Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| George Orwell | |
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zlabyab Demande enflammée
Nombre de messages : 392 Age : 29 Localisation : Vers l'infini et l'au delà! Date d'inscription : 14/07/2010
| Sujet: Re: George Orwell Mer 4 Mai 2011 - 17:42 | |
| Bah (peut-être que mon souvenir est flou) si le monde décrit par Orwell est concrètement plus proche de notre monde dans son train de vie quotidien, le totalitarisme qu'il dénonce est plus un totalitarisme extrême, comme celui de l'URSS. Bien que "technologiquement plus éloigné" (et même, c'est sûr qu'on en est pas à un système où l'individu est coupé de sa cellule familiale etc) si le monde qu'Huxley décrit est plus éloigné du notre, les questions qu'il pose, le système qu'il a mis en place dans le livre est en fait beaucoup plus proche de ce qui peut (ou pourrait se passer) dans n'importe quel pays - Spoiler:
:"La société intégralement organisée, le système scientifique des castes, l'abolition du libre arbitre par conditionnement méthodique,. la servitude rendue tolérable par des doses régulières de bonheur chimiquement provoqué, les dogmes orthodoxes enfoncés dans les cervelles pendant le -sommeil au moyen des cours de nuit"( c'est une citation d'Huxley dans retour au meilleur des mondes, un livre écrit trente ans après le meilleur des mondes et où il analyse l'évolution du monde depuis, si on s'est rappoché où éloigné du monde qu'il décrivait-et ou il comppare son livre à 1984) qui sont au fond les thèmes essentiels du livre, si ça ne passe pas forcément par la consommation de soma ou le conditionnement d'embryons produits industriellement sont des choses qu'on retrouve beaucoup plus dans un pays pas forcément considéré comme extrême comme la France- déjà de nos jours- que je ne sais pas, l'abrutissement poussé à un tel point qu'on ne se rend pas compte, d'une seconde à l'autre, qu'on ne fait plus la guerre au même continent depuis la nuit des temps. Les conditions qui permettent qu'on en arrive à un tel point, et même qu'un tel système tienne la route sont beaucoup moins développées dans 1984 alors que le systéme du meilleur des mondes m'a donné l'impression d'être parfaitement cohérent et presque sans faille au point que je me suis dit "oui, si les avancées technologiques allaient dans ce sens, tout est si bien calculé(juste assez de bonheur chimique pour rendre tout ça supportable etc...) que ce système là tiendrait parfaitement!"
Dans 1984, on ne peut pas s'empêcher de se demander comme quelqu'un l'a déjà dit "mais qui puorrait vivre dans un tel monde!". D'accord, ça apporte énorméément de jouissance du pouvoir aux dirigeants mais au final je pense que ce genre de systèmme doit toujous finir par exploser, comme ça a été le cas de l'URSS. Dans le meilleur des mondes - Spoiler:
, la conversation finale entre le narrateur et le scientifique, qui lui aussi a parfaitement compris le système, qui lui aussi semble être dôté d'une conscience absolument pas endormie, et qui pourtant a fait le choix de rester dans ce monde, de ne pas aller s'exiler sur "l'île" "prouve" vraiment qu'un système pareil pourrait être accepté.
Enfin je ne sais pas si je suis très claire |
| | | willow Innamoramento
Nombre de messages : 2781 Age : 44 Localisation : entre deux rayons de livres dans une librairie... Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: George Orwell Jeu 19 Mai 2011 - 20:40 | |
| J'ai lu 1984 et je viens donner mon avis qui est : Notre monde actuel n'est pas parfait, mais je pense que personne ne souhaiterait être dans le monde de 1984. Ca m'a fait peur d'imaginer un monde tel que celui-ci, avec toutes les dérives amplifiées. J'ai eu du mal avec la scène avec les rats et la scène du miroir. Sans parler des enfants Parsons et de la réactionn de leur père qui est emprisonné Quant à Julia, j'ai trouvé son personnage ambigu. Alliée? Ennemie? Un livre qui fait réfléchir. |
| | | imonjo Ready for a strike!
Nombre de messages : 1373 Age : 51 Localisation : près de Paris Date d'inscription : 15/09/2008
| Sujet: Re: George Orwell Jeu 22 Déc 2011 - 11:18 | |
| Je suis en train de lire 1984, et j'ai été marquée par l'actualité de ces trois derniers jours : le décès du dictateur nord-coréen.
On voit à la télévision la présentatrice-télé du régime annoncer le décès du chef bienaimé avec des sanglots dans la voix. On voit des femmes en larmes qui se ressemblent toutes dans leur attitude. On voit des rassemblements de coréens sur une grande place, laisser exploser leur désespoir.
Et là, j'ai pensé au rassemblement des Deux minutes de la Haine, dans le roman, où chacun est pris par le bruit des cris qui l'entourent et se trouve à hurler aussi fort par l'effet de masse, et une fois que la raison est revenue, se trouve obligé de continuer à hurler pour ne pas laisser un indice de sa propre prise de conscience au milieu de ce rassemblement d'espions potentiels. C'est terrifiant.
Je n'ai pas lu tous vos commentaires car je ne suis qu'à la moitié du roman, mais j'ai peu d'espoir que le roman se termine bien. Peut-être l'auteur aura-t-il laissé passer une note d'espoir quand même... |
| | | MeoOw Riche célibataire
Nombre de messages : 137 Age : 28 Date d'inscription : 11/03/2010
| Sujet: Re: George Orwell Ven 24 Aoû 2012 - 19:56 | |
| 1984, wah Ce n'est pas un livre qui fait partie de ceux dont je ne pouvais plus lâcher, je devais le lire petit à petit chaque jour, mais quelle lecture oO Un roman qui m'a sensiblement marqué, c'est sûr, personne ne voudrait vivre dans un tel monde, et j'ai toujours quelques bribes dans ma tête du raisonnement sur la lutte des classe, sur la manipulation qu'exerce les dirigeants sur le peuple, sur la place de la science (qui sert uniquement à perfectionner les armes de guerre), oui tout ça je m'en souviens bien, et je ne suis pas prête de l'oublier. |
| | | HussarBlue Subtil compliment
Nombre de messages : 179 Localisation : On Hadrian's wall, back in the fall of '72 Date d'inscription : 01/12/2012
| Sujet: 1984 et la Ferme ? Lun 3 Déc 2012 - 19:06 | |
| Orwell n'est pas que l'auteur de ces deux ouvrages, essentiels au demeurant (le Newspeak, on l'entend tous les jours, et Animal Farm est le modèle du livre de combat intellectuel "two legs good, four legs bad", inoubliable...).
Lisez, si vous souhaitez comprendre l'homme et son évolution Coming Up for Air The road to Wigan pier et Homage to Catalonia. Et sa posture de Tory Anarchist me convient tout à fait, après ces cheminements... Shooting an elephant, aussi...
Il fut l'ami de Victor Gollancz, proche de Vera Brittain, des gens de gauche, pacifistes absolus, condamnant les bombardements terroristes sur l'Allemagne, vécus par Kurt Vonnegut jr, et évoqués dans un autre Topic.
Et dans un registre un peu plus léger, Decline of the English Murder and other essays... où il fait preuve d'un humour inattendu chez cet homme malade, pessimiste, et persuadé de la fin de l'Europe de la common decency, comme de sa propre et prochaine finitude...
J'ai été ému de découvrir, en lisant une récente biographie, que j'avais habité en Angleterre à quelques miles de l'endroit où il avait longtemps vécu...
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| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: George Orwell Mar 21 Aoû 2018 - 14:52 | |
| Enorme up pour ce topic oublié. George Orwell est en couverture du Point de cette semaine. Le dossier est intéressant, il concerne plus les idées que l'écrivain mais qui s'en plaindrait? Et l'on peut y retrouver les références de la nouvelle traduction de 1984, qui a fait parler d'elle au printemps. L'article sur "L'ermite de Jura est particulièrement intéressant pour ceux qui aiment l'Ecosse sauvage. _________________ |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: George Orwell Lun 1 Oct 2018 - 17:31 | |
| Je termine à l'instant Orwell ou l'horreur de la politique, de Simon Leys, petit essai impressionniste plus que biographie, raison pour laquelle je poste ici plutôt que dans le sous-forum "non-fiction". J'ai acheté ce livre après avoir lu L'impasse Adam Smith, de Jean-Claude Michéa, dans lequel je n'avais pas trouvé ce que je cherchais (des arguments valable contre la doctrine classique en économie) mais qui développe des idées intéressantes sur la pensée politique de G. Orwell. Je ne m'attendais donc pas à une biographie, ni à de la littérature, et pourtant, c'est à peu près ce que j'y ai trouvé. En effet, Simon Leys, sinologue et critique littéraire, livre en 76 pages quelques réflexions très personnelles sur le parcours et l'oeuvre de l'écrivain, en s'attardant plus particulièrement sur 1984. L'idée principale est que Orwell, "humaniste laïque" marqué par sa première expérience professionnelle de "policier colonial" en Birmanie, puis par la Guerre d'Espagne (à laquelle il a participé) est passé par un cheminement tortueux dans sa quête très personnelle de communion avec les opprimés. Il a "consigné les étapes de cette recherche en artiste plutôt qu'en intellectuel". Ce qui fait que non seulement ses romans mais aussi sa narration de la Guerre d'Espagne ( A Road to Catalonia) ou ses récits de galère ( Down and Out in London and Paris, The Road to Wigan Pier) sont des oeuvres d'art travaillées et non pas de simples récits journalistiques. Il aurait d'ailleurs ainsi inventé, bien avant Truman Capote et Norman Mailer, le concept de roman-sans-fiction. Sont également commentés les goûts littéraires de Orwell, qui cite comme écrivains qu'il ne se lasse jamais de relire Shakespeare, Swift, Fielding, Dickens, Samuel Butler, Zola, Flaubert, Joyce et quelques autres mais surtout... Somerset Maugham. Peu de choses par contre sur les idées politiques de Orwell, si ce n'est, en annexe, quelques citations sur le socialisme, le totalitarisme, le pacifisme, etc. Juste de quoi montrer que sa pensée était assez chaotique à ce niveau. On comprendrait mieux son évolution si les citations étaient datées, d'ailleurs. Car vu le contexte ( Orwell avait 15 ans en 1918 et sa dernière oeuvre, 1984 justement a été publiée en 1948), on peut très bien comprendre que sa pensée ait suivi quelques méandres et retournements. Dans les annexes, il y a également une très intéressante lettre d'Evelyn Waugh à Orwell sur 1984. Ils étaient contemporains et s'estimaient, mais étaient loin de partager les même idées. Je reste sur ma faim donc pour ce qui est de mieux connaître la pensée de Orwell (une biographie plus conventionnelle devrait faire l'affaire à ce niveau) mais j'ai fait remonter dans ma PAL A Road to Catalonia et Down and Out in London and Paris, c'est déjà ça. _________________ |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: George Orwell Ven 29 Mar 2019 - 13:25 | |
| Zoju et Vavyala*, pour vous mettre en appétit en vue de notre mini-lecture de "1984" (ou pour la digestion selon vos préférences) * et les autres aussi bien sûr |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: George Orwell Sam 30 Mar 2019 - 17:49 | |
| Merci!! Idem, je lirai cette interview lundi, avant de découvrir sa traduction EDIT du 2 avril (pour éviter un double post à 3-4 jours d'intervalle...) J'ai commencé la lecture de l'interview de Josée Kamoun, des éléments intéressants comme lors de la table ronde du festival VO-VF, et d'autres un peu plus condescendants vis à vis de la précédente traduction (comme le qualificatif de "jouvencelle" à l'égard d'Amélie Audiberti) qui m'ont un peu crispée. Je n'ai pas eu le temps de lire l'interview en entier. Ayant commencé la lecture de 1984 dans sa traduction aujourd'hui, je reprendrai la suite plus tard, pour ne pas être influencée dans mon ressenti. Tout d'abord, super initiative serendipity d'avoir proposé cette lecture de groupe en avril. Ça met dans l'ambiance dès les premières lignes: - Citation :
- C'est un jour d'avril froid et lumineux et les pendules sonnent 13:00.
A chaud, la traduction de Josée Kamoun se lit très agréablement, son style est très fluide. Cependant, je n'ai pas ressenti durant les premiers chapitres la même tension dramatique que lors de ma première découverte de cette œuvre il y a quelques années... Du coup, j'ai ressorti la traduction d'Amélie Audiberti et quoi que son style soit plus "lourd", l'ambiance plus SF, "dystopique", qu'elle installe m'a de nouveau saisie et fait plus d'effet que dans la nouvelle traduction. En comparant les 3 premiers chapitres, les moments sombres ressortent mieux selon mes goûts dans la traduction d'A. Audiberti et ceux plus lumineux dans celle de J. Kamoun (comme le rêve dans la contrée dorée). En revanche, dans les termes du novlangue/néoparler, j'ai une préférence pour les choix faits par J. Kamoun. La première phrase qui m'a vraiment fait peur, dans la traduction de J. Kamoun, est: - Citation :
- Celui qui fait vraiment peur, c'est le Ministère de l'Amour. L'édifice n'a pas une seule fenêtre.
La concision et la proximité des mots "peur" et "Amour" est saisissante je trouve! Je ne sais pas comment Orwell a écrit cette phrase en VO, mais je trouve qu'elle claque au visage du lecteur!! Pour comparaison, A. Audiberti avait choisi la formule suivante, peut-être moins percutante: - Citation :
- Le ministère de l'Amour était le seul réellement effrayant. Il n'avait aucune fenêtre.
Il y a une deuxième citation que j'ai adorée : - Citation :
- Ce n'est pas en se faisant entendre qu'on transmet l'héritage humain, mais en gardant sa raison. (J. Kamoun)
Ce n'était pas en se faisant entendre, mais en conservant son équilibre que l'on portait plus loin l'héritage humain. (A. Audiberti) Pour terminer sur les choix de traduction, je vous mets les slogans du Parti tels que choisis dans les 2 versions: - Citation :
- Guerre est Paix, Liberté est Servitude, Ignorance est Puissance (J. Kamoun)
La Guerre c'est la Paix, la Liberté c'est l'Esclavage, l'Ignorance c'est la Force. (A. Audiberti) Après cette première journée de lecture, je n'ai pas envie de continuer à lire en parallèle les 2 versions. Je vais poursuivre essentiellement sur celle de J. Kamoun et ne posterait mes commentaires ultérieurs que sur cette version. Cela donnera sa chance à J. Kamoun sans toujours être dans la comparaison avec sa prédécesseur. Et comme zoju lit/lira celle originale d'A. Audiberti, une lectrice suffira |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: George Orwell Mer 3 Avr 2019 - 18:21 | |
| Je n'avais pas vu ton message Vavyala merci pour tes commentaires Je n'ai pas encore terminé le 3è chapitre car j'avance lentement dans ma lecture ... pour l'instant, cela me plait bien Pour commencer, je lis donc la VO avec un oeil sur la traduction d'Audiberti car je n'ai pas encore récupéré la dernière édition. Cet exercice est plaisant - Vavyala a écrit:
- Tout d'abord, super initiative serendipity d'avoir proposé cette lecture de groupe en avril. Ça met dans l'ambiance dès les premières lignes:
- Citation :
- C'est un jour d'avril froid et lumineux et les pendules sonnent 13:00.
Moi aussi, j'ai adoré que le temps de l'action coïncide avec notre lecture, le hasard fait bien les choses Un jour d'avril froid et lumineux, ça ressemble bien à aujourd'hui pour nous En VO cela donne : - Citation :
- It was a bright cold day in April, and the clocks were striking thirteen
- Vavyala a écrit:
-
- Citation :
- Celui qui fait vraiment peur, c'est le Ministère de l'Amour. L'édifice n'a pas une seule fenêtre.
La concision et la proximité des mots "peur" et "Amour" est saisissante je trouve! Je ne sais pas comment Orwell a écrit cette phrase en VO, mais je trouve qu'elle claque au visage du lecteur!! Pour comparaison, A. Audiberti avait choisi la formule suivante, peut-être moins percutante: - Citation :
- Le ministère de l'Amour était le seul réellement effrayant. Il n'avait aucune fenêtre.
Moins percutant, mais Audiberti est plus proche du texte d' Orwell -même si nous n'allons pas entrer dans des débats techniques sur ce qui fait la qualité d'une traduction - Citation :
- The Ministry of Love was the really frightening one. There were no windows in it at all.
- Vavyala a écrit:
- Il y a une deuxième citation que j'ai adorée :
- Citation :
- Ce n'est pas en se faisant entendre qu'on transmet l'héritage humain, mais en gardant sa raison. (J. Kamoun)
Ce n'était pas en se faisant entendre, mais en conservant son équilibre que l'on portait plus loin l'héritage humain. (A. Audiberti) Je ne crois pas être encore passée par là si tu me dis où ce passage se situe, je le chercherai en VO Pour ma part, c'est cette phrase de la fin du 2è chapitre qui m'a interpellée : - Citation :
- "Now that he had recognized himself as a dead man it became important to stay alive as long as possible"
- Vavyala a écrit:
- Pour terminer sur les choix de traduction, je vous mets les slogans du Parti tels que choisis dans les 2 versions:
- Citation :
- Guerre est Paix, Liberté est Servitude, Ignorance est Puissance (J. Kamoun)
La Guerre c'est la Paix, la Liberté c'est l'Esclavage, l'Ignorance c'est la Force. (A. Audiberti) - Citation :
- War is peace/ Freedom is Slavery/ Ignorance is strength
Je comprends que tu optes pour la version de Josée Kamoun, cela promet des échanges intéressants. Pour l'instant, je trouve sa transposition de la narration au présent assez déconcertante, même si je lui reconnais une certaine efficacité pour happer le lecteur dans l'univers de Winston Smith. Bonne lecture |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: George Orwell Jeu 4 Avr 2019 - 13:51 | |
| - serendipity a écrit:
- Je n'ai pas encore terminé le 3è chapitre car j'avance lentement dans ma lecture ... pour l'instant, cela me plait bien
Pour commencer, je lis donc la VO avec un oeil sur la traduction d'Audiberti car je n'ai pas encore récupéré la dernière édition. Cet exercice est plaisant Oui, il faut que cela reste une lecture-plaisir, d'autant qu'on ne dispose pas chacune du même temps libre et que la vitesse de lecture entre VO et VF n'est pas la même! J'en suis pour l'instant au cours du 8ème chapitre. Comme toi, je trouve la lecture très agréable!! Du coup, quand j'ai du temps, j'avale les pages! En revanche, j'en reste toujours à ma première impression, de moins ressentir l'ambiance oppressante que lors de ma première découverte de cette œuvre il y a quelques années... Mais bon, tout est relatif! Par exemple, un passage du chapitre 5 qui m'a particulièrement fait froid dans le dos (que je mets en spoiler pour que zoju et toi le découvriez seules et ne lisiez le contenu de la balise qu'une fois rendues au chapitre 6): - Spoiler:
Le dialogue entre Winston et Syme sur le néoparler (novlangue dans l'ancienne traduction, newspeak en VO je crois) et sa mise en place pour diminuer la capacité des gens à penser reste glaçant, quelle que soit la traduction...
- serendipity a écrit:
- Moi aussi, j'ai adoré que le temps de l'action coïncide avec notre lecture, le hasard fait bien les choses
Un jour d'avril froid et lumineux, ça ressemble bien à aujourd'hui pour nous En VO cela donne :
- Citation :
- It was a bright cold day in April, and the clocks were striking thirteen
Merci pour la VO! J'adore le choix du verbe "to strike"! Et oui, avril est froid et lumineux ici aussi... - serendipity a écrit:
- Moins percutant, mais Audiberti est plus proche du texte d'Orwell -même si nous n'allons pas entrer dans des débats techniques sur ce qui fait la qualité d'une traduction
- Citation :
- The Ministry of Love was the really frightening one. There were no windows in it at all.
Oui, je laisse les littéraires et anglophones avertis juger de ce qui est pertinent dans une traduction, entre être le plus littéral ou briser le côté littéral pour garder l'effet identique entre les lecteurs des 2 langues... - serendipity a écrit:
- Vavyala a écrit:
- Il y a une deuxième citation que j'ai adorée :
- Citation :
- Ce n'est pas en se faisant entendre qu'on transmet l'héritage humain, mais en gardant sa raison. (J. Kamoun)
Ce n'était pas en se faisant entendre, mais en conservant son équilibre que l'on portait plus loin l'héritage humain. (A. Audiberti) Je ne crois pas être encore passée par là si tu me dis où ce passage se situe, je le chercherai en VO Elle apparait vers la fin du chapitre 2, avant l'avant-dernier extrait que Winston annote sur son journal. - serendipity a écrit:
- Pour ma part, c'est cette phrase de la fin du 2è chapitre qui m'a interpellée :
- Citation :
- "Now that he had recognized himself as a dead man it became important to stay alive as long as possible"
Oui, elle m'a profondément marquée aussi!! Jolie figure de style je trouve... - serendipity a écrit:
- Je comprends que tu optes pour la version de Josée Kamoun, cela promet des échanges intéressants. Pour l'instant, je trouve sa transposition de la narration au présent assez déconcertante, même si je lui reconnais une certaine efficacité pour happer le lecteur dans l'univers de Winston Smith.
Bonne lecture Pour l'instant, j'aimais l'imparfait d'A. Audiberti et sa patte SF (décriée par J. Kamoun), parce qu'à ma première lecture de ce roman, je m'étais trouvée transportée dans un monde alternatif, une dystopie comme je disais dans mon message précédent, vraiment flippante. Un peu comme quand on lit d'autres dystopies, comme Le meilleur des mondes ou Farenheit 451, et qu'on se dit qu'on est bien contents de ne pas vivre ça. Là, j'ai l'impression que le style plus fluide et le présent gomme un peu cela. En revanche, cela donne une impression différente mais qui reste intéressante, du style "cela se passe peut-être maintenant, ça pourrait arriver, se mettre en place en ce moment-même, simplement, subtilement mais inéluctablement, sans qu'on s'en rende compte". C'est peut-être ce que J. Kamoun a voulu essayer, couper la distance certes glaçante de la dystopie fictive, mais être dans un présent dystopique peut-être déjà en cours, avec la séduction de la tyrannie qui s'insinue sans révolte car sans prise de conscience, dans le présent. Ça fait un joli parallèle avec ce que Winston pense du pouvoir des prolétaires, endormis, "anesthésiés" par les divertissements, dans les chapitres 7-8... Donc, pour l'instant je préfère l'ancienne traduction (même si mon avis peut changer d'ici la dernière page), mais je trouve que la nouvelle apporte un point de vue différent. En cela, son existence est intéressante et ne m'apparaît pas comme un effet commercial avant l'ouverture des droits d'auteur à d'autres traductions. J. Kamoun apporte un autre éclairage, qu'on peut plus ou moins aimer que celui d'A. Audiberti, mais qui a le mérite d'être différent. Bonne lecture à toi aussi! Et à zoju si elle a commencé Je vais terminer par une citation (glaçante, mais forte) du chapitre 5: - Citation :
- L'orthodoxie, c'est l'inconscience.
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| | | zoju Romancière anglaise
Nombre de messages : 1666 Age : 51 Date d'inscription : 21/11/2011
| Sujet: Re: George Orwell Sam 6 Avr 2019 - 8:12 | |
| Me voici, j'ai commencé ma lecture, j'avance doucement, et j'aurai certainement moins de temps pour analyser et répertorier toutes mes impressions, mais je vais faire de mon mieux pour vous suivre. J'ai effectivement , la version traduite par Amélie Audiberti. Version que j'ai du lire pour l a première fois au lycée, soit années 90. Et qui m'avait bien marqué, voir traumatisé en première lecture. Je l'avais relu pour atténuer le traumatisme, d'ailleurs. Quelques années plus tard, et étant bien au fait de ce qui m'attends, je me prépare donc pour m adescente aux enfers Je suis au chapitre 3, et on peut dire que les décors est planté, on y est déjà J'avais gardé un souvenir un souvenir impérissable de ce fameux grain de poussière placé sur le journal intime , de façon à savoir si le journal avait été trouvé . Je viens de relire le passage en question. Je m'apprête donc à revivre mon traumatisme de lecture d' adolescence Bonne lecture à vous et à très bientôt |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: George Orwell Sam 6 Avr 2019 - 8:59 | |
| - zoju a écrit:
- J'ai effectivement la version traduite par Amélie Audiberti. Version que j'ai du lire pour la première fois au lycée, soit années 90. Et qui m'avait bien marqué, voir traumatisé en première lecture. Je l'avais relu pour atténuer le traumatisme, d'ailleurs.
C'est intéressant de rapprocher avec le commentaire de Vavyala qui trouve la nouvelle traduction plus "solaire" J'ai enfin mis la main sur cette nouvelle édition et je me suis amusée, hier soir, à comparer des extraits. Je trouve le style de Josée Kamoun beaucoup plus recherché, littéraire, voire parfois même ampoulé. En ce sens, j'ai parfois le sentiment qu'elle s'éloigne du style original de George Orwell, mais je ne suis pas une spécialiste de stylistique anglaise J'en suis arrivée au début du 8è chapitre, donc je fais une pause pour te répondre Vavyala Tout d'abord, j'ai retrouvé la phrase du 2è chapitre qui t'avait marquée - Citation :
- Ce n'est pas en se faisant entendre qu'on transmet l'héritage humain, mais en gardant sa raison. (J. Kamoun)
Ce n'était pas en se faisant entendre, mais en conservant son équilibre que l'on portait plus loin l'héritage humain. (A. Audiberti) - Citation :
- It was not by making yourself heard but by staying sane that you carried on the human heritage
Le chapitre 5 est terrible, en effet : - Citation :
- L'orthodoxie, c'est l'inconscience.
- Citation :
- Orthodoxy is unconsciousness
En plus du passage avec Syme, c'est la famille Parsons qui me glace. Et notamment quand Parsons raconte avec fierté les méfaits de ses enfants. Une expression m'a amusée et intriguée : - Citation :
- "Little begggars he ? But keen as mustard !"
Je me suis demandée comment nos traductrices s'étaient sorties de ce "keen as mustard". Audiberti a choisi "malins comme des renards" et Kamoun a opté pour "des vifs-argents". J'ai trouvé la signification de l'expression "keen as mustard", elle s'applique à quelqu'un très motivé pour faire ou apprendre quelque chose, et qui prend du plaisir (en français du moment, on pourrait dire que les petits Parson sont "au taquet" ) - Vavyala a écrit:
- Ça fait un joli parallèle avec ce que Winston pense du pouvoir des prolétaires, endormis, "anesthésiés" par les divertissements, dans les chapitres 7-8...
Oui, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au programme "Vu" (qui remplace le Zapping de Canal + et qui est maintenant diffusé sur France Infos), qui diffusait hier des extraits d'émissions de Cyril Hanouna et des extraits d'une interview dans laquelle il se justifie sur ce qu'il fait Je suis assez surprise par ce roman, je pensais depuis des années qu'il s'agissait d'une lecture difficile, et je découvre un page-turner (désolée pour l'anglicisme ) Bonne lecture à vous deux |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: George Orwell Lun 8 Avr 2019 - 11:18 | |
| Je suis ravie que ce classique de la littérature trouve des adeptes parmi vous et je lis vos commentaires avec grand plaisir ! |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: George Orwell Lun 8 Avr 2019 - 13:33 | |
| Bienvenue et bonne lecture zoju! Merci pour les citations en anglais serendipity! Ça nous renseigne sur le style d' Orwell en VO, je trouve que c'est déjà bien écrit en VO (et donc que ce n'est pas un ajout de la traduction pour fluidifier la lecture du francophone) et que l'anglais est accessible, en terme de vocabulaire, à ceux qui comme moi ne le maitrisent pas parfaitement! Je trouve l'expression "keen as mustard" très marrante! Oui, les enfants Parsons sont vraiment flippants, de même que l'extrapolation faite par Winston que les enfants sont modelés par le Parti pour espionner leurs propres parents, brrr... J'ai bien avancé en fin de semaine et pas du tout ce week-end, faute d'un emploi du temps bien rempli, et je pense que je ne pourrai m'y remettre que demain. J'en suis pour ma part à la deuxième partie, chapitre 9 en cours. J'ai passé la rencontre entre Winston et Julia (et ce qui s'en suit de leur relation sans spolier). J'aime bien l'adjectif "solaire" que tu as utilisé serendipity pour qualifier la traduction de J. Kamoun, car c'est exactement le ressenti que j'ai eu en lisant les chapitres décrivant la relation entre Winston et Julia. Je n'en avais pas gardé un souvenir aussi "heureux", plutôt celui d'un bonheur plus précaire, fragile et hanté par l'ombre du Parti que cette fois-ci. Après, je ne sais pas si c'est ma mémoire qui me joue des tours ou la différence de traduction En tout cas, en faisant abstraction de mes souvenirs flous, j'ai néanmoins beaucoup aimé cette bulle de petits bonheurs volés au milieu de l'oppression du Parti. (pour serendipity, beaucoup de plaisir aussi à tomber sur le passage qui avait été lu au festival VO-VF, où on retrouve presque ce que Philippe Delerm, et d'autres, ont décrit plus tard, dans des ouvrages parlant des petits plaisirs quotidiens, fin du HS, la comparaison Orwell-Delerm risque d'en surprendre! ) Une parole de Julia a particulièrement résonné en moi (à la fin du chapitre 2 de la deuxième partie): - Citation :
- "J'ai horreur de la pureté, j'ai horreur de la bonté! Je ne voudrais pas qu'il existe de vertu, nulle part. Je voudrais que tout le monde soit corrompu jusqu'à l'os."
En effet, lors d'une discussion, j'avais évoqué à une amie que quand j'avais une passion, je n'aimais pas l'explorer par un seul éclairage ou point de vue, mais par plusieurs (deux minimum) car je n'aimais pas la pureté d'une approche. Cette amie, plus cultivée que moi, m'avait répondu qu'elle n'aimait ni la pureté ni le perfectionnisme, qui étaient pour elle le terreau des dictatures. Du coup, cela m'a amusé et rappelé cette discussion de tomber sur ce cri du cœur de Julia contre le Parti. J'en suis au moment où Winston découvre le contenu du livre de Goldstein et autant les chapitres précédents étaient page-turner comme dit par serendipity, autant je trouve ce passage un peu long... Donc j'ai hâte de passer à la suite! Merci Petit Faucon! Je suis pour ma part contente de participer à ma première lecture de groupe par ce roman. Je ne l'aurais pas relu cette année, et pas dans sa nouvelle traduction, sans la proposition de serendipity et zoju. Et au final, ça me plait de le redécouvrir sous une autre plume! Même si au vu des premiers échanges sur les traductions, cela me donnerait envie de le relire un jour directement en VO... |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: George Orwell Lun 8 Avr 2019 - 14:37 | |
| Merci pour ton retour Vavyala, nous en sommes à peu près au même stade de notre lecture Je vais essayer de trouver la phrase de Julia en VO ...et merci de m'avoir confirmé que c'est ce passage qui a été lu à VOVF, j'avais un doute - Vavyala a écrit:
- Je suis pour ma part contente de participer à ma première lecture de groupe par ce roman.
Souhaitons que cela ne soit que le début d'une longue série |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: George Orwell Lun 8 Avr 2019 - 16:19 | |
| |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| | | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: George Orwell Lun 8 Avr 2019 - 21:51 | |
| Ravie que nos échanges vous intéressent Petit Faucon et Cat Et une pensée pour Ysabelle qui était également intéressée par cette lecture - Vavyala a écrit:
- Une parole de Julia a particulièrement résonné en moi (à la fin du chapitre 2 de la deuxième partie):
- Citation :
- "J'ai horreur de la pureté, j'ai horreur de la bonté! Je ne voudrais pas qu'il existe de vertu, nulle part. Je voudrais que tout le monde soit corrompu jusqu'à l'os."
Comme promis, la voici : - Citation :
- I hate purity, I hate goodness! I don't want any virtue to exist anywhere. I want everyone to be corrupt to the bones.
Je repasserai dès que possible déposer un avis sur cette deuxième partie et rebondir sur tes remarques Vavyala mais pour aujourd'hui |
| | | Léti Cat in a Magic Wood
Nombre de messages : 2015 Age : 42 Localisation : Sous le camphrier Date d'inscription : 09/10/2014
| Sujet: Re: George Orwell Mar 9 Avr 2019 - 8:56 | |
| Je suis très intéressée par vos échanges également, merci D'une part, cela me fait une relecture par procuration, et d'autres part, j'aime beaucoup lire vos réflexions, sur la traduction en particulier (j'ai beaucoup aimé l'article que l'une de vous a partagé, merci, d'ailleurs !) Neoparler plutôt que Novlangue ? Moui, pourquoi pas. Je note au passage que mon correcteur orthographique connaît le novlangue (mais pas encore le neoparler, bien sûr). Cela me faisait bizarre au début, mais finalement, on s'y fait. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| | | | Léti Cat in a Magic Wood
Nombre de messages : 2015 Age : 42 Localisation : Sous le camphrier Date d'inscription : 09/10/2014
| Sujet: Re: George Orwell Mar 9 Avr 2019 - 21:04 | |
| Oui, Serendipity, elle explique son choix dans l'article |
| | | zoju Romancière anglaise
Nombre de messages : 1666 Age : 51 Date d'inscription : 21/11/2011
| Sujet: Re: George Orwell Mer 10 Avr 2019 - 11:44 | |
| J'avance à mon rythme en cherchant à profiter de ma lecture de manière un peu plus posée que d'habitude. C'est une société bien" fascinante" qui nous est présentée là, composée d'humains à qui l'on interdit toute forme d'humanité. Des humains pour qui, penser en dehors de ce qui est dicté par le parti est devenu le crime le plus dangereux, ressentir une émotion et la dévoiler est tout aussi dangereux " - Citation :
- garder un visage impassible n'était pas difficile, et avec un effort, on peut contrôler jusqu'au rythme de sa respiration".
Se méfier en permanence de tout à chacun, être ainsi condamné à une solitude profonde: son collègue, son voisin, les enfants élevés dès leur plus jeune age dans le culte du parti dans l'art de dénoncer leurs propres parents, tout est ennemi potentiel. L'histoire, le passé sont effacés pour ne pas être comparés au présent. Le langage s'appauvrit pour réduire la pensée . " - Citation :
- le parti finirait par annoncer que 2+2 font 5 et il faudrait le croire".
"Ne voyez vos pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée? A la fin , nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer".
Meme pas de porte de sortie, à cette société d'esclavage, pas de plan B, même pas de suicide possible. Le décor est campé, et voici notre ami Winston qui part à l'aventure dans ce monde hostile, en 2e partie, en ce qui me concerne Et en même temps, on retrouve ce fonctionnement dans bien des sociétés ayant existées, peut être pas avec ce degré de "perfectionnement" si je puis dire. CF L'émission sur arte hier soir sur le KGB que je n'ai pas vu en entier, mais la période Staline avait bien des similitudes. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: George Orwell Mer 10 Avr 2019 - 17:04 | |
| Merci Cat et Léti! Je rejoins serendipity pour la pensée à Ysabelle, en espérant que nos blablas lui donneront envie de le relire plus tard Merci serendipity pour la VO! Ça fait toujours plaisir de voir comment cela a été directement écrit par Orwell. Ça me laisse penser que les traductions sont plutôt bonnes (et toujours que l'anglais d' Orwell me reste accessible). Je ne retrouve plus les notes que j'avais prises de la table-ronde avec Josée Kamoun (me connaissant, elles ne sont pas perdues ou jetées, mais trop bien rangées, il faut que je retrouve la logique qui a présidé à leur classement quelque part chez moi ). En effet, je rejoins les souvenirs de serendipity. J. Kamoun trouvait que l'usage maintenant naturellement entré dans la langue française du terme "novlangue" en avait dénaturé l'idée originale d' Orwell, car maintenant "novlangue" est utilisé par certains journalistes parfois comme un synonyme de "langue de bois", parfois comme un changement de sens donné à un mot, alors que dans 1984, on a affaire à une dénaturation et un appauvrissement de la langue beaucoup plus poussés. Le passage avec Syme est très intéressant pour décrire comment le mécanisme d'appauvrissement du vocabulaire induit un appauvrissement des idées... De plus, selon son point de vue, dans "newspeak", on a recours à un verbe et non un nom (speak), d'où le choix de "parler" au lieu de "langue". Si je retrouve mes notes et s'il y a une erreur dans les souvenirs que je retranscris ici, je posterai un rectificatif. - zoju a écrit:
- C'est une société bien" fascinante" qui nous est présentée là, composée d'humains à qui l'on interdit toute forme d'humanité.
Des humains pour qui, penser en dehors de ce qui est dicté par le parti est devenu le crime le plus dangereux, ressentir une émotion et la dévoiler est tout aussi dangereux " - Citation :
- garder un visage impassible n'était pas difficile, et avec un effort, on peut contrôler jusqu'au rythme de sa respiration".
Se méfier en permanence de tout à chacun, être ainsi condamné à une solitude profonde: son collègue, son voisin, les enfants élevés dès leur plus jeune age dans le culte du parti dans l'art de dénoncer leurs propres parents, tout est ennemi potentiel. L'histoire, le passé sont effacés pour ne pas être comparés au présent. Le langage s'appauvrit pour réduire la pensée . " - Citation :
- le parti finirait par annoncer que 2+2 font 5 et il faudrait le croire".
"Ne voyez vos pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée? A la fin , nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer".
Meme pas de porte de sortie, à cette société d'esclavage, pas de plan B, même pas de suicide possible. Oui, c'est assez anxiogène cette dictature qui s'insinue jusqu'aux pensées... - zoju a écrit:
- Le décor est campé, et voici notre ami Winston qui part à l'aventure dans ce monde hostile, en 2e partie, en ce qui me concerne
Et en même temps, on retrouve ce fonctionnement dans bien des sociétés ayant existées, peut être pas avec ce degré de "perfectionnement" si je puis dire. CF L'émission sur arte hier soir sur le KGB que je n'ai pas vu en entier, mais la période Staline avait bien des similitudes.
De ce que j'ai compris de l'intervention de J. Kamoun et de l'extrait du livre de Goldstein que lit Winston, on partirait en effet d'un système communiste, avec des raffinements ajoutés par Orwell pour garantir la stabilité de ce système politique. Autant le chapitre "Guerre est Paix" m'avait semblé long (bien qu'intéressant, je le reconnais) et m'avais lassée comme dit plus haut , autant celui "Ignorance est Puissance" m'a passionnée! On y trouve la description du système mis en place pour assurer la pérennité du Parti: biens communautaires appartenant au Parti et non à des individualités (même du Parti Intérieur), renouvellement du Parti sur la base des aptitudes et non de l'hérédité, etc..., tout cela afin que le Parti survive, indépendamment du devenir de ses individus seuls. Dans la deuxième partie (chapitre 9), 2 citations m'ont particulièrement plu: - Citation :
- "Les livres les meilleurs sont ceux qui disent ce que l'on sait déjà."
En effet, quand un livre fait résonner une connaissance enfouie (plus ou moins profond) en nous et la remet en lumière, quel plaisir! - Citation :
- "Appartenir à une minorité, se réduirait-elle à un seul individu, ne fait pas de toi un fou. Il y a la vérité et la contre-vérité, et si tu t'accroches à la vérité envers et contre tout, tu n'es pas fou.[...] Il s'endort en murmurant: "La santé mentale n'est pas affaire de statistiques", pénétré de la sagesse de cette remarque."
Je viens de clore la deuxième partie et vais commencer la troisième. Après le côté solaire de la deuxième, la descente aux enfers va commencer pour moi... J'appréhende d'avance de retrouver cette partie... (Heureusement que j'embraye sur la relecture du Pratchett/Gaiman ensuite, parce qu'émotive comme je suis, cela va être dur à avaler...) |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: George Orwell Jeu 11 Avr 2019 - 17:31 | |
| Eh bien, je viens de boucler 1984 cet après-midi... Vais-je réussir à bien dormir cette nuit? Comme dans mes souvenirs, la troisième partie et son final sont glaçants. Finalement, le choix du présent dans cette nouvelle traduction n'altère pas l'oppression ressentie par le Parti sur le mental et les sentiments de ses membres... Bien au contraire, j'avais vraiment l'impression que la distance avec Winston était gommée et de vivre ses "mésaventures" à ses côtés... Une citation fait écho à la dernière dont j'avais parlé hier: - Citation :
- "Tu n'as pas voulu accomplir l'acte de soumission qui est le prix de la santé mentale. Tu as préféré être un fou, une minorité réduite à un seul individu."
Je trouve intéressant ces jeux de miroir entre les pensées de Winston dans la deuxième partie et les dogmes du Parti dans la troisième... Sinon, que dire de cette troisième partie, à part que le raffinement développé par le Parti pour mater toute rébellion est effrayante et qu'il y a un côté vicieux à ce que - Spoiler:
le but de la torture soit de briser l'individu, non pas pour seulement affirmer pouvoir et le rabaisser, mais aussi pour prendre possession de ses pensée les plus intimes au point qu'il se renie lui-même, ses idées, ses amours et devienne un autre, totalement inféodé au Big Brother au point de l'aimer, comme un membre d'une secte en adoration totale et inconditionnelle devant son gourou...
Je n'ai pas eu l'envie de relire l'appendice sur le néoparler/novlangue. En revanche, J. Kamoun a inséré une note sur la nouvelle traduction. Pour reprendre ses propres mots publiés, voici ce qu'elle défend dans son choix de renommer le novlangue en néoparler: - Citation :
- [...]"Tout autre est le cas de "newspeak", littéralement "nouveau parler", précédemment traduit par "novlangue" avec la fortune que l'on sait. Or c'est précisément parce que le mot est passé dans la langue courante pour renvoyer à un classique brouillage rhétorique, euphémisation, jargon et autres procédés, et précisément parce que l'on peut parier qu'il a encore un bel avenir, qu'il fallait en créer un autre pour restituer la brutalité d'une entreprise théorisée et totalitaire, dont l'aboutissement est un parler qui n'a plus que la moitié de la langue, le son, d'une solution finale d'extermination de la pensée."
Pour conclure sur mes impressions: - Sur le roman d' Orwell, je le trouve toujours aussi fort, il vieillit bien et résonne avec des questions actuelles (par exemple sur le détournement des mots, les divertissements des masses, le patriotisme grandissant et entretenu, etc...). - La nouvelle traduction de J. Kamoun est très perturbante quand on a découvert le roman sous celle d'A. Audiberti. Mais une fois la surprise passée, on rentre bien dans le rythme et les ambiances de l'histoire. Qu'on adhère à ses choix ou pas, je trouve qu'ils posent de nouvelles interrogations, intéressantes, sur cet univers. Pour ma part, j'ai plus ressenti le contraste entre les moments heureux et ceux de désespoir et j'ai plus eu l'impression que ce monde pouvait être réel (et non un monde imaginaire de SF). Je n'abandonne pas la proposition d'A. Audiberti qui avait dans mes souvenirs plus poussé l'aspect anxiogène. (A relire un jour pour voir si le souvenir émotionnel est invariant ou pas). - Suite aux retours de serendipity, je pense que j'essaierai la VO un jour, qui me semble accessible au vu de ses citations et qui aura l'avantage de me présenter l’œuvre sans le filtre proposé par ses 2 premières traductrices francophones. |
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