Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... | |
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Auteur | Message |
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nathy's Feedle-Dee-Dee!
Nombre de messages : 8478 Age : 34 Date d'inscription : 28/09/2007
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 7 Nov 2011 - 19:48 | |
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 7 Nov 2011 - 20:44 | |
| Hello Nathy's,
- Citation :
- Si une traduction peut être?
Effectivement! J'ai complètement zappé cette étape. Alors, sans prétention aucune, je me permet de proposer ici ma version que les éventuels germanistes ou germanophones qui viendraient à passer par là ne devront pas hésiter à corriger!
- Spoiler:
"Liebste, nimm mich zu Dir, halte mich, laß Dich nicht beirren, die Tage werfen mich hin und her, bringe Dir zu Bewußtsein, daß du niemals reine Freude von mir haben wirst, reines Leid dagegen soviel man nur wünschen kann, und trotzdem - schick mich nicht fort. Mich verbindet nicht nur Liebe mit Dir, Liebe wäre wenig, Liebe fängt an, Liebe kommt, vergeht und kommt wieder, aber diese Notwendigkeit, mit der ich ganz und gar in Dein Wesen eingehakt bin, die bleibt. Bleibe auch, Liebste, bleibe!"
Franz Kafka, Brief an Felice Bauer, 19 janvier 1913.
"Ma très aimée, prends-moi à toi, tiens-moi, ne te laisse pas troubler, les jours me jettent ici et là, comprends que jamais tu n'auras de moi de pure joie, mais de pure peine, autant que l'on peut seulement en souhaiter, et pourtant - ne me rejette pas. Ce n'est pas l'amour seulement qui me lie à toi, l'amour serait peu, l'amour débute, l'amour vient, l'amour passe et revient, mais cette nécessité par laquelle je suis totalement attaché à ton être, elle reste. Reste aussi, ma très aimée, reste!"
Franz Kafka, Lettre à Felice Bauer, 19 janvier 1913. J'espère que ma traduction est à peu près correcte. Amitiés,
Dérinoé |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 13 Nov 2011 - 1:11 | |
| Bonsoir,
un très beau poème de Paul Éluard dont l'un des vers a donné son titre au premier roman de Françoise Sagan:- Spoiler:
À peine défigurée
Adieu tristesse Bonjour tristesse Tu es inscrite dans les lignes du plafond Tu es inscrite dans les yeux que j'aime Tu n'es pas tout à fait la misère Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent Par un sourire Bonjour tristesse Amour des corps aimables Puissance de l'amour dont l'amabilité surgit Comme un monstre sans corps Tête désappointée Tristesse beau visage
Paul Éluard in La vie immédiate, 1935. Je repoduis également la première phrase, magique, du livre scandaleux de la jeune Sagan et qui est, à lui seul, un petit miracle de grâce et d'équilibrisme:- Spoiler:
"Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse."
François Sagan, Bonjour tristesse, 1954. Au moment où elle écrit ce texte, l'auteur a tout juste dix-huit ans. Plutôt bluffant.Dérinoé |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 13 Nov 2011 - 11:44 | |
| Le poème d'Eluard est magnifique. De même que l'incipit de Bonjour tristesse. Que tu pourrais également poster ici , ça ferait remonter le sujet. _________________ |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 13 Nov 2011 - 23:26 | |
| Bonsoir Cat47,
en effet, ce poème est magnifique: j'aime beaucoup Paul Éluard: je trouve ses ôdes à l'amour d'une fraîcheur étonnante, dénuée de pose ou de virtuosité stérile. Ils sont d'une simplicité extraordinaire, et Dieu sait si la simplicité témoigne d'une rare forme de maîtrise de l'art.
- Citation :
- Que tu pourrais également poster ici , ça ferait remonter le sujet.
Esperluette m'a devancée: elle y a reproduit il y a déjà plusieurs mois les premières phrases de Bonjour Tristesse qui constituent même le dernier post du topic. Par contre, je ne connaissais pas cette section du forum et m'est avis que j'y mêlerai bientôt mon petit grain de sel.
Voici un épigramme bouleversant publié par Paul Éluard dans un recueil composé peu après le décès de sa compagne très aimée, Nush:
- Spoiler:
Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six
Nous ne vieillirons pas ensemble. Voici le jour En trop : le temps déborde. Mon amour si léger prend le poids d’un supplice.
Paul Éluard in Le temps déborde, 1947.
Le dernier vers est absolument parfait.
Dérinoé |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 18 Nov 2011 - 19:02 | |
| Bonsoir,
voici un texte de l'un de mes poètes préférés, Jules Supervielle.
- Spoiler:
C'est vous quand vous êtes partie
C'est vous quand vous êtes partie, L'air peu à peu qui se referme Mais toujours prêt à se rouvrir Dans sa tremblante cicatrice Et c'est mon âme à contre-jour Si profondément étourdie De ce brusque manque d'amour Qu'elle n'en trouve plus sa forme Entre la douleur et l'oubli. Et c'est mon cœur mal protégé Par un peu de chair et tant d'ombre Qui se fait au goût de la tombe Dans ce rien de jour étouffé Tombant des autres, goutte à goutte, Miel secret de ce qui n'est plus Qu'un peu de rêve révolu.
Jules Supervielle in La fable du monde, 1938.
Ce poème me bouleverse complètement, chaque fois que je le lis.
Y-a-t-il d'autres admirateurs de cet auteur sur le forum? Dérinoé |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 5 Déc 2011 - 21:37 | |
| Bonsoir à tous,
un autre très beau poème de Jules Supervielle, l'un de ces textes faussement simples dont la surface lisse recèle des profondeurs insoupçonnables.
- Spoiler:
La mer secrète
Quand nul ne la regarde La mer n’est plus la mer, Elle est ce que nous sommes Lorsque nul ne nous voit. Elle a d’autres poissons, D’autres vagues aussi. C’est la mer pour la mer Et pour ceux qui en rêvent Comme je fais ici.
Jules Supervielle in La fable du monde, 1938.
Au plaisir,
Dérinoé |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26779 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 5 Déc 2011 - 21:47 | |
| J'aime beaucoup ces poèmes |
| | | Atonement Ready for a strike!
Nombre de messages : 1105 Age : 29 Localisation : Nantes Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 6 Déc 2011 - 21:44 | |
| Au risque de ne pas paraître originale...J'apprécie beaucoup Baudelaire ! J'ai eu des oraux blancs lundi en français, sur les poèmes de Baudelaire. J'ai prié pour avoir Spleen, et je l'ai eu, avec une bonne problématique et une bonne note en prime ! Il s'agit de "Quand le ciel, bas et lourd, pèse comme un couvercle...". Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle II nous verse un jour noir plus triste que les nuits; - Spoiler:
Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Les métaphores et les images qu'utilise Baudelaire pour décrire son/le spleen sont magnifiques. Cette progression : le ciel, la terre, la pluie qui va sous terre, puis une dernière révolte avant sa mort, l'abandon que Baudelaire décrit magnifiquement dans le dernier paragraphe...C'est tellement beau ! C'est parfait. Je pense qu'il s'agit du poème que je connaisse le mieux. Avant, j'aimais bien "Parfum exotique", de Baudelaire également, mais c'est l'Idéal parfait, c'est du pur symbolisme. Dans "Spleen", ça reste un thème romantique, traité de manière symboliste : le mélange parfait que Baudelaire maîtrise à merveille. Poème que je connais moins bien : Voyelles, de Rimbaud. Il est très complexe, beaucoup d'interprétations sont possibles à son propos, et son mystère n'a toujours pas été percé d'ailleurs. Je suis d'avis qu'on n'essaie de pas de trouver ce que voulait dire Rimbaud avec ses voyelles colorées et ses images, mais qu'en lisant le poème, chacun voit ce qu'il veut, ce qu'il ressent. En cours, mon interprétation de certaines strophes ne semblaient pas convaincre la prof, et la discussion est partie dans une direction qui ne me convenait pas... Je vous le mets, pour que vous profitiez des "vibrements divins" (v.9) que procure la lecture de ce poème , en priant pour qu'il n'aie pas déjà été mis dans les pages précédentes : - Spoiler:
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silence traversés des Mondes et des Anges : - O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -
Comment ressentez-vous ce poème, vous et comment interprétation faites-vous de toutes ces images, couleurs et voyelles ? |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 7 Déc 2011 - 0:09 | |
| Salut à tous,
@ Fée Clochette: moi aussi. Et d'ailleurs, je m'en vais proposer un autre poème de Supervielle pour ce soir.
@ Atonement: Superbe poème en effet que ce Spleen de Baudelaire. La force de l'image, qui tombe toujours avec évidence, m’époustoufle à chaque fois. La première et la dernière strophes sont parfaites.
J'ai toujours eu énormément de peine avec la poésie de Rimbaud - ou, pour des raisons semblables, avec celle de Mallarmé -, et ce parce que, comme beaucoup d'autres lecteurs, je ne comprends rien à leurs écrits. Plus encore, je n'aime pas l'idée d'avoir à creuser, à gratter, pour saisir un poème, ou toute autre forme de texte par ailleurs. J'ai toujours le sentiment, à tort si l'on en croit les spécialistes qui révèrent Rimbaud comme un génie précoce, que la poésie devrait couler et que c'est dans cette fluidité (qui n'est pas forcément clarté) que réside sa vertu.
Mais je serais très intéressée à connaître ton interprétation de Voyelles.
Enfin, un petit morceau de Supervielle que j'aime énormément.- Spoiler:
L'âme
Puisqu'elle tient parfois dans le bruit de la mer Ou passe librement par le trou d'une aiguille Aussi bien qu'elle couvre une haute montagne Avec son tissu clair,
Puisqu'elle chante ainsi que le garçon, la fille, Et qu'elle brille au loin aussi bien que tout près, Tantôt bougie ou bien étoile qui grésille Toujours sans faire exprès,
Puisqu'elle va de vous à moi, sans être vue, Et fait en l'air son nid comme sur une plante, Cherchons-la, sans bouger, dans cette nuit tremblante Puisque le moindre bruit, tant qu'il dure, la tue.
Jules Supervielle in Les amis inconnus, 1934. À bientôt j'espère,
Dérinoé |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36560 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 7 Déc 2011 - 10:58 | |
| Très beau poème, Dérinoé. Léger et frais comme la rosée du matin. Je ne connais pas Supervielle, mais tu me donnes envie de le découvrir. |
| | | Atonement Ready for a strike!
Nombre de messages : 1105 Age : 29 Localisation : Nantes Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 7 Déc 2011 - 20:32 | |
| - Dérinoé a écrit:
- @ Atonement: Mais je serais très intéressée à connaître ton interprétation de Voyelles.
J'ai également beaucoup de mal à comprendre Rimbaud, et Mallarmé n'en parlons pas. Nous avons étudié son "Salut" en premier cours de français de filière L de l'année...J'ai eu peur de m'être plantée de classe, tellement j'étais larguée. "Rien, cette écume, vierge vers," (v1). Rien que ce premier vers me fait peur, parce qu'il n'y a pas de syntaxe ni de sens que l'on peut deviner facilement (même avec la suite du poème !). Mais c'est justement cela le but de la poésie symboliste. Mallarmé voulait inventer une nouvelle langue, il me semble ! Les symbolistes se fichent un peu du sens, ils veulent surtout que ce soit beau à l'oreille. "De la musique avant toute chose", a écrit Verlaine dans son "Art Poétique". Quand je lis "Voyelles", je vois des images dans ma tête (comme je suis très influencée par le cinéma et que je suis très "visuelle") qui défilent. Lorsque je lis le A, je vois le cadavre d'une prostituée, dans un endroit très sombre. Elle est couchée sur le sol, a un corset mais troué à l'endroit d'une blessure au ventre. Elle est sale et des mouches bombinent autour. (Ca, ma prof avait approuvé !) Après, elle n'a plus approuvé du tout. Quand je lis les 2 vers du E, je vois juste des grands glaciers, mais vraiment très grands, tout autour de moi. Ils sont très purs, très clairs car la lumière du soleil passe à travers. Et quand je respire, il y a de la "vapeur" (v.5). Pour le I, j'ai un peu du mal. Je vois une pièce baroque, avec des hommes et des femmes habillés du genre Louis XIV, mais tout est dans des couleurs très chaudes et "pourpres", donc dans des tons de rouges et noir surtout. Les personnages sont tous "vautrés" dans des fauteuils baroques ou même par terre. Le U, c'est le plus étrange je pense (et le plus stupide ). J'ai l'impression de voir une image de documentaire du genre de Yann-Arthus Bertrand, "La terre vue du ciel". Je vois un "plan" pris depuis un hélicoptère (très contemporrain de l'époque de Rimbaud ), qui était d'abord sur la mer, et qui continue de filmer vers les terres, avec des pâturages écossais, avec des moutons qui courent. Pour le O par contre...En le lisant je ne vois que des Anges en train de jouer du clairon. Donc c'est plus des impressions que des interprétations. J'en ai retenue deux d'interprétations, que l'on avait vu en cours. La première était que ce sonnet représentait la vie (le A la naissance, qui est répugnante selon Rimbaud, et le O est la mort). C'est pas stupide, quand on y pense. La deuxième interprétation qu'a émise la prof serait que Rimbaud se serait tout simplement inspiré d'un livre qu'il avait lorsqu'il était petit, avec autour de chaque voyelles des images pour enfant. Je trouve cette interprétation peut-être moins probable que la première mais plus...poétique ! Je vois que certain(e)s d'entre vous apprécient Jules Supervielle. J'ai lu les quelques poèmes qui ont été postés, c'est plutôt intéressant. J'ai un peu du mal avec le surréalisme qui était le principal mouvement du début du XXème siècle, mais Supervielle ne semble pas l'être, alors qu'il est de la même époque ! Je vais m'intéresser à ce Jules d'un peu plus près...(Direct -> Cdi de mon lycée ! ) |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 8 Déc 2011 - 10:41 | |
| Bonjour à tous,
@ Ysabelle: Ravie que les petits morceaux de Jules Supervielle te plaisent. Élu "Prince des Poètes" en 1960 par ses pairs et ayant connu, de son vivant, un vif succès par ses pièces de théâtre et ses reccueils, il est, me semble-t-il, un peu délaissé par les lecteurs et les écoles depuis quelques décades.
@ Atonement: J'aime beaucoup ton interprétation du poème de Rimbaud, justement parce qu'elle est aussi visuelle que peut l'être le texte lui-même. On voit bien, en le lisant, un éclatement de couleurs vives et de formes contrastées défiler sous nos yeux et je crois que ton analyse fait honneur à cet aspect très sensuel du poème.
Maintenant, pour ce qui est de l'herméneutique du texte, je trouve la deuxième analyse que vous avait proposé votre enseignante plutôt convaincante, à savoir l'utilisation, par Rimbaud, d'un motif enfantin trouvé dans un livre de jeunesse. Par contre, de la même manière que Baudelaire invertit volontiers les valeurs de laid et de beau (comme dans par exemple Une charogne qu'un Lambtonien a déjà copié dans un post précédent, si je ne m'abuse), Rimbaud paraît s'amuser à transformer ce qui pourrait être une comptine innocente et charmante en une lucarne sur le sombre et l'inquiétant, notamment avec les puanteurs, le sang et les mouches. J'y vois un peu une espèce de comptine pour adultes, et plutôt pour adultes angoissés ou torturés.
Pour bien démarrer ce jour férié, un petit poème, encore, de Jules Supervielle.- Spoiler:
Le monde en nous
Chaque objet séparé de son bruit, de son poids, Toujours dans sa couleur, sa raison et sa race, Et juste ce qu’il faut de lumière, d’espace Pour que tout soit agile et content de son sort. Et cela vit, respire et chante avec moi-même - Les objets inhumains comme les familiers - Et nourri de mon sang s’abrite à la chaleur. La montagne voisine un jour avec la lampe, Laquelle luit, laquelle en moi est la plus grande ? Ah ! je ne sais plus rien si je rouvre les yeux, Ma science gît en moi derrière mes paupières Et je n’en sais pas plus que mon sang ténébreux.
Jules Supervielle in Les amis inconnus, 1934. Belle journée à tous,
Dérinoé |
| | | Atonement Ready for a strike!
Nombre de messages : 1105 Age : 29 Localisation : Nantes Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 8 Déc 2011 - 14:13 | |
| - Dérinoé a écrit:
Par contre, de la même manière que Baudelaire invertit volontiers les valeurs de laid et de beau (comme dans par exemple Une charogne qu'un Lambtonien a déjà copié dans un post précédent, si je ne m'abuse), Rimbaud paraît s'amuser à transformer ce qui pourrait être une comptine innocente et charmante en une lucarne sur le sombre et l'inquiétant, notamment avec les puanteurs, le sang et les mouches. J'y vois un peu une espèce de comptine pour adultes, et plutôt pour adultes angoissés ou torturés.
Je n'y avais pas pensé ! C'est vrai que "Voyelles" ressemble beaucoup à une comptine (version...gore, à certains moments) ! Angoisse des adultes lui conviendrait...Il fait partie des poètes maudits, a eu une enfance "difficile" (dans une famille bourgeoise qu'il n'aimait pas, il faisait des fugues -> "Ma bohême") qu'il considèrait gâchée, a essayé des drogues pour trouver "l'Idéal" et avait une relation tortueuse avec Verlaine...De quoi être angoissé face à la vie !
Et la théorie du livre d'enfance avait été justifiée avec le "J'aimais les [...] petits livres de l'enfance" de son poème en prose "Alchimie du verbe". Les couleurs corresponderaient également avec un livre d'enfance qui est sortit à l'époque de Rimbaud, il me semble. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 8 Déc 2011 - 20:19 | |
| Bonsoir Atonement,
je ne connaissais pas ce (beau) vers en prose de Rimbaud que tu cites: il éclaire en effet peut-être le motif principal de Voyelles. Intéressant!
Je me souviens, il est vrai, avoir appris que sa jeunesse fut aussi brillante que complexe et tourmentée. Je ne sais pas pourquoi mais, à l'école, je n'ai jamais vraiment accroché avec Verlaine et Rimbaud - alors que j'aimais déjà beaucoup la poésie. Peut-être la manière dont on nous les présente comme des monstres sacrés et intouchables, accomagnés de "l'obligation de vénérer" qui est le lot de nombreux auteurs classiques étudiés en cours, me rebute-t-elle trop pour que je me laisse aller à leurs vers?
Je déteste la tête inspirée et douloureuse que prennent certains dès lors que l'on parle poésie.
Bien amicalement,
Dérinoé
|
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 10 Déc 2011 - 23:32 | |
| Bonsoir à tous,
j'aimerais partager avec vous quelques magnifiques passages de l'un de mes poètes préférées, j'ai nommé Marceline Desbordes-Valmore. Il est fort possible que cette section très riche du forum contienne déjà certains de ses poèmes car cette auteure est aujourd'hui assez lue et me semble jouir d'une petite réputation parmi les amateurs.
À noter également que Julien Clerc a mis en musique son sublime poème Les Séparés dans son album Julien paru en 1997.
- Spoiler:
Fierté, pardonne-moi!
Fierté, pardonne-moi! Fierté, je t'ai trahie! Une fois dans ma vie, Fierté, j'ai mieux aimé mon pauvre coeur que toi: Tue, ou pardonne-moi!
Sans souci, sans effroi, Comme on est dans l'enfance, J'étais là sans défense; Rien ne gardait mon coeur, rien ne veillait sur moi: Où donc étais-tu, toi?
Fierté, pardonne-moi! Fierté, je t'ai trahie! Une fois dans ma vie, Fierté, j'ai mieux aimé mon pauvre coeur que toi: Tue, ou pardonne-moi!
Marceline Desbordes-Valmore, 1786-1859.
- Spoiler:
Le secret
Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre; Sois là, mais sans parler, tâche de me l'apprendre: Ta voix a des accents qui me font tressaillir! Ne montre pas l'amour que je ne puis te rendre, D'autres yeux que les tiens me regardent rougir.
Se chercher, s'entrevoir, n'est-ce pas tout se dire? Ne me demande plus, par un triste sourire, Le bouquet qu'en dansant je garde malgré moi: Il pèse sur mon coeur quand mon coeur le désire, Et l'on voit dans mes yeux qu'il fut cueilli pour toi.
Lorsque je m'enfuirai, tiens-toi sur mon passage; Notre heure pour demain, les fleurs de mon corsage, Je te donnerai tout avant la fin du jour: Mais puisqu'on n'aime pas lorsque l'on est bien sage, Prends garde à mon secret, car j'ai beaucoup d'amour.
Marceline Desbordes-Valmore, 1786-1859.
- Spoiler:
Les deux amitiés
Il est deux Amitiés comme il est deux Amours. L'une ressemble à l'imprudence; Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance, C'est une enfant qui rit toujours. Bruyante, naïve, légère, Elle éclate en transports joyeux. Aux préjugés du monde indocile, étrangère, Elle confond les rangs et folâtre avec eux. L'instinct du coeur est sa science, Et son guide est la confiance. L'enfance ne sait point haïr; Elle ignore qu'on peut trahir. Si l'ennui dans ses yeux (on l'éprouve à tout âge) Fait rouler quelques pleurs, L'Amitié les arrête, et couvre ce nuage D'un nuage de fleurs. On la voit s'élancer près de l'enfant qu'elle aime, Caresser la douleur sans la comprendre encor, Lui jeter des bouquets moins riants qu'elle-même, L'obliger à la fuite et reprendre l'essor. C'est elle, ô ma première amie! Dont la chaîne s'étend pour nous unir toujours. Elle embellit par toi l'aurore de ma vie, Elle en doit embellir encor les derniers jours. Oh! que son empire est aimable! Qu'il répand un charme ineffable Sur la jeunesse et l'avenir, Ce doux reflet du souvenir! Ce rêve pur de notre enfance En a prolongé l'innocence; L'Amour, le temps, l'absence, le malheur, Semblent le respecter dans le fond de mon coeur. Il traverse avec nous la saison des orages, Comme un rayon du ciel qui nous guide et nous luit: C'est, ma chère, un jour sans nuages Qui prépare une douce nuit.
L'autre Amitié, plus grave, plus austère, Se donne avec lenteur, choisit avec mystère; Elle observe en silence et craint de s'avancer; Elle écarte les fleurs, de peur de s'y blesser. Choisissant la raison pour conseil et pour guide, Elle voit par ses yeux et marche sur ses pas : Son abord est craintif, son regard est timide; Elle attend, et ne prévient pas.
Marceline Desbordes-Valmore, 1786-1859.
Y a-t-il d'autres amateurs à l'Auberge? Amitiés,Dérinoé |
| | | Atonement Ready for a strike!
Nombre de messages : 1105 Age : 29 Localisation : Nantes Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 11 Déc 2011 - 21:55 | |
| Je ne connais malheureusement que Les Roses de Saadi de Marceline Desbordes-Valmore. Il a sûrement déjà été mis sur ce sujet mais je tiens à le remettre quand même. Il fait partie des rares poèmes que je connais presque par coeur, je ne me lasse jamais d'imaginer les roses s'envoler dans la mer, et des pétales rouges flotter sur l'eau. - Citation :
- J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées, Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| | | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 25 Déc 2011 - 17:59 | |
| Salut tout le monde,
retour aux sources germaniques de mes amours adolescentes (et moins adolescentes). Voici un poème de Goethe que je trouve absolument magnifique: c'est la déclaration d'amour simple, évidente, comme l'absence de l'aimé.- Spoiler:
Nähe des Geliebten
Ich denke dein, wenn mir der Sonne Schimmer vom Meere strahlt; Ich denke dein, wenn sich des Mondes Flimmer In Quellen malt.
Ich sehe dich, wenn auf dem fernen Wege Der Staub sich hebt; In tiefer Nacht, wenn auf dem schmalen Stege Der Wandrer bebt.
Ich höre dich, wenn dort mit dumpfem Rauschen Die Welle steigt. Im stillen Haine geh' ich oft zu lauschen, Wenn alles schweigt.
Ich bin bei dir; du seist auch noch so ferne, Du bist mir nah! Die Sonne sinkt, bald leuchten mir die Sterne. O, wärst du da!
Johann Wolfgang von Goethe, 1795. À bientôt,
Déri' |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36560 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 25 Déc 2011 - 18:07 | |
| Est-il possible d'avoir une traduction, même approximative |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 26 Déc 2011 - 13:03 | |
| @ Ysabelle: Oups, désolée! J'ai oublié. Sur ce topic, j'ai souvent l'impression d'être dans le désert et j'en oublie qu'il y a peut-être des gens qui passent. Alors je me lance pour une petite traduction maison, à prendre avec des réserves. Correcteurs germanisants bienvenus:- Spoiler:
Nähe des Geliebten
Ich denke dein, wenn mir der Sonne Schimmer vom Meere strahlt; Ich denke dein, wenn sich des Mondes Flimmer In Quellen malt.
Ich sehe dich, wenn auf dem fernen Wege Der Staub sich hebt; In tiefer Nacht, wenn auf dem schmalen Stege Der Wandrer bebt.
Ich höre dich, wenn dort mit dumpfem Rauschen Die Welle steigt. Im stillen Haine geh' ich oft zu lauschen, Wenn alles schweigt.
Ich bin bei dir; du seist auch noch so ferne, Du bist mir nah! Die Sonne sinkt, bald leuchten mir die Sterne. O, wärst du da!
Johann Wolfgang von Goethe, 1795.
- Spoiler:
Proximité de l'Aimé
Je pense tien, quand le reflet du soleil me vient de la mer; Je pense tien, quand le scintillement de la lune peint dans les sources.
C'est toi que je vois, quand la poussière s'élève du lointain chemin; Dans la nuit profonde, quand sur le pont étroit le promeneur tremble.
Je t'écoute, quand avec un bruissement mat la vague monte. Dans la Haine* paisible je vais souvent écouter quand tout se tait.
Je suis près de toi; tu me serais encore si lointaine, tu m'es si proche! Le soleil descend, bientôt les étoiles brilleront. O, si tu étais là!
* La Haine est une rivière qui traverse la Belgique et l'Allemagne.
Johann Wolfgang von Goethe, 1795. C'est un poème très difficile à traduire et ma version compte sans nul doute de nombreuses erreurs. Enfin voilà!
Déri' |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36560 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 26 Déc 2011 - 13:25 | |
| Merci beaucoup, Dérinoe. Je ne suis pas experte en allemand, mais je trouve ta traduction très belle. Dans un registre très différent, puisqu'il s'agit d'un poeme chanté par Johnny, Voici "Poeme sur la 7e de Beethoven". Attention c'est très dure! Mais je le trouve très bien et Johnny s'en est sorti avec les honneurs! - Spoiler:
Qui a couru sur cette plage ? Elle a dû être très belle Est-ce que son sable était blanc ? Est-ce qu'il y avait des fleurs jaunes Dans le creux de chaque dune ? J'aurais bien aimé toucher du sable Une seule fois entre mes doigts
Qui a nagé dans cette rivière ? Vous prétendez qu'elle était fraîche Et descendait de la montagne ? Est-ce qu'il y avait des galets Dans le creux de chaque cascade ? J'aurais aimé plonger mon corps Une seule fois dans une rivière
Dites, ne me racontez pas d'histoires ! Montrez-moi des photos pour voir Si tout cela a vraiment existé
Vous m'affirmez Qu'il y avait du sable Et de l'herbe Et des fleurs Et de l'eau Et des pierres Et des arbres Et des oiseaux ? Allons, ne vous moquez pas de moi !
Qui a marché dans ce chemin ? Vous dites qu'il menait à une maison Et qu'il y avait des enfants qui jouaient autour ? Vous êtes sûrs que la photo n'est pas truquée ? Vous pouvez m'assurer que cela a vraiment existé ? Dites-moi, allons, ne me racontez plus d'histoires ! J'ai besoin de toucher et de voir pour y croire
Vraiment, c'est vrai ! Le sable était blanc ? Vraiment, c'est vrai ! Il y avait des enfants Des rivières Des chemins Des cailloux Des maisons ? C'est vrai ? Ça a vraiment existé ? Ça a vraiment existé, vraiment...
Paroles: Philippe Labro.
La chanson est sur Youtube et Dailymotion. A voir! |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 23 Avr 2012 - 21:08 | |
| @ Ysabelle:
- Citation :
- Merci beaucoup, Dérinoe. Je ne suis pas experte en allemand, mais je trouve ta traduction très belle.
Hey! Merci beaucoup: je n'avais pas vu ton message, laissé il y a plusieurs mois déjà. En tous les cas, l'exercice délicat de la traduction fut un réel plaisir.
J'aime beaucoup le texte que tu as posté et j'ai écouté la version chantée par Johnny: vraiment pas mal du tout. Et pas forcément connu, il me semble.
Ce soir, un poème de la merveilleuse Elizabeth Bishop que les Lambtoniens que vous êtes connaissent sans doute très bien:- Spoiler:
One art
The art of losing isn't hard to master; so many things seem filled with the intent to be lost that their loss is no disaster.
Lose something every day. Accept the fluster of lost door keys, the hour badly spent. The art of losing isn't hard to master.
Then practice losing farther, losing faster: places, and names, and where it was you meant to travel. None of these will bring disaster.
I lost my mother's watch. And look! my last, or next-to-last, of three loved houses went. The art of losing isn't hard to master.
I lost two cities, lovely ones. And, vaster, some realms I owned, two rivers, a continent. I miss them, but it wasn't a disaster.
- Even losing you (the joking voice, a gesture I love) I shan't have lied. It's evident the art of losing's not too hard to master though it may look like (Write it!) like disaster.
Elizabeth Bishop, One art in The complete poems, 1927-1979. Ça fait le même bruit qu'un papier que l'on déchire en essayant de rester le plus discret possible. |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36560 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 23 Avr 2012 - 21:48 | |
| Il est très beau, belle philosophie de la vie. Merci, Derinoe. J'ai honte d'avouer que je ne connais de l'auteur que le nom. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 27 Avr 2012 - 23:01 | |
| @ Ysabelle:
C'est un poème sublime, en effet: je suis heureuse qu'il te plaise. De l'art de faire comme si rien n'avait d'importance.
Ce soir, deux petits textes que j'aime profondément:- Spoiler:
Ma vie Tu t'en vas sans moi, ma vie. Tu roules. Et moi j'attends encore de faire un pas. Tu portes ailleurs la bataille. Tu me désertes ainsi. Je ne t'ai jamais suivie. Je ne vois pas clair dans tes offres. Le petit peu que je veux, jamais tu ne l'apportes. A cause de ce manque, j'aspire à tant. À tant de choses, à presque l'infini... À cause de ce peu qui manque, que jamais n'apportes.
Henri Michaux, Ma vie in La nuit remue, 1935.
- Spoiler:
Lorsque tu fermeras mes yeux a la lumière
Lorsque tu fermeras mes yeux a la lumière, Baise-les longuement, car ils t'auront donné Tout ce qui peut tenir d'amour passionné Dans le dernier regard de leur ferveur dernière.
Sous l'immobile éclat du funèbre flambeau, Penche vers leur adieu ton triste et beau visage Pour que s'imprime et dure en eux la seule image Qu'ils garderont dans le tombeau.
Et que je sente, avant que le cercueil ne se cloue, Sur le lit pur et blanc se rejoindre nos mains, Et que près de mon front, sur les pales coussins, Une suprême fois se repose ta joue.
Et qu'après je m'en aille au loin avec mon coeur Qui te conservera une flamme si forte Que même à travers la terre compacte et morte Les autres morts en sentiront l'ardeur.
Émile Verhaeren, Lorsque tu fermeras mes yeux a la lumière in Les heures du soir, 1911. Ce sera donc une soirée belge. Il y en a aussi... |
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