Au Bonheur des dames, Semaine 4 : Chapitres 10 à 12

Selenh a écrit:

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Pas dans les mœurs tout court, c'est relatif. À l'espace, et au temps. C'est une tendance récente en Europe, enfin, à l'aune des temps historiques.
Lis Rousseau, Stendhal, Goethe, les poètes du XIXe...... ils exaltent l'expression de la sensibilité masculine, en littérature en tout cas.
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J'ai pourtant lu Rousseau et Stendhal... mais il faut que je relise... ça ne m'a pas marquée à l'époque... Je manque de culture classique peut-être...

Stendhal est plus dans l'analyse des mouvements du coeur (j'ai une préférence pour La Chartreuse de Parme!) et Rousseau est le plus lacrymal, je préfère les essais au romans! Quand aux Souffrances du jeune Werther, je ne m'en lasse pas... et il paraît qu'il a provoqué une vague de suicides romantiques chez les jeunes gens de cette génération!

J'aime beaucoup cette partie, voir Denise arriver au poste de seconde puis de première de son propre rayon.
La chapitre qui se passe chez Henriette est tout simplement (mon Dieu, je n'arrive pas à trouver d'adjectif approprié en ce moment). Enfin, voir d'un côté le désarroi de Denise qui essaie de rester stoïque et de faire son travail correctement et Henriette qui est complètement désemparée dans sa jalousie, voyant que rien ne se passe, jusqu'à la fin lorsque Mouret fait sortir Denise et qu'ils coupent les ponts, la laissant presque "détruite". Waow, ça c'est de l'écriture !
Concernant Denise et sa relation avec Mouret, je comprends qu'elle ne veuille pas se donner à Mouret, mais ça va dans le mur tout ça. Elle l'aime, mais jamais, au grand jamais, elle ne pense au mariage. Argh! Ca ne va pas du tout.
Personne n'en a parlé, mais on voit aussi dans le douzième chapitre tout ce qu'elle fait pour les employés. J'aime voir cette partie, autant que lorsqu'on la voit avec les enfants dans son rayon, heureuse. Voir toutes les innovations de l'époque au niveau du traitement des employés, c'est vraiment très intéressant !
Vous parliez de Mouret, justement, j'ai bien cru qu'il allait faire une grosse bêtise, heureusement, Denise est intervenue presque à temps. J'ai d'ailleurs pensé qu'alors qu'ils avaient leurs discussions quotidiennes et qu'elle lui proposait des solutions, il en serait plus heureux. Il lui parle tous les jours, etc. Pourtant, on voit après que pas du tout, ça l'a calmé, certes, mais il est toujours aussi désœuvré. Vite, allons voir la suite !

Merci Selenh pour toutes ces explications sur la sensibilité masculine . J'ai lu La Chartreuse de Parme il y a pas mal de temps et je me souviens des émotions exacerbées du marquis Fabrice del Dongo tombant amoureux de Clélia Conti, fille du gouverneur de la prison. Il faudrait que je relise ce livre car j'aime beaucoup Stendhal.

Lily of the valley a écrit:

Oui je suis d accord Selenh il faudrait ouvrir à toute la littérature et pourquoi pas au cinéma.

Je suis partante

Revenons à nos moutons à savoir le BDD.

Spoiler:

Non, non, ne partez pas !!! Ce cri sauvage devait sortir !
J'ai adoré la réaction de Denise , sa moralité, son sens de l'honneur et son opiniatreté. Quelle revanche aussi pour elle ! Après tous ces mois de privation, ces heures difficiles, durant lesquelles elle a du montrer une force de caractère hors du commun, résister aux tentations et à la facilité d'être entretenue.
Elle se retrouve au sommet, adulée par un homme qu'elle aime en secret, respectée par le personnel du BDD (à part les jaloux).
De plus, elle force l'admiration car elle garde sa douceur et la tête sur les épaules. D'autres auraient pris la grosse tête, voyant leur vanité flattée et leur orgueil devenir démesuré (Henriette, Clara...)
Denise est une héroïne à laquelle on s'attache, qu'on a envie de voir évoluer.
Mouret, quant à lui, m'a fait battre le coeur et je suis comme certaine d'entre vous: surprise ! Je reste très étonnée qu'il se livre à Denise aussi facilement, qu'il soit si désarmé, si fragile et sûr de lui en même temps. Il m'émeut beaucoup par cette facette de son personnage, très sensible. Passionné, on savait qu'il l'était, vu comme il parlait de son magasin (je me rappelle de sa conversation avec le baron Hartmann qu'il a su convaincre).
Mais là, il s'agit de passion amoureuse. C'est un amoureux. Il aime les femmes, les posséder. Bien sûr qu'il désire Denise mais son refus le pousse à avouer ses sentiments, l'enflamme, le rend fou (mmmhhhh, j'adore cette scène ) Il en perd l'apétit, en oublie son magasin, reste pantelant, le coeur en morceaux...
J'aime beaucoup ce traitement de l'amour: il faut des obstacles pour qu'on y croit et que notre coeur palpite, c'est comme ça. (mais pardon je m'emporte encore )

Tatiana a écrit:

Que dire de la dernière scène entre Denise et Mouret ? Toute la jalousie et la souffrance de Mouret éclatant. Ici encore ses répliques m'ont étonnées. Désespéré par les refus à répétition de Denise, lui à qui rien de résiste, en vient à ne plus s'intéresser à son magasin ! Ses mots sont très forts. Je retiens sa dernière phrase qui révèle une nouvelle fois toute l'intensité de sa passion : "Vous savez que je vous appartiens. Faites de moi ce qu'il vous plaira" . Je n'aurais jamais pensé qu'il irait aussi loin. En plus rien ne permet de douter de sa sincérité, ce ne sont pas de simples mots destinés à fléchir Denise. Je crois qu'il est réellement arrivé à un stade de désespoir tel que plus rien n'a d'importance si ce n'est Denise, devenue une véritable obsession pour lui.

Ah, ce Mouret!
Comme toutes celles qui ont posté les commentaires précédents, j'étais très étonnée de constater la passion délirante de Mouret. Et le fait qu'il se soit livré sans détours, m'a rappelé un certain Darcy .
Quant à Denise, elle ressemble beaucoup à Anne l’héroïne de Persuasion (mon roman préféré de Austen ) Très effacée au départ, voire méprisée, elle murit au fur et à mesure, prend de l'assurance, toute en douceur et arrive à éblouir son entourage par la force de son caractère, son endurance, sa patience! C'est la chrysalide.
Mon passage préféré dans ces chapitres, c'est la description que fait Zola de la passion de Mouret; Cette passion qui secoue tout son être est exprimée de façon très poétique à travers la ballade de Mouret dans son magasin. Trainant sa peine de rayon en rayon, de coin en recoins, puis une phrase qui renvoie à Denise. Elle était omniprésente, comme une conscience.
Le parallèle entre sa réussite, quand il écrase tout, engloutit tout sur son passage à travers cette fulgurante ascension. Et un petit être, comme Denise, qui ébranle tout, remet tout en question;
A chaque étape, comme pour évaluer le poids de sa fortune face à celui de sa douleur. Cette dernière dernière le met face au désert de sa vie quand l'unique être qu'il désire n'est pas là, le rejette. Le magasin devient un édifice sans âme.

Ysabelle a écrit:

Mon passage préféré dans ces chapitres, c'est la description que fait Zola de la passion de Mouret; Cette passion qui secoue tout son être est exprimée de façon très poétique à travers la ballade de Mouret dans son magasin. Trainant sa peine de rayon en rayon, de coin en recoins, puis une phrase qui renvoie à Denise. Elle était omniprésente, comme une conscience.

j'ai aussi beaucoup aimé l'intensité de ce passage. On y mesure à quel point la passion de Mouret tourne à l'obsession. Le fait que Denise et lui travaillent et vivent sous le même toit ne l'aide pas, le pauvre, un rien suffit à l'évoquer.

Tiadeets a écrit:

Personne n'en a parlé, mais on voit aussi dans le douzième chapitre tout ce qu'elle fait pour les employés. J'aime voir cette partie, autant que lorsqu'on la voit avec les enfants dans son rayon, heureuse. Voir toutes les innovations de l'époque au niveau du traitement des employés, c'est vraiment très intéressant !

Je suis tout à fait d'accord avec toi Tiadeets, pour moi cette partie est très intéressante et aussi très importante.
Je pense que c'est un peu la naissance du paternalisme, ces grands patrons qui considéraient que les employés étaient plus motivés, plus prêts à donner de leur personne si en contrepartie on leur apportait des avantages. Pour moi, c'est exactement comme Margaret Hale qui demande à Thornton s'il s'occupe de la façon dont ses ouvriers dépensent leur salaire.

Je suis allée il y a deux semaines voir l'expo L'impressionnisme et la mode au musée d'Orsay. Du coup, j'en ai profité pour acheter un livre sur les grands magasins (beau livre, mais pas énorme non plus). Il s'appelle La folie des grands magasins (éditions Du May) écrit pas Josette Demory.
Et dans les annexes, j'ai trouvé ceci :

Citation :

L'organisation sociale de LA SAMARITAINE au début des années 1930
Tout employé de La Samaritaine, quel que soit son grade, bénéficie de quinze jours de vacances annuelles payées.
Il a également droit aux avantages suivants :
- cantine gratuite,
- Participation aux bénéfices (ça je trouve ça fou : aujourd'hui, on a des hommes politiques qui nous parlent sans arrêt du partage des bénéfices, entre salariés et actionnaires... en fait, on a nettement régressé depuis le temps ! Certes, je reconnais qu'on ne sait pas vraiment en quoi consistait concrètement la participation aux bénéfices, mais tout de même... )
- Accession au capital en actions (ça, ça existe encore aujourd'hui, c'est ce qu'on appelle les "stock options" mais je crois bien que c'est réservé aux cadres des grandes entreprises et c'est tout).
- 15 % de réduction sur le montant de ses achats effectués à La Samaritaine.
- Compte de dépôts à vue rémunéré à 6% l'an dont les fonds restent toujours disponibles.
- Départ à la retraite à cinquante ans pour les femmes, à cinquante-cing ans pour les hommes ; retraite dont le montant est calculé au prorata du nombre d'années de travail.
- Indemnités pour les femmes en couche et indemnités de maladie versées aux employés non assurés sociaux.
- Garderie dans les magasins pour les mères qui allaitent leur enfant sans cesser leur travail.
- Cadeaux de layette.
- Allocations familiales pour enfant à charge jusqu'à l'âge de quinze ans.
- Indemnités durant les périodes militaires.
- Caisse de solidarité et d'entraide mutuelle.
- Deux préventoriums pour enfants.
- Hôpitaux : sept lits de Fondation à l'hôpital Saint Joseph ; trois lits à l'hôpital Bon Secours.
- Bibliothèque, cours gratuits d'anglais, de français et de calcul.
- Activités artistiques, société dramatique et lyrique.
- Sport, salle de culture physique et de gymnastique ; stade, terrains de jeu et d'entraînement.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve ça très intéressant. J'ignore quelles étaient exactement les normes dans les entreprises de l'époque. Mais ça me paraît assez novateur (on dit merci à Denise d'avoir eu ces bonnes idées) et surtout franchement favorable sur certains plans où on dirait bien qu'aujourd'hui on a un peu régressé. Sur d'autres en revanche, il semble qu'on ait poursuivi sur la même voie.

Cette organisation est très intéressante et très novatrice, merci pour ces détails Annwvyn. Les employés de ce grand magasin étaient vraiment chouchoutés. En plus c'était avant les mesures instaurées par le Front Populaire.

Tiens, j'ai aussi vu l'exposition "L'impressionnisme et la mode", et je me demandais dans quel topic en parler. Crois-tu que cela vaille la peine d'en créer un nouveau dans le sous-forum de la lecture de groupe, puisqu'elle intervient quasi en même temps ? Sinon on peut en discuter dans celui de l'impressionnisme.

Je ne sais pas qu'en penser. C'est sûr que ce serait tout à fait cohérent d'associer ce topic à la lecture de groupe, mais peut être risque t'on de laisser de côté certains membres qui n'iraient pas dans le sous-forum ? Et je ne sais pas si on sera assez nombreux pour en parler sur un topic dédié.
J'ignorais qu'il y avait un topic sur l'impressionnisme ! (en fait, pour tout dire je ne le trouve pas, je ne suis pas très débrouillarde ). Mais ce serait peut être mieux d'en parler là bas

En fait après vérification il n'y a pas de topic sur l’impressionnisme, j'ai rêvé ou plus exactement confondu avec celui sur The Impressionists, la série de la BBC .

Par conséquent je ne sais pas trop quoi faire , car effectivement créer un topic dans le sous-forum de la lecture de groupe risquerait de le cantonner audit sous-forum. Any ideas ?

Merci Tatiana pour ce document, on remarque combien Zola a le soucis de la vérité: il fait des recherches!

Il me semble qu'il y avait un topic concernant l'impressionnisme dans "Autres passions".

Edit: J'ai rêvé aussi... Mais pourquoi ne pas créer un topic dans cette partie du forum, un topic plus large pour parler des impressionnistes (Monet , Renoir, Manet,...)

Je plussoie Miss Maureen !
Si le topic sur les impressionistes n'existe pas, il serait plus que temps de le créer ! On pourrait y parler des expos, des peintres qu'on aime, des biographies que nous avons lues, y placer un lien vers le topic The impressionists BBC, et surtout y poster plein plein de photos de tableaux ! Ca me semble même incournable à présent !
Qui se charge de le créer ?

Je veux bien m'en charger dans les prochains jours. J'essayerai de réaliser une présentation digne de ce grand courant artistique.