Joël Dicker - La vérité sur l'affaire Harry Quebert (et plus si affinité)

Dès le premier chapitre, Joël Dicker surprend. En effet, le premier chapitre n'est pas numéroté comme tel et les numéros des suivants sont décroissants. La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert est un « page-turning », et cette originale numérotation des chapitres l'annonce comme tel. Le début est pourtant un peu long. Il est dur de s'attacher au personnage de Marcus qui n'est pas très intéressant. Il est l'archétype de l'écrivain qui n'arrive plus à écrire et quant il écrit, c'est de manière absolument détestable. C'est là la grosse faiblesse de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert : l'écriture. Je ne suis pas familière des livres qui passent dans les mains du jury Goncourt, mais j'espère que le livre de Joël Dicker n'est pas représentatif du type d'écriture qu'aime récompenser ce prix à la réputation pourtant prestigieuse... Le style est très simple mais dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire digne des romans de gare. La lecture reste cependant agréable et une fois l'affaire lancée, le suspense est croissant. Le lecteur est dérouté et les retournements de situation sont bien disséminés dans le roman. Cependant, j'ai été déçue que certains personnages ne soient pas encore plus creusés. C'est le cas pour Harry Quebert, qui est de plus en plus en retrait à partir du moment où il se complexifiait pourtant et devenait vraiment très intéressant (même s'il revient vers la fin). Heureusement, d'autres personnages parfois très secondaires raniment la lecture, notamment Nola dont les découvertes que l'on fait sur elle change totalement notre vision du personnage au fur et à mesure de la lecture. Je dois dire que j'ai également beaucoup aimé le côté comique de Tamara (même si elle tapait parfois sur les nerfs), son mari et surtout...La mère de Marcus ! Certes, elle est très caricaturée mais ses passages permettaient de donner une bulle d'air au milieu de cette histoire qui devient de plus en plus sordide. Contrairement à l'archétype de l'écrivain auquel j'ai eu du mal à m'attacher, le côté stéréotypé de la mère m'a beaucoup plus plu.
Au-delà de l'histoire et des personnages, c'est également le portrait fait de l'Amérique qui m'a intéressé, et surtout de la manière dont marche cette petite ville, ainsi que la référence à l'élection d'Obama. Concernant les lieux, je dois d'ailleurs dire que j'ai trouvé la maison d'Harry Quebert d'extraordinairement bien incarnée. J'ai rarement ressenti autant un lieu... Les pièces, la lumière, la vue, le bureau de Quebert avec ses tiroirs, ses feuilles, la terrasse et la fameuse boîte pour la nourriture des mouettes... Mais bien sûr, il a fallu qu'elle finisse par partir en fumée !
En définitive, j'ai été un peu déçue par le style et le côté parfois un peu trop « page-turning » mais je dois dire que je m'y attendais un peu, je ne sais pas pourquoi. Par contre, l'intrigue m'a quand même de plus en plus intéressée au fur et à mesure et j'ai donc pu mettre mes réticences sur l'écriture de côté et vraiment apprécier le côté « page-turning ». Au final, j'ai trouvé ma lecture agréable mais je ne pense pas que j'en garderai un souvenir impérissable, ou alors comme d'un bon livre de vacances.