Iris Murdoch

Biographie

Iris Murdoch est née à Dublin, Irlande, le 15 juillet 1919. Son père, Wills John Hughes Murdoch, venait d’une famille presbytérienne d’éleveurs de moutons du comté de Down (près de Belfast), et sa mère, Irene Alice Richardson, qui avait eu une formation de chanteuse, était d’une famille protestante de Dublin. Durant la jeunesse d’Iris, ses parents déménagent à Londres où son père devient fonctionnaire. Iris étudie les classiques, l’histoire ancienne et la philosophie à Somerville College, Oxford, puis la philosophie à Newnham College, Cambridge, où elle a notamment comme professeur Ludwig Wittgenstein. En 1948, elle devient enseignante à St Anne's College, Oxford.
Elle écrit son premier roman, Under The Net, en 1954, après avoir publié plusieurs essais philosophiques et la première étude en anglais consacrée à Jean-Paul Sartre. A Oxford, en 1956, elle rencontre et épouse John Bayley, professeur de littérature anglaise et également romancier. Elle écrira encore vingt-cinq autres romans, ainsi que d’autres études et pièces de théâtre, jusqu’à 1995, où elle commence à subir les effets de la maladie d’Alzheimer. Elle meurt en 1999 âgée de soixante-dix-neuf ans.

Romans

Dans le filet (Under the Net, 1954)
Le Séducteur quitté (The Flight from the Enchanter, 1956)
Le Château de sable (The Sandcastle, 1957)
Les Eaux du péché (The Bell, 1958)
Une tête coupée (A Severed Head, 1961)
Une rose anonyme (An Unofficial Rose, 1962)
Le Château de la licorne (The Unicorn, 1963)
La Gouvernante italienne (The Italian Girl, 1964)
Pâques sanglantes (The Red and the Green, 1965)
Les Angéliques (The Times of the Angels, 1966)
Les Demi-justes (The Nice and the Good, 1968)
Le Rêve de Bruno (Bruno’s Dream, 1969)
Une défaite assez honorable (A Fairly Honourable Defeat, 1970)
La Souveraineté du Bien (The Sovereignty of Good, 1970)
Un homme à catastrophes (An Accidental Man, 1971)
Les Trois flèches, suivi de Les Serviteurs et la neige (The Three Arrows ; The Servants and the Snow, 1973)
Le Prince noir (The Black Prince, 1973)
Amour profane, amour sacré (The Sacred and Profane Love Machine, 1974)
Un enfant du verbe (A Word Child, 1975)
Henry et Caton (Henry and Caton, 1976)
La Mer, la mer (The Sea, The Sea, 1978)
Les Soldats et les nonnes (Nuns and Soldiers, 1980)
Acastos. Deux dialogues platoniciens sur l’art et la religion
L’Élève du philosophe (The Philosopher’s Pupil, 1983)
L’Apprenti du bien (The Good Apprentice, 1985)
Les Compagnons du livre (The Book and the Brother Hood, 1988)
Le Message à la planète (The Message to the Planet, 1989)
Le Chevalier vert (The Green Knight, 1993)
Le Dilemme de Jackson (Jackson’s Dilemma, 1995)

Testifly, je fais partie des personnes qui avaient souhaité que tu nous fasses une présentation de I. Murdoch, un grand merci

(je t'avoue que j'attendais que tu repasses par ici avant de te répondre, n'osant pas poster dans la mesure où ton topic est annoncé comme "en construction" ).

Quels sont les romans que tu as découverts ? Qu'en as-tu pensé ?

Je crois que "Le Prince Noir" figure dans la liste élaborée par Cat pour le challenge Hamlet. il va falloir que je m'y intéresse de plus près

serendipity a écrit:

Je crois que "Le Prince Noir" figure dans la liste élaborée par Cat pour le challenge Hamlet. il va falloir que je m'y intéresse de plus près

Il est sur ma PAL, et j'ai bien l'intention de l'ingurgiter en 2011 pour l'inclure dans le challenge, c'est vrai.

Comme Serendipity, je n'ai pas répondu à ce topic car il était en construction. Je serais vraiment intéressée par des avis, cette romancière m'intrigue. Pas plus tard qu'hier, j'ai encore rêvassé devant son nom chez Foyles. Mais j'ai résisté, pour une fois.

Merci Testifly pour cette présentation!
Pour moi, c'est une véritable découverte : une auteure si prolifique, disparue il y a si peu de temps - à mon échelle tout du moins! - et dont les titres me laissent rêveuse.... à commencer par "The Black Prince" qui m'a attiré tout de suite dans la liste du Challenge Hamlet!
et que je me propose de lire moi aussi à cette occasion!

J'ai honte de laisser ce topic en chantier, mais je reviens le finir dès la fin de mes partiels, c'est promis

En revanche, je regrette vraiment de ne pas avoir posté mon avis plus tôt, parce que maintenant c'est plus très frais dans mon esprit Je n'ai lu pour le moment que A Fairly Honourable Defeat mais je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin

Dans le cadre du challenge Hamlet, j'ai donc lu


Je mets un résumé de l'intrigue:

Citation :

Écrivain infécond d'un certain âge, Bradley Pearson a pour meilleur ami un autre écrivain, plus jeune que lui, Arnold Baffin, auteur médiocre et prolifique qui plaît au public. Pearson est entouré d'amis et de parents rapaces : son ex-femme qui voudrait le reconquérir, son beau-frère, un homosexuel qui pêche en eau trouble, la femme d'Arnold qui s'offre à lui, et surtout Julian, vingt ans, dont il tombe éperdument amoureux. La jalousie, la peur, l'amour, la haine et les malentendus entraînent ces personnages dans des situations de plus en plus complexes. De rebondissements en suspenses psychologiques, Iris Murdoch met en place les éléments d'une tragédie de facture peu classique, où le destin intervient avec autant de force que dans le théâtre de Shakespeare.

J'ai beaucoup beaucoup aimé : le style, le ton, l'ironie, l'humour, la façon de décrire les situations, très visuelles – on voit bien une mise en scène, un film – Et c'est très très très bien écrit!!!!! (en anglais)

C'est Bradley Pearson le personnage principal qui narre le récit : c'est donc son point de vue que le lecteur est d'abord amené à adopter....

Au début j'ai beaucoup plaint Bradley Pearson, puis il m'a énervé, je l'ai trouvé mou, peu réactif, ou alors victime d'un système dont finalement il n'a pas envie de se défaire...
Et à la moitié du récit, presque au deux-tiers même, il y a un basculement : le ton change, on ne sait plus si on doit continuer à rire ou non, si le vécu du personnage est grotesque ou tragique.....

Ce qui est extrêmement bien maîtrisé dans ce roman, c'est la construction : plus on avance dans la lecture, plus les morceaux se mettent en place comme un puzzle.... et ce n'est qu'à la fin qu'on a la vision d'ensemble.... et celle-ci est tout à fait différente de celle qu'on avait au début et pendant la lecture du récit.

De même pour l'allusion à Hamlet: quand arrive nommément la référence à la pièce et au personnage, on reste sur sa faim.... « C'est tout???? » Je me suis dit : lire un roman entier pour quelques pages, c'est un peu drôle....

Puis, au fur et à mesure , je me suis rendu compte de l'enjeu véritable concernant la pièce de Shakespeare : non seulement le narrateur, Bradley Pearson, constitue un Hamlet en puissance, mais tout le roman pose les questions que pose la lecture de la pièce elle-même, tout étant dans l'oeil de celui qui regarde, en fin de celui qui lit.

« The Black Prince » c'est comme "Hamlet" - la pièce- vue dans un kaléidoscope : des fragments qui bougent, changent de place sans cesse, la folie devient raison, la raison devient imagination... qui dit vrai, qui est fou? Comment être sûr de ce que l'autre me dit? Comment puis-je être sûr de ne pas être paranoïaque? Comment puis-je être sûr de la réalité des choses? Et de leur vérité? Et au final, il n'y a pas vraiment de réponse, il ne peut y avoir de réponse, ou du moins pas une seule. C'est tout le sens du roman de Iris Murdoch.

Ce qui est jubilatoire, la lecture de ce livre amenant forcément une relecture ou une "repensée" de la pièce de Shakespeare, c'est justement ce mouvement perpétuel de l'une à l'autre question, de l'une à l'autre réponse...

Présente également, de façon très explicite, une réflexion sur l'art et de ses rapports avec le monde : deux visions de nature différente, celle de Bradley Pearson – l'art c'est la vérité, et on ne peut donc s'y risquer qu'à cette condition -je résume- et celle de Arnold Baffin – l'art c'est un tout, c'est une oeuvre, c'est construire morceau par morceau, mais sans cesse et avec tous les matériaux possibles. Pour parodier modestement, le héros oscille aussi entre "Etre un artiste ou ne pas être un artiste, voilà la question!"

Enfin chapeau à Miss Iris Murdoch pour nous avoir permis de nous glisser dans la peau, les pensées et les sentiments d'un homme de façon aussi talentueuse...

Nul doute que je lirais d'autres oeuvres de cette auteure que je viens de découvrir....

En attendant, je ne peux que vous conseiller la lecture de celui-ci!

Je mets le lien d'un article paru dans Libération à la mort de l'auteur : l'analyse de son oeuvre qui y est développée est très intéressante.
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Waouh Miriel, tu sais donner envie. J'avais acheté ce livre un peu par hasard, mais j'ai bien envie de m'y mettre là. En plus, je pourrais participer au challenge Shakespeare...

Je ne peux que plussoyer, ton commentaire donne très envie, Miriel. J'ai hâte de me plonger dans le livre.

J'attendrai vos commentaires avec impatience!

Je viens de lire Pâques sanglantes d'Iris Murdoch. J'avais commencé par découvrir cette écrivaine en 2018 avec Amour profane, amour sacré qui m'avait laissé un sentiment mitigé malgré un indéniable talent d'écriture. Un bon roman mais l'histoire m'avait un peu laissée sur la touche. A relire éventuellement.

Par contre j'ai adoré celui-ci. Peut-être parce qu'il s'inscrit directement dans un contexte historique : l'insurrection de Pâques 1916 (dont j'ignorais tout, je ne connais rien de l'histoire irlandaise), lui apportant ainsi une sorte de valeur ajoutée. Ce n'est cependant pas un roman historique à proprement parler, les événements constituent surtout une toile de fond, importante certes, mais il s'agit avant tout de l'histoire 'ordinaire' d'une famille.

Le roman est assez lent à démarrer mais semble ensuite se déployer au fur et à mesure qu'on se familiarise avec les personnages (assez nombreux, aux liens familiaux compliqués, j'ai souvent eu du mal à me rappeler qui est qui par rapport à qui ). Murdoch réussit très bien à transcrire leur psychologie, leurs doutes, contradictions, revendications et désirs. C'est assez particulier parce qu'ils semblent à la fois proches et maintenus à distance, peut-être pas toujours suffisamment développés du fait d'être trop nombreux.

L'écriture est très belle, les descriptions de Dublin et de la côte en particulier, souvent somptueuses, très imagées et pleines d'originalité.

Merci pour ton avis, Dulcie ! Le nom de l'auteure ne m'est pas inconnu, mais je ne connaissais pas ses œuvres, merci pour le partage