Emma - chapitres 27 à 41 - 3ème semaine

Comme la semaine dernière, tout est dans le titre.

A ce stade du roman, tout le monde est en place: Emma, Mr Knightley, Harriet, Jane Faifax, Frank Churchill, les Elton sont annoncés... On va pouvoir bouger les pièces sur l'échiquier de notre petite société Highburienne...

Suis-je la première à avoir fini de lire cette partie. Il faut dire qu'avec le beau temps, je me suis fait deux "petites" séances de lecture sur la chaise longue dans le jardin qui m'ont bien aidée à rattraper mon retard.

Voilà donc l'arrivée de la fameuse Mrs Elton, qui vient effacer la déception du bal presque organisé mais bien annulé par le départ de Franck Churchill. On peut apprécier la réutilisation, presque au mot près des dialogues du livre dans le film. Mrs Elton est donc tout à fait insupportable, prend en grippe Emma qui a eu l'outrecuidance de rejeter son caro sposo et surtout de ne pas répondre à ses propres avances. Le repas à Hartfield, que Emma se sent obligée de donner en l'honneur de la nouvelle mariée est le point culminant des mises de pieds dans tous les plats qui passent de cette dernière. Mais c'est aussi l'occasion de découvrir un côté attachant de Mr Woodhouse (par ailleurs si pénible dans son égocentrisme inquiet), qui prend la peine de dire un mot particulier et très aimable à chaque dame, afin que chacune se sente la bienvenue et à son aise.
En espérant qu'il n'en profite pas pour renvoyer les asperges au nez et à la barbe des gourmandes, sous prétexte qu'elles ne sont pas assez cuites... comme Mrs Bates en avait fait l'amère expérience le soir du bal.

Mon temps de forum s'étant écoulé, je reviendrai vous saoûler plus tard avec mon bavardage. Miss Bates is no talker compare to me...

MissAcacia a écrit:

Emma qui a eu l'outrecuidance de rejeter son caro sposo

Qu'est-ce qu'elle est exaspérante cette Mrs. Elton ! A croire que Jane Austen l'a créée pour montrer qu'il y a pire qu'Emma... Je ne sais pas si cela est le cas mais en attendant, ça marche ! Emma semble moins énervante, moins fofolle qu'en début de roman. L'expérience l'aide aussi à se canaliser.

Pour en revenir à Mrs. E, elle est vraiment bien assortie à son mari comme le dira plus tard notre ami Frank Churchill. Mr. E n'hésite pas à lui raconter ses aventures avec Harriet et Emma ce qui leur permet de bien se moquer de l'une et de prendre de haut la seconde. Ils ne font vraiment pas preuve d'intelligence !

Oui, ça joue petit chez les Elton, le point culminant étant lors de la scène du bal, quand Mr E. refuse ostensiblement de danser avec Harriet. Heureusement, le chevalier blanc n'est pas loin, invite la dame et ridiculise ce pauvre Elton.

Eh ben, moi qui me croyais en retard, finalement, il n'y a pas grand monde pour le moment

Alors déjà, je suis un peu perdue dans le décompte des chapitres, mais je pense que j'en suis à peu près à la fin de la partie.

Plusieurs épisodes en particulier me reviennent en tête.
J'ai trouvé très bien rendue l'atmosphère de la sortie à Box Hill : les rires et plaisanteries un peu forcées, et le coté finalement décevant pour Emma. Et surtout, cette pauvre Miss Bates...Bon, il faut être honnête, Jane A. ne l'a pas arrangée, celle-là (même M. Knightley le reconnaît, d'ailleurs), mais elle a conscience de ses défauts, et se prend dans la figure la pique d'Emma. Emma ne m'a jamais semblé plus sympathique que quand elle s'en rend compte, d'ailleurs (avec l'aide de Mr. Knightley, bien sûr ), et essaie de le réparer (avec bien du mal)

J'ai bien aimé aussi la journée à Donwell et les fraises. Mrs Elton est bien gratinée, elle aussi. Mais autant on sent de la tendresse de la part de l'auteur vis à vis de Miss Bates, autant ce n'est certes pas le cas pour Mrs Elton. Par contre, pour la première fois, Churchill (oui, je dis "Churchill" sans "Mr" devant, je suis une rebelle ) apparaît négativement, même aux yeux d'Emma. Quelque chose me dit que ce ne sera pas la dernière

On sent que Jane Fairfax cache quelque chose, en particulier lorsqu'elle part plus tôt de Donwell et ne veut prévenir personne sauf Emma.

Et de même qu'Emma se trompe systématiquement sur les gens (ou presque) et leurs sentiments, autant Mr. Knightley, lui, comprend toujours tout et commence à comprendre qu'il se trame quelque chose entre Jane Fairfax et Franck.

J'aurai dû prendre des notes lors de ma lecture, il me semblait avoir d'autres choses à dire, mais ça me reviendra peut-être en regardant l'épisode correspondant

Il semble que cette 3e partie du roman ait fait déserter nos troupes!
Emma gagne en maturité et en observation de ses propres réactions et sentiments. Elle s 'aperçoit immédiatement que Mrs Elton est une personne imbue d'elle même et dirait-on aujourd'hui, toxique. De même, elle prend du recul sur ses sentiments envers Frank Churchill et elle se rend compte après son départ qu'il ne lui manque pas autant qu'elle le pensait. Frank représente une bouffée de nouveauté dans son monde un peu étriqué, mais il est nuisible pour elle car il l'amène à rire aux dépens des autres en frôlant l'impolitesse. Frank Churchill aime le double langage qu'il manie à merveille devant Jane Fairfax.
J'aime beaucoup la scène du dîner chez les Woodhouse, plus peut-être que celle du bal, car Jane Austen nous montre une société assez figée dans ses conventions, où des banalités s' 'echangent et où rien d'essentiel ne se dit. Mais en faisant durer le plaisir sur plusieurs chapitres, elle nous donne vraiment l'impression d'y être!
Dernière chose , M.Knightley aussi évolue dans cette partie en discernant quelque chose entre Jane Fairfax et Frank, ce qui lui permet d'être moins jaloux de ce dernier.

Merci, Nat2a, d'être venue donner tes impressions sur cette partie

Tu me rappelles quelque chose qui m'avait marquée : les multiples discussions sur le temps qu'il fait, sujet "neutre" par excellence (sauf quand Mr. Woodhouse est dans le coin ). Cela m'amuse, mais dans la réalité, ça devait être un véritable exercice de style que de réussir à maintenir une conversation sur ce sujet plus de 3 minutes C'est cela aussi, "une femme accomplie"

Et je suis d'accord avec toi, j'aime beaucoup moi aussi la scène de ce dîner !

Je n'ai pas grand chose à ajouter aux avis précédents.
La journée à Donwell nous permet pour la première fois d'entrer sur le territoire de Mr Knightley.... mais on reste un peu sur sa faim...    
Jane Fairfax  manifeste enfin  son agacement -il était temps!   - en prenant le départ pour échapper aux attentions de Mrs Elton!
Toute cette partie -en présentant bal, dîner, sortie à Donwell, pique-nique à Box Hill- insiste plus, je trouve, sur l'hypocrisie générale qui imprègne bon nombre de relations sociales, mais avec légèreté comme toujours sous la plume de Jane Austen!
Quant à Emma, elle subit une  influence certaine   de Franck Churchill, même si elle est plus lucide sur ses propres sentiments à l'égard de celui-ci!

Pas grand chose non plus à rajouté, sinon que j'ai trouvé quelques longueurs dans cette partie.

Sinon, je suis d'accord avec toi Miriel, l'hypocrisie est flagrante dans cette partie, et on sent que la bonne éducation doit prendre le pas sur l'envie de remettre certains (certaine ) à leur place, et que cette société aussi petite et intime qu'elle est reste régie par la position sociale de chacun.

Les pièces se mettent un peu plus en place pour le dénouement final, dévoilant petit à petit les sentiments de chacun.

Merci pour toutes ces impressions . Les subtilités des distinctions sociales dans la classe moyenne (gentry et au dessous), qui régissent, avec les principes rigides de la bonne éducation (qui conduit à maîtriser l'art de la conversation sur le temps qu'il a fait, qu'il fait ou qu'il fera* pour maintenir le lien tout en évitant tous les sujets qui fâchent) sont finalement un thème transversal d'Emma. J'avoue que je l'avais mal perçu à la première lecture, mais maintenant il me saute aux yeux.
Les références constantes de Mrs Elton à sa soeur et à son beau-frère, qui sont sa principale carte de visite sociale, sont très significatives dans ce sens (en plus d'être assez comiques). Evidemment, ils doivent toujours venir et ne viennent jamais.

* dont effectivement, seul Mr Woodhouse est capable de faire un sujet réellement sérieux, comme l'a signalé Léti .

C'est quand même une société très vaine, aux valeurs assez superficielles (qu'en dira-t-on, préséances sociales, ) d'où émergent quelques personnes (MrKnightley, Jane faifax...) un peu plus véridiques et heureusement que la jeunesse d'Emma peut laisser supposer qu'elle va un jour s'intéresser à autre chose... Sans l'ironie caustique et presque cynique de Jane Austen tout ce petit monde serait bien ennuyeux !