Dans ce livre, Samuel Buttler attaque l'Angleterre victorienne à travers les quatre générations de la famille Pontifex.
Ce livre étant très inspiré par sa vie et très virulent contre l'hypocrisie et l'étroitesse de cette société, l'auteur n'osa
pas le publier de son vivant.
L'histoire de cette famille et tout spécialement celle d'Ernest (earnest) Pontifex, de son enfance à l'âge adulte, est
parcourue de commentaires philosophiques et religieux (un peu pesants d'ailleurs dans la deuxième partie).
L'auteur commence par une description minutieuse et acérée de la famille pour nous aider à mieux comprendre la
personnalité d'Ernest qui en est le produit.
Pour Samuel Buttler, la famille, emprisonnée dans le carcan d'une religion sclérosante, étouffante, castratrice ey
hypocrite, ne peut que détruire son rejeton, Ernest, qui devra couper le cordon ombilical pour espérer s'en libérer.
L'argent occupe une place centrale dans le roman. Il est source de liberté et ouvre les portes d'une vie choisie et
plaisante.
Ernest devra traverser bien des épreuves pour parvenir à se détacher des croyances familiales et se mettre à l'écoute
de ses propres désirs et intérêts.
Pour Samuel Buttler, religion, politique et désir d'améliorer le monde ne sont que les expressions d'un même fanatisme.
Il faut avoir de l'argent et vivre confortablement en profitant des plaisirs de la vie : littérature, musique, théâtre...
et surtout éviter de s'emprisonner dans le mariage.
Buttler utilise une ironie mordante et caricature ses personnages avec brio et férocité.
Nous sommes loin de la caricature Dickensienne.
Seuls le parrain d'Ernest et sa tante Alethea, qui deviendront ses modèles, trouvent grâce à ses yeux.
Ils mènent des vies de loisir et de plaisir sans aucun intérêt pour la religion ou la réforme sociale.
Ce qui en fait les parfaits représentants de l'idéal de Buttler.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre même si j'ai trouvé quelques longueurs dans la deuxième partie, notamment
lorsqu'il est question de différentes doctrines religieuses.
Je comprends parfaitement que la façon dont la société victorienne utilisait la religion pour asservir les autres ne puisse
être qu'un motif de dégoût et de colère pour Butler. D'autant plus que ce masque grimaçant d'hypocrisie cachait parfois des
débordements répugnants. Ses effets destructeurs sur de jeunes enfants sont épouvantables.
Toutefois je me reconnais mal dans sa vision d'une vie heureuse qui ne laisse d'espoir et de place que pour les privilégiés.
Un livre à découvrir.
Bonne lecture !