Première partie (jusqu'au chapitre 11 inclus)

Question parcours professionnel, je suis tout aussi ok avec toi, MissA.
Je m'étais fait la même réflexion: pour un gars qui sort de prison pour meurtre, qui souffre d'alcoolisme à un bon stade, je trouve qu'il a brillant parcours professionnel!
En tout cas, ce genre de réussite avec des handicaps tels que les siens relèvent à peu près du miracle.
Je me suis dit que la société de l'époque était drôlement tolérante vis à vis d'un gars qui sort de taule, avec notamment l'attribution des marchés publics qui lui permettent d'alimenter sa fortune je ne suis pas sûre qu'il y ait la même ouverture de nos jours .

C'est peut être dû au fait qu'il réussissait à tenir des délais sur des chantiers que ces concurrents refusaient.

Pour la relation entre le docteur et Sir Scatcherd, je suis d'accord avec toi MissA, pour moi, çà n'est pas vraiment une amitié. Le docteur l'a aidé parce qu'il voulait réparer la faute de son frère vis à vis de la sœur de Sir Roger et il a petit à petit développer une forme de respect envers cette force de la nature.

Quant au fait qu'il n'ai pas compris que Mary était sa nièce, je pense qu'il a vraiment cru sa sœur quand elle lui a dit que le bébé était mort et qu'il n'avait aucune raison de mettre en doute sa parole. Quand Mary est venue vivre avec son oncle, elle avait une dizaine d'années, et les rapports de Sir Roger avec le docteur sont suffisamment distants pour qu'il ne l'ai jamais vue...

C'est vrai que Trollope insiste bien sur le fait que le Docteur et Roger ont une amitié qui n'en est pas vraiment une. On voit bien la différence avec le squire qui vient chez le Docteur sans cérémonie alors même que Roger n'y a jamais mis les pieds.

MissAcacia, je suis assez d'accord avec toi concernant le secret. Thorne voulait protéger sa nièce qu'il aime profondément mais de là à ce que Scratcherd ne se doute de rien... Même en allant jamais chez le Docteur, il savait que ce dernier avait une nièce. Scratcherd n'est pas si bête qu'on pourrait le croire sinon il n'aurait jamais fait fortune et il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour mettre en place les pièces du puzzle.

C'est un drôle de choix qu'a fait Trollope...

Comme vous, j'ai eu du mal à croire à l'ascension sociale de Mr Scatcherd, un personnage qui me paraît très proche de l'univers de Dickens ...
(qu'il se soit enrichi, certes, mais de là à en faire un baronnet...)

Je n'ai pas eu de difficulté quant à la crédibilité de la sous-histoire "Mary, nièce du Docteur", peut-être que les Scatcherd ne connaissaient pas si bien que cela la famille Thorne et qu'ils supposaient que le bon docteur avait aussi un soeur ou peut-être qu'à l'époque on recueillait des enfants de cousins que l'on qualifiait de neveux ou nièces ? ce qui pourrait expliquer que les Scatcherd ne se soient pas posé trop de questions sur les origines de la nièce

En tout cas, je suis contente que les discussions se poursuivent sur cette lecture

(@ Rosalind, comme toi, j'ai lu et beaucoup aimé "Miss Mackenzie". Le reproche que je fais au "Docteur Thorne" c'est la longueur des chapitres , dans ma mémoire le lecture de "MissMackenzie" était plus fluide ).

Contrairement à certaines, j'ai bien aimé les passages politiques (même si je leur reconnais certaines longueurs ).

serendipity a écrit:

peut-être qu'à l'époque on recueillait des enfants de cousins que l'on qualifiait de neveux ou nièces ? ce qui pourrait expliquer que les Scatcherd ne se soient pas posé trop de questions sur les origines de la nièce

J'ai pensé comme toi, que les Scatched pouvaient avoir cru que la nièce du docteur était la fille de cousins, voir qu'il aurait accueilli une orpheline sans famille....

angé a écrit:

Même en allant jamais chez le Docteur, il savait que ce dernier avait une nièce. Scratcherd n'est pas si bête qu'on pourrait le croire sinon il n'aurait jamais fait fortune et il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour mettre en place les pièces du puzzle.

Certes. Mais il n'avait aucune raison de douter de la parole de sa soeur qu'il a toujours parée de toutes les vertus (raison, entre autres, de sa réaction très violente à l'annonce de sa séduction). Or c'est elle qui lui a dit que le bébé n'avait pas survécu. Il n'avait pas de raison de supposer que Mary lui avait menti, en accord avec le Dr Thorne pour lui cacher l'existence de sa nièce.
Et comme le dit Serendipity, il n'était pas inhabituel à l'époque de recueillir des enfants de parents éloignés et de les appeler neveu ou nièce. Il n'a pas cherché plus loin, croyant que le bébé n'avait pas survécu (pas non plus très inhabituel à l'époque surtout pour un premier accouchement).

Moi aussi j'aime bien les passages politiques (c'est ce que j'appréciais dans Phineas Finn).

Je ne savais pas qu'à l'époque, les enfants recueillis étaient considérés comme des neveux ou des nièces.
Dans ce cas-là, c'est plausible que Scratcherd ne se soit pas posé de questions. Sinon, ça aurait été un peu gros.


En revanche, les passages politiques, j'ai toujours du mal.

J’ai enfin pris un peu de temps pour lire vos échanges, et je me rends compte que même si j’avais énormément aimé ce roman, il ne m’a pas laissé un souvenir impérissable^^ (j’ai lu trop de Trollope d’affilé, je les confonds un peu )

En tout cas, vous me donneriez presque envie de m’y replonger (surtout que je ne me souviens pas avoir ressenti de longueurs pour ma part).

angé a écrit:

Petit Faucon : Justement, j'apprécie beaucoup les interventions de Trollope et ce côté "je raconte mon histoire à un âge très avancé". Ça permet de reprendre notre souffle dans ce flot d'informations et ça laisse la place à l'ironie que peuvent inspirer les personnages.

Moi aussi, c’est un point qui se retrouve dans quasiment tous ses romans et c’est ce qui me fait aimer cet auteur ! J’adore son ironie et ses interventions pleines d’humour

Ouf, j'ai fini la première partie : ce fut quand même assez laborieux ...

Je maintiens que les interventions de l'auteur ne m'apportent pas de décalage amusant, chacun ressent cela à sa façon.
Bien que je sois entrée plus dans l'histoire à partir du chapitre 6, je ne suis pas vraiment emballée, ni par l'histoire que je trouve assez convenue, ni par les descriptions de lieux, ni par le ton qui est assez nonchalant. Je trouve l'histoire assez plate, sans relief, ou alors tiède, je ne sais pas.
A la limite, les considérations politico-historiques pourraient être intéressantes, mais décrites de façon peu rigoureuses (ce n'est pas Zola).
Les personnages sont assez quelconques pour l'instant, seule Mary avec la conscience de sa supériorité intrinsèque et sa pauvreté relative a un certain relief.
Roger Scatcherd pourrait être intéressant, mais il n'y a aucun réalisme dans la description de sa réussite financière, c'est difficilement crédible qu'un homme certes au caractère bien trempé et force de la nature passe de condamné pour meurtre au chapitre 1 à celui de baronet au chapitre 9, tout en étant fermement attaché à sa bouteille de brandy.

Je dirais pour conclure que Trollope me donne une impression de dilettantisme excessif envers ses personnages et son histoire.
Je vais continuer parce que je n'abandonne pas en rase campagne, mais je vais passer au livre audio, j'espère que ça va me motiver plus pour avancer .

Petit Faucon a écrit:

Je vais continuer parce que je n'abandonne pas en rase campagne, mais je vais passer au livre audio, j'espère que ça va me motiver plus pour avancer .

J'espère aussi Petit Faucon je pense que tu retrouveras un peu plus de plaisir de lecture sur la 2è partie

Je ne peux qu'être d'accord. L'histoire s’accélère au fur et à mesure de la lecture.
Dans la première partie, Trollope fait surtout une mise en place de ses personnages.
Courage Petit Faucon !

Merci pour vos encouragements jeunes dames  

Mais, ça y est, j'aime le livre . L'histoire m'a accroché, et même le style indolent de l'auteur me fait sourire.

Il y a un point que j'aime bien, ce sont les noms des personnages secondaires d'arrière-plan, qui ont un côté potache :
= le Dr Fillgrave (le bien nommé) comme l'a remarqué serendipity
mais aussi ceux des conseillers politiques :
Mr Nearthewinde (près du vent) / Mr Closerstil (encore plus près)
et le duke of Omnium (le duc de tout, en latin)
Je soupçonne même Mr Moffat d'avoir des analogies avec "muff", le balourd ; d'ailleurs, Franck le traite intérieurement de lourdaud, dans la 2e partie.
Quant aux de Courcy, dont le nom est d'assonance normande, donc française, ils ont toutes les tares des aristos snobs (vu par le prisme anglais, of course !!!)

Petit Faucon a écrit:

Mais, ça y est, j'aime le livre . L'histoire m'a accroché, et même le style indolent de l'auteur me fait sourire.

Ah, ben voilà, ça m'étonnait aussi que nous soyons autant en désaccord toutes les deux, pas normal, enfin, pas très courant...