Giuseppe TOMASI DI LAMPEDUSA (1896-1957)

Giuseppe Tomasi di Lampedusa, gentilhomme et écrivain sicilien

Ici sa page wiki en français

Il est l'auteur d'un unique roman Il gattopardo / Le guépard, écrit entre 1954 et 1957, et publié après sa mort grâce à Giorgio Bassani (Le jardin des Finzi Contini)


Le guépard a également sa page wiki

Voici mes impressions de lecture du Guépard :

En 8 moments,  entre 1860 et 1910, l'auteur évoque la fin du royaume des Deux-Siciles des Bourbons,  et la création de l'Italie moderne,  unifiée. A travers son héros, Don Fabrizio, prince de Salina, le Guépard, nous assistons au déclin de l'ancienne société aristocratique sicilienne alliée à l'église, et à l'ascension d'une bourgeoisie riche et inculte.
Le prince assiste à la fin de son monde en spectateur lucide, décidé à ne rien faire pour changer le cours de l'histoire.
Le style de Tomasi de Lampedusa est remarquable,  dense, poétique, parfois plein d'humour. J'ai adoré ce livre,  remarquable !

Merci Petit faucon d'avoir créer un espace pour ce grand écrivain, grand par la taille comme par la plume.

J'ai longtemps rêvé en imaginant le Royaume de Sicile, terre cosmopolite par excellence,  conquis par les Hauteville, Normands descendants des Vikings dont l'un s'appelait Tancrède ! Puis un jour, je retrouvais ce prénom si particulier dans le livre d'un auteur Prince Sicilien  :  Giuseppe Tomasi di Lampedusa.

Je fus frappée par la description du héros principale le Prince Salina, les gênes de ses ancêtres l'avaient forgé : Il était grand, svelte, altier, blond-roux. Son âge 45 ans (et il se trouvait vieux). Chef d'une nombreuse famille et d'une clientèle qui me rappelaient la façon de vivre des anciens Romains, et de tous les aristocrates à la tête des nombreux royaumes qui composaient la péninsule Italienne. Car encore à  l'époque du Prince Salina, l'Italie n'était pas l'Italie que nous connaissons. Une multitude de "royaumes" la constituait. L'auteur en un livre dense voulait nous faire vivre ce que ses ancêtres avaient connus, et il nous plongeait dans la politique, les guerres et les alliances diverses, les personnages qui firent  le Risorgimento, c'est à dire l'unification des royaumes qui constituaient la péninsule italienne. Notre Italie -  Car entre le Royaume de Sardaigne, les Etats de la Papauté, le Royaume des deux Sicile, l'histoire était assez chaotique pour moi qui finalement n'était qu'une petit française inculte dans ce domaine.

unification des états italiens:

Plus j'avançais dans ma lecture, plus je faisais des comparaisons. Connaissant la Saga des  Hauteville de Normandie de Michel Subiela (, j'étais passionnée par le résultat de la civilisation de la Sicile. Cette terre était devenue l'espace où toutes les cultures occidentales et orientales s'étaient rencontrées et influencées.


Le monde du Prince Salina, était resté comme l'avait construit les premiers occupants. Une terre riche, où l'aristocratie possédait tout et où la vie était particulièrement réglée par des habitudes incontournables. Sauf, que l'aristocratie tendait à s'amollir, et que la classe montante assez mafieuse, prenait le relai sans vergogne. Cette classe montante, issue était totalement sans scrupule, et grignotait petit à petit  tout le patrimoine de l'aristocratie.

A la fin du livre, j'étais aussi éblouie que lorsque j'avais terminé Autant en Emporte le Vent. Ce livre unique, était fait de la substance d'un homme qui savait qu'après lui, tout changerait entièrement. C'est la grandeur des peuples de savoir se renouveler sans cesse, mais hélas cela ne se fait pas sans soubresauts souvent sanglants.

Je restais longtemps avec les personnages, puis, Visconti créa le film pour nous faire vivre la vie lente, les rituels religieux, les exodes à la montagne pour vivre dans la fraîcheur de l'été, les parties de chasses avec le garde chasse au franc parler... le prête confesseur impuissant à sermonner le Prince, le bal,  Tancrède et Angelica jouant à cache cache etc... Ceci mêlé à la guerre civile avec Garibaldi et ses chemises rouge et le comte de Cavour.

Quel livre   et aussi quel film !

Merci pour le topic Petit Faucon et pour ton commentaire, Fée Clochette (que je ne vais pas lire pour le moment).
J'ai commandé mon livre que je devrais recevoir demain, ainsi que deux autres livres dans le cadre de la croisière Wentworth. Je ne manquerai pas de venir poster dès que je l'aurai lu.

Merci pour vos beaux retours, les filles, qui me rassurent avant de me plonger à mon tour dans ce livre

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre ! Je sais que je l'avais lu il y a très longtemps mais je ne m'en souvenais pas du tout, le film avait tout effacé ! Là, j'ai vraiment aimé le ton d'humour frôlant le cynisme, la mélancolie de ce qui ne reviendra pas, même si ce n'était pas forcément le meilleur de l'humain ! Car le style de vie féodal du prince salina n'est peut-être pas ce dont on peut regretter la disparition, même si je peux comprendre que pour lui ce soit la fin de sa vie même ! J'ai adoré l'histoire des reliques, et là aussi, un sérieux coup de dépoussiérage était nécessaire quand même, j'imagine la tête de celui qui vient contrôler !
J'ai aussi beaucoup apprécié la poésie des descriptions de la Sicile écrasée de chaleur, poétique mais criant de réalisme quand même !

je n'ai pas pu non plus m'empêcher de penser à tous ces émigrés venus mourir sur les bords de Lampedusa... ça n'a rien à voir, mais le nom quand même, difficile d'y échapper !

J'ai le DVD, je vais peut-être le revoir, car en lisant j'avais vraiment la silhouette de Burt Lancaster dans la mémoire ! Un casting parfait !
Pour beaucoup c'est Alain Delon, mais pour moi sans aucun doute, c'est lui, le maître !

Spoiler:

Merci pour tes impressions, clinchamps !

Moi c'est avec Tancredi que je voyais toujours Alain Delon (et pourtant je ne l'apprécie guère, cet acteur, mais je trouve que le personnage de Tancredi, avec son ironie intelligente et son air de vainqueur, lui va très bien )

Petit Faucon a écrit:

Merci pour tes impressions, clinchamps !

Moi c'est avec Tancredi que je voyais toujours Alain Delon (et pourtant je ne l'apprécie guère, cet acteur, mais je trouve que le personnage de Tancredi, avec son ironie intelligente et son air de vainqueur, lui va très bien )

Oui, il incarnait parfaitement Tancredi, de même que Claudia Cardinale était une magnifique Angélica ! Mais pour moi le personnage dominant c'est le prince !

Je n'ai pas lu le livre, mais le prince est l'un de mes personnages cinématographiques favoris de par sa prestance et son caractère ! J'ai eu l'impression d'avoir reçu un coup de massue, c'est dire...

Le Prince Salina est le Guépard, il mène le jeu. C'est aussi en fond l'histoire de la Sicile chère à Don Sicio le garde chasse. Lui et le Prince sont parfait dans leur amour à leur terre.

Au début nous nous rendons compte que Tancrède vit de la générosité de son Oncle, tous les deux sont lucides sur la situation de la noblesse, et Tancrède n'hésitent pas à louvoyer d'un bord politique à un autre.  Le Prince admire la fougue de sa jeunesse, et peut-être regrette le temps où....  il a la sagesse de l'intellectuel, féru de mathématiques et d'astronomie, il s'accommode de sa vie familiale si peu parfaite, c'est un homme de compromis.

Il n'est jamais dans la violence et l'excès, il vit dans une position supérieure et cela lui suffit. Cependant, il sait que pour les jeunes hommes fougueux de sa famille, le monde ne sera plus aussi "clément" envers sa classe. C'est pourquoi, il marie Tancrède et Angélica sans hésitation c'est un mariage d'amour pour eux, et de raison pour les deux familles, cela arrange Don Fabrizio il ne soutiendra  plus financièrement son neveu :  Tancrède sera fortuné et continuera la vie pour laquelle il est né, et cela sert le père d'Angélica, Don Calogero aspire à accéder grâce à sa richesse, à une alliance avec l'aristocratie.

J'ai découvert Le guépard grâce à cette deuxième escale du challenge Wentworth 2024. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir le film, donc aucun spoil ni aucune comparaison n'était à risquer.

J'ai beaucoup aimé cette lecture qui par sa rythmique m'a rappelé l'élan de grands classiques français.

J'ai aimé le découpage en plusieurs parties, chacune illustrant une anecdote, un temps fort, avant de sauter dans le temps. J'ai aimé suivre une grande partie de l'histoire par les yeux du Prince, il y a une forme de mélancolie dans le constat du changement d'époque que je trouve poignant. C'est un personnage que je trouve attachant malgré ses défauts, avec une certaine intelligence et élégance.

J'ai adoré le voyage en Sicile, les descriptions de plats, repas très alléchants. C'est un roman qui réveille les sens.
Il m'aura permis d'apprendre une partie de l'histoire italienne de manière très plaisante.

Et maintenant, je peux aller lire vos commentaires dans le haut du topic.

Merci pour ce bel avis, Vavyala !

Je suis ravie que tu aies pris plaisir à lire Le Guépard, Vavyala . Dire que pendant deux ans avant sa mort personne ne voulait éditer ce livre !
Après la mort de l'auteur, il a reçu le prix Stega un an après sa parution. Ce qui me plait, c'est que les grands éditeurs Italiens ont refusé le manuscrit, mais ensuite, les lecteurs ont fait sa réputation

L'adaptation du livre en film par Luchino Visconti a reçu la palme d'Or et c'est un très grand bonheur de le visionner.

Vavyala je ne peux que te conseiller le film, un chef d'oeuvre!
Comme Clinchamps, j'avais passé ma lecture avec Burt Lancaster en tête. On peut dire qu'il a totalement habité son rôle

Vous me donnez envie de relire le livre, il faut que je regarde si je l'ai encore dans ma bibliothèque ou si je l'ai donné

Je viens de terminer Le Guépard, lu dans le cadre du Challenge Wentworth !
J'avais auparavant déjà visionné le film de Visconti qui ne m'avait pas emballée (malgré son casting irréprochable ) donc je partais avec un à priori négatif...et je pense que cette histoire n'est définitivement pas faite pour moi
Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé ce roman, loin de là, mais je n'ai jamais réussi à être pleinement embarquée dans le récit, malgré une écriture raffinée ainsi que ce témoignage -au travers des yeux d'un prince sicilien- de la chute de la classe aristocratique, dans un contexte historique riche en bouleversements.
Comme Vavyala, j'ai trouvé le roman très "sensoriel", aussi bien par le biais de la description des chaudes journées estivales que des coutumes siciliennes, conférant un caractère unique à la Sicile ainsi qu'à ses habitants !  
Mais voilà...il m'a manqué un petit quelque chose pour être enthousiaste et retrouver ce que j'ai tant aimé dans d'autres classiques  

Merci pour ton retour Juliette !

Triste pour toi que ce n'ait pas été un coup de cœur comme pour moi, mais ravie qu'il n'ait pas été aussi déplaisant que ton souvenir du film.
Saurais-tu identifier ce qui te bloque pour plus aimer le roman et le film ?

Oui, j'en ai été désolée
Je pense que cela vient des personnages qui, malgré leur complexité, n'ont jamais réussi à me séduire

J'ai revu Le Guépard dans le cadre d'une rétrospective Visconti dans mon cinéma (bien que j'ai l'impression que c'est un évènement national). Je me souvenais surtout de la scène du bal, qui est encore plus grandiose sur grand écran , et j'ai redécouvert l'histoire de la famille Salina ballotée par le Risorgimento. Le film est très intéressant sur le plan historique, et la reconstitution remarquable. Je me demande si Visconti a utilisé des souvenirs personnels dans les scènes familiales, issu comme il l'était aussi d'une famille princière.

Ce qu'on voit de la place de la haute aristocratie, très considérée et respectée dès leur arrivée (littéralement couverts de poussière) sur le lieu de leurs vacances, montre qu'ils occupent un rôle non-négligeable, et que les parvenus comme le père d'Angelica ont du chemin à faire. Mais le prince Salina entretient des relations cordiales avec plusieurs classes sociales, par exemple avec le personnage (de garde-chasse ?) joué par Serge Reggiani.
Du côté des personnages, la relation entre Tancrède et Angelica avance trop vite, on ne voit pas la naissance de leur romance, c'est dommage, surtout pour elle qui semble là uniquement par ce biais-là (même si on comprend, à la fin, ce que lui voue aussi le prince). Le prêtre jésuite attaché à la famille Salina offre par ailleurs de rares moments comiques.

Ma séance était en VOST, c'était un peu étrange d'entendre Burt Lancaster et Alain Delon doublés en italien . Mais plus authentique aussi, évidemment.

Merci pour ton retour, Tatiana ! Tu es très classe dans ta nouvelle parure !

Tatiana a écrit:

(bien que j'ai l'impression que c'est un évènement national)

C'est en effet national J'espère qu'il passera chez moi, parce qu'il y a tellement de belles images dans ce film qu'il serait dommage de ne pas le voir sur grand écran! Je t'envie.
J'imagine que voir Lancaster en italien doit faire bizarre D'autant plus que j'aime beaucoup sa VF dans le film

cléopatre a écrit:

(...) il y a tellement de belles images dans ce film qu'il serait dommage de ne pas le voir sur grand écran!

C'est exactement ce qui m'a poussée à aller le voir, et je l'ai préféré sur grand écran. J'espère que tu pourras le voir aussi.

Ah oui !!! S'il passe dans mon coin je ne le raterai pas bien que je l'aie en DVD ! Mon fils a projeté d'y aller aussi, et nous nous interrogions sur la VO, et l'italien de Burt Lancaster !!

Saviez-vous que Visconti a fait remplir de linge et vêtements les commodes et les armoires, de vaisselle les buffets, uniquement pour rendre encore plus véridique l'environnement des personnages ? J'avais entendu ça dans le temps, dans une émission sur le film !

https://mediaclip.ina.fr/fr/i13294007-burt-lancaster-a-propos-du-tournage-du-guepard.html