Mémoires de deux jeunes mariées

Il me reste environ un quart des Mémoires de deux jeunes mariées, lu en duo avec esperluette. Ce roman épistolaire se lit facilement. Il se compose presqu'exclusivement de lettres échangées entre deux jeunes filles sorties du couvent faute de vocation religieuse, que tout (statut social, physique…) oppose. Leur itinéraire met en lumière deux mariages très différents, l’une réalisant un mariage de province arrangé par ses parents et l’autre, vite happée par la vie mondaine parisienne, aspirant à une grande passion. On est dans du pur romantisme mais qui n’est jusqu’à présent jamais indigeste ni ennuyeux. Balzac peint finement les personnalités de Renée et de Louise et leurs conceptions du mariage, de la maternité, du bonheur. Le roman présente aussi un intérêt historique et sociologique, ancré, à ce stade de ma lecture, dans les années 1820.

J’ai vu qu’une des médiathèques que je fréquente détient une adaptation des années 80 avec Fanny Ardent et Martine Chevallier. Ce sera une parfaite suite de lecture.

J'ai commencé ma lecture d'un œil distrait la semaine dernière, mais là ça y est, je suis un peu plus plongée dedans. Cela se lit effectivement plutôt facilement, les lettres n'étant jamais très longues. Je suis pour l'instant surtout étonnée par la vanité de Louise. Le passage où elle se décrit, se préparant à son entrée dans le monde, comme une créature exquise, m'a laissée pantoise : quel amour de soi-même !

Elle est heureusement attachante par d'autres aspects. Je n'en suis qu'au début mais on voit déjà bien le contraste entre elle et la très sage Renée. J'espère profiter d'un long voyage en train ce week-end pour avancer ma lecture !

Merci pour vos commentaires qui donnent envie de découvrir ce roman, Tatiana et Esperluette Je suis d'autant plus tentée qu'il s'agit d'un roman épistolaire

Je rejoins le commentaire de Juliette sur ce roman dont je n'ai jamais entendu parler .

J'espère que tu as pu avancer comme tu le souhaitais esperluette   .

J’ai bien aimé cette lecture balzacienne. La forme épistolaire rend le récit des deux parcours bien tranchés vivant - j'apprécie ce genre littéraire que j'ai très peu lu jusqu'à présent. Sur le fond je suis un peu plus partagée, surtout en ce qui concerne la fin. L’aspect moralisateur qui ressort des dernières lettres

Spoiler:

Cela dit c’est une lecture à la fois plaisante et intéressante qui gagnerait à être mieux connue dans l’œuvre de Balzac   .

Merci pour ton avis (et pour la découverte), Tatiana

Effectivement, lire les Mémoires de deux jeunes mariées depuis le XXIème siècle peut être un peu dérangeant. Ceci dit, je ne suis pas sûre que la fin soit si (volontairement*) moralisatrice. Je ne sais pas si l'auteur n'a pas voulu

Spoiler:

Restent deux jolis portraits de femmes et l'intéressante fresque d'une époque, dans mon souvenir. J'avais trouvé ce roman plaisant, parmi les plus faciles à lire de Balzac.

J'ai lu ce roman il y a des années, avant Raisons et Sentiments de J.Austen. Marianne m'a rappelé Louise, c'est un peu ce qui aurait pu lui arriver si elle avait épousé Willoughby et Renée m'a rappelé Elinor qui aurait pu lui ressembler si elle n'avait pas eu l'incroyable chance que Lucy Steele transfère ses affections sur le frère cadet d'Edward Ferrars et si elle avait du se contenter d'un mariage comme celui de Charlotte Lucas, pour ne pas rester à la charge de sa mère. On imagine d'ailleurs bien Charlotte trouver son bonheur dans sa famille après avoir manœuvré adroitement son mari.


* car il ne faut pas oublier la censure, qui a parfois conduit Balzac à se montrer prudent pour pouvoir être publié. Il a été condamné plusieurs fois par l'Eglise, malgré son soutien affiché à la monarchie et à l'Eglise catholique.

Merci pour ton commentaire, Miss A ! Suite à vos avis, j'ai cherché ce livre à la bibliothèque mais ne l'ai pas trouvé...

MissAcacia a écrit:

Restent deux jolis portraits de femmes et l'intéressante fresque d'une époque, dans mon souvenir. J'avais trouvé ce roman plaisant, parmi les plus faciles à lire de Balzac.

Oui, et le format épistolaire rend cette lecture plutôt facile pour un Balzac. Je crois d'ailleurs que je me suis orientée vers ce roman sur ta recommandation (plus haut dans ce topic), donc merci .

Je n'avais pas pensé aux parallèles entre Louise et Renée et Marianne et Elinor mais en effet il y a une certaine proximité. Cela dit, si Renée avait rencontré un homme semblable à Edward Ferrars est-ce qu'elle se serait résignée à épouser un Louis de l'Estorade ? De même si Elinor n'avait pas pu connaître de happy end avec l'homme qu'elle aime, est-ce qu'elle aurait fini par opter par un mariage de raison ? Pas sûr, à moins qu'elle n'ait fini par rencontrer un "second colonel" comme elle en plaisante avec sa soeur.

Il est vrai que Renée ressemble plus à Charlotte Lucas qu'à Elinor. Mais, si je me souviens bien, la pauvre est sortie du couvent pour presque aussitôt se marier, elle n'a même pas eu le temps de tomber sur un Edward Ferrars .

Après une pause polar, j'ai repris et terminé hier les Mémoires de deux jeunes mariées. Si le début m'avait bien plu, j'avoue avoir eu un passage à vide vers le milieu, mais les 100 dernières pages ont ravivé mon intérêt.

Je reste un peu mitigée face à cette lecture. J'ai apprécié de retrouver la langue de Balzac et j'ai moi aussi trouvé la lecture assez facile pour un Balzac. En plus il y avait longtemps que je n'avais pas lu de récit épistolaire. Mais j'étais restée sur une impression très enthousiaste de ma lecture de La Cousine Bette l'an dernier et ce roman m'a paru assez fade et moralisateur en comparaison.

Je suis d'accord avec toi Tatiana pour trouver la fin moralisatrice, vieillie, et même un peu ridicule vue d'aujourd'hui.

MissAcacia a écrit:

Effectivement, lire les Mémoires de deux jeunes mariées depuis le XXIème siècle peut être un peu dérangeant. Ceci dit, je ne suis pas sûre que la fin soit si (volontairement*) moralisatrice. Je ne sais pas si l'auteur n'a pas voulu

Spoiler:

C'est vrai aussi qu'on peut avoir cette lecture plus nuancée. D'ailleurs, la 4e de mon édition (je n'ai pas encore lu la préface et le dossier mais ils devraient être éclairants également) indique que Balzac a dit : "J'aimerais mieux être tué par Louise que de vivre longtemps avec Renée", ce qui nuance aussi l'impression finale.

En fait, j'ai trouvé qu'il y avait de beaux passages dans ce livre mais il y a aussi quelque chose qui m'a gênée. En évoquant cette lecture avec Annwvyn, je lui disais que les deux héroïnes me tapaient pas mal sur les nerfs, et elle m'a fait remarquer que ce qui était gênant était peut-être ces voix de femmes écrites par un homme du XIXe. Et je crois qu'il y a de cela. J'ai eu beaucoup de mal à croire à l'amitié des deux femmes par moments, tant chacune édifiait son mode de vie en accablant celui de sa prétendue amie. J'ai senti beaucoup de compétition dans leur relation et cela ne m'a pas semblé naturel, tout comme certains traits de caractère exacerbés (le fait de se trouver sublime par exemple ). Et puis il y a bien sûr quelques passages qui font grincer des dents la féministe en moi, mais autres temps, autres mœurs.

Une lecture en demi teinte pour moi, mais intéressante !

Merci pour cet avis très intéressant, Esperluette !

Merci pour ton retour esperluette.
Autres temps, autres moeurs effectivement, mais j'ai trouvé pour ma part que, avec le recul, Balzac s'en tire plutôt bien en donnant la parole à deux femmes. Si le roman avait été écrit par une femme il aurait peut-être gagné en finesse, mais le romancier parvient à dessiner deux personnalités tout à fait crédibles sans tomber dans trop de clichés.

Concernant l'amitié entre les deux femmes, je me suis parfois aussi demandé comment elle a fait pour résister au temps, sachant qu'elles ont passé des années dans se voir, et à plusieurs reprises des années sans écrire. Sans compter leurs itinéraires et modes de vie qui accroissent leur éloignement. Mais après tout l'échange épistolaire était la principal canal de communication à l'époque, les correspondants pouvaient maintenir un échange pendant plusieurs décennies. Leur amitié s'est peut-être même renforcée avec la distance.

Ce qui me gêne, ce n'est ni le fait que leur amitié n'existe que via la correspondance (c'est effectivement normal pour l'époque), ni le fait qu'elles soient amies en étant opposées. C'est vraiment que leur amitié m'a souvent semblé un peu factice. On peut débattre de ses différences sans vouloir en permanence écraser l'autre sous sa manière de voir la vie, et c'est ce qu'elle font souvent. Il y a régulièrement un côté "je te l'avais bien dit" qui ressort de leurs lettres, et cette compétition permanente ne me semble pas très compatible avec de l'amitié. C'est là que pour moi Balzac se trompe un peu dans sa manière de les dépeindre. Il y a, pour moi, dans le roman, un peu de cette vieille vision sexiste comme quoi les femmes ne savent que se jalouser et se critiquer. Même si, heureusement, cela reste nuancé et que j'ai quand même eu l'impression qu'il existait une affection entre elles.

Oui, ce n'est pas facile. C'est une amitié qui remonte à l'enfance, et qui s'est forgée dans le milieu très contraint qu'est le pensionnat où elles ont été éduquées (où les parents ont délégué leur éducation, avec la distance - abandon ? - qu'il pouvait y avoir dans l'éducation des enfants des familles aisées à cette époque). Elles sont un peu comme deux soeurs malgré des différences qui se sont affirmées en grandissant. Or, même si votre soeur vous agace et que vous voudriez qu'elle fasse des choix différents que ceux qu'elle fait (pour son bien évidemment) ou que vous voudriez qu'elle vous approuve sans condition (même si vous savez qu'elle n'est pas tout à fait d'accord avec vous), elle reste votre soeur.

Il y a de l'exaltation balzacienne, c'est sûr et sans doute un peu d'exagération (ceci dit Louise est excessive) mais je n'ai pas eu le sentiment que l'amitié de Louise et Renée manquait de vraisemblance.

Merci pour ces échanges sur ce roman. Je l'avais noté dans ma liste de Balzac à découvrir mais à la réflexion, il continuera de rester non prioritaire (j'ai Eugénie Grandet et La maison du chat qui pelote à découvrir avant suite à vos bons conseils).

Tatiana a écrit:

J’ai vu qu’une des médiathèques que je fréquente détient une adaptation des années 80 avec Fanny Ardent et Martine Chevallier. Ce sera une parfaite suite de lecture.

As-tu prévu un visionnage Tatiana ? Malheureusement je n'ai pas réussi à trouver cette adaptation de Marcel Cravenne en médiathèque... mais j'ai vu qu'il avait également adapté Le Lys dans la Vallée  

MissAcacia a écrit:

Effectivement, lire les Mémoires de deux jeunes mariées depuis le XXIème siècle peut être un peu dérangeant. Ceci dit, je ne suis pas sûre que la fin soit si (volontairement*) moralisatrice.

* car il ne faut pas oublier la censure, qui a parfois conduit Balzac à se montrer prudent pour pouvoir être publié. Il a été condamné plusieurs fois par l'Eglise, malgré son soutien affiché à la monarchie et à l'Eglise catholique.

Merci pour tes éclairages MissAcacia

Pas encore serendipity (j'ai peu d'occasions de me rendre à la médiathèque qui détient l'adaptation) mais c'est prévu .

Je viens de finir Mémoires de deux jeunes mariées (en fait, j'ai lu toute la journée, je voulais le finir car il me plaisait beaucoup )

C'est l'histoire de deux amies d'enfance, ayant la même et excellente éducation, qui vont adopter deux chemins de vie radicalement différents.

Spoiler:

Je ne savais pas du tout que c'était un roman épistolaire, et je l'ai énormément apprécié. Le plume de Balzac est très belle, les lettres sont toujours superbes, le style magnifique.

Mon seul reproche est que souvent une des deux héroïnes écrivait à l'autre quelque chose d'inattendu, de surprenant, ou lui posant une question et que la lettre suivante n'en faisait pas cas, ce qui m'a frustrée à plusieurs reprises. Je pense notamment à Renée reprochant à Louise de se consacrer et de ne penser qu'à l'amour, lui reprochant ainsi son égoïsme. j'aurais aimé lire la réponse de Louise.

Merci pour ton retour Marganne.  Je note aussi cette référence si je retente une incursion chez Balzac cette année.

Merci pour ton avis, Marganne Je suis ravie que cette oeuvre t'ait plu

Contente que ce roman méconnu continue de trouver des lecteurs Marganne .

Esperluette et moi l'avions aussi bien apprécié lors de notre lecture en duo l'an dernier.