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| La Coupe d'or (1903), le livre. | |
| | Auteur | Message |
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serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: La Coupe d'or (1903), le livre. Sam 13 Fév 2016 - 16:09 | |
| - cat47 a écrit:
- je rame toujours avec The Golden Bowl, qui est la parfaite illustration de ce qu'on entend par style esthétisant : il y a une telle maîtrise dans ce livre que je suis totalement larguée par toute cette virtuosité. Mais je le lis en anglais, ceci expliquant peut-être cela. J'ai aussi lu avec plaisir quelques nouvelles de James en français ces derniers mois, je pense que le style n'est pas très différent mais la peinture nuancée et minutieuse des sentiments est sans doute plus facile à apprécier dans sa propre langue.
- cat47 a écrit:
- Me voilà au bout de mes peines, j'ai terminé The Golden Bowl.
Je me jette avant tout quelque fleurs pour avoir respecté mon délai auto-imposé (après environ deux ans de procrastination, je m'étais donné jusqu'à fin 2010 pour finir le roman). Je ne m'en fixerai plus un de même style avant longtemps, je peux le promettre.
Mais comment se fait-il que ce livre, celui dont James était le plus fier, celui qui est souvent considéré comme son chef-d'oeuvre, m'ait donné autant de fil à retordre alors que j'adore sa prose dans Daisy Miller et The Turn of the Screw? Je ne sais pas combien de fois je me suis posé cette question et j'ai fini par trouver une réponse dans l'introduction de mon édition, écrite par Gore Vidal (lui-même romancier et dramaturge). Vidal distingue trois périodes dans la carrière de James : James I, le romancier traditionnel du XIXe siècle ("busy with the usual comings and goings of the orfinary fiction writer"), James II, le réaliste discipliné dont The Portrait of a Lady représente l'apothéose, et finalement James III, The Old Pretender, le magicien qui brise sa coupe d'or sans perdre sa magie (par opposition à Prospero qui brise son bâton magique dans The Tempest).
De cette analyse, je déduis que je pourrai un jour me lancer dans la lecture de The Portrait of a Lady, puisque ce dernier n'appartient pas à la période "magique" (ça me fait quand même un petit peu peur, car The Ambassadors, qui est sur ma PAL lui aussi, semble y appartenir). Je cherche également à comprendre en quoi consiste cette magie et pourquoi elle ne fait pas d'effet sur moi ou seulement celui d'un puissant somnifère.
Et je crois que je cerne à peu près la chose, Parvenu au sommet de son art (The Golden Bowl est son avant-dernier roman), James en utilise toutes les finesses pour se livrer à un décorticage millimétrique des plus infimes pensées de ses personnages. D'une intrigue somme toute ténue, il tire une analyse en profondeur des défis auxquels peut être confronté un couple. C'est sans aucun doute magistral et on peut dire qu'il démontre une maîtrise de la langue époustouflante, mais ça n'a pas fonctionné sur moi. James en fait trop : trop de répétitions, trop de propositions subordonnées, trop de recherche de précision dans le choix des mots. On en vient à une prose dont tous les mots sont connus (et même plutôt simples) mais dont l'assemblage est tellement alambiqué qu'il faut s'y prendre à plusieurs fois pour comprendre de nombreux passages.
Bien sûr j'aurais peut-être dû lire ce roman en français, j'aurais pu peut-être ainsi plus facilement comprendre ses subtilités, mais en lisant les quelques critiques postées sur amazon.uk, je me dis que la vérité est ailleurs. J'aurais aimé être capable d'écrire une critique en pastichant l'auteur, comme l'a fait cet internaute malin.
- Tom Will sur amazon.uk a écrit:
- Who would have guessed that, despite his intrinsic, nay, atavistic desire (at least, that is how he characterized it to himself), to use when writing, as a matter of policy, the most long-winded and almost incomprehensibly tortured syntax, crawling through an infinity of sub-clauses, that he would one day, perhaps not during his lifetime but certainly in the near future, become acknowledged, by his own enemies no less, as one of the greatest and most tedious writers of the century, or indeed, of any other?
Trêve de théorie, juste pour le fun, un extrait :
Je vois tout de même un gros avantage à tout cela, c'est que je suis sûre que je vais préférer l'adaptation au bouquin. Il me semble parfaitement impossible d'illustrer toutes les circonvolutions intellectuelles de James à l'écran. Si Ivory s'en tient à l'essentiel, ça sera sûrement intéressant, car à la base, l'intrigue tient la route. - toxicangel a écrit:
- Je ne sais pas si je lirai un jour The Golden Bowl après un commentaire pareil (encore que, les phrases à rallonge, c'est pas le genre de trucs qui me fasse peur ). Une seule chose certaine : si je le fais, ce sera en Français (mais bon ça je le savais déjà avant ton commentaire).
Après, j'ai vu The Golden Bowl le film et il m'avait beaucoup plu. Et puis Jeremy Northam et Nick Nolte, quoi ! Par contre, je ne suis pas du tout certaine qu'il te plaise. Toi qui avait déjà eu des réticences avec Ivory pour La comtesse blanche, si on rajoute en plus le fait que le livre ne t'a pas plu, je crois que tu risques d'atteindre le summum du dégoût . |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. Mar 18 Fév 2020 - 10:40 | |
| (Je viens meubler un peu ce pauvre topic ) J'ai donc lu La coupe d'or et comme je l'ai précisé dans Que lisez-vous ?, il m'a fallu une bonne année pour l'achever Simplement parce que je lisais 2,3 chapitres puis le reposais pour quelques mois : j'aurais évidemment pu m'obliger à être plus "disciplinée" mais étais quasi incapable de lire plus à la fois tellement la lecture était dense. L'impression qu'une page lue comptait double, si ce n'est triple Et il y a presque 700 pages. J'ai cependant l'impression d'exagérer parce qu'en soi, le livre n'est pas SI compliqué. Je l'ai même parfois et même souvent trouvé étonnamment fluide et lisible (les dialogues en particulier et ils sont, toute proportion gardée, relativement nombreux). En fait ce roman est empli de paradoxes, de contrastes, qui en font la richesse, l'intérêt, mais aussi la difficulté ou l'ennui. Pour décrire brièvement l'histoire : ça se passe à Londres, il y a un Américain, industriel richissime et sa fille, extrêmement attachés l'un à l'autre. Cette dernière épouse un prince romain désargenté et afin que son père ne se retrouve pas seul, l'incite à se remarier avec une jeune femme de son âge, une de ses amies (à la fille). Le lecteur apprend d'emblée (ce n'est pas un spoiler) que le prince et elle entretenaient une liaison mais le duo père et fille n'est pas au courant. Le récit tient donc à la fois du drame et de la comédie. L'intrigue, même si l'imbroglio humain est fort compliqué, reste assez mince (il ne se passe vraiment pas grand chose) - c'est un véritable tour de force de la part de James d'avoir autant développé (après, était-ce à ce point nécessaire...). Même s'il parvient néanmoins à soutenir l'intérêt et faire preuve d'une certaine dose de suspense. Les personnages sont très intéressants, toujours entre ombre et lumière, on ne sait jamais ce qu'ils pensent, savent, veulent réellement. Il y a des phrases que j'ai dû relire 2, 3 fois sans finalement comprendre. Des répétitions lassantes, l'impression que "ça n'avance pas". D'autres passages que j'ai trouvés étincelants, tant d'acuité psychologique que de pure beauté littéraire. Ce roman est un peu une épreuve mais qui en vaut la peine |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14359 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. Mar 18 Fév 2020 - 12:29 | |
| Merci pour ton commentaire Dulcie, et de ressusciter ce topic . - Dulcie a écrit:
- Ce roman est un peu une épreuve mais qui en vaut la peine
Bien que peu familière de l’œuvre de Henry James j'ai l'impression que ta conclusion est valable pour ses romans en général : ils demandent un certain investissement mais valent qu'on s'accroche (dit celle qui a lâchement abandonné Les Bostoniennes ). _________________ |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. Mar 18 Fév 2020 - 17:06 | |
| Je n'ai lu que 6 de ses romans et c'est celui qui m'a donné le plus de fil à retordre (son plus compliqué paraît-t-il ; au moins j'en suis débarrassée ). Les autres que j'ai découverts appartenaient à ses textes plus courts, c'était plus facile, même si ça reste une écriture assez exigeante. Je n'ai pas encore osé lire ses autres romans volumineux mais certains m'intéressent, comme justement Les Bostonniennes ou Les ailes de la colombe. J'ai commencé à découvrir James il y a environ dix ans avec Ce que savait Maisie que je n'avais pas du tout aimé. J'ai bien fait de poursuivre parce que même si je n'ai pas l'intention de lire tout ce qu'il a écrit (y en a trop et certains ne m'attirent pas du tout), je m'aperçois que c'est un écrivain que j'apprécie. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. Mar 18 Fév 2020 - 18:07 | |
| Merci pour ton commentaire passionnant, Dulcie Il me semble qu'il y a eu une adaptation de ce roman (que je souhaite visionner d'ailleurs) |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. Mer 19 Fév 2020 - 9:26 | |
| En effet, il existe une adaptation par Ivory (quelle surprise ) qui date de 2000. Il y a un topic consacré sur le forum. Pour l'anecdote, c'est amusant parce que j'ai déjà vu ce film y a presque 20 ans alors que je ne connaissais même pas Henry James de nom. Mais j'aimais déjà les films en costume et avais pris soin de l'enregistrer. Evidemment je ne m'en souviens plus du tout mais j'ai regardé la bande-annonce et celle-ci met beaucoup trop en avant l'un des personnages par rapport à ce qu'il en est dans le roman. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. Jeu 20 Fév 2020 - 18:32 | |
| Merci pour ton témoignage sur cette lecture au long cours Dulcie. Je ne pense pas qu'il suffira à me donner envie de lire ce roman dans l'immédiat mais je revisionnerais volontiers le film, que j'ai vu comme toi il y a une vingtaine d'années et dont je ne conserve malheureusement aucun souvenir |
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| Sujet: Re: La Coupe d'or (1903), le livre. | |
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