le soir avec la lumière des lampions , de très belles toiles de fond étoilées pour la nuit).

On est donc en villégiature avec ces bourgeois, et si on ne retient pas leurs noms, on identifie bien vite leurs caractères et personnalités. Les personnages sont médiocres au début (presque tous), et encore plus médiocres à la fin. On tourne en rond, on boit beaucoup, certains évoluent, d'autres non. Mais c'est intéressant de suivre toute la compagnie. Personnellement, j'ai eu l'impression d'être partie en Russie, et cette pièce m'a envoûtée (moins que Tchekhov l'aurait fait, mais envoûtée tout de même ).

Que dire de plus ? Les comédiens sont très bons (et nombreux dont je ne vais pas les citer tous), même s'il m'a semblé parfois que certains manquaient de précision (je pense (encore !) à Martine Chevallier ). J'ai aimé certains personnages : celui de Varia (Sylvia Bergé), celui de Bruno Rafaelli (qui dans ce type de pièce a toujours ce type de rôle à quand le renouvellement ?) qui est plus vieux et plein de bon sens, en marge des questionnements inutiles, et enfin celui de Loïc Corbery (très bien dans ce rôle un peu décalé ! ). Les autres sont difficilement attachants. Ils sont humains, suffisamment bien écrits pour paraître réels... mais décidément médiocres, et il est difficile de les trouver sympathiques. La palme revient à Thierry Hancisse, sommet de vulgarité (toujours le même type de rôle pour lui-aussi, mais toujours une sacrée présence ).

Enfin voilà. J'aime ce genre de pièce, et j'aime les auteurs russes (Les Estivants ne fera donc pas exception). J'ai passé un bon moment hier, la pièce n'est pas pesante (contrairement à ce qu'on pourrait croire), et elle est parfois drôle dans la vulgarité et le ridicule. Et en même temps, elle marque vraiment le point de départ de l'action des bolchéviques, ce qui est intéressant.

A noter aussi la petite tape affectueuse de Thierry Hancisse à son fils Pierre lors du salut. Quelle chance ils ont tous les deux de jouer sur la même scène !

Rien à ajouter à ton commentaire Annwvyn. On a encore une fois le même avis, et comme tu l’as très bien exprimé, je ne vais pas en rajouter (surtout que là je n’ai pas le temps )