Doris Lessing

Rosalind a écrit:

Je viens justement d'essayer de découvrir Doris Lessing dont je n'avais encore rien lu. J'ai peut-être fait le mauvais choix, mais j'ai commencé Alfred et Emily , attirée par le thème. Je n'ai pas accroché du tout   et je viens de rendre le livre à la médiathèque.   

Mince, c'est le livre qui arrive en tête pour la lecture de groupe   
Déjà que cet auteur me faisait peur   

J'ai lu Victoria et les Staveney il y a quelques mois et j'ai été déçue par ce livre qui en réalité est une nouvelle. Avant j'avais lu les Grands-mères que j'avais beaucoup plus apprécié(il a été adapté au cinéma en 2013). Donc on verra pendant la lecture de groupe si le livre choisi est intéressant!

Serendipity la quatrième de couverture donne très envie, c'est pourquoi j'ai été déçue. Cela me rassure un peu que Zoju partage cette déception, j'ai hésité à poster un avis aussi négatif, et surtout aussi peu constructif !
Rien ne prouve que tu n'aimeras pas, je ne voudrais pas t'influencer. Mais je crois que c'est déjà fait   

Nat j'ignorais que Les grand-mères avaient fait l'objet d'une adaptation. Tu as vu le film ?

Parmi les Lessing que j'ai lus, Alfred et Emily est le seul que je n'ai pas aimé.

Quand j'ai vu qu'il arrivait en tête des votes, je n'ai rien dit pour ne pas influencer le vote, mais... je pense que ce n'est pas le meilleur Lessing.

Dans ma peau, où elle parle aussi beaucoup de ses parents, est à mon avis mille fois mieux. C'est un gros pavé mais ça se lit très facilement.

Au moins ce sujet sur Doris Lessing est un peu actif !

Rosalind tu as très bien fait de venir exprimer ici ton ressenti sur Alfred et Emily   
Zoju, je comprends tes raisons, il ne faut pas se forcer ...

Ce n'est pas parce qu'elle est prix Nobel de littérature qu'elle doit plaire à tout le monde, Doris Lessing elle-même aurait été la première à dénoncer l'attitude qui consiste à dire du bien d'un écrivain simplement parce qu'il est reconnu ou qu'il a du succès ...
Donc vive le franc-parler !!!

Petit Faucon a écrit:

Zoju, je comprends tes raisons, il ne faut pas se forcer ...

Donc vive le franc-parler !!!

Néanmoins, je suivrai les débats avec attention, même si je n'y participe pas.
De plus, je n'ai pas encore dit mon dernier mot, j'avais acheté " Nouvelles africaines" alors je vais bien devoir le lire un jour. Peut être ce genre passera mieux qu'un roman entier.

Ou peut-être que tu préfèrerais son autobiographie.

Mais Petit Faucon a raison, si cet auteur ne te dit rien, il ne faut pas te forcer   

Je signale aux lectrices de Doris Lessing, l'émission "Une Vie, Une Oeuvre" qui lui était consacrée le 15 mars dernier sur France Culture.

C'est à réécouter ici    et cela permet de préparer la lecture de groupe   

Merci serendipity, j'irai écouter ce we ...   

On peut dire que cette émission tombe à pic   merci serendipity.

Merci pour l'émission, je viens de l'écouter, je n'ai pas pu résister   

C'est comme toujours très intéressant, d'autant que je viens de finir son autobiographie (2e partie) et que j'ai lu les 2/3 du Carnet d'or, ce qui fait que son oeuvre et ses mots sont bien présents à mon esprit.

Je pense comme Tatiana que c'est un préalable à la lecture de son oeuvre, car on entend sa voix (un peu) et les invités, dont sa traductrice récente, parlent de l'impact de son oeuvre (dont le Carnet d'or et Vaincue par la brousse), lisent des extraits, et tout cela est très intéressant.
Je suis, de plus en plus, sous le charme de cette écrivaine, lucide, intègre, intelligente.

Ce soir sur canal +cinéma Perfect mothers qui l'adaptation cinéma du roman de Doris Lessing Les Grands-mères avec Robin Wright er Naomi Watts. Pour celles qui ont la chance d'avoir cette chaîne!

Merci beaucoup Serendipity   

Après une semaine de boulot stressante, c'est vraiment ce qu'il me fallait. J'ai beaucoup aimé les commentaires sur le Carnet d'Or et Vaincue par la brousse. Et on parle même un peu de L'amour encore dans cette émission ! Ce n'est pas son livre le plus connu, mais c'est l'un de ceux que j'ai préféré parmi ceux que j'ai lus.

J'avoue que l'écoute de cette émission ne m'a pas captivée et ne m'a pas donné plus envie que cela de me plonger dans l'univers de Doris Lessing    

Je fais partie des sceptiques. J'ai lu Les grands-mères et je n'ai rien compris... Apparemment, ce n'est pas le livre le plus représentatif de l'oeuvre de Doris Lessing, mais j'avoue que ça m'a bien refroidie. Je n'ai absolument pas compris le message qu'elle voulait transmettre, j'ai horreur de cette sensation.

Pour les admiratrices de Doris Lessing, je signale la diffusion actuelle d'un feuilleton radiophonique sur BBC Radio 4, The Golden Notebook   
(chaque épisode dure 15 minutes, dépêchez vous, le premier épisode reste en ligne pour 2 jours seulement   )

Je viens vous parler du Carnet d'or.

C'est vraiment un livre à part, d'abord par sa construction fragmentée, à l'image de la narratrice, ensuite parce qu'il m'a pris dans son vertige, et que j'ai eu du mal à m'en séparer.

Je vais essayer de le résumer :  
Ce livre a été écrit par Lessing à partir de 1955, alors qu'elle a quitté définitivement son pays natal (la Rhodésie du Sud, actuel Zimbabwe) en 1949 pour venir vivre à Londres.
Elle a publié en arrivant en Angleterre "Vaincue par la brousse/the grass is singing" et ce premier livre, bien que controversé, car il évoque les rapports malsains et ambigus que les colons Blancs entretiennent avec les Noirs, connait un succès immédiat.
Elle écrit alors des nouvelles et s'essaie à l'écriture de pièces de théatre, adhère au parti communiste alors même qu'elle en voit clairement les erreurs et les exactions, et se bat pour retrouver le goût de l'écriture.

Le Carnet d'or commence par l'histoire de deux femmes : Anna Wulf, écrivain, et son amie Molly ; elles sont divorcées toutes les deux et partagent un appartement avec la fille de Anna et le fils de Molly.
Anna vit de ses droits d'auteurs et fait des petits boulots bénévoles, et n'arrive plus à écrire ; elle a du mal à se remettre d'une rupture amoureuse, et cherche à surmonter ses échecs.
Molly est actrice et se fait du souci pour son fils Tommy qui sort de l'adolescence, ne veut pas faire d'études supérieures, et cherche sa voie.
Tommy parle beaucoup avec Anna, mais Anna ressent une espèce d'angoisse et de malaise après leurs conversations. Tommy agit comme une sorte de catalyseur, et Anna décide alors d'écrire dans 4 carnets différents :
dans le noir : les sources de ce qui peut l'amener à écrire, en particulier des souvenirs de sa jeunesse dans le bush.
dans le rouge : ses expériences et ses désillusions de militante politique
dans le jaune : une histoire romancée de sa vie, où elle surmonte ses échecs
dans le bleu : elle tient son journal de ses faits et gestes quotidiens
Mais l'histoire de Anna se mélange dans les différents carnets, elle se fragmente comme un miroir brisé dont les morceaux s'effritent dans les doigts au fur et à mesure qu'on essaie de les ramasser, la fiction se mélange à la réalité, et la dépression l'engloutit peu à peu.
Elle se laisse entrainer dans une relation amoureuse destructrice avec un homme qui est lui-même au bord de la folie ; finalement, de ce chaos et de cette épreuve sort une nouvelle Anna, qui se remet à écrire dans un unique carnet doré, conjointement avec son ami.
Elle retrouve une autre unité et le goût de l'écriture.

C'est un livre assez foisonnant, philosophique, qui nous questionne en temps qu'être humain, et je trouve qu'une des formules au dos du livre le résume parfaitement : les ravages de l'Histoire sur l'esprit.

Ce n'est pas un livre facile, bien que je sois entrée assez facilement dedans ; mais ensuite les fragments de l'histoire tournent en spirale, et ça devient plus difficile à lire, pour conserver en soi l'unité du livre.
A recommander car c'est un grand livre.  

En effet, c'est très tentant, aussi bien au niveau de l'histoire que de la construction. Si je relis Doris Lessing, je pense que ce sera ce livre.

@ miss Honeychurch : rien compris aux Grand-mères ?   Comme l'histoire est très simple, je suppose que c'est le fait que l'auteur ne nous propose pas un point de vue tranché (ni moralisateur, ni provocateur) sur ce quatuor amoureux qui t'a déconcertée. C'est justement ce qui m'a plu : elle laisse toute liberté au lecteur de se faire son opinion, et il me semble qu'elle ne juge pas les protagonistes, qui se trouvent engagés dans ces liaisons compliquées sans l'avoir voulu. Cela me semble très réaliste et on ressent de l'empathie pour tous les quatre (sauf que Roz me paraît un peu cynique) : il doit être difficile de mettre fin à ce genre de liaison très intense. Le doit-on ? Le peut-on, d'ailleurs ? Ces questions restent ouvertes, et c'est ce qui m'a semblé intéressant.

@ Serendipity : merci pour le lien vers le feuilleton de la BBC. Ils sont fous, ces Britanniques, ils ont même mis la Divine Comédie et Ulysses (de Joyce) en feuilleton.
Malheureusement, le feuilleton se concentre sur une toute petite partie du Carnet d'or, et consiste presque uniquement en dialogues. Il ne donne vraiment qu'une pâle idée du livre. Mais cela fait plaisir de retrouver ces dialogues (l'essentiel y est, même si c'est très abrégé), et m'a permis de mieux comprendre pourquoi

Spoiler:

@ Petit Faucon : merci pour cet avis détaillé. Moi aussi, j'ai eu du mal à lâcher le livre... ou c'est lui qui ne m'a pas lâché. Je l'ai lu il y a déjà un an ou deux, et je me souviens en détail de beaucoup de passages.  

Merci beaucoup de cette présentation Petit Faucon.   

Miss Trotwood : merci pour tes explications. En fait, si le but est de décrire uniquement les liaisons entre les personnages et de laisser le lecteur s'indigner ou les soutenir, c'est bien le problème. Je m'en fous.  Les gens font bien ce qu'ils veulent, la vie est compliquée et on prend parfois des décisions bancales. Si Doris Lessing avait fait un peu plus que décrire, ça aurait pu m'intéresser. Mais là je trouve que c'est bien trop maigrichon pour être réellement intéressant.

J'espère Selenh t'avoir donné envie de le lire   

@ Misshoneychurch : si le coeur t'en dit, tu peux tenter un autre livre de Lessing, il arrive qu'un auteur ne se laisse pas apprivoiser tout de suite ; si tu ne peux te joindre à la lecture de groupe qui va commencer, il y a beaucoup d'autres livres de Lessing disponibles, y compris de science-fiction, comme Mara&Dean, peut-être que tu accrocherais plus ?

@ serendipity : je n'aurais pas le temps d'écouter le feuilleton dont tu as posté le lien, c'est dommage !

J'ai lu Les grands-mères, petit livre mais qui fait l'effet d'une bombe.

Je ne peux pas dire grand-chose de l'intrigue sans dévoiler ce qui en fait l'originalité ...
Mais j'ai vraiment adoré, c'est profondément dérangeant, et on sort de cette lecture avec plein de questions et de réflexions, sur notre société, sa tolérance aux tabous, etc ...

Maintenant que je connais un peu la vie de Lessing, j'ai tendance à penser que cette histoire a des aspects autobiographiques ; elle était très liée avec Jane Rodker, qui avait un fils plus âgé que le sien, et qu'elle a rencontré à Londres lorsqu'elle est partie de Rhodésie (?)
Miss Trotwood, toi qui a l'air d'avoir pas mal fréquenté les livres de Lessing, qu'en penses-tu ?

Après avoir lu Les grand-mères, j'ai cherché sur le Net des articles sur ce livre, et je suis tombée sur un (ou plusieurs ?) articles, qui relataient que selon Lessing, Les grand-mères n'était pas autobiographique ("malheureusement", disait-elle   ), mais qu'elle s'était inspirée d'une histoire vraie s'étant déroulée en Australie. Doris Lessing aurait rencontré l'un ou l'une des quatre protagonistes, ou une personne ayant connu les quatre protagonistes.

Elle a écrit une nouvelle, Not a very nice story/Une histoire pas très jolie, publiée en 1972, je crois, et qui me fait penser un peu aux Grand-mères. On y trouve une histoire complexe (et très belle, à mon avis) d'amour et d'amitié entre deux couples, ou plutôt entre un homme et deux femmes, et cette même absence de jugement de la part de l'auteur.

Là aussi, comme avec les Grand-mères, on en ressort avec beaucoup de questions.   Comme plus de trente ans séparent les deux textes, c'est un thème qui devait lui tenir à coeur.

Merci de ces précisions, Miss Trotwood, je vois que je ne suis pas la seule à être curieuse   

Je vais continuer à poursuivre mes lectures de D Lessing, et il faut aussi que je commence Nadine Gordimer, que je n'ai encore jamais lue.