Russell Banks

J'ai découvert Russell Banks tout dernièrement et... je ne l'ai plus lâché!
Dans le désordre: Affliction, The Darling, Rule of the Bone sont incroyablement captivants.
ll faut se méfier, les livres d'histoires courtes (Trailer Park, Angel on the Roof, par exemple) sont nettement moins intéressants.
Russell banks partage avec Douglas Kennedy l'utilisation extensive du Nord-Est des USA, le New-Hampshire et le Maine en particulier, dans lesquels se passent la majeure partie de ses histoires.

Ah ça y est, je me rappelle pourquoi le nom de Russell Banks me disait quelque chose : il a écrit De beaux lendemains.
Je n'ai pas lu le livre mais j'ai beaucoup entendu parler du film qui en a été tiré, réalisé par Atom Egoyan (Exotica) et interprété notamment par Sara Polley (Ma vie sans moi, Don't come knocking...).

Mais bien évidemment je n'ai pas vu le film non plus (mes posts sont décidément d'un intérêt total ces derniers temps )

Moi aussi j'aime Russell Banks. Enfin. c'est compliqué. J'ai adoré De beaux lendemains, et comme toujours quand j'aime un auteur j'ai voulu tout lire de lui. J'ai donc lu Trailer Park, que j'ai moins aimé, mais pas mal quand même. Et là American Darling traîne devant ma table de nuit depuis 3 mois. J'en ai lu une partie, et je ne sais pas, je n'accroche pas excessivement... L'Afrique, probablement, car c'est un continent qui m'intéresse très peu par rapport à l'Amérique.

J'ai lu "De beaux lendemains" il y a quelques temps déjà...
Il s'agit d'un roman à plusieurs voix, dans lequel chaque personnage apporte un regard nouveau sur l'évènement (un accident de bus qui a coûté la vie à plusieurs enfants) qui a bouleversé la vie d'un petit village isolé....
Un roman que je ne saurai qualifier, qui laisse une trace, sans trop savoir laquelle ! J'aime... et j'aime pas ! Un mélange de sentiments, tristesse, douleur, haine, esprit de vengeance, des personnages qui cachent tous un secret derrière des apparences, que ce soit Billy Ansel qui a perdu ses deux enfants, Mitchell Stephens l'avocat qui tente de fuir ses propres échecs ou la jeune Nicole Burnell..... Chacun parle "vrai" et dit la vérité, chacun va affronter la réalité à sa manière, à travers ses blessures... Une histoire remplie d'émotions.....

Merci pour ton avis sur De beaux lendemains, Chantilly !

Tu me fais penser que ça fait deux ou trois ans que je veux me remettre à lire du Russel Banks, après avoir adoré ma lecture de American Darling, un livre qui m'a beaucoup marquée, mais c'est vrai qu'il est assez dur... Mais globalement j'ai l'impression que les bouquins de Russel Banks ne sont jamais très joyeux.

J'adore la couverture de mon édition d'ailleurs (Babel chez Actes Sud) :

J'ai terminé hier soir ma lecture de American Darling et je remercie vivement Esperluette pour son lobbying. Voilà un livre qui ne peut manquer de susciter des tonnes de réflexions dès le moment où l'on s'intéresse un tant soit peu aux rapports à l'altérité, à l'histoire et à la politique.

Cette dernière vue du petit côté de la lorgnette, sans que cela soit péjoratif. C'est un cadrage serré sur son héroïne auquel se livre Russel Banks. Elle traverse les événement, dont certains assez tragiques , comme détachée du monde. Ce détachement est très bien expliqué :

Spoiler:

La construction un peu particulière du roman, qui nous présente assez rapidement les grandes lignes du destin de Hannah Musgrave, cette ex-activiste américaine dont le parcours agité se poursuit au Liberia, pays dans lequel elle va vivre les années mouvementées qui précèdent la prise de pouvoir par Charles Taylor, et nous fait ensuite remonter le temps pour avoir plus de détails, nous permet de construire logiquement le fil de son évolution. Et même, paradoxalement, de nous attacher à elle. Je parle de paradoxe car il n'est pas évident d'éprouver de la sympathie pour Hannah. Je crois que j'y suis parvenue parce qu'elle reconnaît ses erreurs et qu'elle remet les choses en perspective, même si ce ne sont pas toujours les mêmes perspectives que moi.

J'ai trouvé ce roman intrigant, déstabilisant et interpellant. Non pas que je rêve de ne lire que ce type de fiction (je crois que je finirais par perdre ma belle confiance dans le progrès de l'humanité ) , je précise. Mais là ça tombait en plus parfaitement bien pour moi, juste après mes vacances en Afrique. Il n'est pas évident de mener une réflexion de ce genre dans un style qui reste accessible, Russel Banks l'a parfaitement réussi. J'ai donc été déstabilisée, mais aussi accrochée, alors que la rareté des dialogues et la longueur des paragraphes me faisaient un peu peur au début. Mais on est dans le réel, dans le précis, dans le vrai, c'est donc sans aucune peine, et même avec une pointe de regret, que je suis arrivée au bout de la lecture de ces près de 600 pages.

Je suis ravie que le livre t'ait plu, Cat. Ca fait maintenant un moment que je l'ai lu mais j'en garde un souvenir assez fort et je me retrouve beaucoup dans ton post.

C'est vrai que le livre est dur, je me rappelle surtout d'un passage vers la fin

Spoiler:

Quand je l'ai lu je ne savais absolument rien du Libéria (je ne savais même pas que c'était une colonie américaine au départ ) et je n'étais pas particulièrement intéressée par l'Afrique mais j'avais été complètement embarquée dans cette histoire.

Quant au style de Russel Banks, j'avais adoré. Pour le plaisir, et si ça peut donner envie aux visiteurs de ce topic (qui n'ont pas l'air nombreux, mais ne désespérons pas ), je poste le premier paragraphe :

Citation :

Après quelques années où j'ai cru que je ne rêvais plus jamais de rien, j'ai rêvé de l'Afrique. C'est arrivé une nuit de la fin du mois d'août, ici, dans ma ferme de Keene Valley, pratiquement le lieu le plus éloigné de l'Afrique où j'ai pu m'installer. J'ai été incapable de me souvenir de ce que racontait ce rêve, mais je sais qu'il se déroulait en Afrique, au Libéria, dans ma maison de Monrovia. Les chimpanzés avaient dû y jouer un rôle, parce que des visages ronds et bruns semblables à des masques flottaient encore dans mon esprit quand je me suis réveillée bien à l'abri dans mon lit, dans cette vieille maison au milieu des monts Adirondacks. Et j'étais submergée par une évidence : j'allais bientôt y retourner.

Il me semble que Scorsese avait pour projet d'adapter ce livre, avec Cate Blanchett dans le rôle d'Hannah, mais je ne sais pas si c'est toujours d'actualité.

Merci pour ta réponse, Esperluette.

En ce qui me concerne, je connaissais un ou deux éléments de l'histoire du Liberia mais de manière très théorique. C'était intéressant d'avoir plus de détails. Et je gardais surtout le souvenir d'avoir entendu pas mal parler du pays aux actualités avant et après que Charles Taylor ait pris le pouvoir, pour des histoires qui donnaient la chair de poule. Par contre je ne savais pas grand chose de l'activisme de certains milieux américains. Bine sûr, j'ai entendu parler des mouvements pour les droits civiques des Noirs et contre la guerre du Vietnam, mais je ne savais pas que ça avait été aussi extrême. Ce point m'a également pas mal intéressée.

Oui, en furetant à droite et à gauche sur le net à la recherche de plus d'informations sur Russel Banks, j'ai également entendu parler de cette adaptation. Les informations n'ont malheureusement pas évolué depuis plusieurs années, ce qui est assez mauvais signe. A première vue, le projet était prévu pour 2009.

J'aurais bien vu Cate B. pour ce rôle. Je trouve en plus qu'il y a du potentiel pour le grand écran dans cette histoire.

cat47 a écrit:

Par contre je ne savais pas grand chose de l'activisme de certains milieux américains. Bine sûr, j'ai entendu parler des mouvements pour les droits civiques des Noirs et contre la guerre du Vietnam, mais je ne savais pas que ça avait été aussi extrême. Ce point m'a également pas mal intéressée.

J'avais trouvé cet aspect très intéressant moi aussi.

cat47 a écrit:

J'aurais bien vu Cate B. pour ce rôle. Je trouve en plus qu'il y a du potentiel pour le grand écran dans cette histoire.

j'espère que ce projet remontera à la surface un jour, même si c'est avec un autre réalisateur et une autre actrice, car j'aimerais bien voir ce que ça pourrait donner sur grand écran ! Je ne sais pas pourquoi mais j'aurais bien vu Susan Sarandon dans le rôle d'Hannah, mais elle est un peu vieille pour le rôle maintenant ^^

Pour celles qui s'intéressent à Russell Banks, je signale qu'il était ce matin l'invité des Matins de France Culture, émission réecoutable ici

Depuis le temps que je voulais poursuivre ma découverte de l'œuvre de Banks, je m'y suis enfin décidée, et j'ai lu La Réserve, choix un peu arbitraire guidé non par les critiques (un peu mitigées par rapport à ses autres romans) mais par la sublime couverture.

Spoiler:

Je fais ma feignasse et je vous copie-colle le résumé :

Citation :

Quand en juillet 1936 le peintre Jordan Groves rencontre Vanessa Cole dans son luxueux chalet en bordure d’un lac des Adirondacks, il ignore qu’il vient de franchir la ligne qui sépare les séductions de la comédie sociale et les ténèbres d’une histoire familiale pleine de bruit et de fureur. Si attaché qu’il soit à sa femme et à ses deux enfants, ou aux impératifs d’une carrière artistique déjà brillamment entamée, Jordan ne peut longtemps se soustraire à l’irrésistible attraction qu’exerce sur lui la sulfureuse Vanessa…
Très loin de là, en Europe, l’Histoire est en train de prendre un tour qui va bientôt mettre en péril l’équilibre du monde. Déjà, certains écrivains, tels Ernest Hemingway ou John Dos Passos, ami de Jordan Groves, ont rejoint l’Espagne pour combattre aux côtés des républicains.
Sur les rives du lac, Jordan Groves et Vanessa Cole s’approchent l’un de l’autre, l’avenir du premier déjà confi squé par le passé de la seconde, pour explorer leurs nuits personnelles dont l’ombre s’étend sur chacun de ceux qui les côtoient…

J'ai trouvé cette lecture agréable, mais je n'ai pas été entièrement convaincue et je comprends les critiques négatives qui ont été faites sur ce livre. American Darling m'a prouvé qu'il est capable d'écrire des romans d'une autre envergure que celui-ci.
J'ai apprécié le style et l'ambiance. La première partie du roman baigne dans une atmosphère à la fois élégante et un peu inquiétante, la description de cette société privilégiée rappelle un peu Fitzgerald. Et puis surtout il y a la réserve, personnage à part entière du roman, on s'y croirait.
Et puis dans la deuxième partie, ça se délite un peu. Je me suis sentie assez peu concernée par ce drame sentimentalo-idéologique qui se joue entre les personnages principaux. Certaines réflexions me semblaient pertinentes, j'ai aimé la description des sentiments de chacun, mais en même temps tout cela m'a paru un peu superficiel. Disons que c'est un texte intéressant, qui m'a fait passer un bon moment de lecture, mais pas un livre très marquant non plus. Je poursuivrais avec les romans plus sociaux de Banks, il semblerait que la bourgeoisie lui réussisse moins bien.

J'ai appris hier le décès de Russell Banks, auteur dont je n'ai absolument rien lu jusqu'à présent. La consultation de ce topic m'incite à m'y intéresser un de ces jours, en commençant peut-être par De beaux lendemains (ou alors avec Oh Canada, dont j'avais entendu parler à sa sortie...).

Je n'ai lu que De beaux Lendemains que j'avais beaucoup apprécié (le film d'Atom Egoyan est bien aussi).