Bryce Courtenay (1933- )

J'ouvre un nouveau topic sur cet auteur australien d'origine sud-africaine. Vu qu'il me semble que notre Administratrice Vénérée ne l'a pas encore fait, je me permet de la devancer.

La vie de Bryce Courtenay mérite probablement qu'on écrive un roman sur elle. Enfant illégitime, il a grandi dans une communauté isolée en Afrique du Sud. Il suit des études de journalisme à Londres, mais il est interdit de retour à la fin de celles-ci parce qu'il avait établi une école pour Africains. Il décide alors d'émigrer en Australie, patrie natale de sa femme, rencontrée pendant ses études, où il y vit désormais.

Je n'ai lu de lui que Jessica, mais son roman le plus connu est probablement The Power of One (La Puissance de l'Ange en français). Mon résumé sera bref et plutôt vague, vu que je n'ai pas envie de trop dévoiler l'intrigue. La quatrième de couverture des différentes éditions dévoile déjà passablement la trame. Jessica Bergman est une jeune fille vivant dans le bush australien à la frontière entre la Nouvelle-Galles-du-Sud et le Victoria juste avant la Première Guerre Mondiale. Garçon manqué, elle défie les conventions de l'époque en faisant le travail d'un homme dans le domaine familial. De sa vie sur cette terre inhospitalière, elle a acquis une obstination et le courage d'agir selon ses convictions, quelles qu'en soit les conséquences. On suit son combat pour la justice contre des obstacles insurmontables.

J'ai passablement aimé ce livre. Bryce Courtenay est un conteur exceptionnel et il nous tient en haleine dès le début. Son héroïne est remarquablement décrite et est très attachante. Son histoire est bouleversante et j'ai vraiment souffert avec elle à travers ses épreuves. On a également une excellente description de la dureté de la vie dans le bush australien au début du XXème siècle.

Pour la lecture en anglais, il faut vous attendre à croiser des mots inhabituels, car le jargon australien est assez présent (tucker, damper, billy, etc. ), de même que le vocabulaire concernant la faune et la flore australiennes. Pour celles et ceux qui veulent le lire en français, il existe une traduction chez JC Lattès que vous pouvez trouver chez Amazon.fr, même si elle est assez chère (20 Euros).

Finalement, il existe une adaptation réalisée par la télévision australienne. Et miracle, elle a été doublée en français et a été diffusée sur M6 (une de ces "saga à 2 balles en 2 parties, diffusée sur M6 le dimanche après midi pour occuper toutes celles et ceux qui n'ont rien d'autre à faire" (copyright Toxic) ). J'ai également beaucoup apprécié l'adaptation, même si elle n'a pas la richesse de l'oeuvre originale, et l'histoire est un poil moins sombre. L'interprétation par la distribution (inconnue au bataillon pour moi, à une exception près) était très bonne, en particulier la jeune actrice incarnant Jessica et Sam Neill dans le rôle d'un avocat ivre la moitié du temps. Je poste quelques photos ici:

L'affiche officielle:


Jessica (Leeanna Walsman):


Jack, l'amoureux de Jessica (Oliver Ackland):

Désolée de t’avoir laissé seul sur ce topic, Copetan, alors que j’ai pourtant moi-même évoqué Bryce Courtenay à plusieurs reprises comme étant un romancier digne d’intérêt. Merci pour ta présentation de Jessica. La personnalité de l’héroïne me rappelle un peu celle de Peekay, le héros de The Power of One, qui est effectivement le roman le plus populaire de Courtenay, je pense. C’est celui que j’ai lu en premier et que j’ai préféré, en fait. Je dirais même que j’ai dévoré ce livre, complètement charmée par Peekay, un jeune garçon qui doit apprendre à se faire une place dans un monde dans lequel il ne se sent jamais complètement à sa place. Le résumé du livre selon la quatrième de couverture:

Citation :

Bouleversant roman d'éducation, drôle et grave à la fois, étonnante saga picaresque peuplée de personnages inoubliables, La Puissance de l'Ange retrace, de la fin des années trente aux années cinquante, dans une Afrique du Sud déchirée par les haines raciales, l'incroyable itinéraire d'un jeune Anglais pauvre, déterminé à faire triompher la loi du coeur sur celle de la force aveugle. Arraché à l'affection de sa nourrice zouloue, et jeté en pension dans une institution où il devient le souffre-douleur d'une bande d'Afrikaners nazillons, Peekay apprend, dès cinq ans, que la vie est une route semée d'épreuves. Intelligent et brave, curieux et généreux, il saura tirer le meilleur des leçons offertes par les personnages hors du commun qui vont croiser son chemin : Hoopie, le cheminot boxeur au coeur d'or, qui lui enseigne comment le petit peut vaincre le gros ; Doc, le musicien allemand humaniste, qui deviendra son maître à penser et le père qu'il n'a pas eu ; Geel Piet, le métis, qui fera de lui un champion du ring...

Ce qui m’a le plus marquée dans ce livre, c’est le caractère incroyablement attachant du héros, qui pratique peut-être un sport violent et dont je ne suis personnellement pas du tout adepte mais qui est avant tout et paradoxalement un humaniste. Sur fond de haine et de racisme, le parcours de Peeckay est une vraie leçon de tolérance et d’optimisme. Et comme l’a dit Copetan, Courtenay est un redoutable conteur, qui sait maintenir notre intérêt en nous décrivant les émotions et les espoirs du jeune garçon puis de l’adolescent et surtout les rencontres qui le rendent plus fort et lui permettent de vivre un destin exceptionnel.

De ce livre magnifique a été tirée une adaptation malheureusement passée inaperçue, avec John Gielgud, Morgan Freeman et surtout Armin Mueller-Stahl qui campe un Doc fantastique. C’est d’ailleurs avec ce film que j’ai découvert cet acteur que j’aime toujours à retrouver. Le film ne peut bien sûr pas reconstituer toute la richesse du livre et procède à des raccourcis ou changements assez importants mais il donne tout de même une bonne idée du roman.






J’ai aussi lu la suite de The Power of One, Tandia. Je ne me souviens plus vraiment de l’intrigue mais je l’ai lu avec beaucoup de plaisir également. Il me semble que l’action est plus directement lié aux problèmes politiques et qu’il y a plus de tension (au niveau formel, j’entends, on est plus dans le thriller).

Je l’ai dit ailleurs, après avoir adoré ces deux livres, j’ai été très déçue par The Potatoe Factory, que j’ai laissé plusieurs années en suspens mais que je me suis tout de même forcée à finir l’année dernière dans l’idée d’attaquer Tommo & Hawks (acheté d’abord, sans me rendre compte que c’était une suite). Je crois que ma déception provient des personnages, auxquels je n’ai jamais réussi à m’attacher et surtout de l’atmosphère trop proche des passages de Dickens que j’apprécie le moins, peuplés de la lie de la société. Par ailleurs, j’avais trouvé The Power of One très bien écrit alors que The Potatoe Factory m’a laissée de marbre, pas mal écrit non plus, mais sans relief, sans âme.

Au cas où quelqu'un souhaiterait en savoir plus, Bryce Courtenay a son site sur la toile:

http://www.brycecourtenay.com/bryce.asp