La Reine violée, trilogie de Chantal Touzet

Je n'arrive pas à décrocher de ce roman en trois tomes. Un superbe roman historique sur la vie d'une femme très décriée par l'histoire officielle puis réhabilitée par les historiens modernes.

Ce qui ne signifie pas que le roman ressemble à un essai historique, mais que l'auteur, sans faire de son personnage une petite sainte, n'en est pas restée à la caricature. Et quand à la vraisemblance de la reconstitution historique, elle est excellente. De plus l'auteur parvient sans difficulté à faire comprendre les mouvement et les enjeux d'une période pourtant bien complexe. Un beau voyage dans le temps.

On se régale de vivre le quotidien comme l'extraordinaire de la Cour de France du XIV^e siècle (et d'extraordinaire elle n'a pas manqué hélas, ni le pauvre peuple) avec des personnages attachants qui nous deviennent proches.

Les psychologies sont particulièrement convaincantes, avec leurs variations et leur évolution dues à l'âge, au passage du temps.

On croise Nicolas Flamel et Christine de Pisan, on en découvre d'autres moins connus. Le martyre du pauvre roi Charles VI est un crève-cœur, mais les saisons, les enfants et les amours de la Reine, les luttes, les schismes et les croyances d'un temps aussi délirant que son roi ne manquent pas de leurs moments d'exaltation et de beauté.

Et un conseil à ceux qui ne connaissent rien à cette histoire, voire à l'Histoire tout court: c'est une chance que vous avez! Alors, ne lisez pas les résumés, ne vous informez pas à l'avance, l'auteur est la meilleure initiatrice que l'on puisse rêver et le bonheur de lecture n'en sera que plus grand. J'ai coupé le premier résumé d'éditeur pour ne pas déflorer le roman exprès pour vous, ne lisez pas les deux autres!

Les titres des trois tomes, pour la beauté de la chose, avec une petite accroche  :

Éclose entre fleurs de lys

Spoiler:

Le duel des dames

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Les chevalières de Sans Mercy

Spoiler:

C'est très tentant comme roman, Selenh. J'aime ce genre de livres qui réunissent Histoire,  passion, pouvoir,...
Les personnages ont-ils tous existé ou l'auteure a t-elle recours à des personnages fictifs?
Trois tomes, c'est tout de même un peu beaucoup.    Mais, si c'est aussi captivant que tu le décris, ...
Merci en tous cas pour cette belle présentation  

Pour les personnages fictifs, c'est difficile à dire. De certains on connaît les noms, il y a pas mal de chroniqueurs à l'époque, sans en savoir davantage que ce qu'ils ont fait ou dit à telle occasion. L'auteur donne pas mal de repères et d'annexes historiques, mais ne parle pas de ça. Quand au trois tomes, ma foi, je suppose qu'on s'arrête quand on n'aime plus? Ce n'est pas une histoire policière, mais après le roman d'un individu sans doute l'élargissement à la période, si j'en crois le résumé du troisième tome. La fin doit être logiqument située à la mort de la Reine, ou à la fin de la période "intéressante" (je n'en suis qu'à la moitié du deuxième livre et pour le moment pas de lassitude!)

Merci pour cette présentation Selenh. Ce que j'ai déjà lu sur Isabeau de Bavière ne m'avait guère incité à la découvrir davantage    - en général elle n'est pas dépeinte sous des traits très sympathiques, c'est le moins qu'on puisse dire - mais cette réhabilitation titille ma curiosité   . En grande amatrice de bons romans historiques (dès que je lis "Cour de France", j'ouvre l’œil), je me laisserai sûrement tenter un jour.

Merci Selenh pour ton commentaire enthousiaste sur cette trilogie ...
Ça parait très attrayant.

Je ne connais pas très bien cette période de l'histoire, cette fin du moyen-âge assez sombre, obscurantiste, pleine de violence et d'assassinats, avec la guerre de 100 ans, et a priori cette époque ne m'attire pas tellement.

Et de la reine Isabeau, je ne connais que cette anecdote : elle avait juré de conserver sa chemise sans en changer tant qu'une bataille n'aurait pas été gagnée (je cite de tête) ; les hasards de la guerre ayant duré plus que ce qu'elle escomptait, elle porta cette chemise sans la laver pendant plusieurs mois, et lorsqu'elle fut déliée de son serment la chemise était passée du blanc au fauve, d'où le nom de la couleur donnée aux chevaux : une robe isabelle, rousse, de la couleur de la chemise de la reine Isabeau. Je ne sais même pas si c'est un fait réel, ou une légende colportée par des "historiens" du XIXe siècle ...

Petit Faucon a écrit:

Et de la reine Isabeau, je ne connais que cette anecdote...

L'anecdote telle que je la connais ne se rapporte pas à Isabeau, mais Isabelle Ire de Castille, dite Isabelle la Catholique, ordonnatrice et héroïne de la reconquista (reprendre les territoires de la péninsule espagnole aux Maures) au siège de Grenade, ou encore à la fille de Philippe II.
Isabelle de Bavière, qui plus est, très amie du confort et du luxe, ne devait pas trop être portée sur l'action militaire crasseuse, selon toutes apparences.

Je viens d'attaquer le tome III, de plus en plus historique et de moins en moins biographique/romance. Bien sûr ce début du quinzième siècle est la catastrophe horrifique que tu évoques plus haut, consternant. Mais en ce qui me concerne, passionnant je suis très contente d'y comprendre ENFIN à peu près quelque chose. Chantal Touzet est vraiment douée pour la vulgarisation historique.

  shame on me ! une erreur d'au moins un siècle + confondre 2 reines    j'aurais mieux faire de me taire   

Ce que tu dis de cette trilogie me donne bien envie de la lire ; une bonne histoire dans un cadre historique respectueux, c'est très agréable !

Petit Faucon a écrit:

  shame on me ! une erreur d'au moins un siècle + confondre 2 reines    j'aurais mieux faire de me taire   

Sans importance, ce n'est qu'une légende. Tant qu'à en retenir quelque chose: au temps d'Isabeau on est très porté sur les bains, les étuves, et c'est après cette période que l'hygiène recule (voir mon post sur les bains dans le topic Romance historique) sous l'influence de l'Église qui trouve que les bains vont trop bien avec la débauche ou l'amour de soi en général, et en diabolise jusqu'à l'eau, censée ouvrir les pores de la peau aux démons... Bref, il est beaucoup plus crédible que cent ans plus tard Isabelle la Catholique envisage, comme "macération" certes (et qu'est-ce que ça devait macérer, donc...) de ne pas changer de chemise (il n'est même plus question d'hygiène de la peau à ce moment-là) tant que les Maures n'auraient pas décampé de Grenade. Qui plus est, vu l'hygiène corporelle scrupuleuse des musulmans, ça pouvait servir lui servir d'arme de dissuasion quand elle montait au combat, si tant est que...   

Merci pour ce petit rappel, Selenh   , on sent que tu nages dans les bains médiévaux comme une feuille de saponaire   

Comme le sujet de l'hygiène dans l'histoire m'intéresse (j'ai lu il y a quelques temps Le propre et le sale, l'hygiène du corps depuis le moyen-âge de G Vigarello), j'ai recherché ton post sur les bains dans le topic Romance historique (27 pages, tout de même), et finalement j'ai trouvé quelques posts sur ce sujet dans le topic Anne O Brien ; j'espère que je n'ai rien manqué d'autre.
En tous cas, c'est un sujet très intéressant, le rapport historique du corps à la notion de propreté.

Petit Faucon a écrit:

Merci pour ce petit rappel, Selenh   , on sent que tu nages dans les bains médiévaux comme une feuille de saponaire   

Pas seulement les médiévaux: élevée par une musulmane et baignée dans les vieux hammams de ma bonne ville de Sousse, fascinée par la culture des thermes romains, trempotée dans les boues bleues d'Islande, tout ça.

Citation :

j'ai recherché ton post sur les bains dans le topic Romance historique (27 pages, tout de même), et finalement j'ai trouvé quelques posts sur ce sujet dans le topic Anne O Brien ; j'espère que je n'ai rien manqué d'autre.

Scuzi, j'aurais dû être plus précise. De plus, si tu as lu Vigarello, tu n'as pas dû apprendre grand chose de mon exposé. J'espère que tu y auras au moins gagné l'envie de lire Le lys et le Léopard (tu as une liseuse, au fait?), ce qui me ramène par le truchement de Catherine la Belle (très ressemblante dans les deux romans) et Isabelle (version traditionnelle dans l'un, version réhabilitée dans l'autre) à notre sujet.

Alors, donc, je viens de finir cette œuvre (avec un personnage de Jeanne Darc supérieurement traité), et je ne suis pas déçue de ce troisième opus.
Bien au contraire, je n'ai pas éprouvé pareil bonheur de lecture historique depuis les Rois Maudits dans mon adolescence, je crois! Jusqu'à la fin des fins je suis conquise (et quelles belles figures de femmes se multiplient, Yolande d'Aragon, Colette de Corbie, Christine de Pisan...).

Pour moi c'est un TRÈS BON bouquin (ou saga, vu le nombre de personnages), j'encourage plus que jamais les lecteurs potentiels en général et les amateurs de récit historique en particulier à ne pas passer à côté. Je ne me souvient guère de Chantal Touzet comme actrice mais c'est un auteur de grand talent, elle a de quoi être fière d'une œuvre pareille.