Salman Rushdie

Sir Ahmed Salman Rushdie est un essayiste et romancier britannique d'origine indienne, né à Bombay le 19 juin 1947.
Il a été anobli par la Reine Elizabeth II.

Son style narratif, mêlant mythe et fantaisie avec la vie réelle, a été qualifié de réalisme magique.

Il accéde à la notoriété grâce à son roman Les enfants de minuit

Objet d'une fatwa de l'ayatollah Rouhollah Khomeini, il est devenu un symbole de la lutte pour la liberté d'expression et contre l'obscurantisme religieux à cause de son ouvrage Les versets sataniques.
Une récompense est offerte pour la mort de Rushdie, qui est contraint de vivre dès lors sous une protection financée par les autorités britanniques (la récompense est tout de même 3 millions de dollars! )

Il va se trouver au salon du Livre mardi.


J'ai lu un seul livre de cet écrivain, c'est Les enfants de minuit et autant le dire, j'ai beaucoup aimé!
Cet homme a énormément d'imagination et de talent.
C'est généralement considéré comme sa meilleure œuvre.
Rushdie reçoit l'année de sa parution le James Tait Black Memorial Prize et le Booker Prize+ a été récompensé par le public britannique comme le meilleur roman ayant reçu le Booker Prize pour le vingt-cinquième anniversaire puis pour le quarantième anniversaire de cette récompense. C'est aussi le seul livre indien à figurer sur la liste des meilleurs romans anglophones depuis 1923, selon le magazine Times. (et merci wikipédia!)
Bref je pense qu'on peut dire que ce livre a été aimé.


C'est une allégorie pour l'histoire de l'Inde, ce qui est assez interressant.
Le héros de l'histoire, et narrateur, Saleem Sinai, est né au moment précis de l'indépendance de l'Inde, à minuit, le 15 août 1947.

En tant que narrateur, il raconte l'histoire de sa vie rétrospectivement, en même temps qu'il la raconte à Padma, une femme qui s'occupe de lui.
Le roman est divisé en trois livres:
1. Les origines de sa famille, depuis la rencontre de se grands-parents jusqu'à sa naissance.
2. l'enfance puis l'adolescence de Saleem, son exode depuis Bombay jusqu'au Pakistan avec sa famille, ses problèmes familiaux, ou à l'école.
3. le passage à la vie adulte de Saleem.


Sa vie est un miroir des événements historiques de l'époque(depuis les premiers gouvernements de l'indépendance, jusqu'aux conflits avec le Pakistan et à la régence d'Indira Gandhi)

Les Enfants de Minuit s'inscrit dans le courant littéraire du réalisme magique. Il fait appel à ses deux thèmes principaux : l'épopée familiale et l'histoire.

Ce texte s'attache à reproduire une vision de la réalité, à savoir l'histoire indienne pendant trente ans, d'une manière allégorique, métaphorique, et toujours avec beaucoup d'humour, ce qui en fait un roman très agréable à lire. Je ne dirais pas que c'est super simple, mais c'est trés interressant et parfois tu as du mal à lâcher le livre.

Et en plus ce livre est instructif: les jeux d'images et de thèmes sont tellement importants et complexes qu'on ne peut les répertorier tous!

-La lecture biblique est bien sûr possible (c'est là que je m'y connais le mieux): la Genèse se trouve dans l'état paradisiaque que représente le Cachemire, l'Apocalypse est ele provoquée par les politiques indiennes.

-Les références au Coran sont également très présentes, mais j'ai eu des problémes pour les voir, vu que je n'y connais rien.

-Et évidemment la littérature indienne fait aussi partie des images les plus importantes: le narrateur se compare souvent à Ganesh, le dieu à tête d'éléphant. Il est d'ailleurs interressant de voir que Saleem a des caractéristiques physiques de ce Dieu (le grand nez)

Spoiler:

C'est un roman de 600 pages.

Bon mon sentiment...
Ce roman est extraordinaire.

Spoiler:

Aprés avoir lu ce roman, j'ai envie d'en lire plus de cet auteur. En tout cas,je conseille Les enfants de minuit à tous les lecteurs qui aiment entrer dans un monde plein de surprise.

Brillante présentation Accalia, tu me donnes envie de lire cet auteur, j'avais feuilleté à l'époque des troubles "Les Versets sataniques", mais je n'ai encore jamais lu un de ses romans...

et il "joue" dans Bridget Jones...

Merci pour ce topic, Accalia.

Je n'ai lu qu'un livre de Salman Rushdie, Le dernier soupir du Maure. Je n'en ai pas gardé de souvenirs très précis même si cette je me rappelle avoir apprécié cette lecture. Il s'agit d'une histoire familiale qui se déroule sur plusieurs générations et en divers lieux (Bombay, Espagne et d'autres endroits, si mes souvenirs sont bons) avec des narrations croisées et des aller et retour dans le temps, ce qui explique peut-être que l'intrigue elle-même ne m'aie pas marquée.

J'ai sur Les Versets sataniques dans ma PAL depuis des lustres mais c'est drôle, on dirait que la fameuse fatwa a laissé des traces sur moi, je ne parviens pas à commencer dans cette lecture, c'est comme si j'allais me lancer dans quelque chose d'interdit.

En tout cas, tu sais donner envie avec Les enfants de minuit.

Up !

Je viens de terminer Les enfants de minuit. Dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé. L'idée de base du bouquin est juste excellente et c'est vraiment bien mené tout au long du livre. J'adore le mélange historique/fantastique. Et puis l'écriture est super riche, avec plein d'images/métaphores, c'est très poétique.
Mais j'ai quand eu même beaucoup de mal à rentrer dans le livre. L'auteur livre plein d'informations sans les expliquer tout de suite et il n'y revient que 50 ou 100 pages plus loin, les métaphores qui en soi sont un point fort je trouve mais que je ne saisissais pas toujours, la chronologie toute particulière etc. Et pour moi qui aime bien tout saisir quand je lis j'étais un peu perdue. Donc voilà ça m'a pas mal surprise et déroutée pendant la lecture de la première partie.
Mais après je me suis habituée et j'ai beaucoup plus apprécié les parties 2 et 3. J'ai beaucoup aimé les débuts des enfants de minuit.

Spoiler:

mais pour autant je n'ai pas du tout été déçue par la fin.
Historiquement si vous voulez en connaître plus sur l'Inde sans lire un vrai bouquin d'histoire je pense que ce livre est parfait ! Et même si j'ai eu du mal au début, je le recommande chaudement !

Décidément, plus je lis vos avis sur Les Enfants de Minuit, plus le livre me fait envie. En tout cas, vos impressions me semblent familières, très similaires aux souvenirs qui me restent de ma lecture du seul livre de Rushdie que j'ai lu pour l'instant, Le dernier soupir du Maure.

Merci Accalia pour ce topic et la brillante présentation. C'est clair, ça donne dangereusement envie de se plonger dans la lecture de "les enfants de minuit".
Pour ma part, j'ai lu l'objet de la fatwa, à savoir "Les versets sataniques" à l'époque du grand tapage que ça a fait. C'est contraire à mes habitudes, car plus un livre se taille la part du lion dans les médias, moins il me tente.
Il ne m'a pas particulièrement marquée, du moins, je ne comprenais pas pourquoi il attirait autant de déchainement médiatique de part et d'autre. Certes, il y avait la référence à l'islam et au prophète Mahomet, mais d'une manière romancée, détournant des faits cités dans le coran et les transformant en hallucinations du personnage. Je ne lui ai pas trouvé un grand intérêt même si au demeurant le style est élégant, et la manière de présenter les faits est originale.
Ce topic m’incite à relire les romans de Salman Ruchdie, notamment "Les enfants de minuit", bien présenté par Accalia et commenté par Folavril.

Salman Rushdie est un auteur dont j'apprécie beaucoup l'imaginaire et l'univers à la fois ancré dans l'Inde actuelle et empreint de poésie et de contes.

J'ai commencé par lire de lui Les versets sataniques, à leur sortie, et c'est celui dont j'ai le moins de souvenirs ; j'avais trouvé l'histoire loufoque et débridée ...

Ensuite j'ai lu Les enfants de minuit, dont la présentation faite par Accalia est tout à fait conforme à mes propres impressions ; je ne répèterai donc pas, mais je dis tout le bien que je pense de ce livre foisonnant et picaresque ; je l'ai relu il y a 2 ans, et j'ai beaucoup aimé à nouveau

Ensuite j'ai lu Haroun et la mer des histoires suivi de Luka et le feu de la vie car les deux livres vont ensemble ; avec mon penchant pour les contes, je dirais que Haroun est mon préféré.
Je vous poste un résumé trouvé sur internet ci-dessous :

Citation :

Il était une fois, dans la plus triste des villes, un conteur nommé Rachid qui soudain ne trouva plus rien à dire. Sa femme s'en était allée, et son fils, Haroun, se demandait "à quoi peuvent servir des histoires qui ne sont même pas vraies". Il fallait faire quelque chose, et vite, car un conteur muet n'a plus de raison d'être. Au cour d'une nuit fabuleuse, Haroun et Rachid plongèrent à la source même des histoires, dans cet autre monde où s'affrontent le jour et la nuit, le silence et la parole, l'allégresse et la résignation. Était-ce un rêve ? Peut être pas puisqu'il rendit l'inspiration à Rachid et enseigna à Haroun le bon usage du merveilleux. (présentation de l'éditeur)
Un jeune garçon nommé Haroun, désolé de constater que son père, conteur de son état, a perdu son inspiration, entreprend un long voyage à travers une contrée merveilleuse. Son ambition est de retrouver la source vive où naissent les histoires, afin de la sauvegarder. En chemin, il rencontre des créatures fabuleuses et inquiétantes - dont certaines, ennemies de l'imagination, entendent étouffer à jamais le pouvoir des créateurs d'histoires... Dans ce conte vibrant de fantaisie, d'inventivité et d'humour, Rushdie mêle avec art la rigueur du nonsense anglais à la richesse flamboyante du conte oriental.

Et un recueil de nouvelles Est Ouest dans lequel les histoires se passent aussi en Grande-Bretagne de nos jours, et aussi en Inde. Toutes les nouvelles ne se valent pas, mais l'avantage c'est que c'est court

D'une façon générale j'aime bien le coté à la fois tragi-comique et l'humour un peu désespéré de Salman Rushdie

Gros remontage de topic ^^
J'ai lu le dernier Salman Rushdie, Deux jours, huit mois et vingt-huit nuits
C'est l'histoire d'une lutte, entre deux philosophes, entre jinns sombres et jinns de lumière, entre la raison et la religion... Tout commence avec l'histoire d'amour entre un Averroes, le philosophe, aussi appelé Isb Rushd, et Dunia, une jinnia. De cet amour naîtra une trèèèès large progéniture, qui héritera de leur mère oreilles sans lobes... entre autres.
J'ai passé un bon moment avec ce roman qui mélange allègrement les 1001 nuits et les comics, avec une touche de science-fiction et une bonne dose de réflexion philosophique assez basique et manichéenne, mais néanmoins intéressante et d'actualité. Le récit et le style sont vraiment maîtrisés, ce qui rend pas la lecture savoureuse mais pas toujours simplissime. Peu de surprises, mais néanmoins un certain émerveillement devant ce conte.
C'était mon premier Salman Rushdie, et je pense en lire d'autres, je crois qu'il est dans la même veine que ces autres romans.

Merci pour ton avis Miss Raisa, j'ai entendu une rapide critique à la radio ce matin (je crois que le roman n'est pas encore sorti ..) et elle allait dans le même sens que toi

Merci Miss Raisa, ton commentaire donne envie de lire le livre ☺

Oui il sort depuis septembre il me semble ! (de l'avantage d'être libraire... )

J'ai eu récemment envie de découvrir enfin un livre de Salman Rushdie (notamment suite à ma lecture de Zadie Smith qui dans Sourires de loup fait référence à l'affaire des Versets sataniques). Je pensais commencer avec ce titre ou Les Enfants de minuit, qui me semblent être ses oeuvres majeures et finalement je me suis laissée tenter par un titre plus récent, L'Enchanteresse de Florence.

Citation :

Un jeune homme blond dressé sur un char à bœufs entre à la cour du Grand Moghol, au cœur des Indes. S'il recherche l'empereur, c'est pour lui raconter sa vie. Il est le fils de l'Enchanteresse de Florence, une princesse moghole oubliée, maîtresse sulfureuse d'un soldat florentin, à la beauté envoûtante et aux pouvoirs mystérieux. Leurs destins fabuleux embrassent l'Orient conquérant et contemplatif comme l'Occident sensuel de la Renaissance florentine. D'une cour à l'autre, au rythme des complots et des intrigues, se croisent sorcières et fêlons, courtisans, voyageurs et prostituées...

Mon avis tiendra en peu de lignes, je n'en suis pas sortie très convaincue.

Je ne peux pas dire que ça soit une lecture désagréable, l'aspect conte oriental et plongée dans la Renaissance m'avaient attirée au départ et ont leur charme (il y a un côté surnaturel et en même temps on croise des personnages historiques comme Machiavel). Mais j'ai trouvé l'ensemble assez anecdotique, passé la moitié j'ai trouvé que le récit s'enlisait et pour une lecture achevée il n'y a même pas une semaine, j'en ai déjà bien peu de souvenirs... Les considérations plus ou moins philosophiques du sultan m'ont également vite lassée et paru un peu artificielles.
Mais je retenterais Rushdie avec un autre livre, je ne suis pas sûre que celui-ci soit représentatif de son talent.

Merci esperluette !
Je pense définitivement que Salman Rushdie  a fait un seul bon livre, Les enfants de minuit, et qu'ensuite à l'inverse d'une bouteille de bon vin, il n'a fait qu'essayer de reproduire avec plus ou moins de bonheur ce qui avait fait la magie de ce livre ...

Je n'ai jamais rien lu de cet auteur, mais les différents retours me font noter Les enfants de minuit sur ma LAL, il aurait tout pour me plaire!

Je te conseille Les enfants de minuit, Vavyala, c'est un livre assez picaresque et foisonnant, qui devrait te plaire.
En plus Rushdie est un écrivain qui est plutôt meilleur dans ses premières années, je trouve qu'il a tendance à tourner un peu en rond dans ses derniers livres ...

Ma fille m'a offert pour mon anniversaire La cité de la victoire (Victory City) paru en 2023.

EAN a écrit:

Solidement charpenté en quatre parties, le roman, situé dans l’Inde du quatorzième siècle, remonte aux origines de la fondation d’un empire et d’une ville, Bisgana (ou la cité de la victoire), dont seules subsistent de nos jours les (authentiques) ruines. Cette fondation, une jeune fille de neuf ans en est l’inspiratrice. Une déesse, portant le même prénom qu’elle, lui souffle l’idée de faire sortir une ville de terre. Convoquant ses frères, elle leur remet un sac de graines magiques auxquelles elle confie le soin de faire pousser rues, temples et palais d’une mirobolante cité, peuplée d’éléphants et où aborde tel séduisant visiteur portugais bègue.
Dotée d’une forme d’immortalité, Pampa vivra 247 ans, écrivant un long poème à la Virgile, diraient les Européens, à l’indienne pour les autres, sur la fondation de l’Urbs. Elle l’enfouira sous terre dans une jarre, en prévision du jour où celle-ci sera déterrée, et le poème épique retranscrit par un scribe modeste, qui n’est ni historien ni poète, mais juste conteur. Suivez mon regard…   

Citation :

La ficelle est grosse, mais le romancier n’en a cure : il est là pour s’amuser et divertir ses lecteurs. Méta-fictionnel comme au premier jour, il se glisse, tel un coucou, dans le nid d’un autre, pastichant les grands récits de création indiens. En roue libre, son inspiration recycle des thématiques déjà présentes dans Les enfants de minuit, mais aussi dans Haroun et la mer des histoires ou L’enchanteresse de Florence.
En se recentrant sur l’Inde, avec laquelle le romancier ne parvient décidément pas à couper le cordon ombilical, Rushdie renoue avec une inspiration vitale qui semblait l’avoir déserté ces derniers temps : l’antique Hampi, dans l’État de Karnataka, lui réussit à l’évidence mieux que les États-Unis d’Amérique.
La perspective se fait cavalière quand le conteur prend en écharpe une armée entière de guerres de succession, de querelles dynastiques et de crises de régime, qui finissent toutes par se ressembler, et dont personne ne retient la portée. Mais peu importe, après tout. 
Ce sont les chuchotements de Kampana qui retiennent l’attention.
Elle est la reine (à trois reprises) qui chuchote à l’oreille de ses sujets, de ses rivaux et ennemis, de sa longue descendance. À peine audibles, moins perceptibles en tout cas que le souffle du temps en sa marche inexorable, ses chuchotements sont une belle idée de romancier : ils illustrent, comme toujours chez Rushdie, le fertilisant pouvoir d’insémination et de persuasion de la fiction.
La réalité, le réel, celui de l’histoire et de la politique, ne sont que les produits dérivés de l’imagination : le souffle créateur est premier, tout comme le sont les histoires… Gare, alors, au grain qui meurt, au murmure qui se tarit. Ils entraîneront dans leur chute des empires plus imposants et dominateurs encore que le royaume de Vijayanagara… 
Autre belle et forte intuition : l’invraisemblable saga de Kampana, consacrant, c’est la chute par trop prévisible du roman, le pouvoir du verbe (« Les mots sont les seuls vainqueurs »), prend naissance dans un souvenir d’enfance.
À la mort de son père, alors qu’elle est âgée de neuf ans, Pampa a vu sa mère rejoindre, sans broncher, le bûcher où brûlait la dépouille de l’époux.
L’odeur âcre de la chair carbonisée se retrouve à chaque page, ou presque, du roman, lui conférant la charge affective et traumatisante qui autrement ferait défaut à cette galopante chronique épico-dynastique. Plus jamais ça, se promet Pampa Kampana. 

J'ai énormément aimé ce livre, qui mêle le réalisme magique cher à Rushdie, et les réflexions en écho sur les sociétés humaines ; il y a comme souvent avec Rushdie un ton parfois désinvolte ou primesautier, qui cache souvent des thématiques plus sombres (par exemple, l'impossibilité qu'a Pampa Kampana de s'entendre avec ses filles, petites-filles, arrières petites filles), comme si Rushdie avait peur d'être pris au sérieux.