W Wilkie Collins est un des mes auteurs favoris
(mais je n'ai pas encore tout lu, me reste "mari et femme", basil, l'hôtel hanté, une belle canaille, la robe noire, secret absolu, la femme rêvée, le secret, la dame de coeur, et Iolani sachant que je ne le lis qu'en français) : une écriture que je trouve toujours brillante et enlevée, des dialogues toujours pleins de verve et de répartis et un sens de l'intrigue, du rebondissements et de l'âme humaine que je trouve profond.
Ajoutés à cela un regard critique et aiguisé sur la société... et des portraits de femmes toujours de caractère et "actives" prise dans les feux de l'action et autres sentiments...
Je viens de terminer
"Pauvre miss Finch".L'histoire conte la vie d'une jeune aveugle, Lucilla, en proie aux affres de l'amour, mais un implacable concours de circonstances va faire qu'entre l'objet de ses sentiments, et son frère jumeau, les choses deviendront, comme toujours chez Wilkie Collins : compliquées...
Une grande originalité de ce roman est d'être narré par la toute récente gouvernante de Lucilla : une française (savoureuse) et veuve : Madame Pratolungo. La femme est une républicaine convaincue, ayant épousé un activiste républicain d'amérique du sud et ayant traversé avec lui de nombreux combats révolutionnaires.
Ce personnage, pris lui aussi dans la tourmente des évènements va contribuer à porter un regard très acéré sur l'ensemble de l'histoire : j'ai adoré.
Ce roman développe plusieurs thème : celui de la gémellité tout d'abord en nous dressant un portrait de deux vrais jumeaux : Oscar et Nugent, aux physiques semblables mais aux caractères apparemment très opposés...
Les apparences aussi, comme toujours chez Wilkie Collins, sont au centre de l'intrigue : ce qu'il y parait est-il bien ce qu'il y parait, ce que je vois,ou entend est-il bien la vérité, le bon est-il si bon, le brillant est-il si brillant, le courageux l'est-il vraiment...etc.
Mais l'auteur va pousser ce thème encore plus loin en mettant en scène cette jeune aveugle : dégagée des regards sociaux, elle s'autorise des attitudes" franches et spontanées" diront-nous, inconvenantes à son époque et va poser la question de la perception/au regard... Wilkie Collins poussera ce thème très loin
- Spoiler:
avec l'opération de la cataracte de Lucilla qui va donc recouvrer la vue... et nous confier ce que ses yeux vont lui apporter...portait magistral !
J'aime aussi ce que je retrouve toujours chez Wilkie Colllins : la mise en lumière de ce, ou ces, petits évènements qui déclenchent de grandes tempêtes, sans que rien ne l'ait laissé présager...
Avec un auteur qui m'interpelle, comme à son d'habitude et me fait penser, me questionner sur ses personnages, leurs motivations, leurs choix (je ne peux m'empêcher de me demander ce que j'aurais fait à leur place^^) : je me demande aussi, si au jeu des apparences, celle de Lucilla n'a pas entrainé tout le monde "dans la mauvaise voie"
- Spoiler:
je veux dire sortie de sa candide beauté de madone, que reste-t-il d echez aimable chez elle, je ne l'ai aps saisi pour ma part, il semble que sa beauté uniquement déclenche toutes ces passions...Ultime paradoxe !
et si Nugent, de notre point vue "moderne" serait si condamnable, Oscar me le semble tout autant (toujours dans des nuances très BSGIennes pour celles qui suivent Battlestar Galactica lol).
Bref encore un roman qui a été un véritable délice dans un univers que j'adore ! (Fingersmith/du bout des doigts de Sarah Watters me semble de ces points de vue très "wilkinien"^^.