"Miss MacKenzie"

Petite info qui ne mange pas de pain :

La maison d'éditions Autrement a eu l'excellente idée d'éditer, pour la première fois en français, un Trollope quelque peu méconnu : Miss Mackenzie.



Quelqu'un connaît ?

Non, je ne le connais pas du tout et n'avais pas vu qu'il était é"dité. J'ai lu "Peut-on lui pardonner ?" (1er tome des Palliser) il y a 2 ans et, malgré une traduction franchement lourdingue, j'ai bien aimé.

En tout cas, à cause de ce post de ce matin, en passant à la FNAC à midi, je suis tombée sur Miss Mackenzie (j'ai reconnu la couverture) et suis repartie avec

Bon, ben voilà, j'ai lu mon 1er Trollope Il s'agit de Miss Mackenzie.

Voici mon compte-rendu :


Miss Mackenzie semble tout avoir de la comédie humaine.
Anthony Trollope y dresse le portrait d'une femme, vieille fille de 35 ans (et oui, à cet époque, on pouvait être appelée ainsi à un si jeune âge, mais je ne vous apprends sans doute rien ). Margaret Mackenzie a jusqu'ici vécu chez son frère aîné Walter et a toujours mené une existence solitaire et recluse. Elle n'est clairement pas une héroïne qu'on pourrait qualifier de romanesque, elle n'est n'est pas jolie et ne brille pas particulièrement en société. Lorsqu'à la mort de son frère, elle se voit confiée un héritage dont le montant dépasse ses rêves les plus fous, sa vie prend un tournant auquel elle ne s'attendait pas. Et si pour la première fois de sa vie, elle pouvait faire enfin ses propres choix et ainsi oeuvrer pour son bonheur ? Au fil de pages, le lecteur suit avec un intérêt croissant l'évolution d'une personnalité qui se découvre. La demoiselle emménage à Littlebath, prend en charge l'une de ses nièces, commence à fréquenter la bonne société et fait des rencontres. Mais ce brusque héritage aura aussi des conséquences plus fâcheuses, comme l'arrivée de trois soupirants qui n'ont pas tous de bonnes intentions ... Le roman se fait parfois cinglant et n'épargne pas les caractères de l'entourage familial ou amical de la jeune femme, la cupidité et l'avarice se disputent en terrain miné. Le soucis du paraître prend une ampleur insoupçonnée ...
C'est donc avant tout le portrait d'une femme dont il s'agit dans ce roman, et un portrait à la précision et à la délicatesse impeccables.
Miss Mackenzie s'avérera au fur et à mesure du récit une femme intègre et volontaire. Elle aura bien sûr du mal à s'affirmer en tant que femme célibataire et nouvellement fortunée dans une société victorienne que les écrivains de l'époque n'ont eu de cesse de décrire comme particulièrement oppressante pour la gente féminine. Mais c'est sans compter sur sa détermination et son courage, lesquels ont été d'ailleurs bien trop longtemps sous-estimés par son entourage ...
Anthony Trollope pose donc un regard critique sur les affres d'une société faite de grandeur et de décadence. Tout dans ce roman est passé au peigne fin : la position sociale, l'argent, les tribulations juridiques, le mariage, la place de la femme, la famille, l'amour etc. Le roman est très bien construit, l'intrigue rondement menée et les renversements de situations surprenants. Certains passages auraient pu être ennuyeux dans la mesure où, comme je l'ai dit plus haut, Anthony Trollope fait davantage dans la peinture sociale réaliste et sèche que dans le romanesque, mais il n'en est rien. Il a un style raffiné et un humour british très "pince sans rire" qui rend ses descriptions savoureuses.
Miss Mackenzie se classerait pour moi dans le genre de la comédie humaine. En ce sens, Trollope pourrait être apparenté à Balzac ...

J'ai pas lu le résumé d'Emjy mais j'ai acheté le livre
D'ici un an ou 2 je devrais l'avoir lu

Moi aussi j'ai craqué et j'ai acheté Miss MacKenzie. Depuis le temps que je lorgne sur Trollope mais très peu de ses oeuvres sont éditées en français ou du moins disponibles et je ne me sens pas de me lancer dans la VO.
Merci pour ton avis Emjy

je viens de lire ce roman, il y a quelques temps, et j'ai bien apprécié, j'ai beaucoup aimé la trame de l'histoire, j'aime bien le style de Anthony Trollope, et comme l'époque qui y est décrite est l'époque victorienne, cela me plaisait totalement.

Et c'est vrai que très peu de romans de Anthony Trollope sont traduits, ce qui est vraiment dommage.

Je viens de finir Miss Mackenzie, mon premier Trollope et j'ai ADORE !

L'histoire de cette vieille fille tiraillée entre ses 3 prétendants, sa belle-soeur, sa tante... m'a beaucoup plu, je ne l'ai pas laché du week-end.

J'ai trouvé l'héroïne très courageuse, très digne. Les personnages qui gravitent autour d'elle sont extrèmement bien peints, pour la plupart odieux, moralisateurs et égoïstes. Et c'est le religieux qui se révèle le pire

C'est vraiment un bon roman, moi qui ne connaissais cet auteur que de nom, j'ai été très agréablement surprise. Pourquoi n'y a-t-il donc pas plus de Trollope traduits en français ?

Remontage de topic

De mon côté, je passais vous annoncer que ce cher Anthony va avoir enfin droit à une édition poche chez le Livre de Poche... et ce sera l'excellent "Miss MacKenzie", annoncé pour le 13 octobre

L'ami Anthony aurait-il enfin le vent en poupe chez nos amis éditeurs français ? Espérons-le et ruons-nous sur ce cadeau de Noël inespéré


@ Majeanne : je découvre ta critique Je suis ravie de lire ton enthousiasme. Il va sans dire que je suis totalement d'accord avec ce que tu écris.

Petit up, voici la couverture de "Miss MacKenzie" au livre de Poche, qui reprend celle du grand format chez Autrement



Une bonne idée cadeau !

Merci Muezza! J'essayerai de ne pas l'oublier. J'ai envie de découvrir cet auteur et ce sera plus facile en poche!

tout pareil!

Muezza a écrit:

Une bonne idée cadeau !

C'est clair ! Je l'ai tellement aimé que j'ai envie de le faire découvrir à ma mère, il sera certainement dans ses paquets de cadeaux pour Noël

Je lis actuellement "Miss Mackenzie" et je me régale, pour une première rencontre avec Trollope, c'est réussi (j'apprécie la qualité de la traduction de Laurent Bury, car malheureusement, je n'ai pas trouvé ce roman en poche).

Merci à Serendipity de faire remonter ce topic car je ne le connaissais pas. L'histoire m'interesse et vos commentaires confirment mon choix de l'ajouter à ma "liste à acheter".

Je t'y incite vivement Miss Margaret d'autant que Miss Mackenzie porte le même prénom que toi ('fin que ton pseudo). Tu vas te régaler

Je l'ai acheté, mais je trouvais que le forum manquait un peu d'avis de membres pour vraiment me lancer. J'attends ton verdict final avec impatience Serendipity.

Il risque de tarder car je flâne sur cette lecture
Heureuse de constater que d'autres avis suivront

serendipity a écrit:

Je t'y incite vivement Miss Margaret d'autant que Miss Mackenzie porte le même prénom que toi

C'est un signe! toutélié!!

Serendipity, je suis ravie que tu apprécie ta lecture .

Et je me rends compte que je n'ai pas posté d'avis sur Miss Mackenzie, que j'ai lu il y a quelques temps maintenant. J'ai beaucoup aimé ce livre et surtout le style d'Anthony Trollope.
C'est ce livre (et Muezza) qui m'a fait découvrir cet auteur et depuis j'ai dévoré toutes les traductions ce que j'ai trouvées (je ne l'ai pas encore attaqué en VO).

C'est précis sur la description de la société, la condition féminine (dans le cas de Miss Mackenzie). Les caractères sont fouillés et justes. On y apprend plein de détails sur la vie domestique, le quotidien des entreprises. L'auteur démonte les manigances, les stratagèmes ou les petits calculs de ses personnages: une petite société est recrée sous nos yeux. Et le regard de l'auteur est assez distancié, plein d'humour, assez sarcastique, ironique ou carrément mordant, cédant régulièrement au plaisir d'un aphorisme ou d'un bon mot. Pour autant, on s'attache à cette pauvre Miss Mackenzie, gentille vieille fille qui s'essaie de s'en sortir (et de conserver ses rêves de jeune fille) dans l'âpre société victorienne, après 35 ans d'esclavage auprès de son père.

J'aime beaucoup.

Je n'avais pas donné mon avis non plus !

Je n'avais encore rien lu de Trollope, et ce premier roman m'a beaucoup plu ! Je dois dire que je craignais un peu...

Spoiler:

J'ai tout de suite accroché à l'histoire, au style et surtout au personnage de Margaret Mac Kenzie, vieille fille de 35 ans complètement effacée au début du roman, inféodée à son frère qui décède en la laissant héritière d'une petite fortune. Elle va peu à peu s'émanciper, et devoir choisir entre ses trois prétendants dont on découvre en même temps qu'elle les intentions plus ou moins honnêtes.

L'auteur nous offre un très beau portrait de femme de l'époque victorienne, qui s'affirme petit à petit et surmonte ses incertitudes pour se révéler courageuse et volontaire. J'ai trouvé passionnant le récit de son évolution, et son choix difficile entre ses trois soupirants présente un suspense habilement dosé, avec des retournements de situation inattendus.

Et ce qui ne gâte rien, l'humour très british rend certaines scènes absolument désopilantes, comme le dîner raté de Mrs Tom McKenzie, ou la vente de charité...dommage que je n'ai plus le livre, j'aurais bien voulu en citer un passage ou deux !

Merci pour vos commentaires, j'ai du plus en plus envie de me plonger dans ce roman.

L'ennui c'est que j'aimerais le lire en VO, et que bizarrement il est assez difficile à trouver en Poche : à ma grande surprise il n'est pas édité par Penguin Classics ni par Oxford Classics alors qu'une traduction française est sortie très récemment...

Tatiana : j'avais les mêmes scrupules que toi, mais finalement je ne regrette pas d'avoir fait une entorse à mes principes et j'aime bien cette traduction

@ Rosalinde et MissA : je lirais vos avis une fois ma lecture achevée

J'ai terminé "Miss Mackenzie" et je confirme que je me suis régalée avec ce premier Trollope
Je ne vois rien à ajouter aux commentaires de MissAcacia, Rosalinde and co, si ce n'est d'encourager toutes celles qui l'ont acheté à le faire grimper en haut de leur PAL tant ce livre est savoureux !!

Tu m'en vois ravie . Attention, Anthony Trollope peut entraîner une grave dépendance...

J'en profite pour mettre (en anglais car mon livre est au fond d'une étagère rangée suivant la méthode Gaston Lagaffe...) deux extraits du dîner raté dont parlait Rosalinde:

Citation :

That the soup should be cold, everybody no doubt expected. It was clear soup, made chiefly of Marsala, and purchased from the pastry cook's in Store Street. Grandairs, no doubt, knew all about it, as he was connected with the same establishment. The fish--Mrs Mackenzie had feared greatly about her fish, having necessarily trusted its fate solely to her own cook--was very ragged in its appearance, and could not be very warm; the melted butter too was thick and clotted, and was brought round with the other condiments too late to be of much service; but still the fish was eatable, and Mrs Mackenzie's heart, which had sunk very low as the unconsumed soup was carried away, rose again in her bosom. Poor woman! she had done her best, and it was hard that she should suffer. One little effort she made at the moment to induce Elizabeth to carry round the sauce, but Grandairs had at once crushed it; he had rushed at the girl and taken the butter-boat from her hand. Mrs Mackenzie had seen it all; but what could she do, poor soul?

Miss Mackenzie est reçue par sa belle soeur, Mrs Tom, qui essaie de "lui en mettre plein la vue" (si mes souvenirs sont bons) et accessoirement d'investir son argent dans la peu florissante affaire de son mari.

Deuxième extrait:

Citation :

Now had come the crisis of the evening, the moment that was all important, and Grandairs was making his round in all the pride of his vocation. But Mrs Mackenzie was by no means so proud at the present conjuncture of affairs. There was but one bottle of champagne. "So little wine is drank now, that, what is the good of getting more? Of course the children won't have it." So she had spoken to her husband.
And who shall blame her or say where economy ends, or where meanness begins? She had wanted no champagne herself, but had wished to treat her friends well. She had seized a moment after Grandairs had come, and Mrs Slumpy was not yet there, to give instructions to the great functionary.

"Don't mind me with the champagne, nor yet Mr Tom, nor the young ladies."

Thus she had reduced the number to six, and had calculated that the bottle would certainly be good for that number, with probably a second glass for the doctor and Mr Rubb. But Grandairs had not condescended to be put out of his way by such orders as these. The bottle had first come to Miss Colza, and then Tom's glass had been
filled, and Susanna's--through no fault of theirs, innocent bairns, "but on purpose!" as Mrs Mackenzie afterwards declared to her husband when speaking of the man's iniquity. And I think it had been done on purpose. The same thing occurred with Mary Jane--till Mrs Mackenzie, looking on, could have cried. The girl's glass was filled full, and she did give a little shriek at last. But what availed shrieking? When the bottle came round behind Mrs Mackenzie back to Dr Slumpy, it was dry, and the wicked wretch held the useless nozzle triumphantly over the doctor's glass.

"Give me some sherry, then," said the doctor.

Extraits tirés de l'excellent site http://www.anthonytrollope.com/

On n'en dira pas plus, mais la pauvre Mrs Tom Mackenzie n'est pas encore au bout de ses peines avec l'affreux Grandair à qui elle a confié son souper...

Merci Miss pour ces extraits. Ce passage est assez drôle en effet, on souffre avec cet pauvre Mrs Tom, qui n'est pourtant pas très sympathique.

Comme tu l'as dit, Trollope est contagieux, mais la taille conséquente de son oeuvre est un moyen de se préserver des tentations quand on est un escargot en matière de lecture