Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether | |
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+4Annwvyn esperluette Pando_Kat MissAcacia 8 participants | Auteur | Message |
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MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Mar 7 Avr 2015 - 22:00 | |
| J'ouvre un sujet à Benjamin Wood, auteur anglais né en 1981 dans le nord-ouest de l'Angleterre, qui a publié son premier roman en 2012. Le complexe d'Eden Bellwether est paru l'an dernier en français aux éditions Zulma. Il a remporté le prix des lecteurs de la FNAC. Le démarrage de l'histoire: - Citation :
- Cambridge, de nos jours. Au détour d’une allée de l’imposant campus, Oscar est irrésistiblement attiré par la puissance de l’orgue et des chants provenant d’une chapelle. Subjugué malgré lui, Oscar ne peut maîtriser un sentiment d’extase. Premier rouage de l’engrenage. Dans l’assemblée, une jeune femme attire son attention. Iris n’est autre que la sœur de l’organiste virtuose, Eden Bellwether, un étudiant arrogant et sûr de lui.
Bientôt intégré au petit groupe qui gravite autour d’Eden et Iris, Oscar est de plus en plus perturbé par ce qui se trame dans la chapelle des Bellwether. Apparemment c'est un succès de librairie, qui collectionne les critiques élogieuses. On me l'a offert en fin d'année dernière et je viens de le terminer. Il commence comme un roman policier, continue comme un roman fantastique et finit en roman psychologique dans une ambiance assez tendue. C'est bien simple, une fois l'histoire lancée, j'ai eu du mal à le lâcher. Je l'ai trouvé remarquablement bien fait, notamment l'ambiance. Oscar, le "héros" ou plutôt le narrateur, est issu d'une famille modeste. Il travaille comme aide-soignant dans une maison de retraite (dont un des pensionnaires est un personnage remarquable, le Dr Paulsen). Les Bellwether sont un de purs produits d'Oxbridge, issus de la upper middle class. La rencontre de ces deux classes qui ordinairement ne se mélangent pas est l'un des éléments de l'histoire, même si elle n'en constitue pas le corps principal. Celui-ci est centré sur Eden, musicien prodige, à la personnalité plus que bizarre. Il possède en particulier une sorte d'emprise sur sa soeur, qui va pousser Oscar à entrer dans un drôle d'imbroglio. Bien sûr, il y a quelques faiblesses, des points passés rapidement qu'on aurait souhaité voir traités de façon plus approfondie, des personnages qui sont un peu superficiels pour certains. Certains lecteurs ont trouvé des invraisemblances mais je parlerai plutôt de faits inexpliqués, qui nous laissent un peu frustrés. Enfin, globalement c'est un livre qui mérite le détour (et que peut-être Wilkie Collins n'aurait pas renié). J'ai aussi pensé à Chandelles noires, de John le Carre, mais mon souvenir est trop imprécis. Il faudrait que je le relise. Je ne sais pas si quelqu'un d'autre l'a lu .
Dernière édition par MissAcacia le Jeu 9 Avr 2015 - 20:02, édité 1 fois |
| | | Pando_Kat Lady Gunslinger of Gilead
Nombre de messages : 7151 Age : 43 Localisation : Dans le Tardis, entre Westeros, Arrakis et Giléad Date d'inscription : 26/06/2008
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Mer 8 Avr 2015 - 12:01 | |
| Pas lu mais très intéressée ! Je le rajoute à ma pàl immédiatement (j'espère que je serais aussi rapide et décidée pour le lire effectivement XD) _________________ Library Thing - Listography - Tumblr - Goodreads"Captain Cogitation" | CEO of Black Corporation | Commander of the Kraken (and other big bad ass monsters) N°1 loyal subject of the One and Only Queen Margaret |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Dim 24 Jan 2016 - 12:58 | |
| J'ai lu ce livre il y a presque un an, j'ai donc oublié pas mal de choses. Je me rappelle avoir été assez absorbée par l'histoire et l'atmosphère dans la première moitié, mais j'ai perdu une partie de mon intérêt par la suite, à mon sens le récit s'enlise un peu et je n'ai pas été convaincue par la fin (dont je ne me rappelle plus d'ailleurs ). En lisant ton résumé MissAcacia je réalise aussi que le narrateur m'avait semblé un peu fade, pas très consistant. Mais certains des autres personnages étaient plus intéressants. J'avais trouvé cette lecture plutôt agréable mais je dois dire que mon bilan était plutôt mitigé. |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Dim 24 Jan 2016 - 15:22 | |
| Merci d'avoir pris le temps de donner tes impressions. La deuxième moitié est effectivement plus faible que la première mais j'ai trouvé le roman très prenant dans l'ensemble . |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Ven 23 Mar 2018 - 22:42 | |
| Je reprends ma critique d’Eden B. Une coupure d’électricité m’a mangé un long commentaire cet après-midi et j’ai un peu de mal à trouver le courage de tout re-raconter. Ma première version était tellement sincère que j’ai du mal à ressortir des mots aussi justes. Mais je vais faire ce que je peux. J’ai fini Le complexe d’Eden Bellwether. Quel périple ! J’ai du mal à réaliser que je l’ai terminé. C’est un livre qui m’a passionnée (je l’ai englouti, j’ai lu au travail, dans le bain, le matin avant de partir au travail - j’ai réalisé d’ailleurs que lire le matin m’apaisait énormément pour commencer ma journée, et j’étais surexcitée en rentrant chez moi le soir). Ce roman m’a aussi fascinée, choquée, et peinée. Soyons francs, ce livre n’est pas parfait. L’écriture (ou la traduction) n’a rien de remarquable, il y a quelques maladresses et quelques longueurs. Le personnage principal est à mourir d’ennui. Le roman ne sera pas un de mes romans préféré, je le sais. Pourtant… il m’a emportée, excitée, et j’y ai trouvé plein de sujets passionnants. A mesure que j’en parle, me reviennent des détails, me révélant la richesse du roman. Un jeu pervers mais fascinant où je me suis perdue, mais qui m’a enchantée, et séduite de manière très douce, insidieuse… EDIT : j’ai écrit tellement de choses que… je vais tout passer en spoiler (bien que je ne raconte pas la fin, j'en donne de sérieux indices, et je décortique pas mal de petites choses qui m’ont fait réagir, et qu’il serait dommage de connaître par avance). Pour une meilleure critique, très chouette, je renvoie à cet article de Télérama, que j’ai trouvé vraiment bien écrit et qui est une fine analyse. - Télérama a écrit:
- Persuadé que sa musique adoucit les maux, un étudiant organiste manipule son petit monde à Cambridge. Un premier roman qui agit comme un sortilège.
Rien d'étonnant à ce que le cinéma d'Alain Resnais soit évoqué à deux reprises dans ce livre diabolique, impossible à lâcher, écrit par un jeune inconnu appelé à sortir du bois. Plus particulièrement L'Année dernière à Marienbad, au détour de conversations entre les personnages, des étudiants anglais du début des années 2000, nés avec une petite cuillère d'argent dans la bouche. Amateurs de cigarettes aux clous de girofle, de pommes de terre au raifort et de punaises dans les lobes d'oreilles, ils disent que le cinéaste français les agace et les fascine, par son art de la construction labyrinthique, son sens de la musique et l'indéfinissable sensualité désincarnée de ses acteurs.
L'effet miroir est évident. Pour son premier roman, le Britannique Benjamin Wood a su dessiner une architecture du plus bel effet, aussi savante que celle du jardin de Marienbad, ménageant des allées de décompression et d'ensorcellements, des lignes de fuite et des points de recoupement. Il a aussi insufflé une âme perverse à chaque promeneur, imaginant une galerie de fieffés manipulateurs qui agissent en toute jubilation, en toute élégance aussi.
Leur gourou s'appelle Eden Bellwether, infernal organiste, envoûtant tous ceux qui l'écoutent. Jeune aide-soignant d'une maison de retraite, Oscar Lowe est de ceux qui ont tendu l'oreille à sa musique, dans la chapelle du King's College de Cambridge, en rentrant d'une journée de travail où il venait de mettre en pratique son credo de mécréant : « Aider les gens quand ils sont démunis. » Ce jour-là, il est tombé amoureux d'Iris, la soeur du musicien, gracile admiratrice cachée dans l'auditoire. Aimantée, elle aussi, par les envolées de l'orgue. Hypnotisée par les ondes émanant des doigts de son frère. Sous la coupe de cet être hors norme dont l'entourage se demande s'il relève ou non de la psychiatrie.
Benjamin Wood propose une passionnante étude de cas sans diagnostic final. Il ouvre son roman sur l'agonie de son sujet, le visage dans les joncs, les pieds dans l'eau, au fond de sa propriété familiale. Il nous présente donc l'ange exterminateur à terre. Puis le remet dans la lumière, tout au long d'un flash-back de presque 500 pages, déroulant les exactions passées d'Eden avec une précision machiavélique. La véritable maladie de son héros, c'est qu'il se prend pour un guérisseur. Persuadé que la musique a un pouvoir curatif, même sur les cas désespérés, il se prépare à une belle carrière de charlatan, mais ne voit pas qu'il est l'incarnation de son propre échec : si ses compositions symphoniques étaient aussi magiques, il aurait une santé mentale plus équilibrée. Le roman joue sur ce paradoxe, transformant les apparitions-disparitions d'Eden Bellwether en valses-hésitations terrifiantes.
Si Benjamin Wood se révèle illusionniste hors pair, à travers les perfidies les plus abyssales que manigance son personnage, c'est l'humanité du jeune auteur anglais de 33 ans qui frappe en sourdine, insistante et légère comme une basse continue. Dans l'ombre d'Eden, il y a Oscar, garçon « normal », dévoué, calme, humble. Lui aussi exerce son pouvoir de guérison sur ceux qu'il croise. En silence, sans attendre de reconnaissance ni de récompense. Benjamin Wood a écrit un livre en formes de poupées russes : Le Complexe d'Eden Bellwether, garçon de la haute, pourrait aussi s'appeler « Le Complexe d'Oscar Lowe », garçon sans le sou. Deux hommes pour une même cause : cacher ses fragilités. Deux romans pour le prix d'un : beau coup d'envoi. — Marine Landrot - Spoiler:
Et moi, pourquoi ai-je aimé Le complexe d’Eden Bellwether ? Déjà, il y a le cadre de l’histoire, qui m’a rappelé des souvenirs. L’action se passe à Cambridge, ville rythmée par la vie de ses colleges. Il y a Grantchester aussi, cette petite ville au milieu de la campagne (qui possède le salon de thé le plus littéraire et le plus champêtre de ma connaissance, et le cimetière le plus paisible de ma connaissance – pour tout dire, j’ai déjà dit à plein de gens que je voulais être enterrée là-bas , cet endroit m’a fait une forte impression). L’auteur apporte un soin particulier à dire le temps qu’il fait (pluie, vent, soleil couchant, nuages…). On pourra se moquer (parce qu’on sait tout le temps s’il fait beau ou mauvais, l’auteur n’en rate pas une !), mais en vrai, j’ai trouvé ça très bien, parce que cela traduit les mouvements d’atmosphère. Je me rappellerai l’atmosphère de l’histoire, réaliste, mais nimbée d’un quelque chose troublant, hors du temps, pesant parfois, un je-ne-sais-quoi de ouaté. Ensuite, la société rencontrée. Oscar est aide-soignant dans une maison de retraite, issu d’une famille modeste, et se retrouve à fréquenter la haute bourgeoisie britannique. Quel plaisir j’ai eu à lire cette haute bourgeoisie, désagréable, condescendante, cynique, cultivée, loin des réalités… Il m’a semblé que c’était (enfin) un portrait réaliste. Jusque-là, dans la fiction britannique, je n’avais croisé qu’une bourgeoisie idéalisée (respectable, emprunte de traditions, vaguement désuète), nimbée de nostalgie ( Downton Abbey par exemple). Mais pas cette bourgeoisie (voire noblesse) que j’ai pu croiser (et fréquenter) en France (aisance en société, snobisme désinvolte, conversations cultivées mais sans bienveillance ou écoute sincère, impropriété d’exprimer des émotions, humour cinglant doublé d’idéaux humanistes, et méconnaissance, ni volontaire ni méchante, des vrais gens). Bref, j’avais fini par me dire que le snobisme était un sport national français. Alors je suis ravie, et reconnaissante à Benjamin Wood d’avoir raconté cette bourgeoisie un peu déconnectée. Ensuite, signalons le gros bémol de l’histoire, le héros, Oscar. C’est à travers lui qu’on lit l’histoire, même si le roman est écrit à la troisième personne. Je l’ai détesté pendant les deux tiers du roman (dans le dernier tiers, le lecteur a d’autres sujets d’inquiétude, donc j’ai un peu oublié combien il m’horripilait). J’essaye de vous le retranscrire ici : j’avais contre lui des sentiments d’exaspération très forts. Oscar… on nous le présente comme quelqu’un d’intelligent et de profond… ce qui rend insupportables les moments où je l’ai trouvé ennuyeux, conventionnel, moralisateur, égoïste, possessif, pas très intelligent, maussade, niais, enamouré, et fade. Quasiment tous les moments où il apparaît donc. Je ne compte plus le nombre de passages où il m’a fait lever les yeux au ciel. En plus, il ne prend pas des décisions tellement réfléchies, et semble ensuite se demander ce qui lui arrive (je pense à toute cette histoire avec Herbert Crest). Je suppose qu’il est écrit comme ça exprès : le garçon normal avec une vraie intelligence du cœur. La caution « je ne suis pas fou, je vous rassure » de l’auteur (parce que sûrement, le faible de l’auteur est pour Eden ). Pendant un bon bout de temps donc, j’avais beau lire les injonctions de l’auteur (« aime Oscar, il est trop gentil et normal » et « Franchement Eden est horrible »), j’avais pour lui moins de compassion que pour Eden Bellwether (bon, histoire de vous rassurer, il y a bien un moment où ça s’inverse sérieusement ). Et d’ailleurs, on pourra dire ce qu’on veut, mais l’auteur aussi semble fasciné par Eden Bellwether, et à certains passages où on le voit moins, c’est comme si l’auteur avait préféré s’en éloigner, juste au cas où. Là, est le moment où je vous fais peur. J’ai conscience que ma perception d’Eden Bellwether est assez hors norme (je la déteste, cette bonne vieille norme, mais c’est peut-être pour une fois, la limite entre sanité d’esprit… et autre chose). Mais je vais essayer de m’expliquer ! J’ai été tour à tour fascinée, émue, ébranlée, sonnée par ce personnage. Comme tout personnage de roman arrogant, brillant, odieux, génial, qui se respecte, Eden m’a d’abord attirée (en toute logique ). Son intelligence évidente (et bien écrite, contrairement à Oscar « intelligent selon l’auteur » mais « pas futé selon le lecteur », pour Eden, on sent qu’il percute vite) m’a séduite. Et ce en dépit de ses caractéristiques physiques repoussantes (silhouette disloquée, hygiène contestable…). J’ai été excitée quand j’ai découvert ce personnage, car les gens comme lui se font rares dans les livres. Ça vous change un roman. Et puis, il m’a touchée. J’ai été surprise et agacée que d’emblée, parce qu’il est différent, on ait envie de le « soigner ». Alors certes, je n’avais sûrement pas compris tous les enjeux, mais tout de même. J’ai senti autour d’Eden comme une pression de la « norme », une incapacité à communiquer, une absence d’effort à communiquer surtout (dans son sens à lui, mais aussi dans celui des autres), qui m’a fait de la peine. Ce côté « je te juge parce que tu es différent, sans prendre la peine de savoir qui tu es ». J’ai retrouvé chez lui des échos de moi-même (ça m’a étonnée, inquiétée, rendue mélancolique, et beaucoup troublée) : une sorte de colère ou de dureté de surface mais un grand désarroi à l’intérieur, une détestation du monde, un questionnement sur le « pourquoi » de son existence à lui, en tant que personne intelligente… Il y a une scène en particulier qui m’a fait penser à moi (celle où ses parents annoncent leur installation en France, je me suis vue, avec la violence, l’ego-centrisme, mais une perte de repère sincère). Et aucun effort de son entourage pour ne serait-ce que d’essayer de « capter » l’essence de ce garçon. Ses parents l’idéalisent, Oscar le classe directement dans la catégorie « malade ». Personne ne peut (mais n’est-ce pas « ne veut » ?), le connaître. Je dis que cela m’a attristé, mais j’ai aussi trouvé ça bien joué de la part de l’auteur. Les Bellwether appartiennent à un milieu où on exprime peu ses sentiments. C’est ce qui est décrit là… Tout ce gâchis de cette famille-là, c’est le résultat d’un manque de communication (comme le gâchis de mille autres familles). Si vous avez lu le roman, vous pourrez m’objecter que mon regard sur Eden est biaisé. C’est très possible et quand on voit la fin… bon… Moi, je répondrai que l’auteur le fait exprès. Il y a chez Eden Bellwether un aspect quantique, qui lui permet d’être qui on veut qu’il soit ou qui il veut être (avant qu’il ne devienne ses actes). J’adore cette incertitude, cette indétermination, le libre arbitre laissé au lecteur, le libre arbitre laissé au personnage, comme si on ne savait jamais de quel côté la pièce allait tomber… Sur le reste, que dire ? La fin est dure, tout de même, elle laisse un sentiment amer. C’était attendu, mais c’est assez désolant. Parce que, comme on le sentait, les choses auraient pu prendre un chemin diamétralement opposé, on a senti ces futurs possibles pour Eden et Iris, c’était à portée de main… Alors, ce livre… Les questions posées y sont nombreuses, et l’auteur ne donne pas de réponse. J’ai tellement adoré cette liberté laissée au lecteur, ce glissement sur les réalités, c’est réconfortant, troublant, excitant… Par exemple, la frontière entre le génie et la folie ? La pathologie médicale ou le libre-arbitre ? La vérité de la science, ou autre chose, l’espoir, la religion, la métaphysique, une science un peu en avance ? J’ai aimé cette indétermination des personnages. Ceux qui sont trop intelligents et qui se noient volontairement dans leurs travers, avec un goût morbide pour le sensationnel. Ces grands-pères qui ont beaucoup vécu, mais qui n’ont pas vraiment trouvé la sagesse. Jane la copine d’Eden qui doit être un personnage fantastique mais qu’on connaît bien peu. Et Eden encore, qui peut devenir ce qu’il veut, qui veut être désespérément… Il m’a fait penser à Yohann, du manga Monster, à qui on dit petit « les hommes peuvent devenir ce qu’ils veulent »...
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| | | nephtis Ethereal Wings on the Nile
Nombre de messages : 10403 Age : 60 Localisation : sud Date d'inscription : 15/02/2006
| | | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Jeu 5 Avr 2018 - 11:00 | |
| J'ai terminé Le complexe d'Eden Bellwether et même si j'ai bien aimé, ce ne sera pas un coup de coeur. J'ai eu du mal à éprouver de l'empathie pour les personnages, et je suis un peu frustrée par cette fin, j'aurais aimé en savoir plus sur les conversations Eden/Crest... Après, je te rejoins Annwvyn sur la description de la haute société anglaise que j'ai beaucoup aimé ! Ça m'a fait penser aux romans de Julian Fellowes (pas à Downton en effet ) qui sont assez critiques et acerbes à mon souvenir. Ce fut une lecture intéressante par certains aspects, mais je ne pense pas en garder un souvenir impérissable... |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Ven 6 Avr 2018 - 14:31 | |
| Je suis contente que tu aies au moins apprécié ta lecture, Ju. Je ne m'attendais pas à ce que tu aimes autant que moi, parce que j'ai conscience que l'auteur aborde des thèmes qui résonnent personnellement en moi. Concernant les conversations - Spoiler:
Crest/Eden, je suis partagée. Moi aussi j'aurais aimé que l'auteur les raconte... mais j'aime aussi cette part de mystère laissée autour. Il suggère le dialogue de deux esprits supérieurs, je crois que c'est plus fort pour le lecteur que s'il en avait révélé la teneur exacte.
De mon côté, j'ai fini hier soir le deuxième ouvrage de l'auteur, L'écliptique. Je l'avais repéré avant de lire Eden Bellwether, à sa couverture... qui au fond ne lui va pas vraiment. Ne lisez pas non plus la quatrième de couverture, elle est à la fois trop bavarde, à la fois pas tellement pertinente. L'écliptique, raconte à la première personne, les pérégrinations intellectuelles d'Elspeth Conroy, jeune peintre surdouée, d'origine modeste, dans l'Angleterre des années 60. Elspeth ayant connu un blocage artistique, elle s'est réfugiée dans une résidence fermée, sur l'île d'Heybeliada au large de la Turquie, réservée aux artistes comme elle qui ne parviennent plus à se concentrer sur leur oeuvre. Je m'arrêterai là. L'écliptique parle avant tout du parcours créatif d'Elspeth, de sa formation, des gens qu'elle a rencontrés, de ses sources d'inspirations, de ses zones d'ombres... Des personnages évoluent autour d'elle, il y a des péripéties, mais le roman est surtout le récit de la lutte d'Elspeth contre elle-même, et une recherche perpétuelle d'un chemin créatif autour d'une oeuvre en particulier. Je crois que je me suis contentée d'une vague curiosité pendant une très grosse partie de ma lecture (en partie toutes ces séquences d'expositions, et ce milieu des marchands d'art, ça me parlait trop peu). Le livre ne me passionnait pas, je le trouvais seulement intéressant, précis, clinique presque (c'est loin d'être une immersion dans les émotions de la narratrice, qui paraît à première vue assez terre-à-terre), retranscrivant au travers de situations précises les méandres de l'esprit d'un artiste, qui veut créer (sa formation, ses sources d'inspirations, ses points de blocage). Seulement, c'était très précis et très dense, et j'avais l'intuition qu'il fallait attendre la fin pour juger l'ensemble. Et c'était tout à fait ça. Je crois que la fin est très critiquée. Je peux dire qu'elle a emporté mon adhésion. J'ai lu sans voir le temps filer hier soir, jusqu'à une heure du matin (donc je suis fatiguée aujourd'hui ). La fin m'a tenue en haleine, avec ce côté "la boucle est bouclée", un véritable aboutissement, un déchirement aussi (mais j'ai eu très peur que ce soit pire...). Une fois le livre fini, on comprend Elspeth et comment elle travaille et fonctionne. A la fin du livre, Elspeth est un personnage complet, avec une apparente "normalité" mais une complexité réelle. Jusqu'au bout, on espère pour elle. Je garde le livre au coeur, contre toute attente (alors que je me suis un moment imaginée le revendre, par ennui). Je suppose donc que je l'ai aimé. Il est très intéressant sur le travail d'un artiste, en particulier à titre pédagogique pour moi, qui veux être écrivain (je suis ravie de l'avoir lu juste après Un lieu à soi de Virginia Woolf, on y retrouve des thèmes proches). La part belle est faite au travail fastidieux et sans chemin tracé d'avance (ce qui est rare, souvent les récits portant sur les artistes ne parlent que de fulgurances créatives), et à l'implication qu'une oeuvre peut parfois (ou doit toujours ? ) demander de son auteur. Elspeth ne veut pas produire une oeuvre belle, elle ne cherche pas non plus à être comprise grâce à ses oeuvres, elle m'a plutôt semblée en quête de vérité, vouloir instinctivement retranscrire en peinture ce qu'elle irait volontairement rechercher au fond de son inconscient. C'est dur pour l'équilibre, nécessaire pour l'Art, et ça nous emmène peut être un peu trop loin... Allons, encore un roman original et plus riche qu'il en a l'air de la part de Benjamin Wood ! |
| | | cléopatre Traveler of both time & space
Nombre de messages : 12762 Age : 30 Localisation : Santa Carla Date d'inscription : 25/04/2012
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Ven 6 Avr 2018 - 21:37 | |
| Ce deuxième roman m'intéresse merci pour ton avis! J'avoue que j'ai pris le complexe d'Eden à ma bib et que je n'ose pas le lire je vais peut-être me rabattre sur 2ème donc |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Sam 7 Avr 2018 - 11:56 | |
| Bonne idée Cléopâtre ! Depuis hier, je suis en manque de ma dose d' Ecliptique. Je crois que ça me faisait du bien de voir comment une personne seule peut réussir à s'organiser, et à réguler ses moments de création. Je suis à nouveau un peu angoissée depuis que j'ai fini ce roman... |
| | | cléopatre Traveler of both time & space
Nombre de messages : 12762 Age : 30 Localisation : Santa Carla Date d'inscription : 25/04/2012
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Sam 7 Avr 2018 - 12:24 | |
| C'est une réaction qui donne envie de le lire |
| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5721 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Sam 7 Avr 2018 - 16:18 | |
| Vos avis sur ces deux romans m'intriguent et m’intéressent beaucoup, je crois que je vais me lancer plus tôt que prévu |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Sam 7 Avr 2018 - 19:03 | |
| Tiens, je me rends compte que je n'avais pas posté la photo de mon édition de Eden B. Ce n'était pas Zulma, comme MissAcacia plus haut, mais Livre de Poche. J'aime beaucoup cette photo de King's College. |
| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5721 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether Dim 8 Juil 2018 - 14:34 | |
| Ça fait un petit moment que j'ai terminé le roman, mais j'ai un peu de mal à donner mon avis Je l'ai lu d'une traite (pas en 1 jour je vous rassure, mais sans en lire d'autres en parallèle, je trainais le bouquin de partout ). C'est un peu comme si j'avais été happée par cette histoire. A des moments j'avais même l'impression de connaitre en vrai les personnages du bouquin, peut-être parce que l'atmosphère du roman est très réaliste (dans mon esprit c'est clair, mais je ne sais pas si j'arrive bien à en retranscrire l'idée par écrit). Malgré tout je ne peux pas dire que j'ai vraiment aimé le roman, car l'ambiance en était trop tendue et malsaine à mon goût, surtout vers la fin. J'ai aussi trouvé que le roman trainait un peu en longueur et qu'au contraire la fin semblait un peu bâclée et donc pas tout à fait convaincante. Par contre, j'ai bien aimé toutes les références, les citations et les réflexions que l'on trouve à chaque coin de page. Comme elles servent le récit aussi, on peut s'y arrêter si cela nous intéresse ou les laisser filer comme un bout de l'histoire. J'ai trouvé cette façon d'écrire très ingénieuse. Pour les personnages, je n'ai pas particulièrement aimé Oscar qui est trop mou et trop influençable pour être vraiment sympathique, malgré ses grandes qualités humaines. Mais la situation dans laquelle il a été embarquée n'était pas évidente non plus et le confrontait directement à ce qu'il voulait le plus éviter (sa condition) et ce à quoi il aspirait sans en être tout à fait conscient peut-être. Je n'ai pas particulièrement aimé Eden non plus, il est "trop". Trop exigeant, trop égoïste, trop intelligent, trop doué, trop vaniteux, trop nocif pour son entourage.... et je ne m'empêcher d'ajouter tellement incompris, ce qui le rend touchant. Mais pas sympathique pour autant. J'ai eu, dès le début, une méfiance vis-à-vis d'Eden. Non pas parce qu'il est différent du commun des mortels ou qu'il ne rentre pas dans une case remplie de bienséance et de "normalité", mais parce que je sentais qu'à tout moment il pouvait glisser du "côté obscur de la force" pour reprendre une autre référence bien connue Iris, je n'ai pu la voir autrement que comme une victime. Quant aux autres membres du groupe, seule Jane m'a paru vraiment agréable et attachante, mais on la connait bien peu ! Pour conclure, je dirai que j'ai passé un bon moment de lecture, mais qu'il ne fera pas partie de mes livres préférés |
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| Sujet: Re: Benjamin Wood: le Complexe d'Eden Bellwether | |
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