Elizabeth Goudge

Chiffonnette je te conseille de commencer par L'arche dans la tempête tu trouveras un couple bien différent de celui de Marianne et William. Bien qu'en proie au doute elle aussi, Rachel de Frocq est un personnage lumineux, qui tient à bout de bras sa maisonnée, son mari André le poète incapable d'asssumer les soucis financiers, et ses cinq enfants, inoubliables ! Ils apparaissent d'ailleurs dans d'autres nouvelles.

Et j'espère que tu ne seras pas déçue par le film, je n'ai pas trop aimé Lana Turner, et je n'ai pas retrouvé la magie de l'histoire.

Elizabeth Goudge fait parti de ces écrivains qui m'attirent - même si j'hésite toujours un peu. Vos commentaires sont quasiment toujours enthousiastes ; mais je crains son type d'univers un peu 'fantastique' ou l'ancrage dans un passé lointain (d'après ce que j'ai compris...)

Il y a "La colline aux gentianes" à la bibli, placé bizarrement (enfin peut-être pas tant que ça ?) dans le rayon 'romans sentimentaux' donc je commencerai avec celui-là.
Et j'aimerai bien découvrir "L'arche dans la tempête".

Dulcie si tu lis La colline aux gentianes tu verras que ce n'est pas un roman sentimental, même s'il accorde une grande place aux sentiments. Il est bien sûr aussi ancré dans une réalité historique, importante pour le déroulement de l'action. Mais ce n'est pas non plus un roman historique pour autant ! Et on ne peut pas réellement parler de fantastique, il est seulement fait allusion à certaines croyances ancestrales.

Lis-le, et je suis sûre que tu vas tomber sous le charme de Stella, la petite fille qui rêve de se trouver à minuit dans l'écurie le soir de Noël, pour voir si les animaux s'agenouillent pour prier comme dans la légende...

Chez EG dans les couples c'est souvent la femme qui est l'élément fort, je me demande si je ne l'ai pas déjà écrit plus haut.
On le voit d'ailleurs bien dans la Colline, parfait pour commencer, c'est le premier que j'aie lu avec la Cité des cloches.

Tiens, j'ai fini par acheter la Senteur de l'eau, la Maison enfumée aussi...

Elisabeth Goudge donne une place prépondérante à l'amour dans ses romans, mais le plus souvent c'est un amour difficile, contrarié, ou à sens unique, qui, après des luttes et des sacrifices évolue vers un accord, une entente, un bonheur qui ne sont jamais fades ou sentimantalo-pleunichards mais la récompense durement gagnée du renoncement!!
Les personnages de femmes sont le plus souvent les plus forts, en ce sens que ce sont elles qui sont déchirées,hésitantes, rebelles à leur vie, et ce sont elles qui parcourent le plus long chemin pour en arriver à cette entente, cette épanouissement de l'âme final. Je pense particulièrement à Rachel de "l'arche dans la tempête", à Nadine ou Lucilla de la trilogie des Eliot, Marianne et Marguerite du "Pays du dauphin vert" mais surtout à l'héroïne d'un roman moins connu "le château sur la colline" ou à celle de "la senteur de l'eau" qui finissent par trouver leur joie dans l'acceptation d'aimer sans retour, acceptation amère au début que seul une grande force d'âme et une vraie générosité permet d'atteindre. Peut-on les classer comme romans sentimentaux ? Oui, car ils sont emplis de sentiments, mais la connotation péjorative que se rattache à cette dénomination est imméritée, comme d'ailleurs presque à chaque fois qu'elle est utilisée !
De plus l'écriture est forte, poétique, imagée et touche parfois au fantastique, et même une pointe de surnaturel. Personnellement c'est une de mes auteurs préférées (je lui dois mon arrivée ici, d'ailleurs !! )

BTW, ravie de te recroiser, Adèle !!

clinchamps a écrit:

la connotation péjorative qui se rattache à cette dénomination est imméritée, comme d'ailleurs presque à chaque fois qu'elle est utilisée !

Tout à fait d'accord!

D'emblée je n'ai rien contre le 'sentimental' (mais ça m'amusait de voir où ce livre avait été rangé).
Par contre c'est le 'surnaturel' - comme l'a nommé clinchamps - qui me fait plus tiquer. Mais je verrais bien.

Ce que je trouve superbe chez Goudge, c'est déjà la beauté des titres de ses romans. J'y suis souvent sensible, et là ça me donne la même impression qu'avec ceux de Rosamond Lehmann (même si les univers peuvent être différents).

"surnaturel", c'est très net, mais d'une façon bien particulière dans l'Appel du passé

Spoiler:

Sinon il y a surtout des fils ténus qui unissent certains personnages, n'ayez pas peur de vous retrouver dans du fantastique, ce n'est vraiment pas dans ce registre là!

Rosalind a écrit:

Chiffonnette je te conseille de commencer par L'arche dans la tempête tu trouveras un couple bien différent de celui de Marianne et William. Bien qu'en proie au doute elle aussi, Rachel de Frocq est un personnage lumineux, qui tient à bout de bras sa maisonnée, son mari André le poète incapable d'asssumer les soucis financiers, et ses cinq enfants, inoubliables ! Ils apparaissent d'ailleurs dans d'autres nouvelles.

Et j'espère que tu ne seras pas déçue par le film, je n'ai pas trop aimé Lana Turner, et je n'ai pas retrouvé la magie de l'histoire.

Merci Rosalind, je vais suivre ton conseil, ce sera mon prochain Goudge.

Quant au film, non je n'ai pas été déçue, je n'en attendais pas énormément en ayant lu vos critques, du coup c'est plutôt bien passé
C'est une adaptation très libre, l'histoire normalement commence à l'enfance et se termine au 3eme âge, ce n'est pas le cas dans le film, ils ont transposé dans un laps de temps beaucoup plus court. Du coup, tout en racontant la même histoire, c'est très différent. Lana Turner ne m'a pas dérangée, elle joue bien la fille autoritaire, par contre je n'ai pas retrouvé la joie de vivre et le rire de Marguerite, je l'ai trouvée un peu éteinte. Véronique est quasiment inexistante...

En même temps, faire un film avec un tel pavé, ça veut forcément dire qu'il y a des coupes sévères, je ne vois pas comment on peut faire autrement . Mais j'ai tout de même passé un bon moment.

J'ai fini hier Le pays du dauphin vert et j'ai vraiment été transportée
L'histoire est superbement bien écrite, chaque ligne se savoure
Je ne connaissais pas cette auteure et c'est une très belle découverte! Il faudra que je lise d'autres romans d'elle quand j'en aurais l'occasion.
L'intrigue est assez originale, cette inversion de prénoms^^ Les personnages sont très bien écrits, vivants et même si je n'en adore aucun (ils ont chacun leurs défauts ) je les ai beaucoup apprécié!

Oh Ju, c'est trop chouette que tu ais autant aimé... J'avais adoré ce roman moi aussi et je suis quand même triste qu'il soit un peu méconnu alors qu'il vaut vraiment la peine d'être lu... Tu dis des choses très vraies. Je me souviens encore de ma lecture fiévreuse et de tout un tas d'impressions. La mer, le voyage en bateau, ces décors enchanteurs, cette plume, ces mots, ce dépaysement, ces personnages... Un si bon souvenir.

C'est marrant, parce que de mon côté, pour faire face à une monumentale panne de lecture, j'ai eu envie de ré-ouvrir un Goudge et j'ai choisi L'arche dans la tempête. J'ai hâte de m'y plonger. Je suis assez enthousiaste de retrouver le style d'Elizabeth Goudge et en même temps, j'ai peur de ne pas être aussi charmé qu'avec Le pays du Dauphin Vert. Ç’avait été un tel coup de cœur... Mais je crois que L'arche dans la tempête a beaucoup plu alors ça devrait aller.

Pas trop le temps de lire et de vérifier mon impression qu'on n'a pas parlé de L'enfant venue de la mer, magnifique roman historique et euh, sentimental à la pas guimauve encore, à la Goudge...
Particulièrement conseillé à Ju, la fan de GWTW devrait en mourir de crève-cœur et de délices.

Merci Selenh pour la référence, je la note!

Merci aussi pour le titre, je vais aller essayer de dégôter ça quelque part, la description que tu en fais, Selenh, donne très envie.

J'ai un peu cherché, ça m'a l'air introuvable autrement qu'en occasion, il faut dire que ça n'a jamais été réédité. C'était sorti au Livre du mois en 70, j'avais 11 ans et ma môman devait en garder acheter quelques-uns dans le cadre de son abonnement. Elle s'est dit que Goudge c'était plutôt de la bonne lecture pour sa fifille, et j'ai pleuré comme un veau, pleuré, pleuré, c'est trop beau et c'est trop triste, nia nia nia.

Et me voilà à la tête d'un exemplaire quasi rare (bon, les prix d'occase ça va entre 11 et 37 euros, sinon venez poser votre sac de couchage quelque part à la maison).

Mes conseils: ne cherchez surtout pas à savoir ce qu'il s'y passe, faut le découvrir tel quel, c'est trop dommage sinon.
Pour l'aspect historique, attendez aussi la fin du livre, (je ne connaissais rien à la période historique et c'est bien expliqué, ça n'empêche pas de comprendre). Les personnages et les détails de la "vraie" histoire sont beaucoup moins attachants.
Par contre je vous ai trouvé une photo et une carte de l'endroit où se déroulent l'enfance du personnage principal et ses premières amours, ICI.

Ce livre va faire partie de mes achats de quand j'aurais ma paye dans quelques jours. Assurément. D'occasion, on trouve des prix raisonnables pour celui-ci (c'est pas le cas de certains autres...)
Comment résister à tout ce que tu en dis, même l'aspect trop beau et trop triste ? Je vais suivre tes conseils scrupuleusement.
J'adore la photo du lieu où se passe l'enfance du personnage principal, ça fait rêver, ça donne envie d'y aller aussi. Mon imagination travaille, là. Merci.

Séverine a écrit:

Comment résister à tout ce que tu en dis, même l'aspect trop beau et trop triste ?

C'est plutôt une mélancolie très «celtique» et poignante, mais qui s'accompagne de la sensibilité exaltée qui va avec. La fin serre le cœur, mais sans pathos, c'est la vie...
Mais j'étais une petite fille très sensible, snif, et il y avait un certain décalage entre ma maturité de lectrice et mon manque de tolérance à tout ce qui ne se terminait pas comme dans un conte de fée!

Voici une image de la couverture, pour qu'elle vous saute aux yeux si vous rencontrez le bouquin dans une brocante:

Je viens de finir l'appel du passé. Je n'ai pas été complètement conquise mais il m'a donné envie de lire d'autres roman d' Elisabeth Goudge : j'ai beaucoup aimé le style qui accompagne en l'accentuant le coté fantastique du roman (je ne rêve plus que d'une chose : une nuit d'orage dans un chateau perdu des Highland ) J'ai aussi aimé le parallèle entre passé et présent mais par contre j'ai un peu de mal à accepter que les héros (qui sont pour moi ceux du présent), qui ont tous les deux des personnalités attachantes se trouvent finalement completement prisonniers du passé.

Spoiler:

Je vais essayer de trouver le cheval d'argent même si ce n'est pas un des romans principaux (j'ai vu le secret de Moonacre Le film ne casse pas des briques mais il y a quelques jolies scènes et Ioan Gruffud )

Je lis en ce moment Le Pays du Dauphin Vert et j'adore le style d' Elizabeth Goudge. Il m'apaise tellement.
J'ai envie de lire Les Cloches après.

Juste de passage ici , je suis très heureuse de voir que Le Pays du dauphin vert fait l'unanimité parmi les lectrices !
J'ai lu et relu ce livre je ne sais combien de fois à l'adolescence et je l'adorais.
J'ai même réalisé l'exploit , bien des années plus tard, de le raconter aussi fidèlement que possible EN ANGLAIS à un néo-zélandais prof de lettres classiques qui n'en avait jamais entendu parler !!
J'ai eu aussi la chance de lire L'enfant venue de la mer que j'ai tout autant adoré . Une pure merveille que ce roman , même si personnellement je préférais toujours les débuts aux fins et l'époque où les adorables petites filles croient que leur amour durera toujours aux cruelles périodes de désillusions qu'elles devaient affronter une fois devenues adultes ....
C'est vrai qu'avec Elizabeth Goudge le happy end n'est pas forcément au rendez-vous et que la lecture des "Illusions perdues" ne m'a jamais attirée !!
Je crois bien n'avoir lu que ces deux romans-là d'E.G. . Il y avait je crois La colline aux gentianes et l'Arche dans la tempête à la maison mais j'avais tellement peur d'être déçue que je ne les ai jamais ouverts ....

pour Ardilla qui me le demande j'essaie de lui dire pourquoi la cité des cloches m' a beaucoup touchée en esperant que je me suis placée dans le bon topic !

j ai lu ce livre jeune fille il m' a laissé un souvenir très fort comme quelque chose d 'unique,d'incroyablement original par rapport à mes lectures de l 'époque (mai 68 Malraux, Sartre , Camus ) il ne devait pas m' appartenir car ensuite je l' ai perdu de vue et j' ai oublié le titre et le nom de l 'auteur
dans mes souvenirs un univers magique , la quête d un poète mystérieusement disparu rien de plus j ai même cru parfois avoir rêvé l avoir lu !
des dizaines d années après je l 'ai retouvé un peu par hasard en fouinant dans des vide-greniers la couverture me parlait ...
je ne veux pas le raconter car cela déflorerait le livre qui est basé sur l 'elucidation de plusieurs mystères : la disparition d un poéte, l'identité dune petite fille adoptée
mais pour Ardilla je dirai simplement que le héros Jocelyn Irvin qui a perdu une jambe pendant la guerre des Boers arrive dans le petit village de Torminster ou habite ses grands parents, en quête d un sens à donner à sa vie Non seulement il trouvera ce sens mais il aura tout de surcroît : une famille ,un travail passionnant, la femme de sa vie
le happy end s 'imposait de lui-même dans ce roman touché par la grâce au sens religieux car le roman baigne dans une atmosphère mystique non pas le mysticisme torturé de sainte Therese d 'Avila mais le mysticisme tranquille des saints primitifs comme de ceux de La légende Dorée .Comme on aimerait avoir la foi du grand- pere de Jocelyn ! comme l'on aimerait habiter la maison abandonnée du poète et paresser devant le feu avec le chien "Biscuits Assortis" sur les genoux !
je n' ai qu'un regret : ne pas pouvoir le lire en anglais car la musique des mots, les couleurs, l 'ambiance de ce livre me font penser a un tableau préraphaelite , en anglais cela doit être encore plus évident
voilà Ardilla , j' espère avoir suscité ton désir de lecture !!

"la cité des cloches" est l'un de mes favoris, lu et relu maintes fois, ainsi que la suite "la maison d'Henriette" L'auteure s'est inspirée de la ville où elle a vécu enfant, Wells, de sa cathédrale et du Doyen de cette même ville pour le personnage du doyen du roman.... Il y a beaucoup de touches autobiographiques dans le livre, et la magie de l'enfance baigne ce roman d'une belle lumière dorée .... Une petite correction : Jocelyn a été blessé et il boîte mais n'a pas perdu sa jambe ... C'est un livre magique, et je crois qu'on doit le trouver assez facilement en anglais, et E.Goudge se lit très facilement dans sa langue maternelle !! Florinette je te conseille aussi mon autre livre culte d'elle : "L'auberge du pèlerin" de la trilogie des Eliot, alors que "la cité ..." fait partie de la trilogie des cathédrales, avec "les amants d'Oxford" et "L'héritage de MrPeabody" pour celle d'Ely, deux villes où elle a vécu également. Cependant on peut lire tous ces livres séparéments, ils n'ont pas de réels liens entre eux, sauf peut-être les Eliot.
"l'enfant venue de la mer était, de l'aveu même de son auteure un livre manqué mais qu'elle aimait beaucoup, ayant ressenti le besoin impérieux de l'écrire après avoir visité une chapelle où l'héroïne du roman été supposée avoir été baptisée, car ce personnage est en réalité peu connu, et même son existence est incertaine, Charles II d'Angleterre ayant été un fieffé coureur de jupons ...
Elle dit aussi ne pas vraiment aimer "le pays du dauphin vert" écrit sur une longue période très difficile (la guerre, la maladie de sa mère ... ) qu'elle trouvait trop long. Elle a été fort surprise quand les Américains lui ont demandé les droits pour un film, ce qui l'a rendue soudainement célèbre !!! Son éditeur rechignait à le sortir en Angleterre, car en pleine guerre il n'y aurait pas eu assez de papier, mais son associé américain a été intéressé ... On trouve tout ça dans son autobiographie "la joie de la neige" qui n'est pas traduit en français ... sauf par moi ...

merci a clinchamps pour toutes ces precisions !
dsl pour l erreur sur la jambe de jocelyn la traduction disait estropié jai cru qu il était unijambiste !
je ne savais pas qu il y avait une autobiographie a lire
je sens que grâce a clinchamp je vaisdevenir addict

Merci à Florinette et à Clinchamps, pour vos précisions sur le livre"Cité des cloches" et sur son auteure Elisabeth Goudge.

Vous m'avez convaincue, et je vais donc me procurer et lire ce livre.

Je retiens bien sûr, "l'originalité et l'univers magique" ressenti par Florinette, c'est aussi ce que je recherche soit quand je lis, soit quand je

découvre un tableau. Ta comparaison avec l'univers des "préraphaéliques" m'a plu. La force d'un peintre ou d'un auteur, est de nous conduire

et nous amener dans leur imaginaire si particulier et à nous de découvrir les richesses qu'ils nous offrent.

Dès que j'aurai lu ce livre, je vous tiendrai au courant de ma réaction.




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J'ai hâte de lire ton avis, Ardilla, je suis toujours heureuse de faire du lobbying pour ma chère Elisabeth ...