Christian Guay-Poliquin, auteur canadien francophone

Christian Guay-Poliquin est né en 1982 à Saint-Armand, au Québec.

A ce jour, il a publié trois romans:
- Le fil des kilomètres (2013)
- Le poids de la neige (2016)
- Les ombres filantes (2021)
ainsi que des nouvelles (Extrait, Dix mille façons, Chablis) et un essai (Au-delà de la fin. Mémoire et survie du politique).

Le poids de la neige a remporté de nombreux prix: le prix France-Québec, le prix littéraire des collégiens, le prix Ringuet et le Prix littéraire du Gouverneur général.

En parallèle de ses travaux d'écriture, il prépare une thèse sur les enjeux du récit de chasse dans les arts narratifs, entre l'Université de Québec et celle de Reims Champagne-Ardenne.

J'ai terminé dernièrement la lecture du Poids de la neige.

En voici la présentation faite par l'éditeur en quatrième de couverture:

Citation :

Dans une région lointaine qu'on imagine être celle des grands espaces, un village est cerné par la neige, privé d'électricité et de contact avec le reste du monde. Nous y trouvons deux hommes, à deux âges de la vie, contraints par le hasard ou le destin d'affronter ensemble le froid, la faim et l'ennui.
A leur suite, le lecteur est emporté dans ce huis clos tout de blanc vêtu, dans cette lutte pour la survie, dans cette lente traversée de l'hiver, qui est avant tout une histoire de rémission.
Car c'est quand rien ne se passe que tout peut arriver.

J'ai adoré cette découverte!

Sur la forme, l'auteur a une belle plume, qui se lit de manière très fluide, avec une construction du récit très intelligente, entretenant le mystère dans les bonnes proportions et le levant de manière juste.
Il réussit à équilibrer l'atmosphère irréelle, inhabituelle, de l'ambiance apocalyptique liée à la "simple" disparition de l'électricité du monde, tout en nous faisant suivre le huis-clos intimiste, avec les gestes du quotidien du duo de héros.
Les conditions météorologiques, notamment la neige, forment un personnage à part entière de l'histoire et contribuent aussi à nourrir l'atmosphère d'isolement, de solitude et d'adversité de monde extérieur.

Les deux personnages principaux ont été associés par les aléas du destin.
Le narrateur est un ancien fils du village, absent depuis 10 ans et qui, le jour de son retour pour y revoir son père, a un grave accident de voiture fracturant ses jambes. Les villageois acceptent de sacrifier une partie de leurs réserves de médicaments pour le soigner et le sauver, au regard de son titre d'ancien villageois et ses compétences de mécanicien qui peuvent leur être utile.
Il est placé aux soins d'un vieil homme qui s'est retrouvé coincé au village au moment de la panne électrique, en échange d'une place pour cet homme dans un convoi pour aller chercher des vivres en ville où il souhaite retourner pour revoir sa femme.
Ses deux hommes qui ne se connaissent pas et n'ont aucun lien d'intimité vont donc se retrouver obligés de cohabiter pour leurs besoins personnels divergents.

C'est un récit de science-fiction post-apocalytique intimiste très réussi que l'auteur nous propose. Par la seule absence de l'électricité, il nous décrit une vision du délitement de la société, sans grand chaos spectaculaire, mais petit à petit, touche à touche. Le texte n'est pas pessimiste pour autant, il offre quelques moments d'humanité et de partage au milieu de ceux d'individualisme. J'en suis ressortie apaisée (plutôt qu'effrayée).

En préparant l'ouverture de ce topic, pour faire la publicité de ce roman et cet auteur qui le méritent, j'ai appris sur la biographie de son site personnel que ses trois romans forment un cycle.

Citation :

Ses trois romans, Le fil des kilomètres (2013), Le poids de la neige (2016) et Les ombres filantes (2021), forment un cycle racontant la vie tumultueuse d'un mécanicien à travers les aléas d'un monde en proie à une panne d'électricité généralisée.

Je compte me procurer sans hésiter les deux autres romans et les lire d'ici la fin de l'année.

Merci Vavyala pour cette alléchante présentation

Tout cela m'intéresse beaucoup, et j'ai vu que ma médiathèque possède Le poids de la neige

Apparemment cela ne t'a pas posé de problème de le lire en premier, mais puisqu'il s'agit d'un cycle, je me demande si j'essaie de me procurer d'abord le premier roman, Le fil des kilomètres

Rosalind a écrit:

Apparemment cela ne t'a pas posé de problème de le lire en premier, mais puisqu'il s'agit d'un cycle, je me demande si j'essaie de me procurer d'abord le premier roman, Le fil des kilomètres

En effet, Le poids de la neige se suit très bien sans avoir lu Le fil de kilomètres.
Comme tu as la possibilité de les lire dans l'ordre, n'hésite pas, tu auras une vision plus chronologique de l'histoire.

Rosalind a écrit:

Merci Vavyala pour cette alléchante présentation

Tout cela m'intéresse beaucoup [...]

Apparemment cela ne t'a pas posé de problème de le lire en premier, mais puisqu'il s'agit d'un cycle, je me demande si j'essaie de me procurer d'abord le premier roman, Le fil des kilomètres

J'ai lu Le fil des kilomètres, dont j'ai appris (après   ) qu'il constituait le premier tome d'un cycle.

Lecture agréable, il peut se lire de manière indépendante. La fin est ouverte, ce qui permet qu'elle puisse se suffire en elle-même, tout en étant aussi adaptée pour les lecteurs qui souhaiteraient poursuivre et savoir ce qu'il advient du personnage principal.

L'auteur reprend un point de départ qui avait été abordé par Barjavel dans Ravage, celle de l'évolution de la civilisation après une panne de courant électrique.
Ici, même si les conséquences générales sont abordées, on suit plutôt un récit intimiste, celui d'un personnage dont la panne va être le déclencheur d'un road trip à travers le continent pour retrouver son père et fuir/affronter ses démons du passé selon le jugement qu'on en aura.

Dans Le fil des kilomètres, nous suivons l'avancée kilométrique du personnage principal, jusqu'à un accident qui nous est annoncé dès la première page.
J'ai aimé ma lecture, même si j'avoue avoir préféré Le poids de la neige (le deuxième tome du cycle) qui m'avait plus interrogée (dans le bon sens du terme).

Le thème du labyrinthe, du minotaure et d'un mercenaire ("presque" comme un Thésée) est utilisé dans Le fil des kilomètres et sera repris dans Le poids de la neige avec des textes autour d'Icare et Dédale.
J'avoue que la présence de cette thématique m'intrigue. J'attends de lire le tome suivant pour en savoir plus sur la symbolique que l'auteur cherche à lier entre le labyrinthe mythologique et celui de la vie du héros.

J'aime beaucoup la plume de l'auteur, qui donne une impression de fluidité au lecteur, mais qui en s'y penchant me semble très travaillée.

Un auteur prometteur!

Merci pour ton retour, Vavyala ! J'avais déjà noté le nom de l'auteur suite à ta brillante introduction !

Comment étais-je passée à coté de ce topic ?
Je suis ravie de lire tes deux avis Vavyala -et d'apprendre, merci Rosalind, qu'il est possible de trouver ces livres en médiathèque -je pensais qu'il s'agissait d'éditions rares seulement disponibles en librairie spécialisée:D
J'attends ton avis sur le 3è roman du cycle avec grand intérêt

Ravie de vous donner des idées de lectures potentielles.

serendipity a écrit:

Je suis ravie de lire tes deux avis Vavyala -et d'apprendre, merci Rosalind, qu'il est possible de trouver ces livres en médiathèque -je pensais qu'il s'agissait d'éditions rares seulement disponibles en librairie spécialisée:D  

Les deux premiers tomes sont disponibles en poche aux éditions J'ai lu.

Le troisième est encore en broché à ma connaissance. La médiathèque de ma ville semble l'avoir. Je le réserverai sûrement d'ici la fin de l'année.

Dans Les ombres filantes, nous retrouvons le héros mécanicien du Fil des kilomètres et du Poids de la neige qui a quitté le village pour aller retrouver le camp de sa famille en forêt pour survivre malgré la Panne électrique affectant le monde.

L'histoire est scindée en trois parties :
- la forêt, où on suit les pérégrinations du héros dans un monde hostile, pas seulement du fait de la nature sauvage, mais des hordes de humains organisées pour leur survie, parfois au détriment des autres. Il y rencontre un jeune adolescent orphelin qui va l'accompagner dans son périple.
- la famille, où nos deux héros atteignent le camp familial. Partie que j'ai trouvée très intéressante, car après la lutte pour la survie et la raréfaction des vivres en forêt, l'organisation familiale éloigne le spectre de la faim et du manque, mais l'ennui, le manque de projets plus exaltants et les personnalités de ce huis-clos familial interroge le héros sur la pérennité de ce statu quo. Cela m'a évoqué le "parce que survivre ne suffit pas" d'Emily Saint John Mandel dans Station Eleven, il manque quelque chose de plus transcendantal que la routine pour l'humain. Au moment où

Spoiler:

- le ciel, où

Spoiler:

Malgré le fait d'avoir préféré Le poids de la neige, j'ai été happée par l'ambiance survivaliste en forêt et touchée par la paternité que se crée le héros. Olio, le jeune orphelin, se révèle parfois détestable, par ses mensonges, sa kleptomanie et ses désobéissances. Néanmoins, l'auteur réussit à nous en décrire des côtés attachants et des qualités comme la légèreté, la débrouillardise, l'aide et le partage.

Pour conclure, au delà de notre dépendance à la société de consommation, ce roman interroge notre humanité, notre lien avec nous-mêmes, les autres et le monde.