Christine Montalbetti.

Née en 1965, Christine Montalbetti est notamment l'auteur de 11 romans. J'ai été étonnée de voir son dernier livre Mon ancêtre Poisson (publié en 2019) référencé parmi les romans. Pour moi, ce livre est un texte hybride, qui tient plus du récit que du roman (mais ce n'est que mon ressenti).

En voici la présentation de l'éditeur :

Citation :

Ce roman doit autant à l’imagination qu’à une reconstitution familiale et historique. Christine Montalbetti part sur les traces de son arrière-arrière-grand-père, botaniste au Jardin des Plantes de Paris dès l’âge de neuf ans. Elle s’adresse directement à lui dans une complicité littéraire étonnante. Son nom ? Poisson. « Un nom idéal pour un ancêtre, puisqu’il paraît que c’est du poisson que nous venons ».

Jules Poisson est né en 1833. Il verra le monde se transformer jusqu’à sa mort en 1919. Nous faisons avec lui cette traversée du XIX^e et des débuts du XX^e siècle. Jules a vécu le terrible siège de Paris en 1870, et toute la guerre de 1914. Passant de la bougie à la lampe, il a connu l’invention du cinéma, des appareils qui enregistrent la voix. La narratrice mène l’enquête : archives familiales, état civil, correspondances et articles scientifiques… Elle sonde les légendes familiales, des histoires bien étranges. Il y a la vie de Jules, herborisant, menant ses expériences au laboratoire, proche des plantes et de la nature, une figure de savant distrait, plutôt lumineuse. Et sa vie meurtrie (on apprendra pourquoi), sa part fantasque, sombre, presque un côté Jekyll. Dont une anecdote mille fois racontée et pourtant au bord de l’indicible et de l’horreur. Ainsi, à mesure que l’histoire du monde se tend, celle de Jules se trouble, confronté à l’histoire tragique de son fils Eugène parti vivre en Afrique.

Ce livre m'a beaucoup touchée   

Etant moi-même généalogiste amateur, je lui ai trouvé des résonances  personnelles et universelles. L'autrice sort de l'oubli cet ancêtre avec qui elle entame un dialogue très touchant, elle lui rend la vie à lui à qui elle doit la sienne (c'est un peu cliché ce que j'écris ). Le seul bémol de ma part est sur l'utilisation fréquente des parenthèses. Christine Montalbetti y recourt pour s'adresser plus personnellement à son ancêtre Jules et en prenant le lecteur à témoin, c'est le seul aspect de son style qui m'ait parfois gênée.  J'ai trouvé ces interventions de l'autrice un peu déplacées, car maladroites et susceptibles de casser le rythme de ma lecture. D'après quelques recherches effectuées sur l'oeuvre de C. Montalbetti, ces allusions directes au lecteur sont une caractéristique de son écriture, bien plus développées dans ses autres romans que dans ce récit.

J'ai également beaucoup apprécié le travail de documentation mené par C. Montalbetti, qui inscrit la vie de son ancêtre dans le contexte de la petite et de la grande histoire (elle évoque notamment les faits climatiques marquants, comme un hiver particulièrement rigoureux qui vit Paris atteindre les -23 degrés, et bien entendu les guerres de 1870 et 1914).

Pour qui souhaiterait découvrir l'oeuvre de Christine Montalbetti, je ne suis pas certaine de recommander Mon ancêtre Poisson qui semble être un peu à part dans la production de l'autrice. Mais je recommande vivement ce livre à celles et ceux qui s'intéressent à la généalogie, qui ressentent un lien particulier et troublant avec un ancêtre jamais rencontré

Merci serendipity, pour la présentation de cette auteure  
Je note son nom et ce livre de Poisson , à lire quand je serai dans une période d'agitation généalogique !

Merci serendipity pour cette présentation, très intrigante!

Petit Faucon a écrit:

Je note son nom et ce livre de Poisson , à lire quand je serai dans une période d'agitation généalogique !

Je n'ai encore rien lu de cette autrice, mais j'étais tombée il y a quelques années sur une article du journal Le Monde qui m'avait donné envie de lire La vie est faite de ces toutes petites choses.
J'avais complètement oublié que cette référence était au fond de ma LAL.    Il faudrait que je l'exhume un de ces quatre!!

Merci pour ta présentation, Serendipity ! Je le note également

Un grand merci pour le topic et ta présentation serendipity   .

Je suis quasi sûre d'avoir croisé ce livre au cours d'une de mes dernières virées en librairie mais n'ai pas eu la curiosité d'en découvrir le propos. A présent j'ai très envie de le lire, étant à la fois grande amatrice de récit biographique et intéressée par l'histoire familiale en général. Je l'emprunterai à la bibliothèque, j'espère dans les prochaines semaines si cette nouveauté n'est pas trop prise d'assaut.

Peut-être as-tu visionné la Grande Librairie cet automne Tatiana ? C. Montalbetti en était une des invitées et l'échange avec François Busnel, ainsi que les extraits lus à l'antenne, m'avaient convaincue que ce livre était fait pour me plaire

Je croise les doigts pour que tu le trouves en médiathèque. Pour ma part, j'ai prévu de l'acheter une fois publié en poche. L'édition actuelle ne comporte en effet aucune photo (conformément au choix de l'autrice), mais l'insertion de photos serait envisagée pour l'édition de poche

Je n'ai pas souvenir de l'avoir vue dans LGL.
Ma médiathèque ayant récemment acquis ce livre j'opterai pour cette solution plutôt que d'attendre la sortie poche, bien que l'ajout de photos soit un argument en sa faveur.

J'avais lu il y a quelques années une critique très élogieuse dans le journal Le Monde de son roman La vie est faite de ces toutes petites choses et n'avait pas pris le temps depuis de transformer ce projet de lecture sur ma LAL en lecture réelle. Je l'ai enfin fait!  Et je ne regrette pas, ce roman m'a beaucoup plu!

Difficile de décrire ce roman, mais je vais essayer de m'y atteler.
En fin de roman, l'autrice explique avoir bénéficié d'une résidence d'écriture du CNES, dans le cadre du programme "Création et imaginaire spatial" de l'Observatoire de l'Espace.
Elle raconte la dernière mission de la navette Atlantis, en juillet 2011, en s'appuyant sur la documentation à laquelle elle a eu accès et à des entretiens avec des astronautes (Jean-François Clervoy, Claudie Haigneré, Samantha Cristoforetti et Sandra Magnus, "l'héroïne" de cette dernière virée de l'Atlantis vers la Station Spatiale Internationale).

Là où le point de vue est original est que son récit n'est pas une biographie, mais reste un roman. Elle précise que les émotions et intentions prêtées aux personnages sont issus de son imagination. En revanche, chacun des détails est véridique (jusqu'aux couleurs des accessoires).
De plus, le récit n'est pas traité par l'angle de la "grande histoire de la conquête spatiale" mais sous un angle plus intimiste, de tous les petits gestes et détails du quotidien (ce qui fait écho au titre), auxquels on ne prête pas attention au quotidien, mais qui se révèlent importants et décisifs dans notre expérience de Terriens, d'autant plus quand leur existence ou possibilité est abolie par l'impesanteur présente dans l'ISS.
Le récit est aussi parsemé de récits de certains moments où l'autrice recueillait la parole d'astronautes, de moments vécus dans le public qui assiste à l'ascension de la navette, des moments de l'histoire des astronautes ou de l'histoire de la conquête spatiale, voire même de l'expérience de l'autrice en train d'écrire, qui a encore accès à certaines sensations dont sont privés les locataires spatiaux (le bruit de la pluie, le souffle de la brise,...).
Elle explicite aussi dans un passage son choix d'écriture, ce qui donne l'impression qu'outre le roman, on a le droit à la parole de l'écrivain, comme en entretien promotionnel auprès de journalistes expliquant sa démarche. Elle crée une complicité avec le lecteur qui rend l'ensemble très agréable, jusqu'à la fin de la mission et aux adieux.  

Ce roman est donc un récit protéiforme, pour partie historique et biographique, fictionnel, philosophique et épicurien, mais dont la grâce de l'écriture rend les digressions et sauts d'un sujet à l'autre indolore pour le lecteur, l'autrice ayant garder l'architecture du récit de cette dernière mission Atlantis pour garder un fil conducteur.

Un roman qui m'aura surprise par son originalité, plu par son sujet et son traitement  et me donne envie de découvrir d'autres œuvres de Christine Montalbetti (en plus du post d'ouverture de serendipity qui était déjà très positif) qui me donne l'impression d'être une personne très sensible.

Merci pour ce bel avis, Vavyala ! Je suis intriguée par cette auteure, notamment pour la sensibilité dont tu parles et qui caractérise ses écrits !

Merci beaucoup pour cet avis Vavyala et rave que tu aies aimé cette lecture. Christine Montalbetti est décidément une autrice originale