Emma - chapitres 9 à 26: deuxième semaine

J'ouvre en coup de vent ce deuxième topic... mais vous connaissez le chemin.

Cette partie s'ouvre sur un jeu de charade où l'on voit bien qu'Emma, par son aveuglement, peut potentiellement faire beaucoup de mal à cette pauvre Harriet.

A vous lire

J'en suis à peu près au milieu de la partie de cette semaine, mais je poste déjà parce que je voulais savoir si c'est seulement dans mon édition qu'après le chapitre 18 (si je me souviens bien, je n'ai pas le livre sous les yeux), on passe au volume 2...chapitre 1 ? Du coup, le chapitre 26 est bien le chapitre 7 du volume 2 ?

Emma devient bien plus sympathique dans cette partie du roman, en particulier parce que (contrainte et forcée, certes), elle finit par se rendre compte de l'erreur qu'elle a faite en poussant Harriet vers M. Elton. Elle s'en sent coupable et désire réparer cela, mais pour le coup, n'essaie plus de la marier (ouf !). Par contre, elle ne regrette pas de l'avoir éloignée de M. Martin...Cela viendra probablement.
Et M. Franck Churchill continue à jouer l'arlésienne

Je m'arrête là pour le moment, j'en dirais plus lorsque j'arriverai au chapitre 7 du volume 2, donc.

Oui, Léti, c'est pareil pour moi, et ta conclusion paraît juste : le chapitre 7 du volume II Ce doit être le chapitrage d'origine.

J'en suis au même point que toi, mais je passe quand même dire combien j'adore la scène de la demande en mariage de M.Elton dans la voiture qui le ramène avec Emma de Randalls. Tout me plaît dans cette scène : l'outrecuidance et l'humiliation de cet homme dont la suffisance et la superficialité apparaissaient déjà dans la cour qu'il faisait à Emma. Mon Dieu, ce romanesque à l'eau de rose !! Et surtout l'humiliation d'Emma qui s'augmente du fait qu'il ait pu penser que tout ce fatras de fausse poésie aurait pu lui plaire ! Emma considère Harriet avec ce qu'on appellerait aujourd'hui du paternalisme : elle la pense inférieure par son esprit, ses origines, elle la prend sous sa protection, mais elle considère aussi M.Elton comme son inférieur, puisqu'elle les trouve assortis. Il prend conscience à la fois que son rêve doré (épouser une héritière et grimper dans la petite échelle sociale de l'endroit) est une illusion, et qu'Emma le considère comme très inférieur à elle. L'humiliation et la colère des deux personnages sont très intéressantes : chacun est blessé dans sa vanité, dans la haute opinion qu'il a de lui-même ! Heureusement pour Emma que la pensée du chagrin de Hariet et la prise de conscience de son erreur la sauvent de cet apitoiement sur elle-même et la poussent à une attitude moins égoïste. Elle apprend qu'elle peut se tromper, qu'elle n'est pas infaillible, et vu son âge, on peut dire qu'elle apprend à mûrir et à devenir adulte !

Merci de ta réponse, Clinchamps
Vu que, si j'ai bien compris, nous le lisons dans la même édition (Pléiade), c'est effectivement assez logique que nous ayons le même découpage Mais je viens de vérifier dans l'édition anglaise, et on repart aussi au chapitre 1 dans le volume II. C'est donc bien le découpage d'origine.

Ah ah, j'ai moi aussi adoré cette scène, que tu décris très bien
Je n'avais pas réalisé que pour M. Elton, à l'humiliation d'être refusé (ce qui, en soit, ne doit pas êtree particulièrement agréable :p) s'ajoute celle de voir qu'Emma lui "destinait" Harriet, au rang manifestement inférieur.

Et sinon, lors de la première partie, certaines d'entre nous comparaient parfois Mr Woodhouse avec Mr Bennet (dans leurs relations avec leurs filles) mais très clairement, c'est à Mrs Bennet, qu'il me fait penser ici ! "Mes pauvres nerfs" ! Mais il a accepté de sortir sous la neige pour noël, et là, chapeau bas.

Il n'avait pas vu la neige !!! Et personne ne l'avait alerté de peur qu'il ne change d'avis.

J'ai presque terminé mais je voudrais revenir sur un petit passage du chapitre X, qui m'a marqué par un parallélisme de forme avec la célèbre première phrase d'Orgueil et Préjugés:

Le mariage de Mr Elton avec Harriet est encore à l'ordre du jour dans l'imagination de nos deux amies mais Harriet s'inquiète pour l'avenir d'Emma:

Citation :

"But still, you will be an old maid - and that's so dreadful !"

A quoi Emma répond:

Citation :

"Never mind, Harriet, I shall not be a poor old maid ; and it is poverty only which makes celibacy contemptible to a generous public ! A single woman with a very narrow income must be a ridiculous, disagreaable old maid ! The proper sport of boys and girls ; but a single woman of good fortune is always respectable, and may be as sensible and pleasant as anybody else ! And the distinction is not quite so much against the candour and common sense of the world as appears at first ; for a very narrow income has a tendency to contract the mind, and sour the temper. [...]"

A mettre en parallèle avec "It is a truth universally acknowledged that a single man in possession of a good fortune must be in want of a wife."

Bien sûr tout le propos est ironique, l'auteur se moque soit d'elle-même en tant que vieille fille pauvre soit de son personnage qui fait des distinctions de fortune pleines de préjugés du haut de ses vingt-et-un ans. Elle se moquait aussi des pauvres célibataires fortunés devenus gibiers pour des mères de filles à marier dans O&P. Mais on retrouve aussi des traces de l'aversion de Jane Austen pour le mariage (au moins les aspects liés aux maternités récurrentes et épuisantes telles que les ont vécues ses belles-soeurs). Au célibataire fortuné, le mariage ; à la célibataire fortunée, la liberté* !
Mais j'avoue, que toute ironie mise à part, j'aime bien ce côté non conventionnel et épris de liberté d'Emma qui affirme haut et fort qu'elle ne se mariera pas par conformisme aux voeux de la société puisqu'elle a les moyens de faire autrement.

* Comme le chantait Michèle Arnaud sur des paroles de Boris Vian: Ne vous mariez pas les filles, ne vous mariez pas !

Spoiler:

MissAcacia a écrit:

Au célibataire fortuné, le mariage ; à la célibataire fortunée, la liberté* !
Mais j'avoue, que toute ironie mise à part, j'aime bien ce côté non conventionnel et épris de liberté d'Emma qui affirme haut et fort qu'elle ne se mariera pas par conformisme aux voeux de la société puisqu'elle a les moyens de faire autrement.

Tout à fait !! Cette petite jeune fille a du potentiel, et elle sera très bien dès qu'elle aura un peu oublié ses préjugés de classe ses a-priori, et surtout quand elle se remettra en question, ce qu'elle ne tardera pas à faire, d'ailleurs !!

J'ai terminé cette seconde partie du challenge.

Il est précisé dès les premières lignes du roman qu'Emma "allait atteindre sa vingt et unième année sans qu'une souffrance même légère l'eût effleurée". Dès le départ, le ton est donné : nous allons voir Emma grandir et cela commence avec la demande en mariage de Mr. Elton. Ce dernier, que je trouvais simplement fade au début de l'histoire, m'est désormais antipathique. clinchamps et Léti, vous avez exprimé tout ce que je pense à son sujet.

Pour en revenir à Emma, j'apprécie beaucoup de la voir commencer à réfléchir aux conséquences de ses actes. Emma est une jeune femme intelligente, jolie et plus ou moins talentueuse. Sa position sociale lui confère une certaine admiration de la part de son entourage. Cependant, elle est assez lucide pour se rendre compte de ses limites... sauf en ce qui concerne la vie privée d'autrui. Elle manque clairement de perspicacité et d'expérience. Mr. Knightley est un peu sa conscience, celui qui n'a pas peur de la regarder avec objectivité et de la remettre dans le droit chemin... Il est même allé jusqu'à prédire les "sentiments" de Mr. Elton. C'est un personnage très intéressant.

Mr. Woodhouse est un brin énervant d'être à ce point hypocondriaque mais je ressens pour lui une certaine tendresse, sûrement parce qu'Emma fait preuve de patience et d'amour pour lui...

Les Weston sont un couple tout à fait charmant. Des personnages secondaires qui me font, surtout pour Mrs Weston, penser à Jane et Mr. Bingley.

Etant donné que vous n'avez pas terminé cette partie du challenge, je n'ose pas trop aller plus en avant sur l'intrigue (même si je me doute que vous connaissez déjà le roman ).

Je viens de terminer aussi, sur le mystère du pianoforte, un évènement de nature à alimenter la machine à potins de Highbury durant des mois...

Un autre passage m'a marquée, auquel je n'avais pas prêté attention lors de ma première lecture. C'est le fait, souligné lors de la visite des Weston - Churchill (excellent jeu de mot prémonitoire avec un bon siècle d'avance - Jane Austen est trop forte) à la salle de l'auberge, susceptible d'accueillir un bal. On sent bien alors que Highbury est plutôt sur une pente descendante et que la prospérité du bourg appartient au passé.
Du coup, je comprends encore plus qu'une jeune fille comme Emma, dotée d'une intelligence vive et recluse dans ce village en raison du caractère de son père, soit à l'affut du moindre amusement, de la moindre occasion de s'occuper et d'occuper son esprit. Je n'imagine même pas pouvoir vivre sa vie. Quel ennui. Je me sens donc beaucoup plus indulgente à son égard, car même si elle se fourvoie et laisse son imagination galoper sans frein, notamment au sujet du fameux Mr Dixon, je ne peux décemment lui en vouloir.
Dans cette même scène l'auteur revient sur ce qui constitue finalement une clef de voute du roman: les distinctions de classe. Car en effet, la salle de bal abandonnée par ses danseurs est devenue le lieu de réunion du club de whist qui accueille "gentlemen et half gentlemen". Qu'est qu'un demi-gentilhomme ? les avoués, les médecins ? Y a t'il des quarts de gentilhomme ?

Lors de la soirée chez les Cole, les commentaires ironiques de l'auteur sur le petit monde highburien qu'elle a créé fusent:

Citation :

There was no occasion to press the matter farther. The conviction seemed real; he looked as if he felt it. She said no more, other subjects took their turn; and the rest of the dinner passed away; the dessert succeeded, the children came in, and were talked to and admired amid the usual rate of conversation; a few clever things said, a few downright silly, but by much the larger proportion neither the one nor the other -- nothing worse than every day remarks, dull repetitions, old news, and heavy jokes.

Les voilà habillés pour l'hiver... et l'auteur s'évite de longs développements sur la fin du dîner tout en nous en donnant les éléments essentiels, dans la plus pure routine Highburienne.

Cette scène chez les Coles est très intéressante. Pour la première fois Mrs Weston évoque le fait que Mr Knightley pourrait être amoureux de Jane Fairfax. Emma réfute l'hypothèse mais ses arguments ne tiennent pas vraiment la route. Quant à elle on l'associe à Frank Churchill. Le chassé-croisé se met en place...

Et mon avis est totalement décousu, tout va bien .

Alors Angé, la fin de la partie (même si tu es allée bien au-delà) ?

J'aime beaucoup la réponse d'Emma à Mrs Weston "C'est impossible, d'ailleurs Donwell doit revenir au petit Henri !" Si ce n'est pas de l'hypocrisie, ça !

Spoiler:

MissAcacia a écrit:

Alors Angé, la fin de la partie (même si tu es allée bien au-delà) ?

Je mélange un peu la série et le roman

C'était très amusant de lire les raisons qui poussaient les Cole à ne pas inviter immédiatement Emma (tout le monde se plie vraiment en quatre pour Mr. Woodhouse ! ) ainsi que de l'argumentation et de l'effort de tous pour convaincre Mr. Woodhouse de laisser Emma aller au dîner.

@clinchamps : en effet, une fois qu'on connaît l'issue, cette citation est très drôle

J'ai vraiment ce sentiment qu'Emma est le roman le plus comique de Jane Austen. La subtilité avec laquelle elle manie l'ironie et l'humour sont un vrai délice ! ... P&P n'étant pas loin derrière.

Je suis en retard

MissAcacia a écrit:

Au célibataire fortuné, le mariage ; à la célibataire fortunée, la liberté* !
Mais j'avoue, que toute ironie mise à part, j'aime bien ce côté non conventionnel et épris de liberté d'Emma qui affirme haut et fort qu'elle ne se mariera pas par conformisme aux voeux de la société puisqu'elle a les moyens de faire autrement.

et aussi

MissAcacia a écrit:

Du coup, je comprends encore plus qu'une jeune fille comme Emma, dotée d'une intelligence vive et recluse dans ce village en raison du caractère de son père, soit à l'affut du moindre amusement, de la moindre occasion de s'occuper et d'occuper son esprit. Je n'imagine même pas pouvoir vivre sa vie. Quel ennui. Je me sens donc beaucoup plus indulgente à son égard, car même si elle se fourvoie et laisse son imagination galoper sans frein, notamment au sujet du fameux Mr Dixon, je ne peux décemment lui en vouloir.

J'aime de plus en plus le personnage d'Emma, notamment le fait qu'elle connaisse ses limites (au moins dans le domaine de la musique ), le passage où elle est dégoûtée de ne pas savoir jouer aussi bien que Jane et où elle se met donc à jouer une heure et demi...

Et la déclaration d'Elton, j'aime beaucoup comment Jane Austen l’amène ! Emma est persuadée qu'il s'intéresse à Harriet mais en même temps elle se pose parfois une question ou deux et après elle se dit "mais naaaan c'est Harriet qu'il aime", et à côté on a Mr. Knigthley qui avait déjà venu venir le sieur Elton gros comme une maison... Bref, j'adore la narration omnisciente pleine d'ironie de NA, mais en fait j'aime aussi quand Jane "s'efface" ! La déclaration elle-même est drôle, avec leur orgueil et la haute estime qu'ils se font d'eux-même tous les deux ! Je suis sûre qu'elle rend super bien sur écran !

Heureusement, Emma se rend compte du mal qu'elle a pu faire à Harriet (la pauvre, tellement malléable ! ses revirements Elton/Martin sont drôles et peu tristes en même temps...) même si le Martin n'a pas encore ses faveurs. Je suis pourtant sûre qu'ils formeraient (formeront ? ) un joli couple tous les deux !

Mais je crois que ma scène préférée dans cette partie, c'est celle de la soirée chez les Cole, notamment quand Mrs. Weston dit à Emma qu'elle pense que Mr. Knigthley finira par se marier avec Jane Fairfax... La réaction d'Emma on sent bien qu'il y a quelque chose de plus dessous. Un peu comme quand Mr. Knigthley déclarait avant l'arrivée du fameux Frank qu'il pensait que c'était un fat et que c'était "un homme qui ne m'intéresse pas du tout" ("avec tant d'humeur qu'Emma se mit à parler d'autre chose, bien qu'elle ne comprît pas pourquoi il était si fâché." (et bien moi Emma j'ai ma petite idée sur la question )

Il y a une scène que j'aime beaucoup, question double langage, et que l'on ne comprend bien qu'à la relecture : c'est quand ils sont chez les Bates et que Franck Churchill, tout en faisant croire à Emma qu'il ne cherche qu'à mettre Jane dans l'embarras, dit à celle-ci combien il l'aime et combien son affection pour elle a guidé son choix du piano et des partitions... Sous le couvert du nom de Campbell(nous pourrions mettre "je" à la place, alors qu'Emma croit y mettre "Dixon"), c'est une vraie déclaration et en même temps une façon de se mettre en valeur aux yeux de celle qu'il aime :

Citation :

" tout cela (les mélodies irlandaises) a été envoyé avec l'instrument. Très attentionné de la part du Colonel Campbell, n'est-ce pas ? Il savait que Mlle Fairfax ne pouvait se procurer de musique ici. C'est un aspect de sa prévenance que j'estime tout particulièrement ; cela montre que le geste venait du fond du cœur. Cela n'a pas été fait à la hâte, ni à moitié. Seule une affection véritable peut avoir inspiré pareille conduite."

Jane entend : "Vois comme je pense à toi, comme je suis un amoureux parfait et comme je t'aime"
Emma entend " Je dis Campbell mais je pense Dixon, je vais la pousser dans ses retranchements".

Ce langage à double sens, cette scène à double fond est d'une habileté de plume extraordinaire !! Elle justifierait à elle seule de reprendre la lecture au début, une fois les secrets dévoilés...

Merci pour tous vos commentaires et réflexions

Bon, j'ai enfin terminé, à mon tour, à peine un peu en retard.

Vous avez déjà dit beaucoup de choses, je ne vais pas y revenir.

Emma devient effectivement plus attachante au fur et à mesure. Elle continue toutefois à être un peu agaçante à toujours se préoccuper de classes sociales. D'ailleurs, c'est une thématique importante du roman, et je dois dire que cela me laisse un peu froide...(ceci dit, c'est plutôt agréable en ce moment ) Mais bon, c'est intéressant d'un point de vue historique
Mais elle continue à vouloir caser les gens, ici, Jane Fairfax avec M. Dixon, et je n'ai pas bien compris ce qui lui avait mis cela dans la tête ?

J'ai beaucoup aimé le passage où elle explique ne pas vouloir se marier. Et j'ai beaucoup rit lorsqu'elle explique que M. Knightley ne doit pas se marier non plus   En fait, elle ne le sait pas, mais elle lie déjàun peu leurs destin, quelque part ( je n'ai pas lu la suite, hein, ne me spoilez pas dans vos réponses please   Je suis peut-être complètement à coté de la plaque, cela me ressemblerait bien   )

Du point de vue du style, je ne sais pas si je me suis habituée ou si c'est le reflet d'une réalité, mais je n'ai pas buté sur certaines phrases comme au début Mais je rame à continuer à lire en anglais, heureusement que j'ai la traduction sous la main :p

Léti a écrit:

Mais elle continue à vouloir caser les gens, ici, Jane Fairfax avec M. Dixon, et je n'ai pas bien compris ce qui lui avait mis cela dans la tête ?

En fait elle fait une série d'élucubrations sur le fait que Jane Fairfax n'ait pas voulu accompagner les Campbell en Irlande, ce qui lui paraît étrange. Comme elle est jolie, que Miss Campbell l'est beaucoup moins et que Franck Churchill (ou Miss Bates ?) lui laisse entendre que Mr Dixon, le fiancé de Miss Campbell, apprécie la musique de Jane et a été assez attentionné avec elle, Emma en déduit que bien que fiancée à Miss Campbell, il est tombé amoureux de Jane Fairfax. Et donc, cette dernière l'évite par loyauté pour les Campbell et sens moral...
C'est ce que j'ai compris du moins .

C'est tout à fait ça...entièrement le fruit de l'imagination d'Emma, qui a la sottise de le laisser entendre à Franck, qui se jette dessus "comme une cane sur un hanneton", trouvant trop drôle cette fable, lui qui sait très bien de qui Jane est amoureuse... Non seulement il se sert d'Emma comme paravent, mais il l'enfonce dans son erreur !!

Ça y est, j'ai terminé cette seconde partie et je redecouvre pleins de choses. D'abord le "paternalisme"d' Emma, , comme l'a signalé Clinchamps, envers Harriett et envers les pauvres qu'elles visitent toutes deux.
Ensuite Jane Austen s 'arrête sur le couple Isabella/John et je trouve ce chapitre très intéressant car les 2 sont montrés comme assez fades; Isabella représente la femme de cette époque devenue mère et qui se consacre entièrement à ses enfants. John paraît un peu irascible, agacé par les interventions incessantes de M. Woodhouse. Mais du coup le couple Emma/M. Knightley prend du relief, semble plus intéressant. Emma , tout en finesse, parvient à faire dévier la conversation et face aux deux autres ils font bloc et sont présentés comme un couple pour la première fois.
Clinchamps a très bien décrit la scène de la déclaration de M.Elton, La manipulatrice Emma a trouvé son maître! La situation lui échappe, c'est la première crise du roman. Mais elle se remet en cause aussitôt et ça c'est une qualité essentielle pour Jane Austen.
Pour finir quelques mots sur Frank Churchill et son arrivée annoncée puis reculée. Emma prend sa défense sans même le connaître, étrange! M.Knightley fait le contraire et il en fait trop: on peut penser qu'il est déjà jaloux de ce jeune homme que tout le monde encense. Mais grâce à lui, le lecteur se méfie de Frank dès le début, de ses belles paroles, de ses compliments, de son intimité factice qvec Emma dès qu'il fait sa connaissance. Bref on est sur nos gardes et Emma aussi.

Je redécouvre moi aussi beaucoup de choses avec cette deuxième partie, entre autres :
- le manque de manières de John Knightley!
- la façon dont Emma influence Harriet
- Jane Fairfax est une énigme
- la présence en filigrane de Mr Knightley, rarement sur le devant de la scène, mais incontournable!