Annie Ernaux (1940)

Son oeuvre ne m'attirait pas beaucoup non plus, et je me contenterai de quelques-uns de ses livres car certains ne me tentent pas du tout, mais j'ai bien aimé ses interventions dans La Grande Librairie qui lui a été consacrée il y a quelques semaines. Et la concision de ses livres a été un argument supplémentaire, l'investissement n'étant pas très long .

Petit Faucon a écrit:

Oui tu as tout à fait raison sur le papier, mais je ne sais pas pourquoi je ressens une sorte d'aversion quand je la vois en interview 

clinchamps a écrit:

Tout pareil, pour le merci et le peu d'attrait que ses livres m'inspirent ! Pourtant il faut que j'en lise au moins un pour me faire une idée plus juste !

Ah oui, je vous comprends ! J'ai eu la chance de lire ses livres sans l'avoir trop vue ou entendue

Je vous conseille ses récits plus intimistes: L’Autre fille (sur sa sœur morte), Je ne suis pas sortie de ma nuit (sur la mort de sa mère) ou Passion simple. L’avantage, c'est que c'est court. Si c'est un supplice, il sera bref.

La voilà sur Fce Inter pour l'heure Bleue... et pour la semaine !!

C'est un signe. 

J'ai lu tout Ernaux, enfin presque, au moins toutes les fictions et une grande partie des journaux et essais, cet été !

J'avais aimé La Place et Une Femme en leur temps. Je me suis rendu compte soudain combien le temps avait passé et qu'Ernaux, qui est considérée comme une des grands plumes féminines de notre temps, n'écrivait plus... Vu que je suis un peu maniaque de la lecture de l'œuvre intégrale, sans toujours y arriver, je me suis dit qu'avec elle ce serait facile vu la brièveté de ses romans et leur relativement récente publication.

C'est allé vite, effectivement. Et, comment dire ? Je ne m'ennuie jamais en la lisant. J'aime le factuel presque autant que les torrents d'émotion. Elle ne me transporte pas non plus, et sa prose n'est certes pas faite pour ça. Je ne lui aurait pas donné le Prix Nobel, du moins pas tant que Joyce Carol Oates ne l'aurait pas eu.

Mais elle est unique dans son écriture et son chemin de vie / d'écriture. J'ai préféré entre toutes ces dernières lectures Les Années. Rien d'original, en somme, beaucoup pensent que c'est son meilleur.

Il faudrait que je le relise alors, Selenh, parce que c'est l’un de ceux que j’ai le moins aimés.

Jamais lue mais j’aimerais tenter car je crois que ça pourrait me plaire. Cependant je suis un peu comme Petit faucon et clinchamps, je me sens rebutée a priori, pour ma part pas à cause de ses interviews que je n’ai jamais écoutées mais la façon dont j’ai entendu plusieurs admirateurs parler de son oeuvre. Pas à Lambton je précise

Selenh a écrit:

Je ne lui aurait pas donné le Prix Nobel, du moins pas tant que Joyce Carol Oates ne l'aurait pas eu.
(...) J'ai préféré entre toutes ces dernières lectures Les Années. Rien d'original, en somme, beaucoup pensent que c'est son meilleur.  

tu m'as bien fait rire Selenh
Et alors il me reste le meilleur à découvrir
Quant à Dulcie (et d'autres), je serais très curieuse de savoir ce que vous penserez de ses livres le jour où vous vous lancerez

J'ai lu Les Années lors de sa parution sans rien connaître de l'auteur (auteure/autrice   ).Le début m'avait intéressée puis j'ai survolé le reste.
J'ai oublié Annie Ernaux jusqu'au Nobel et j'avoue que je suis tombée des nues en apprenant qu'elle l'avait reçu. J'ai ensuite découvert la femme et tout ce que j'ai pu lire sur elle m'a déplu.
En ce qui me concerne un prix Nobel de littérature doit couronner une oeuvre à la résonnance universelle. Selon moi les écrits de A. Ernaux n'entrent pas dans cette catégorie.

Je repasse sur ce topic puisque j'ai commencé ma découverte d'Annie Ernaux avec son premier livre publié : Les armoires vides (1974). Court roman où elle narre l'enfance, l'adolescence et enfin l'entrée dans la vie étudiante d'un personnage clairement inspiré d'elle-même.

Au départ cela ne m'a pas plu : le style d'écriture trop déstabilisant, tassé, dense, avec un certain nombre de mots inconnus. Aussi l'enfance, voire adolescence, en fiction, ne sont pas ce que je favorise le plus souvent.
Cependant ces descriptions sont intéressantes et nécessaires dans la construction du roman, pour comprendre l'environnement familial et social de la narratrice, la réalité et sensation de décalage qu'elle éprouve à mesure qu'elle fréquente un autre type de personnes et milieu.

Puis je me suis habituée au fil de ma lecture, au point cette fois de trouver le style assez "prenant" et réellement adapté au mélange d'ambition, de honte et de colère du personnage.

Au final, j'ai plutôt apprécié et cela me donne envie de lire d'autres oeuvres d'Ernaux.

*

J'ai vécu le même parcours que toi à l'origine, Dulcie, exactement. Plus tard, récemment, j'ai encore évolué en intégrant mieux le côté «témoignage» pour une classe sociale qui n'a pas la parole, et dont elle essaie aussi par son œuvre d'«expier» sa situation de «transfuge». Il n'y a ni émotion, sinon explicitement décrite comme un élément du témoignage, ni émotivité, sentimentalité, ni aucune vanité. De l'os pur.

Dans ce sens c'est une lecture reposante, à laquelle je reviens facilement quand je ne veux pas être troublée par la vie. Comme avec un documentaire : encore une dimension qu'elle revendique. Dans Ernaux mon «je» s'oublie complètement, c'est reposant même si paradoxal me disent certains, qu'ils aiment ou pas Ernaux. Et quand je la relis je trouve toujours du nouveau, je ne tiens la lecture d'aucune de ses fictions pour acquise, toujours quelque chose à y trouver, je le sens (mais pas dans ses journaux d'écrivain, que j'assimile immédiatement). La lecture de ses journaux d'écrivains, beaucoup plus tardive, m'a confortée dans mon «ressenti».

Je ne suis pas une fan non plus du personnage public, mais ma mère le discréditait, ce qui m'a poussé à être au contraire la plus tolérante et compréhensive possible. C'est très facile d'ailleurs, par rapport à son écriture c'est évident que ce personnage-là et nos commentaires dessus n'ont strictement rien à voir avec le texte, aucune importance, pour moi ça ne résonne pas ensemble : quand Ernaux écrit, c'est son écriture et rien d'autre (pas son personnage, ni sa personne dans les journaux d'écriture). En revanche, sa façon d'écrire à partir de photos personnelles, parfois, me plaît particulièrement.
J'ai apprécié le documentaire composé par son fils et elle à partir de leurs films amateurs familiaux, La Vie en Super 8. Mais n'est pas du tout indispensable à la compréhension de l'œuvre, à mon avis.

* (Misshoneychurch, Sep, merci de vos réponses)

Sa parole vengeresse d'éternelle "transfuge de classe" me déplaît, mais j'arriverai bien à en lire au moins un ... un jour ! Si ensuite mon commentaire est positif, on ne pourra pas me taxer de snobisme !

De mon côté, mon incursion dans l'univers d'Annie Ernaux s'est faite par le biais de Mémoire de fille, mais je n'ai pas été vraiment convaincue...Malgré tout, je compte lui redonner une chance, notamment avec L'Evènement dont l'adaptation m'a beaucoup plu !

Merci pour ton commentaire très intéressant, Selenh

Ta manière d'aborder et d'éprouver les livres d'Ernaux est intriguante, surtout lorsque tu dis que ton "je" s'oublie, alors même qu'après avoir entendu d'autres avis de lecteurs, j'ai l'impression que cela leur fait souvent l'effet inverse, qu'Ernaux les ramène à eux-mêmes, que cela soit par la différence ou la ressemblance. Je ne peux pas encore me prononcer là-dessus en n'ayant lu qu'un seul livre, son premier qui plus est.

Pour l'instant, j'évite exprès de regarder/écouter ses interviews pour aborder les textes de manière plus "pure" même si inévitablement j'ai eu des échos de son personnages public

clinchamps, j'étais, suis un peu comme toi mais à force d'entendre parler de son oeuvre en bien ou mal, la curiosité l'emporte

Juliette, je voulais lire Mémoires de fille à sa sortie mais maintenant il ne me tente plus vraiment, de même que L'événement mais je changerai peut-être d'avis après avoir lu d'autres ouvrages...

Mémoire de fille n'est pas mon préféré. L'événement, j'ai trouvé le propos très intéressant mais je suis restée en dehors d'un point de vue émotionnel.

Selenh a écrit:

(...) J'ai préféré entre toutes ces dernières lectures Les Années. Rien d'original, en somme, beaucoup pensent que c'est son meilleur.  

Uly a écrit:

J'ai lu Les Années lors de sa parution sans rien connaître de l'auteur (auteure/autrice   ).Le début m'avait intéressée puis j'ai survolé le reste.

C'est celui qu'on m'a le plus recommandé, au style très différent, m'a-t-on dit, de ses premiers livres comme La place (le seul que j'ai lu à ce jour).

je viens de finir "les années" et comment dire ? j'ai aimé...Non, c'est pas vraiment ça, je me suis ennuyée ? Non pas ça non plus... J'ai ét intéressée, parce que toutes les évocations du passé du début (les chansons, les films, les personnes publiques, les évènements historiques...) eh bien,c'est ma vie ! La suite aussi mais cette première partie disparaît déjà dans les brumes du passé et il reste de moins en moins de gens à qui ça parle !La suite devient de plus en plus confuse pour moi, avec ce parti-pris de se raconter à la 3ème personne, alors qu'il s'agit d'elle et uniquement d'elle ! On dit qu'elle a créé un nouveau style d'autobiographie, et c'est vrai, puisqu'elle ne se raconte que par ce qui l'environne, mais bon, c'est un système pas un style, et on en revient toujours à l'individu, car c'est elle qui décide et choisit les repères qui jalonnent son parcours. Et pourtant sa vie personnelle n'est évoquée qu'accidentellement et surtout sans affect.Ceci dit ce point de vue permet d'avoir une belle approche du défilement du temps. Cependant je me suis toujours sentie au bord, à la limite de quelque chose, situation inconfortable !!
Il faudrait que je tente une fiction, mais... je ne sais pas... On verra... Je ne peux pas dire que ce fut une révélation enthousiasmante, même si je l'ai lu avec intérêt.

Merci pour ton avis Je me retrouve assez dans tes ressentis vis-à-vis de la lecture d'une de ses oeuvres.

Pas encore continué à la lire donc je ne connais pas Les années et d'autres m'intéressent avant mais je le lirai probablement