J'ouvre ce topic à l'actrice anglaise
Deborah Kerr (1921-2007) que j'apprécie beaucoup. Etrangement j'avais avant de la découvrir un a priori négatif ou du moins indifférent pour lequel je n'ai pas d'explication. Mais dès que j'ai commencé à regarder ses films, j'ai été conquise et depuis elle a toujours fait partie de mes actrices préférées.
J'ai vu une vingtaine de ses films et vais évoquer brièvement certains d'entre eux.
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Elle débute sa carrière en Angleterre au début des années 1940, donc en plein conflit mondial, ce qui a une incidence sur le genre de films où elle participe.
De cette période anglaise, se détachent avant tout les films qu'elle a réalisé avec le duo Michael Powell & Emeric Pressburger, à savoir
Colonel Blimp (1943) et
Le narcisse noir (1947). Ce sont deux films très originaux, magnifiquement réalisés et splendides visuellement, aux récits travaillés. Kerr y est déjà extrêmement talentueuse. Le premier est un 'drame-comédie' antimilitariste où elle interprète 3 rôles sur différentes époques historiques ; le second se passe dans une communauté de nonnes dans un village de l'Himalaya (Rosalind avait ouvert cet été un topic à Rumer Godden, l'auteure du roman dont est tirée cette adaptation).
Je recommande également
Vacation from marriage/Le verdict de l'amour (1945) sur un couple marié séparé pendant la 2e guerre et qui ne se comprend plus après leurs retrouvailles. C'est un film très 'contextuel' et d'autant plus intéressant à voir aujourd'hui. Mais en plus je l'avais trouvé très sympa.
I see a dark stranger/L'étrange aventurière (1946), une sorte de comédie d'espionnage à la campagne. C'est cocasse, frais, un petit film très agréable. Trevor Howard est l'interprète masculin.
Elle part ensuite aux Etats-Unis et sa carrière hollywoodienne démarre. Le problème, c'est qu'elle est alors cantonnée aux rôles de "lady" britannique assez peu intéressants. Je retiendrai néanmoins :
The hucksters/Marchands d'illusion (1947) avec Clark Gable, un film sur l'univers de la publicité ;
Edward my son (1949) que j'ai beaucoup aimé pour son histoire assez dérangeante mais c'est surtout Spencer Tracy qui emporte le morceau. Il y a aussi un film d'aventure que j'aime plutôt bien :
Les mines du roi Salomon (1950), un bon divertissement.
Elle tourne à cette époque dans un certain nombre de péplums mais comme je ne suis pas fan du genre, je n'ai à ce jour jamais eu la curiosité de les regarder.
C'est à partir du célèbre
From here to eternity/Tant qu'il y aura des hommes (1953) que sa carrière prend un nouveau tournant, puisqu'elle joue une femme à la personnalité plus dure, plus ambiguë. Je n'ai pas vu ce film depuis longtemps mais normalement je l'apprécie, même si je m'intéresse plus au destin d'autres personnages (ceux du couple interprété par Montgomery Clift et Donna Reed).
La décennie 1950 est probablement sa meilleure, en tout cas on y trouve nombre de ses films les plus connus :
Le roi et moi (1956), la comédie musicale avec Yul Brynner sur l'institutrice Anna Leonowens qui part au Siam éduquer les enfants du roi
Heaven knows Mr Allison/Dieu seul le sait (1957) avec Robert Mitchum, un de mes préférés
Elle et lui (1957) avec Cary Grant, qui je crois est bien connu à Lambton
Elle tourne deux adaptations littéraires que j'avais bien appréciées :
The end of the affair/Vivre un grand amour (1955, d'après le roman de Graham Greene). Le film peut ennuyer (pas moi) mais Kerr y est assez bouleversante. Et puis
Bonjour tristesse (1958), même si elle y est évidemment en retrait face à Jean Seberg.
Un film 'théâtral' assez étonnant :
Tables séparées (1958) qui narre le quotidien souvent malheureux des locataires d'une petite pension de famille. Pas mal de stars : David Niven, Rita Hayworth, Burt Lancaster. Kerr y joue une vieille fille dominée par sa mère. C'est pas mal.
Je recommande aussi
Beloved infidel/Un matin comme les autres (1959) avec Gregory Peck. C'est une sorte d'adaptation très libre des dernières années de l'écrivain Scott Fitzgerald et de sa relation avec la journaliste Sheilah Graham. A condition de ne pas y chercher la vérité historique et de n'être pas rebuté par la démesure mélodramatique, on passe un bon (même si douloureux) moment.
Sinon j'ai une affection particulière pour
Thé et sympathie (1956), en plus d'un des réalisateurs que j'admire le plus, Vincente Minnelli. C'est un film plein de gravité et de délicatesse, tant dans l'image que dans son récit. Kerr s'y avère superbe, c'est l'un de ses meilleurs rôles.
Vient ensuite la décennie 1960, qui sera d'ailleurs la dernière où elle tournera régulièrement et sera partagé entre grands films et d'autres plus oubliables.
En 1960
The sundowners/Horizons sans frontières et
The grass is greener évoqués par Rosalind dans le topic sur Robert Mitchum.
En 1965, une comédie avec Frank Sinatra et Dean Martin :
Marriage on the rocks/Les inséparables. C'est du gros n'importe quoi question scénario mais si on aime les acteurs en question et qu'on a juste envie de se détendre, y a plutôt de quoi s'amuser. Puis y a toujours les décors et costumes, l'ambiance 'sixties'.
Je terminerai en évoquant trois drames, des films un peu particuliers de par leur scénario, leur style de réalisation :
The innocents (1961, adapté d'Henry James) où elle incarne parfaitement la femme en proie aux doutes, dont la raison vacille. Le film est visuellement très beau.
La nuit de l'iguane (1964) de John Huston avec aussi Richard Burton et Ava Gardner. Ca se passe au Mexique, c'est adapté de la pièce de Tennessee Wiliams, c'est torturé, délirant, plein de réflexion, j'aime énormément.
L'arrangement (1969) d'Elia Kazan avec Kirk Douglas et Faye Dunaway. Je n'ai pas assez de souvenirs de celui-ci mais il m'avait favorablement impressionnée.
Deborah Kerr est une merveilleuse actrice, d'une grande versatilité, qui a tourné dans toutes sortes de films, a su évoluer et se renouveler au gré des décennies. Elle est douée pour le drame mais se révèle également très bien dans la comédie. J'aime son sérieux teinté de fantaisie, son émotivité à la fois intérieure et expressive.