Philip ROTH

C'est un très bon livre,Ysabelle, je l'ai vraiment apprécié. J'ai vu sur les posts précédents que pas mal de lectrices n'ont pas accroché ; Roth a un style précis, intelligent, parfois provocateur, qui peut désarçonner ; je ne sais pas si il te plairait, mais comme tu as aimé le documentaire qui était une longue interview , je pense que tu aimerais ce livre.

Petit Faucon a écrit:

Je vois sur le topic des lectures que tu as mis de côté La tâche, esperluette !

Le roman ne me déplaisait pas foncièrement, c'était plus un problème d'incompatibilité d'humeurs entre ce livre et ce moment de ma vie disons.
Mais je vais y revenir, j'ai arrêté là exprès car je venais de finir la première partie et qu'il sera plus facile de reprendre là qu'en plein milieu d'un chapitre. Par contre je ne sais pas si cela sera dans quelques semaines ou mois.

Je poursuis avec Philip Roth ; j'ai lu Nemesis, et j'ai prévu de lire ensuite Portnoy, afin de respecter la progression suggérée par esperluette .

Nemesis est le dernier livre publié par Roth, je crois, il date de 2010.
L'ambiance du livre est mélancolique, même si j'ai ressenti la même colère (atténuée) que dans La tâche devant l'injustice, ici l'injustice de la maladie, qui touche des enfants, les estropie ou les tue ; il s'agit de la poliomyélite, avant l'invention du vaccin dans les années 50.
La culpabilité est le grand thème de ce roman ; le héros, un jeune professeur de sport de 22 ans travaille pour la ville de Newark, sur un des terrains de sport d'un quartier pauvre de la ville ; c'est l'été caniculaire, les jeunes s'ennuient, les filles sautent à la corde du matin au soir pour s'occuper.
La polio se répand dans la ville, puis dans le quartier, sans qu'on sache comment elle se propage, et les élèves du jeune prof sont touchés.
Finalement, le jeune professeur l'attrape aussi, mais en vient à se persuader qu'il a contaminé plusieurs enfants ; ce sentiment fera de lui un homme détruit, il ne s'en remettra pas.
Un livre assez philosophique, je trouve ; sur les choix que l'on fait, de se sentir coupable, de se faire du mal, de renoncer à une vie "normale" par abnégation, d'assumer d'être un "type bien". C'est un roman assez court, mais très intéressant et intelligent.

Merci pour cet avis Petit Faucon.

Comme convenu avec moi-même   je viens de lire Portnoy et son complexe, traduction ratée de Portnoy's complain.

J'ai beaucoup aimé le livre, qui est effectivement très drôle et plein d'autodérision.
Je comprends qu'à sa publication il y a plus de 50 ans il ait pu faire scandale, et qu'il ait marqué son époque.
Le livre est un monologue à voix haute d'un homme de 33 ans, qui s'adresse à son psy, et qui lui détaille toutes les raisons qu'il a d'avoir des difficultés à réussir sa vie personnelle (il considère sa vie professionnelle comme réussie).
Toute la partie sur son enfance est très drôle et j'ai eu en effet quelques fous rires. La 2e partie est teintée quand même d'amertume, et on sent qu'il rit jaune lorsqu'il évoque ses compagnes et les échecs de ses tentatives de vie à 2, et qu'il explore le couple ; cette partie-là est plus grave bien que toujours pleine d'ironie et de dérision.
Au final, un livre à lire, et qui permet de comprendre pas mal le fonctionnement de l'homme quand on est une femme (je parle de mon cas ).
Je ne sais pas si c'est mon préféré de Roth, mais c'est un livre réussi.

Je suis ravie que tu aies aimé Portnoy, Petit Faucon !
Ce roman m'a également appris ou confirmé des choses sur le fonctionnement des hommes. Je pense que c'est un livre que je relirais, j'en ai vraiment un excellent souvenir.

France Culture a consacré ce matin ce matin son émission Répliques à Philip Roth pour son livre Némesis. Je ne peux pas commenter car je viens juste de l'écouter mais voici le lien et l'annonce de France Culture.

Citation :

"Némesis" est le dernier roman de l'écrivain américain disparu en 2018. Pour cette émission inédite, Alain Finkielkraut s'entretient avec Mathilde Brézet, spécialiste de Philip Roth, afin d'analyser les ressorts d'une œuvre qui interroge la notion de contingence sur fond d'épidémie de poliomyélite.

Ça m'a donné envie de lire ce livre. Il ont évoqué au passage Pastorale américaine que j'ai déjà sur ma Pal.

J’ai aussi La pastorale américaine dans ma PAL. J’ai envie de relire Roth, mais j’ai l’impression que l’hilarant Portnoy est le seul de sa bibliographie à adopter un ton franchement humoristique.

Merci Ysabelle, pour Nemesis !
Je l'ai lu il y a 2 ans (je viens de relire mon compte-rendu de lecture juste au-dessus) et j'en garde un souvenir assez poignant. Bien dans l'air du temps du Covid-19 je dirais ...

Je vais voir si je le trouve en poche ou format liseuse. Je ne pense pas pouvoir le lire en ce moment, j'ai du mal avec les histoires sombres. Ce qui m'a séduite dans l'émission c'est l'analyse des aspects philosophiques que tu évoques dans ton commentaire, Petit Faucon. Bien étayés avec des références philosophiques, des analogies, exemples, ... C'était très intéressant.

J'ai vu Tromperie, film d'Arnaud Desplechin adapté du roman du même nom.

Citation :

Londres - 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé à Londres. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, qui est le refuge des deux amants.

Le film avait pourtant des atouts sur le papier. Un excellent réalisateur, un très bon casting et l'adaptation d'un auteur reconnu. Sauf que, en fait, non. Rien à reprocher aux acteurs ou à la mise en scène. Non, absolument rien. C'est le matériaux de base qui pêche. Il suffit d'aller jeter un coup d’œil aux critiques du livre pour s'en rendre compte.

Il n'y a pas vraiment d'histoire, le film n'est qu'une succession de discussions entre Philip (Denis Podalydès) avec ses maitresses (Léa Seydoux, Emmanuelle Devos,...), sa femme (Anouk Grinberg), un ami (Miglen Mirtchev)... Si ces discussions peuvent être intéressantes quelques minutes, leur accumulation donne un résultat ennuyeux, plat, ronflant et superficiel.

Bref, je l'ai vu

Je n'avais pas spécialement envie de voir ce film, donc pas de regret Merci pour ton retour !

Mon fils, très étonné que je n'ai rien lu de Philip Roth, m'a offert "Portnoy et son complexe", livre emblématique de son auteur, paraît-il.
J'ai été fascinée par la charge au vitriol de l'auteur contre la tyrannie de l'amour paralysant de ses parents, dont il ne cesse d'en dire tout l'étouffement qu'il en ressent, et en même temps par l'amour et la reconnaissance qu'il porte aux dits parents ! C'est un écartèlement permanent qu'on retrouve aussi dans ce qu'il pense de sa judaïté, à la fois revendication furieuse d'appartenance et colère envers l'acceptation sacrificielle d'un destin de victime.
Il semble tout à fait intégré dans la société (brillantes études, situation de responsabilité dans la ville...)et pourtant dans sa tête il reste en dehors, il se ressent toujours comme racisé.
Ces deux thèmes brodent sur un fond de débordement sexuel, une fascination morbide pour la masturbation, la fellation et la préoccupation permanente de la recherche du sexe, à croire que cette obsession est la seule façon qu' Alexander Portnoy a trouvée pour se sortir d'un problème identitaire qui l'aurait autrement rendu fou.
Alors si j'ai beaucoup aimé la verve jaillissante et l'écriture foisonnante, le bouillonnement des phrases et des idées, l'humour acerbe et parfois noir, j'avoue que j'ai vraiment ressenti par moment une sensation de trop plein, d'écœurement (au sens de ce qu'on éprouve quand on a trop mangé au point d'en être écœuré même si on a aimé ce qu'on a mangé.)
Je suis bien consciente d'être devant un véritable et grand écrivain, et il faut que j'en lise autre chose pour approfondir un peu.

@ clinchamps : merci de ton ressenti, tu dis beaucoup mieux que moi ce que ce livre m'avait inspiré. 
Je pense d'ailleurs en lisant ton commentaire que je l'ai lu trop jeunes, manque de maturité pour apprécier ma lecture.

J'ai de loin préféré La tache, qui contient les mêmes thématiques que tu as évoquées (sentiment d'être différent), et que tu pourrais lire si tu veux approfondir avec Philippe Roth.

J'ai adoré Portnoy, c'est mon Roth préféré avec Pastorale américaine. Je l'ai lu à trente ans, je ne sais pas si c'est ce que tu appelles trop jeune Petit Faucon.

clinchamps a écrit:

Mon fils, très étonné que je n'ai rien lu de Philip Roth, m'a offert "Portnoy et son complexe", livre emblématique de son auteur, paraît-il.

Clinchamps, tu as piqué ma curiosité : j'avais l'intention de lire cet auteur et je ne savais par quel roman commencer, je viens de réserver Portnoy et son complexe à la médiathèque

@ missHo, non 30 ans c'est jeune ; ça doit l'âge où j'ai lu Portnoy moi aussi 
Mais moi ce qui m'avait agacée c'était le côté "obsédé de la quéquette" du personnage principal, du coup le bouquin m'avait énervé en général.
Alors que quand je l'ai relu 20 ans plus tard j'avais un vision tout à fait différente et je l'ai plus apprécié