JMG LE CLEZIO

JMG Le Clézio né en 1940 à Nice - écrivain français, prix Nobel de littérature 2008.

Spoiler:

Famille d'ascendance mauricienne : ses parents sont cousins germains ; son père médecin a du quitter Maurice en 1915 et a étudié la médecine tropicale en Angleterre. Son père exerce en Guyane puis au Nigeria, pendant que sa mère vit à Nice avec ses 2 enfants entre 1939 et 1948.
Il vit enfant au Nigeria, puis fait ses études à Nice.
Il passe les 40 premières années de sa vie à découvrir d'autres civilisations menacées, il vit au Mexique dans le Michoacan, puis auprès d'Indiens au Panama, traduit en français le codex maya des Prophéties du Chilam Balam, devient un spécialiste des rites chamaniques de la Corée.

Son premier livre, Le procès-verbal, en 1963 obtient le prix Renaudot.
Il publie ensuite des romans et des essais, et des histoires pour la jeunesse.

J'ai lu il y a longtemps Le chercheur d'or (1985)
Un roman d'apprentissage, qui commence à Maurice à la fin du XIXe.
Alexis mène une vie heureuse avec sa soeur sur la plantation de canne à sucre de ses parents. Un ouragan détruit la plantation et la famille est ruinée ; à la mort de son père Alexis découvre des documents qui indique la cachette d'un trésor, il décide d'aller à sa recherche, et va aller d'île en île, à la recherche de lui-même.
"Du plus loin que je me souvienne, j'ai entendu la mer." Alors l'enfant raconte la mer qui roule depuis la nuit des temps contre la barrière de corail au large de son île Maurice natale. Il dit aussi la terre rouge et sèche, les feuilles coupantes des cannes à sucre, les heures passées en haut de l'arbre Chalta à écouter la nuit. Comme beaucoup de romans de Le Clézio, Le Chercheur d'or est d'abord un poème, un hymne à la beauté, aux éléments et à la vie. C'est aussi l'histoire d'Alexis et de sa soeur Laure, qui subissent le rêve fou de leur père : retrouver l'or du Corsaire, caché à Rodrigues. Mais l'or est en réalité en chacun de nous, ne demandant qu'à mûrir loin des utopies et des illusions. L'amour, puis la guerre de 14-18 qu'il rejoint en France, initient Alexis à cette vérité.
Un très beau livre, sur les beautés de la nature et la cruauté des hommes.

A suivre : Désert, Ourania, L'Africain.

Merci pour ce topic, Petit Faucon. A ma grande honte, je ne me souviens pas avoir lu un livre de cet écrivain si prolifique. Pourtant quelques uns figurent parmi nos livres à la maison, dont un qui m'a été offert il y a quelques années. La quarantaine, La ritournelle de la faim, L'africain,... Un jour peut-être

J'ai vraiment aimé Désert, et le chercheur d'or, lu Onitsha mais je ne m'en souviens plus, et je lirai certainement Bitna, sous le ciel de Séoull ! Surtout que j'ai lu qu'il était spécialiste du chamanisme coréen !

clinchamps a écrit:

mais je ne m'en souviens plus,

C'est un peu mon problème avec cet auteur. J'ai lu deux (ou trois ? ) romans, dont Lullaby quand j'étais ado, mais j'ai du mal à rentrer dans son univers et je ne le fixe pas du tout. Sitôt lu, sitôt oublié... jusqu'au titre...
Et pourtant, je ne dirais pas qu'ils m'ont laissé une mauvaise impression .

Le chamanisme coréen, tout un programme...

Aujourd'hui : Désert paru en 1980.
Ce livre mêle 2 histoires, racontées par 2 enfants :
Celle de Nour âgé d'une dizaine d'années et de ses parents et de son clan de Touareg chassés de leurs territoires par l'armée coloniale française en 1909-1910, leur longue marche vers le Nord à travers l'Ouest du Sahara.
Celle de Lalla, une petite fille qui vit de nos jours dans une petite ville entre mer et Sahara, orpheline élevée par sa tante paternelle. Elle aide sa tante à tenir son ménage et aime vagabonder sur la plage avec le vieux pêcheur juif qui lui raconte des histoires, et grimper sur les contreforts du désert où elle accompagne le Hartani le berger muet.

C'est un livre magnifique sur l'âpreté de la vie, la beauté du désert, les bonnes et les mauvaises rencontres de la vie.

Merci Petit Faucon. Ce livre semble être un petit bijou. Je me le note sur ma liste à lire 

Je te le conseille Ysabelle, je pense qu'il te plairait.
Hier je ne me rappelais plus de la ville où vit Lalla, il me semble que c'est Laayoune.
Le Clézio a une voix sincère et révoltée contre les injustices, et il décrit magnifiquement le vent et les petits chardons rabougris et les odeurs exacerbées.

Un petit livre sur son père et son enfance au Nigeria : L'africain (2004)


Ce livre reprend le même thème que Onitsha, à savoir l'arrivée du petit Le Clézio à l'âge de 8 ans au Nigeria, pour y rejoindre son père, médecin militaire pour le gouvernement britannique en 1948. Mais Onitsha est un roman avec des péripéties et des personnages, alors que L'africain est plutôt un récit, celui d'un monde disparu
Il raconte sa rencontre avec la terre d'Afrique, la sensation de liberté qu'il n'a jamais retrouvée ailleurs. Il parle de sa relation difficile avec son père, qu'il n'a vraiment rencontré qu'à l'âge de 8 ans, et qu'il n'a compris que sur le tard, alors qu'il était déjà un vieil homme. Au-delà de l'Afrique, je trouve que c'est un livre qui parle à chacun, les relations parents-enfants sont universelles

Merci pour ton retour Petit Faucon, qui donne très envie de découvrir ce livre!

Vavyala a écrit:

Merci pour ton retour Petit Faucon, qui donne très envie de découvrir ce livre!

J'ai terminé la lecture de mon premier roman de Le Clézio, La ritournelle de la faim.

Je ne vais pas vous copier le texte en quatrième de couverture, qui avait été le moteur de mon choix, car il a faussé complètement les attentes inconscientes que j'avais! Donc je vous l'épargne

J'ai beaucoup aimé ce roman, il se lit agréablement, les phrases et certaines images sont belles...

On y suit la fin de la jeunesse, l'adolescence et le début de l'âge adulte d'Ethel, jeune Parisienne issue d'une famille riche d'origine mauricienne, dans les années 30-40. Des rêves et attachements d'enfance et d'adolescence aux désillusions (familiales, amicales); de la sécurité et la paix à l'arrivée inattendue des troupes allemandes et les privations liées à la guerre, on suit la maturation de cette jeune femme.
J'ai beaucoup aimé le parcours de cette femme, décrit de manière très réaliste dans toute son humanité, et ce malgré l'entourage peu aimable qui l'entoure... Les allusions aux atrocités commises pendant la guerre nous conduisent à la nécessité de ne pas oublier ce qui s'est passé...
De manière complètement anecdotique, l'évocation des plats mauriciens m'a rappelé la cuisine malgache que je connais plus. Cela m'a conforté que l'auteur savait ce qu'il écrivait (soit il s'est bien documenté, soit il connait personnellement la cuisine des îles de l'Océan Indien)!

Ce récit est enchâssé entre deux chapitres, un parlant de la faim de l'auteur (qui a connu les privations de la seconde guerre mondiale) et le dernier de la première du Boléro.
Ceci m'a un perturbée, car chronologiquement, je n'arrivais pas à situer Ethel par rapport à l'auteur... D'un côté, ces chapitres apportent une profondeur au texte (peut-être comme un cadre bien choisi peut réhausser une toile). D'un autre côté, ils laissent perplexes et perdues la lectrice non-littéraire et initiée que je suis... (Un saut sur internet a été nécessaire pour expliciter la démarche de l'auteur)
Du coup, c'est le seul bémol que je ferai au roman. Je n'ai rien contre les œuvres à différentes strates de lecture, pouvant satisfaire autant le néophyte que l'avancé, chacun y trouvant son compte. Mais quand, comme ici, je sens que des choses se passent à un niveau que je ne comprends pas, cela est très désagréable de se retrouver face aux limites de ses facultés de compréhension...

Malgré cela, je ne regrette pas ma lecture, ce roman a été une claque littéraire!!
J'aurai plaisir à le relire et le redécouvrir et il me donne envie de continuer à découvrir d'autres romans de cet auteur.

J'ai adoré "désert" et "le chercheur d'or" et de plus il est mauricien, pas étonnant qu'il connaisse la cuisine de l'Océan indien !

clinchamps a écrit:

J'ai adoré "désert" et "le chercheur d'or"

Merci pour ces références que je note!

clinchamps a écrit:

et de plus il est mauricien, pas étonnant qu'il connaisse la cuisine de l'Océan indien !

En effet, tout s'explique! Je n'étais pas allé lire sa bio.
Ça surprend (et agréable à la fois pour moi) de lire des plats à base de brèdes, de margozes,...

Merci pour ton commentaire, Vavyala ! Ton avis donne envie de lire ce roman !

Merci Vavyala pour ton commentaire sur Ritournelle de la faim ; il me semble que c'est son premier livre publié (vers 1960).
Ce que tu en dis me donne envie de le lire aussi . La présentation avec 2 histoires qui s'entrecroisent me fait penser à Désert, qui reste mon préféré de lui.
J'avais fait une petite bio de Le Clézio en haut de page pour présenter l'auteur, si ça te dit.

De rien, d'autant que c'est toi qui m'a donné envie de découvrir cet auteur avec ton retour sur L'Africain (qui n'était malheureusement pas disponible à mon précédent passage en bibliothèque... ) Donc merci aussi à toi pour m'avoir ouvert la porte vers l'univers de cet auteur!

Oui, j'ai vu ta bio après la réponse de clinchamps.    J'ai la (mauvaise?) habitude de poster mes avis avant de lire les plus anciens messages des topics (cela a l'avantage pour moi d'éviter de me censurer, en postant ce que je ressens, sans le comparer préalablement aux avis de lecteurs plus littéraires que moi; mais cela comporte l'inconvénient, comme ici, que j'en sais moins sur l'auteur et son œuvre au moment où je rédige l'avis). Du coup, j'ai noté au passage tes retours positifs sur d'autres de ses romans.  

Je suis allée faire un petit tour sur Wikipédia. Il semblerait que Ritournelle de la faim ait été publié en octobre 2008, avant qu'il apprenne qu'il obtenait le prix Nobel de littérature cette même année. Je vous copie le résumé qui en est proposé:

Citation :

L'auteur brosse le portrait d'Ethel (personnage inspiré de la mère de l'auteur) et de sa famille venues de l'île Maurice à Paris. Elle est adolescente dans les années 1930 lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale. Issue de l'aristocratie mauricienne, elle connaît alors le régime totalitaire nazi, l'antisémitisme, la faim, la pauvreté et la misère qui la marqueront à vie.

Ah mais je suis vraiment désolée Vavyala, j'ai confondu Ritournelle de la faim et Le procès-verbal ... en effet  

Ce que tu dis du livre aurait du m'alerter, car je sais que Onitsha, et surtout L'Africain parlent de son père ; et j'avais lu qu'il avait écrit également un livre sur la jeunesse de sa mère, mais je n'ai pas retenu le titre ; je me note donc le titre, pour une lecture à venir  . Merci encore

J'ai terminé la lecture de Bitna, sous le ciel de Séoul.

Citation :

Parce que le conte peut faire reculer la mort, Bitna, étudiante coréenne sans un sou, invente des histoires pour Salomé, immobilisée par une maladie incurable. La première lutte contre la pauvreté, la seconde contre la douleur. Ensemble, elles se sauvent dans des récits quotidiens ou fabuleux, et bientôt la frontière entre réalité et imaginaire disparaît.
Un roman qui souffle ses légendes urbaines sur la rivière Han, les boulevards saturés et les ruelles louches. Sous le ciel de Séoul se lève "le vent de l'envie des fleurs"...

Mon commentaire sera plus rapide qu'habituellement.
Je n'ai pas accroché à ce roman. Je ne dirai pas que je n'ai pas aimé, mais plutôt qu'il a laissé un ressenti émotionnel neutre, plat. Le récit n'a pas réussi à toucher de corde sensible chez moi (ni d'émotions positives, ni négatives) avant les dernières pages qui ont commencé à m'émouvoir... (mais c'était un peu tard)
Je ne saurai pas dire avec certitude à quoi cela tient. Peut-être que les descriptions n'étaient pas suffisantes pour que je me sente à Séoul? Peut-être aussi que les personnages et leurs histoires ne touchaient pas de point d'intérêt, de point d'accroche chez moi?

J'ai lu L'Africain ces deux derniers jours dans les transports en commun.

Mon avis est ambivalent, mais je reconnais que le récit mériterait une deuxième relecture, dans de meilleures conditions.  

Le début du roman, racontant l'arrivée et l'interaction entre l'auteur et l'Afrique est intéressante. Mais à quelques exceptions près (des anecdotes très bien racontées), elle m'a peu captivée. Je pense que la profusion de noms de lieux et d'ethnies que je ne connais pas m'a un peu perdue.  
A partir du moment où l'auteur revient en arrière dans le temps, sur le parcours de son père de l'Angleterre, vers la Guyane britannique jusqu'à sa découverte du continent africain, le récit m'a beaucoup plus happé. D'un père rencontré tard, à l'âge de 8 ans, et incompris, l'auteur retrace les pas de son père et en vient à mieux connaitre l'homme façonné par ce passé et mieux le comprendre.

Petit Faucon a écrit:

L'africain est plutôt un récit, celui d'un monde disparu

C'est notamment cet aspect mis en avant par Petit Faucon qui m'a le plus touchée.
Quand le père, qui pensait avoir trouvé son équilibre en Afrique (continent de cœur), commence à se sentir prisonnier de la terre africaine, loin de sa femme et ses deux fils bloqués en France par la seconde guerre mondiale...  
Ceci fait un peu le parallèle avec la sensation de nostalgie que j'ai quand l'auteur raconte son enfance et sa liberté.

Petit Faucon a écrit:

Il parle de sa relation difficile avec son père, qu'il n'a vraiment rencontré qu'à l'âge de 8 ans, et qu'il n'a compris que sur le tard, alors qu'il était déjà un vieil homme. Au-delà de l'Afrique, je trouve que c'est un livre qui parle à chacun, les relations parents-enfants sont universelles

En effet, au delà de l'expérience personnelle, ce travail de compréhension (de qui sont ses parents et quels chemins empruntés les ont fait devenir tels qu'ils sont) de l'auteur me semble admirable et pouvoir être un modèle universel pour comprendre (et pourquoi pas pardonner).

Le récit se lit vite et est accompagné de photos issues du fond familial, ce qui participe de l'immersion.

En résumé, j'ai trouvé cette lecture très intéressante, certains passages étaient à deux doigts de me tirer des larmes, mais il serait à relire dans d'autres conditions, pour mieux favoriser l'immersion.

Merci pour ton retour, Vavyala ! Grâce à toi, je redécouvre des auteurs dont les œuvres m'intéressaient mais que j'avais oubliées

Merci Vavyala pour ce compte-rendu !

Pour moi Le Clezio est un auteur austère, sincère, engagé, humaniste, poétique aussi parfois, à qui je reprocherais seulement de manquer un peu d'humour. Mais il y a beaucoup de retenue en lui, on sent une éducation protestante ou à l'anglaise.

Merci Petit Faucon pour ton avis sur l'écriture de Le Clézio, que je connais encore très peu!

Petit Faucon a écrit:

Mais il y a beaucoup de retenue en lui, on sent une éducation protestante ou à l'anglaise.

Oui, c'est peut être ce qui fait qu'à certains moments, il me touche moins émotionnellement. Mais comme il arrive par ailleurs à écrire des scènes très saisissantes, cela compense cet effet et fait que j'accroche quand même.

Au vu de ce que tu connais de mes goûts littéraires, me conseillerais-tu de le suivre avec Onitsha?
Après avoir apprécié Ritournelle de la faim et L'Africain, mais pas du tout accroché à Bitna, sous le ciel de Séoul, j'aurais envie de continuer à le retrouver sur une valeur sûre.
Sinon, j'ai vu que Désert semble avoir beaucoup plu à plusieurs d'entre vous sur le forum.

Onitsha est vraiment dans la même veine que L'africain, sauf que L'africain est écrit comme un essai ou un souvenir biographique, alors que Onitsha est romancé ; mais Onitsha est l'histoire d'un petit garçon qui arrive au Nigeria avec sa mère par le bateau, rencontrer ce père médecin qu'il n'a jamais vu.
Onitsha m'avait plus plu que L'africain, c'est vraiment un roman avec des personnages, des descriptions de l'odeur de la terre après la pluie, ... c'est très beau.

Désert est très différent. C'est un excellent roman, qui se passe entre le sud marocain et Marseille.

Merci Petit Faucon pour ta réponse!
Au vu de ce que tu en écris, je pense qu'ils sont tous les deux susceptibles de me plaire! Je me les note dans ma LAL.