Arnaldur Indriðason

Ah c'est assez inédit ce sujet chez Indridasson ! merci MissA pour cet Hiver arctique

 
C'est amusant que tu parles des Nuits de Reykjavik, car je viens de le terminer
J'ai beaucoup aimé ce livre, qui se passe en 1974, juste avant les festivités du 1100 ans de la fondation de l'Islande à Thingvellir.
Erlendur a 28 ans, il est à la brigade de proximité de nuit, et avec ses 2 jeunes collègues (dont l'un est amateur de "pissa" = pizza), il fait les accidents de la route, les bagarres domestiques, les petits trafics de drogue et d'alcool, et l'aide aux SDF.
Le livre mêle 2 enquêtes, 1 disparition non résolue et la mort d'un SDF.
Côté personnel, Erlendur connait Halldora depuis quelques mois, et à la fin du livre il rencontre Marion Briem, et va rejoindre la brigade criminelle.
C'est un livre très humain, puisque Erlendur cherche à savoir comment le SDF retrouvé mort est devenu ce qu'il était, et comme d'habitude chez Indridasson c'est toujours doux-amer.
J'ai beaucoup aimé

Merci à ton tour pour ton avis sur les Les nuits de Reykjavik Marion Briem apparaît aussi brièvement dans Hiver Arctique, mais elle a bien vieilli.

Je vais essayer de croiser la route de ce livre .

Ah, MissA, j'oubliais de mentionner qu'à un moment Erlendur lit L'homme qui rit de Sjöwall et Wallhöö ; mais sans les citer, la phrase dit quelque chose comme : L'homme qui rit écrit par 2 suédois, son collègue lui dit qu'il pensait qu'il s'agissait d'un homme et d'une femme.
Bref je cite de mémoire, mais ça m'a fait plaisir ce clin d'oeil

Je comprends . Merci pour l'anecdote. On est bien dans l'héritage de Maj Sjöwall et Per Walhöö à la sauce islandaise dans Indridason (même si l'équipe est un peu moins présente).

J'ai lu en l'espace d'un mois Rivière noire et La muraille de lave, 2 enquêtes sans Erlendur, la première avec Elinborg, la 2e avec Sigurdur Oli.

Rivière noire m'a plus plu, car Elinborg a peut-être moins d'intuition que son chef, mais elle a beaucoup d'empathie, et elle en a bien besoin pour mener cette enquête sur un meurtre d'un homme qui se révèle avoir été un violeur en série. On retrouve un peu la même ambiance que dans La cité des jarres, et j'ai trouvé le livre bien construit, dur mais haletant ; il y a aussi toujours en arrière-plan la vie quotidienne de l'enquêteur et des équipes, les petits problèmes personnels à résoudre, les relations avec son neveu et son fils aîné, etc ... qui donnent toujours une douceur aux livres.

La muraille de lave est intéressant car il aborde le sujet de la spéculation financière sur les comptes en devises qui a mené à la crise financière majeure de 2008 ; bien sûr le sujet reste traité très superficiellement, mais les protagonistes sont des cadres sup, banquiers, nouveaux riches, etc. Bémol : l'enquêteur est Sigurdur Oli, un peu moins bourrin que d'habitude, mais quand même, il ouvre moins d'un livre par an, et s'intéresse au clinquant de la vie (idéal pour cette enquête, donc ). Plutôt intéressant, avec une fin un peu ouverte et moins définitive que dans d'autres livres de Indridason.

Merci pour ces avis Petit Faucon, je ne suis pas non plus très fan de Sigurdur-Oli, pas comme personnage principal en tous les cas... De mon côté, j'ai lu il y a peu les nuits de Reykjavík , la première enquête d'un jeune Erlendur (et déjà hanté) qui n'est même pas inspecteur.

Citation :

En deux mots: Jeune policier affecté aux patrouilles de nuit, Erlendur repasse par hasard sur un terrain vague, ancienne carrière de tourbe, dans lequel le corps sans vie d'un clochard avait été trouvé un an auparavant. En repensant à cet homme qu'il avait eu l'occasion de croiser à plusieurs reprises dans ses patrouilles, Erlendur se dit qu'il est vraiment peu vraisemblable qu'il ait pu se noyer dans aussi peu d'eau. Et si...

Je me suis laissée portée par ce roman qui revient sur l'évolution rapide de Reykjavik, qui pousse comme un champignon sous la pression de l'exode rural, alors que les activités traditionnelles rurales et de la mer perdent inexorablement du terrain dans les années 70. La ville se peuple mais tout le monde ne réussit pas, les "migrants" s'entassent dans de nouveaux quartiers construits très vite et au fil de l'eau en périphérie de la vieille ville et, pour la plupart, ils tirent le diable par la queue, quand ils ne décrochent pas purement et simplement. L'enquête (personnelle car il n'est pas encore inspecteur) d'Erlendur nous entraîne dans les dessous de la ville, pour une chronique sociale qui prend au moins autant de place que l'enquête ou que la vie personnelle de notre enquêteur (déjà mélancolique et préfigurant son double plus âgé).
Ce livre n'est pas le premier de l'auteur mais constitue un retour en arrière. Je l'ai beaucoup apprécié.

Je suis très contente que Les nuits de Reykjavik t'aie autant plu, MissA , ton avis rejoint globalement le mien.

De mon côté je vois qu'il me reste Hiver arctique et Hypothermie à lire, avant d'avoir bouclé le tour des enquêtes d'Erlendur ; je vais donc ralentir un peu, pour faire durer le plaisir  .

Oui, nous sommes d'accord mais je suis désolée : à force de faire tout en quatrième vitesse en ce moment avec seulement la moitié des neurones qui clignotent j'ai refait un semblant de résumé alors que tu en avais déjà fait un en bonne et due forme. Quelle gourde je fais ! Heureusement que j'ai bien noté l'allusion à l'homme qui rit que tu avais relevée.

Je distille moi aussi ces romans pour faire durer le plaisir !

Pas de souci MissAcacia, chaque résumé est différent, toi tu as ressenti l'exode rural et le changement d'ère de cette société traditionnelle vers une société moderne et américanisée. Ce n'est pas redondant, chacune apporte son point de vue.

Je ne sais pourquoi je ne lis pas plus de polars et notamment de polars scandinaves (beaucoup m'intéressent, mais je n'en fais jamais une priorité) mais j'ai tort, le bouquin d'Indridason que je viens de lire m'a bien sortie d'une semi panne de lecture !

J'ai donc lu, un peu au hasard, La Voix, et j'ai passé un très bon moment. L'atmosphère est plutôt déprimante mais je me suis pourtant sentie très bien dans ce roman. J'ai beaucoup aimé, à la fois pour l'enquête très prenante, et pour l'ambiance et le personnage d'Erlendur (qui m'a évoqué un Maigret dépressif). Je relirai cet auteur à coup sûr !

Je n'avais pas encore posté ici alors que j'ai lu plusieurs romans d'Indridason. Cela faisait un bout de temps que je comptais les lire, et le déclencheur a été mon voyage en Islande que j'ai eu envie de prolonger en continuant ma découverte de sa littérature (je n'avais lu qu'une saga médiévale !)

J'ai essayé de lire dans l'ordre et ai commencé par La cité des jarres. Très sombre voire sordide, mais passionnant, grâce à Erlendur à qui je me suis attachée malgré ses nombreux défauts (au contraire de Sigurdur Oli qui me porte particulièrement sur le système ) et aux informations apportées sur la société islandaise.

Puis La femme en vert que j'ai beaucoup aimé, malgré les passages difficiles relatant les violences conjugales. Ce roman est particulièrement touchant et j'ai aimé la construction du récit.

J'ai continué avec L'homme du lac avec lequel j'ai eu plus de mal à accrocher. Pourquoi ? je ne sais pas trop, c'est toujours la même construction, avec des aller retour entre le présent et le passé, cette fois pas en Islande mais en Allemagne de l'est. Peut-être est-ce justement ce contexte plutôt roman d'espionnage qui m'a paru plus difficile   j'ai bien aimé le début et la fin, mais toute la partie se passant à Leipzig m'a particulièrement oppressée.

Après une pause, j'ai continué avec deux romans pris au hasard, qui a très bien fait les choses car ils se suivaient  

Hypothermie et Etranges rivages, que j'ai beaucoup appréciés. L'enquête est plutôt languissante, mais ce qui m'a le plus intéressée c'est le passé d'Erlendur qui remonte à la surface, surtout dans Etranges rivages où il revient sur le mystère de la disparition de son jeune frère qui le hante depuis son enfance.

Je suis très contente que tu apprécies Indridason, Rosalind !
Il y a une grande humanité dans son oeuvre.

Deuxième Indridason pour ma part avec la lecture de L'homme du lac la semaine dernière. J'ai aimé, mais moins que La Voix tout de même.

Même constat qu'avec ce dernier, c'est plus l'ambiance et les personnages qui me tiennent accrochée que l'intrigue policière en elle-même. J'ai toutefois apprécié cette enquête, mais je me suis un peu lassée des flash-backs en Allemagne de l'Est. Par contre, je suis définitivement fan de l'atmosphère de ces livres et d'Erlendur.

Un élément qui m'a un peu perturbée toutefois : la grande candeur des policiers face à l'espionnage. Je les ai trouvés un peu trop innocents sur ce coup.
Je veux bien croire qu'il n'y ait pas eu d'espionnage en Islande (je ne m'étais bien sûr jamais posé la question, mais effectivement ce pays est tellement le bout du monde, tellement isolé que cela paraît plausible) mais le côté "oh lala, on n'imaginerait pas un Islandais participer à ça" m'a semblé un peu too much (ne serait que parce que l'appât du gain est assez universel).

Contente que tu aies apprécié L'homme du lac, esperluette !

De mon côté j'ai lu Hypothermie, et si c'est moins un coup de coeur que certains autres, j'ai beaucoup apprécié le questionnement sur la vie après la mort, et sur l'impact qu'un deuil peut avoir sur un proche (là la mort du père et la mort de la mère), en plus du secret, qui est un thème récurrent chez Indridason.
J'ai trouvé ce livre assez crépusculaire, mais comme les autres il m'a beaucoup touchée.

Petit Faucon si tu le peux enchaîne avec Etranges rivages, dans lequel Erlendur se met en congé afin de partir à la recherche d'un passé qui le hante.

Spoiler:

C'est un roman très émouvant et qui m'a bouleversée. Sans doute celui que j'ai préféré à ce jour.

J'ai lu ensuite Les nuits de Reykjavik.  Erlendur est un tout jeune policier qui s'interroge sur la disparition d'un clochard qu'il avait rencontré à plusieurs reprises. J'ai beaucoup apprécié l'aspect profondément humain de cette enquête.

Puis La rivière noire où c'est Elinborg qui mène l'enquête sur une délicate affaire du meurtre d'un violeur en série. Un très bon roman, grâce à la personnalité d'Elinborg.

Et je viens de lire Le lagon noir un bon cru également, malgré quelques invraisemblances. Le titre original Kamp Knox a été traduit différemment, mais je pense que c'est un choix judicieux, car le titre islandais n'évoque pas grand chose aux lecteurs français, alors que Le lagon noir fait référence au lagon bleu qui est très connu. Et c'est bien à l'emplacement de l'actuel lagon bleu que commence le récit.

Merci Rosalind, très contente que tu aies aimé ces 4 livres que j'ai lus également.
Je te rejoins sur Etranges Rivages, qui est le plus poignant.
Qu'as-tu pensé de la fin ?

Spoiler:

Au moment de ma lecture je ne l'avais pas compris ainsi,

Spoiler:

Ceci dit Indridason s'est ménagé une fin ouverte

Mais absolument, Indridason laisse la porte ouverte aux interprétations ! ce qui est le propre d'un grand écrivain.
Ca me rappelle la fin de Villette de C Bronte

Je viens de terminer la trilogie des Ombres, trois romans, Dans l'ombre, la Femme de l'Ombre, Passage des Ombres qui se déroulent durant la seconde guerre mondiale, au moment de l'occupation de l'Islande par les forces alliées (britanniques puis américains).

C'est le début de la police criminelle islandaise, le seul membre Flovent mène une série d'enquête avec l'aide de Thorson, un islandais de l'ouest, fils d'émigrés islandais au Canada, affecté à la police militaire en raison de sa connaissance de la langue locale.

L'intérêt historique est évident. A vrai dire j'ignorais tout de cet épisode qui a aboutit à l'indépendance de l'Islande en 1944. Les enquêtes m'ont tenue en haleine, les enquêteurs sont attachants (peut-être moins fouillés qu'Erlendur, mais il y a moins de romans).

Le troisième tome est particulièrement intéressant, avec un resurgissement du mystère ancien de nos jours et deux enquêtes parallèles: en 1945 et en 2017 (?), dans un récit enchassé. L'enquêteur "moderne" s'appelle Konrad, c'est un policier à la retraite (qui s'ennuie) et que j'ai découvert juste avant dans un autre roman (Ce que savait la nuit). Il y résout une vieille enquête ressurgie de son passé, lorsqu'un glacier victime du changement climatique au nom imprononçable relâche le corps d'un homme disparu trente ans auparavant.

Bref, la semaine du 15 d'août était islandais, la canicule aidant à passer du temps à lire des polars glacés...

Très intéressante cette présentation de la trilogie des Ombres, MissAcacia   ; ça permet de découvrir une autre facette de Indridason, moins connue.
Je note qu'il mêle cependant une histoire ancienne à une actuelle, ce qu'on retrouve dans nombre de ses polars !

Oui, c'est une de ses caractéristiques, ce mélange entre histoires anciennes et enquêtes contemporaines. Un genre de "marque de fabrique". J'aime beaucoup.

MissAcacia a écrit:

Je viens de terminer la trilogie des Ombres, trois romans, Dans l'ombre, la Femme de l'Ombre, Passage des Ombres qui se déroulent durant la seconde guerre mondiale, au moment de l'occupation de l'Islande par les forces alliées (britanniques puis américains).

Merci MissAcacia pour ton commentaire enthousiaste

Tu as as été plus courageuse que moi, j’ai lu cet été les trois tomes de la Trilogie des Ombres mais ne suis pas passée à l’acte pour poster un commentaire.

Tu as parfaitement résumé l’intérêt de cette série. J’ai comme toi découvert le contexte historique de la «situation », et me suis également attachée aux deux enquêteurs, particulièrement Thorson l’Islandais canadien.  

Je viens de retrouver Konrad dans Les fantômes de Reykjavik , avec une enquête un peu particulière puisqu’elle fait intervenir une médium en contact avec le fantôme d’une petite fille décédée des années auparavant. En parallèle il mène une autre enquête sur la disparition d’une jeune fille, à la demande d’un couple qui connaissait son épouse. Le récit est comme toujours très maîtrisé, et j’ai beaucoup apprécié ma lecture malgré la noirceur du sujet.

Je me rends compte que je n’ai pas encore lu le précédent roman avec Konrad « Ce que  savait la nuit ».

Et bien, après ce commentaire, je ne peux que me mettre en chasse de cette trilogie des ombres et de ces Fantômes de Reykjavik ...
Merci !!
Indridason reste pour moi une valeur sûre

Alors, PetitFaucon, la chasse fut bonne ?

Toujours dans ma série "les livres en rapport avec les échecs, une lubie comme une autre", j'ai lu en décembre le Duel, qui se déroule sur la toile de fond du championnat du monde disputé en 1972 par Bobby Fischer et Boris Spassky, à Reykjavik. Nous sommes plongés en pleine guerre froide, au beau milieu de la guerre des espions, alors que le meurtre inexpliqué d'un adolescent islandais mobilise Marion Briem (future chef et mentor d'Erlendur).

Ce roman est l'occasion d'en savoir plus (bien plus) sur Marion Briem, personnage assez récurrent quoique discret des enquêtes d'Erlendur. L'auteur saisit l'occasion pour nous raconter un pan oublié de la petite histoire des islandais. Ce personnage n'est pas très sympathique mais se révèle très intéressant.
L'autre versant du roman est l'immersion qu'il nous propose dans l'ambiance tendue de la guerre froide, du temps où les échecs étaient l'occasion d'un affrontement entre les blocs de l'ouest et de l'est (sujet aussi évoqué dans Le gambit de la dame pour ceux qui ont vu la série). Reykjavik grouille de personnages troubles, les murs ont des oreilles et des yeux, des complots sont ourdis, des pièges tendus, alors que l'excentrique Bobby Fischer fait les choux gras des journaux en enchaînant les caprices.

Je ne me suis pas ennuyée une seconde .

@ MissAcacia : je crois que j'ai perdu ma sagaie
Mais je lis toujours avec plaisir tes commentaires de lecture
Je n'ai pas lu Duel, mais je ressens le personnage de Marion Briem comme saturnien, bien plus que Erlendur ; un personnage froid, brimé dans ses élans, intelligente, qui se donne à fond dans son travail.