Un génie de la littérature : Stefan ZWEIG

@ Lady Clare et Artemis : je serais aussi très intéressée par de nouveaux éléments sur la perception de Zweig par les critiques et le public allemands ou germanophones (pour le moment, mes seules sources sont une de mes profs d'allemand -une autre que celle mentionnée précédemment - et une copine allemande).

Bref, cet auteur est-il surestimé en France ? (comme j'ai pu l'entendre dire par un critique du Masque et la Plume) ou sous-estimé en Allemagne ?

En tout cas, votre enthousiasme me donne envie de lire un des inédits avec des yeux tout neufs (sans flagornerie aucune )

J'ai trouvé un article intéressant dans mes archives... C'est un numéro du Magazine littéraire daté de février 1997... Dans une interview de Serge Niémetz (traducteur du Monde d'hier et auteur de Stefan Zweig, le voyageur et ses mondes), celui-ci raconte que Zweig n'est pas un auteur"reconnu" en Allemagne, mais "un écrivain de second plan", "trop convenable, trop convenu". Selon lui, Zweig n'est pas reconnu par l'histoire littéraire, la critique, le lectorat alors qu'il est pratiquement considéré comme un "classique" en France. Cet attachement à Zweig en France et dans d'autres pays s'expliquerait, selon Niémetz par une rupture de la lecture de Zweig lors du 3eme Reich, alors que dans les autres pays, on n'a jamais cessé de le lire. On trouvait ses livres régulièrement dans les bibliothèques, les libriaries, il a toujours bénéficié de bons traducteurs et marqué son attachement à la culture française...
Voilà quelques pistes de réponses au point que tu as soulevé Serendipity, et je t'en remercie.

Merci Lady Clare, je m'interrogeais (silencieusement) depuis que vous aviez évoqué le sujet

Merci pour la précision Lady Clare

Alors, jai terminé le Monde d'hier et je suis toute retournée

Ce livre est un témoignage INCROYABLE d'un homme qui a vécu ce que trois générations d'habitude mettent à vivre.

Il a vécu la fin de l'Autriche en tant qu'empire tout-puissant (même si il en était à la fin de sa puissance) la première guerre mondiale, l'entre-deux-guerre et la deuxième guerre mondiale...

ll le dit clairement:

Citation :

...et seul celui qui a éprouvé la clarté et les tenèbres, la guerre et la paix, la grandeur et la décadence a vraiment vécu.

Zweig a eu une vie plus que passionnante..quand je pense à toutes ses personnes qu'il a rencontré et avec qui il était ami ( Freud,Rodin, Strauss, Gorki, Rolland,Joyce, Shaw, Wells, Hofmannsthal, Rilke...) cela me donne des frissons.
Quand il raconte la montée du nazisme, comment on voyageait sans passeport avant, Vienne au moment de son enfance, quand c'était une des premiéres villes culturelles, si bien que le peuple préférait faire confiance aux écrivains plutôt qu'au polititiens...
C'est tout de même incroyable...cette époque là, je ne la connais pas du tout et cela me parait plus qu'étonnant.

Bon je trouve que parfois,il chantait un peu trop ses louanges...c'est qu'il était parfait Zweig... bon, riche, avec une excellente oreille musicale, excellent ecrivain tenant à ses principes pacifiques et modeste avec ca... :asleep:
Je dois l'avouer cela m'a quelques fois agacée... J'aurais aussi aimé qu'il rappelle un peu plus souvent qu'il était un super privilégié... On lit son livre et on se dit: Waouh! Il faisait bon de vive avant!
En effet si on faisait parti des trés riches il faisait bon de vivre avant...il fait aussi bon de vivre maintenant chez les trés riches.

Bon c'était pour moi le seul défaut. Le reste était un ravissement. Il m'a décrit un univers qui a aujourd'hui à jamais disparu et dont je n'avais aucune idée (cela m'a mis La Bohéme dans la tête trés souvent ce livre...).

Ces descriptions de Paris et Vienne m'ont donné la supernostalgie.J'aurais tellment voulu les voir à cette époque. Sa vie est réellement admirable (et sa collection est impressionnante. Le fait aussi qu'il soit tout ému quand il a devant ses yeux cette vieille petite dame, la dernière personne au monde encore vivante à avoir vu Goethe )
En même temps il a connu tellement de misére et de beauté...je suis furieuse de savoir qu'il a avait déjà projeté son suicide quand il s'est mis à écrire ce livre...j'aurais voulu qu'il sache qu'Hitler n'allait pas durer. Qu'un tel homme se tue, cela me déplait énormément.

On voit surtout la Grande différence entre l'Autriche et l'Allemagne. Dans un voyage lingusitique j'étais tombée sur un coréen qui m'avait tranquillement affirmé qu'il aimait beaucoup mon pays et que Vienne était d'ailleurs une trés belle ville (aprés il m'a demandé ou était Berlin...en Allemagne Ah bon? ). J'ai mis du temps à lui faire comprendre que ce n'est pas parce que les pays ont la même langue, qu'ils sont à côté et qu'ils ont une Histoire qui se mélangent que ben...c'est la même chose... là on voit la coupure...on a toujours tendance à mélanges les écrivains de langue allemande et de les voir tous en allemands, alors qu'ils sont autrichiens ou suisses...

Enfin je le conseille à TOUT LE MONDE! c'est un must dans la bibliographie de Zweig ce livre.

Tu me donnes trèèèèèèèèèèèèèèèèèèès envie de découvrir ce livre, Accalia ! Zweig fait désormais partie de mes auteurs préférés. Je n'ai pas lu grand chose de lui (24h de la vie d'une femme, Le joueur d'échec et La confusion des sentiments, et j'ai acheté Un soupçon légitime), mais chaque livre m'a marqué comme peu d'autres l'ont fait. Je ne pourrais pas expliquer précisément quels sont les éléments qui me touchent autant, mais j'ai toujours besoin de temps pour sortir d'une lecture de Zweig. Alors là, tu me donnes vraiment envie de me plonger dans ce livre là

J'ai lu il y a trois semaines 24h de la vie d'une femme et j'ai adoré!! Stefan Zweig est vraiment un génie de la littérature comme le dit le titre! J'ai été totalement emportée par cette histoire, je ne pouvais plus lacher le livre!

Ca me conforte encore plus dans l'idée que j'ai du passer à coté de quelque chose pour La confusion des sentiments et qu'il faut que je le relise

En tout cas, c'est un auteur dont j'ai très envie de lire le reste des oeuvres!

J'ai bien aimé la confusion des sentiments. Le décor décrit par Zweig, les débuts de l'étudiant, et cette tension qui monte, qui monte pendant tout le livre. Je n'ai pas cherché à découvrir la chute, et j'étais très étonnée !!! Faut prendre le temps de le lire, et ne pas y être obligée.

Petit remontage de topic pour savoir si quelqu'un ici a lu le roman "Les Derniers Jours de Stephan Zweig" de Laurent Seksik

@ modératrices : je ne pense pas que ma question mérite un topic séparé mais si vous estimez que ce serait plus clair ainsi, n'hésitez pas à le déplacer

Merci d'avoir évoqué ce livre Serendipity, il m'a déjà fait de l'oeil en librairie! Il m'a l'air tout à fait passionnant...

serendipity a écrit:

@ modératrices : je ne pense pas que ma question mérite un topic séparé mais si vous estimez que ce serait plus clair ainsi, n'hésitez pas à le déplacer

Merci d'avoir pensé à nous. Cela dépendra ou non du volume des messages échangés à ce sujet. Pour faciliter les choses par la suite, veillez bien à ne pas mélanger dans un même post des propos concernant ce livre et d'autres concernant des oeuvres de Zweig.

J'ai fini Destruction d'un coeur et j'ai adoré!!

Les trois nouvelles contenues sont magnifiques! Stefan Zweig a un style très particulier que j'adore, quand il écrit on dirait de la poésie en prose, c'est tellement beau Je crois qu'il aurait pu écrire des listes de courses, ça aurait été passionnant venant de lui! A plusieurs reprises j'ai eu envie de noter des phrases rencontrées au cours de ma lecture, qui sonnent tellement justes! C'est ça surtout que j'aime, il décrit tellement bien les sentiments humains, on dirait qu'il a tout compris sur les hommes c'est incroyable! je n'arretais pas de me dire "mais oui c'est tout à fait ça"

La première nouvelle Destruction d'un coeur est magnifique et m'a déchirée le coeur. les sentiments de ce père qui voit s'éloigner sa fille sont très bien analysés, je souffrais avec lui!
Du coup je pensais moins aimer les deux suivantes, tellement j'avais aimé cette nouvelle mais j'ai beaucoup aimé La gouvernante avec encore une fois une superbe analyse des émotions des deux fillettes (surtout la fin où il dit qu'elles pleurent surtout parce qu'elles savent maintenant qu'elles ont quitté l'enfance et que la vie qui les attend sera cruelle...bon c'est plus beau écrit par lui ) et j'ai adoré Un jeu dangereux où les sentiments de la jeune fille qui s'éveille à l'amour sont trop beaux à lire

Bon je me répète un peu beaucoup, mais je n'arrive à trouver de synonymes pour expliquer combien sons tyle est génialissime! J'ai l'intention de lire et posséder tous ses romans un jour

Nathy's!

j'adore ton merveilleux enthousiasme!! moi aussi je me disais toujours cela, à chaque fois j'étais sous le charme & à chaque fois conquise à nouveau. Je trouve que les mots de Zweig s'adressent à l'âme.
Nathy's moi aussi je vise les oeuvres complètes!

lady Clare a écrit:

j'adore ton merveilleux enthousiasme!!

J'ai lu ton post au boulot, et une fois rentrée à la maison, je me suis précipitée sur Romans et nouvelles T1 que je possède, pour voir si ces nouvelles y figuraient ......

Malheureuseent non!



Elles sont dans le T2. Il ne me reste plus qu'à acheter le tome 2!

Dommage Lunae mais je pense que tu peux tenter n'importe quel roman de Stefan Zweig que tu possèdes déjà Rien qu'avec le tome 1 tu dois avoir de belles découvertes à faire

LadyClare, on pourrait faire la course pour ses oeuvres mais tu as un peu d'avance sur moi En tout cas j'aime beaucoup ta phrase "les mots de Zweig s'adressent à l'âme" c'est exactement ça

En tout cas, merci d'avoir ouvert ce topic qui a relancé mon interet pour cet auteur

Tout le plaisir est pour moi Nathy's!!

Artémis a eu la gentillesse de me prêter son exemplaire de Un soupçon légitime, un texte inédit de Stefan Zweig. Je repasserai donc bientôt avec mon avis!

Lady Clare, j'ai hâte de lire ton avis! J'ai lu "un soupçon légitime" il y a quelques mois; c'est si difficile de résister à un inédit de S. Zweig, et puis c'est un petit livre, il se lit d'un trait sans lever les yeux des pages.
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, particulièrement la finesse de la description

Spoiler:

... c'est une nouvelle plutôt inhabituelle chez Zweig. En même temps, j'y ai retrouvé cette élégance si caractéristique... N'en déplaise aux Allemands, Zweig est un grand Monsieur!

J'ai lu Les Prodiges de la Vie et j'ai moins aimé que ses autres livres....j'ai beaucoup aimé à partir du moment où le bébé entre en scène, mais le côté religieux et mystique de l'histoire m'est totalement passé au-dessus, j'ai du mal avec ce genre de choses.

L'émission l'Humeur Vagabonde, de Kathleen Evin, sur France Inter était consacrée ce soir à Stephan Zweig, avec comme invitée Dominique Bona (auteur de la biographie Stephan Zweig, l'ami blessé).

Pour les bribes que j'ai entendues, c'était intéressant.

En ré-écoute et téléchargement, là : [url= ] [/url]

MissAcacia! merci!!!!!!! mais le lien ne marche pas !!

édit , j'essaie ça

http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10054.xml

Merci pour les liens, Mesdames.

Dans le cadre du Festival Paris en toutes lettres
voici deux informations :

Citation :

Elsa Zylberstein lit Lettres d’une inconnue de Stefan Zweig
Dans sa préface, Elsa Zylberstein cite Musset
« J’ai souffert souvent, je me suis trompé
quelquefois, mais j’ai aimé »… Lire en public
la Lettre d’une inconnue porte le mot haut
et fort. Cette longue lettre mystérieuse décrit
un amour total, passionnel, tapi dans l’ombre.
Le destinataire – un double de Stefan Zweig ? –
rentre chez lui à Vienne et découvre parmi son
courrier cette lettre volumineuse. L’écriture est
sublime et déchirante et nous immerge dans les
profondeurs d’une passion amoureuse dévastatrice,
absolue et obsessionnelle. La voix d’une femme
qui s’est donnée toute entière à un homme.
Une vie livrée à l’écrivain.
Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig, préface
d’Elsa Zylberstein, coll. La Cosmopolite, Stock
Samedi 12 ~ 21h ~ Hôtel de Lauzun
Proposé par la Maison de l’écriture éQuinoxe

&

Citation :

Laurent Seksik présente Stefan Zweig
« Écrire un roman sur les derniers jours de
Stefan Zweig, prendre l’écrivain pour héros, le
projet, me disait-on, était follement ambitieux.
Par quel mystère, pourtant, cette histoire s’imposait
comme une évidence ? Il y avait cette
passion pour l’écrivain, la musicalité de sa
prose, sa capacité en quelques mots à résumer
un destin qui bascule, une vie qui chavire.
Il y avait cette fascination pour l’homme, sa
fragilité, ses souffrances. Évoquer la figure de
Zweig à Paris est particulièrement émouvant,
70 ans après qu’il a tenu dans la capitale son
ultime conférence sur le continent européen. »
Laurent Seksik
Les Derniers Jours de Stefan Zweig, Flammarion, 2009
Dimanche 13 ~ 16h ~ Hôtel de Ville, salle du Conseil

Alors alors...

Cela fait plusieurs jours que j'ai terminé Marie Stuart de ce trés cher auteur...
Je dois l'avouer, à ma grande honte je découvrais l'histoire de cette Reine dont je ne connaissais que les grandes lignes...et si d'un point de vue culture générale, j'ai adoré lire ce livre, je dois dire que je ne supporte pas du tout Marie Stuart et que je suis Pro-Elizabeth à fond!

On a d'abord à faire avec une écervelée qui n'est digne que lorsqu'il le faut et encore quelle idée de commencer à mettre la pagaille entre les deux pays pour avoir le privilége de mettre dans ses titres: Reine d'Angleterre... alors qu'on est déjà Reine de France et d'Ecosse enfin il y a des choses que je ne comprends pas j'imagine, faute d'être Reine...
Ensuite, c'est une idiote à sa propre cour qui épouse un idiot parce qu'il est beau et enfin elle finit sous le joug d'une béte ( Bothwell) qui après l'avoir forcée/violée? se détourne d'elle sauf si elle lui donne la Couronne et la traite comme la derniére des chiennes...au moins il finit mal lui.

Et enfin, l'idée même d'organiser un complot contre Elizabeth au milieu de l'Angleterre alors qu'on surveille tous ses gestes...je trouve cela trés naif.
Seule sa mort, héroique pour le coup, la rachète un peu dans mon estime.

Je crois que mon chapitre préféré c'est quand Zweig (qui est clairement du côté de Marie Stuart) compare les deux Reines. Je trouve cela trés interressant.
Surtout ce passage:

Citation :

La vie d'Elizabeh personnifie l'énergie d'une nation qui veut conquérir sa place dans l'univers; la fin de Marie Stuart, c'est la mort héroique et sublime d'une époque.
Mais dans ce combat, chacune d'elle réalise parfaitement son idéal: Elizabeth, la réaliste vainc dans le domaine de l'Histoire, Marie Stuart, la romantique dans celui de la poésie et de la légende.

Je trouve cela trés bien dit et fort joli. C'était deux époques différentes dans une même génération et il était logique qu'Elizabeth qui veillait à son peuple et qui ne prenait pas la Couronne pour aquise gagne ce combat dans le temps, alors que Marie Stuart croyait cela innée et était une des dernières représentantes de l'époque médievale (elle a réussi à faire vivre la Cour de France de Henri II plus longtemps qu'en France.) et franchement avait aussi peu de pensées pour son peuple que pour la lune.

Enfin bon...même si je n'aime pas beaucoup le personnage en lui-même, c'était tout de même un livre merveilleux que j'ai beaucoup aimé lire...et je le conseille à toute personne qui aime cet auteur...et grâce à ce livre, j'ai commencé Macbeth (il n'arréte pas de faire des comparaisons...je comprenais celle d'Hamlet mais pas celle de Macbeth, donc il s'agit de réparer cela)
Maintenant, il faudrait tout de même que je termine sa biographie sur Balzac, mais là, elle me gonfle un peu.

Merci pour ton avis bien tranché Accalia!! Je t'avoue que je te rejoins tout à fait concernant la naïveté de cette reine...et sur le caractère merveilleux de ce roman, cette histoire est magnifiquement racontée... Je te conseille fortement le Marie Antoinette du même auteur...

Je viens de finir Marie-Antoinette et j'ai beaucoup aimé!
Le style biographique n'est pas évident (je n'ai jamais réussi à digérer la biographie de Charlotte Brontë par Elizabeth Gaskell, par exemple), mais Zweig fait merveille et on avale les pages sans aucune lassitude. Par de lourdeurs, c'est un vrai plaisir.
J'ai également apprécié que soit mentionné dans les notes de fins que l'auteur n'a utilisé que des matériaux dont il était totalement sur de la provenance, écartant ainsi toutes les lettres douteuses qui seraient soi disant de Marie-Antoinette. J'ai aussi beaucoup aimé le fait que soit clairement dit, et prouvé, que Axel de Fersen était beaucoup plus qu'un ami proche de la reine.

Pour ceux qui s'intéressent à Marie-Antoinette, je recommande très chaudement Journal d'une reine, d'Evelyne Lever, rédigé sous forme de journal intime de Marie-Antoinette: un vrai coup de coeur pour moi l'année dernière (mais j'avoue que je ne me souviens plus comment elle aborde "le cas Axel de Fersen)