Elizabeth Bowen

En flânant dans une librairie cet après-midi je suis tombée sur Emmeline d'Elizabeth Bowen. Je ne l'ai pas acheté mais j'aimerais savoir si quelqu'un l'avait lu Voici un petit résumé / une critique trouvé(e) sur le site de la Fnac :

Rien de particulier, en apparence. Emmeline et Cecilia, deux belles-soeurs, vivent sous le même toit dans leur propriété raffinée d'Oudenarde Road. Emmeline est célibataire, Cecilia veuve du frère d'Emmeline. Un instant, on pense à l'Emma de Jane Austen. Toutes deux sont des "objets charmants", fraîches, riches, piquantes et avides de grand amour. Or c'est là que le bât blesse. Emmeline est fière, froide, secrète, peu encline aux émois. Quant à Cecilia, c'est tout le contraire : "Emmeline voyait, avec souci et délectation, la diligence que mettait Cecilia à courtiser la passion. (...) Romanesque, ingénieuse, mélancolique, Cecilia donnait à cette attente la force entière de son tempérament. L'oreille pressée anxieusement contre les enroulements d'un coquillage, elle entendait toujours quelque chose, mais pas la mer." Toutes deux tomberont bel et bien amoureuses, mais, à partir de ce même point de départ, leurs histoires divergentes conduiront l'une au mariage, l'autre au suicide ... Plus que les frêles fils de ses intrigues, c'est, chez Bowen, l'art du détail, la subtilité de l'analyse psychologique, qui font mouche. Son épatant sens de l'image, aussi ... Peinture sociale des années 30, ce roman au charme désuet plaira, en dépit de quelques longueurs, aux nostalgiques de la "merry old England". Pour l'exploration fine des territoires intérieurs, Bowen, en revanche, n'a pas pris une ride. Un fil invisible semble la relier aujourd'hui à une Lesley Glaister ou à une Alice Thomas Ellis, comme si se transmettait, à travers les générations de romancières anglaises, l'art, toujours plus fluide et dépouillé, de construire, sur une matière impalpable et banale, des romans qui ne le sont pas.

J'ai Emmeline dans ma PAL . Je l'ai trouvé d'occasion, la quatrième de couverture m'a fait succombée^^

Par contre, cet été, j'ai lu Les Petites Filles du même auteur et je n'ai pas franchement aimé. Le style m'a paru trop analythique, voire même parfois un peu trop lourd ... Mais on m'a dit que ses romans étaient tous différents les uns des autres donc je ne me fais pas trop de soucis concernant Emmeline, qui est considéré comme son meilleur ...

Ah merci, j'ai entendu dire la même chose à propos de son style, je n'ai lu aucun de ses romans mais devant cette 4e de couverture je me suis dis "hum, ça pourrait me plaire ... " mais comme je fais des économies ces jours-ci, je n'ai pas succombé ! Tu me diras ce que ça donne, je te fais confiance !

J'ai lu un livre d'Elizabeth Bowen il y a un an et demi, mais je ne me souviens ni du titre ni de l'histoire (après une courte recherche, c'est L'adultère). Juste que je n'avais pas trop aimé.

Sinon, elle est carrément spoileuse cette quatrième de couverture

Contente que tu aies ouvert ce topic, Mam'zelle Poupée, même si c'est pour une raison un peu bizarre. J'ai en effet lu Dernier automne d'Elizabeth Bowen cet été mais je n'ai pas eu le courage de créer un sujet car je n'ai pas vraiment aimé.

Je ne serais peut-être pas aussi sévère qu'Emjy en ce qui concerne le style mais je l'ai moi aussi trouvé trop analytique. Tout le monde n'a pas la maîtrise de Virginia Woolf en matière de narration de non-événements. Je crois que mon principal reproche est qu'à aucun moment je n'ai réussi à m'attacher aux personnages et à m'intéresser à leurs relations, ce qui est tout de même ennuyeux pour un roman où l'intrigue est si mince que seuls ses protagonistes peuvent lui donner un peu de relief.

Pour ceux que ça intéresse, je mets tout de même ici le résumé de l'éditeur ainsi qu'une courte notice biographique.

Citation :

Dernier automne est un mélange réussi de comédie sociale et de descriptions tout en finesse de l'âme humaine. Un brillant récit de la vie des Anglo-Irlandais au début des troubles en Irlande dans les années 20. Le tableau d'un monde voué à sa perte dans une unité de temps et de lieu - le manoir familial, le mois de septembre - sur fond d'atmosphère politique particulière.

Par intérêt et tradition, la famille de "Danielstown" et ses invités sont du côté des Anglais, mais ils ont des liens affectifs avec les résistants alentour. Sur fond d'embuscades et d'incendies, les tennis parties et les bals continuent ! Loïs, l'héroïne, est une jeune femme de la transition. Le temps n'est pas immobile, le destin s'approche de cet endroit encore immunisé ; un soudain accès de violence et les plus jeunes seront désespérément libres, les plus âgés simplement désespérés.


Elizabeth Bowen

Elizabeth Bowen est née en 1899 en Irlande. Elle a vécu entre son pays, Londres, la France et l'Italie. Elle a écrit six recueils de nouvelles et dix romans. Dernier automne a été publié en 1929. Elle est morte en 1973.

EDIT : oups, et c'est un peu avec retard que je me rends compte que le sujet n'a pas été créé dans le bon forum, je le déplace donc dans celui des auteurs plus modernes.

Moi non plus je n'ai pas eu une très bonne expérience avec Elizabeth Bowen. J'ai lu récemment L'adultère et je me suis terriblement ennuyée. En fait, ce qui m'a le plus agacée, c'est effectivement son style et sa façon de faire des allusions à...l'adultère justement. Je n'étais jamais vraiment sure de comprendre le sens de son récit tant elle l'a basé sur le "non-dit".

Bon ben visiblement Elizabeth Bowen est en passe de devenir une lambtonienne de luxe

Moi aussi, j'avais repéré Emeline en librairie à sa sortie et, depuis, j'ai envie de le lire à chaque fois que je le croise (envie réfrénée par la taille de ma PAL).

Mais ce que je vois écrit plus haut (et par des gens aux goûts assez sûrs ) calme mes envies illico

Comme Natacha, L'adultére ne m'avait vraiment pas convaincu Je vais peut être tenter Emmeline quand ma PAL aura diminué un peu.

Même si son talent d'écriture est indéniable et ses histoires a priori parfaitement dignes d'intérêt (quand on lit le résumé de couverture par ex), je n'arrive toujours pas à être séduite par les romans d'Elizabeth Bowen. Ils m'ennuient. Je remarque la délicatesse du style, la beauté des descriptions - souvent un peu maniérées - mais le tout m'apparaît figé, rigide, sans vraiment de souffle, de vitalité.

J'ai lu en juillet Les coeurs brisés : une jeune orpheline de seize ans nommée Portia part vivre à Londres chez son demi-frère et sa femme. Ayant vécu jusqu'à présent une "vie de bohème" à l'étranger avec ses parents, elle a beaucoup de mal à s'adapter. Ceux qui l'accueillent sont également très mal à l'aise en sa présence.
Elizabeth Bowen décrit alors les non-dits, ainsi qu'une certaine forme de cruauté policée, parfois inconsciente. Je ne peux vraiment pas faire l'éloge de ce roman, mais je ne dis pas qu'il est mauvais. C'est bien écrit et sans doute que d'autres pourront y trouver leur compte.
Il y a une partie centrale que j'ai néanmoins apprécié, c'est lorsque Portia quitte momentanément Londres pour se rendre au bord de la mer. La description de son arrivée puis de son installation chez l'ancienne gouvernante de sa belle-soeur est pas mal réussie.

Bon eh bien on dirait vraiment qu'il y a unanimité sur cette romancière. Merci pour tes commentaires, Dulcie.

Je viens tout juste de terminer Emmeline et je dois dire que j'ai un avis plus que mitigé.

Je ne sais pas si c'est moi qui n'est pas su apprécier le style d'Elizabeth Bowen mais j'ai trouvé qu'il y avait un manque de fluidité dans le texte et je trouve que parfois les dialogues non ni queue ni tête, je les trouvais parfois très incohérents mais c'est peut être moi qui n'aies pas compris toutes les subtilités de l'auteur. De plus, dans certains passage, j'avais l'impression que l'on passait du coq à l'âne, les personnages ne se connaissent et tout d'un coup, ils sont très bons amis...

J'avoue avoir été déçue par cette lecture, je ne pense lire de sitôt un autre livre de Mme Bowen.

Franchement Lilou, je n'ai pas l'impression que ce soit toi si on se fie à tous les avis précédents

Ça vous dit de faire un concours pour élire les pires auteurs lambtoniens

Bonne idée, MissHo.

C'est drôle, ce sujet remonte pourtant régulièrement. Je crois qu'on se fait tous happer par les résumés de quatrième de couverture, qui, comme l'a souligné Dulcie, semblent ouvrir une porte vers un monde intéressant. Mais il faut croire que le traitement est loin de convaincre la majorité des lambtoniens.

En fait, elle est mise en parallèle avec d'autres auteurs très appréciés quand on fait quelques recherches (sur Wikipedia, elle est comparée à Jane Austen et Virginia Woolf ), et elle est contemporaine d'Elizabeth Goudge et Daphné du Maurier. En plus, c'est Phébus (maison de qualité, n'est-ce pas Muezza ) qui la publie, comme ces deux dernières...

Comparée à Jane Austen, vraiment , ça me laisse perplexe car je trouve que les styles n'ont vraiment rien à voir.

cat47 a écrit:

Dulcie a écrit:

J'ai commencé Dernier automne d'Elizabeth Bowen

Je vois que tu ne te décourages pas avec E. Bowen, Dulcie. Je suis impatiente de savoir ce que tu penses de celui-là, qui est loin de m'avoir transportée.

Je n'avais pas vu ton post quand j'ai posté mon avis dans le topic lectures :

Dulcie a écrit:

Enfin terminé le roman d'Elizabeth Bowen ("Dernier automne"). Toujours aussi soporifique. Après 3 essais sur plusieurs années (dont un abandon) c'est fini, on ne m'y reprendra plus.

Du coup je développe un peu plus.

Alors comme d'habitude ça a l'air bien (pour avoir parcouru qq impressions à propos de Bowen sur des blogs, on est beaucoup à se faire attraper...)
Mais finalement une histoire sans énergie, des personnages en fin de compte (malgré les apparences) pas assez recherchés, plats, aux relations mal développées/expliquées. Le roman est toujours extrêmement languissant. Par contre les évênements 'choc' s'accumulent dans la dizaine de dernières pages. 1 : c'est trop tard pour secouer le lecteur ; 2 : ça fait effet facile donc mal fini.

Ses descriptions de paysages sont bien faites, mais comme la chair de l'histoire est trop peu consistante, ça devient plus agaçant, maniéré, que réellement savoureux.

En lisant j'ai pensé aux romans de Rosamond Lehmann, je me suis demandé pourquoi, alors que même époque, pays (à peu près), milieux sociaux, type d'histoire/personnages, l'une était très bien et l'autre pas terrible.

Sur un blog, une lectrice disait que Bowen était trop distante par rapport à ses personnages. Ca me paraît très juste.
Je crois que ce qui fait la différence de Lehmann, c'est que techniquement elle écrit beaucoup en focalisation interne (je crois que c'est le terme ), avec des monologues. Elle laisse souvent directement la parole à ses personnages, les laisse exprimer leurs pensées en profondeur. Ainsi, quel qu'ils soient, on peut les comprendre, s'en sentir plus proches (même si on n'est pas forcément en phase avec eux). Ce qui n'est pas du tout le cas de Bowen.

Donc si, maintenant je suis découragée !

Hé bien ce topic n'est pas très encourageant. Je compte malgré tout lire un jour cet auteur, j'ai acheté Les coeurs détruits il y a quelques temps à Emmaus (heureusement la dépense n'a pas été énorme ). J'aime bien la vieille couverture du Livre de poche, et j'associe cet auteur à Lehmann sans pourtant l'avoir lue... donc ta comparaison m'interpelle Dulcie.

Pareil que toi Esperluette J'avais envie de lire Emmeline mais ces avis pas très enthousiastes me refroidissent un peu

Merci d'avoir pris le temps de développer, Dulcie.

Je n'aurais pas su analyser le problème avec autant de précision que toi, mais c'est tout à fait cela. Cette distance, ce manque de profondeur, voilà qui correspond tout à fait à l'impression que j'ai gardée.

C'est drôle que tu parles de descriptions, car je me rends compte que j'ai pas mal d'images en tête,visuellement, j'ai des souvenirs assez précis. Par contre je ne me souviens pour ainsi dire pas de l'histoire.

Je découvre ce topic, après une recherche effectuée sans grande conviction d'en trouver un on a jamais fini d'explorer ce qui se cache dans les couloirs du forum

Je viens de commander La maison à Paris, motivée par les échanges enthousiastes au sujet de cette romancière entendus dans un podcast. Je constate que les avis lambtoniens sont plus nettement plus mitigés, et ai hâte de me faire une idée (sans savoir encore je me plongerai dans cette lecture, peut-être seulement l'année prochaine).

C'est dans Tea or Books ?
J'espère que tu liras ce livre malgré les avis réservés des membres sur l'auteur (peut-être que le roman que tu as acheté est meilleur, croisons les doigts )

Oui    les impressions qui émergent de "Tea or Books" sur ses romans sont excellentes. Je ne me souviens plus s'il est spécifiquement question de La maison à Paris car plusieurs titres sont évoqués, mais je l'ai choisi en pensant ne pas trop prendre de risques.

Ma découverte de cette romancière avec Dernier automne (The Last September) n’est pas vraiment couronnée de succès   . Dulcie et Cat ont exprimé ce qui m’a gênée le plus : manque de souffle et distance dans le récit, si bien qu’il est difficile au lecteur de s’impliquer. En outre, je l’ai lu en VO, ce qui n’était peut-être par un bon choix, et ai peiné sur le style, et le vocabulaire souvent compliqué.

Le cadre historique est toutefois intéressant : au milieu des troubles irlandais de 1920, des Anglo-Irlandais fortunés et confortablement installés dans leur propriété près de Cork reçoivent des visites, organisent des parties de tennis, bref vivent dans une relative quiétude. Ils restent à peu près aveugles à la guérilla en toile de fond bien qu’elle influe souvent sur leur quotidien (des soldats anglais figurent parmi leurs invités et le fils d’un de leurs métayers est recherché comme rebelle).
Ces Anglo-Irlandais se considèrent comme Irlandais et observent avec dédain les habitudes des Anglais qu’ils côtoient. Ce qui donne lieu à quelques scènes amusantes.
L’héroïne, Lois Farquar, orpheline vivant chez son oncle et sa tante, m’a semblé profondément agaçante avec ses 18 printemps. Son comportement est celle d’une adolescente manquant de maturité, et surtout elle est incapable de répondre aux sentiments sincères de Gerald Lesworth. Ses coups de coeur influent sur une attitude que je ne suis pas arrivée à regarder avec indulgence.

Je sors avec l’impression d’un roman assez insipide dans lequel je me suis ennuyée. Sans baisser les bras pour autant car je redonnerai une chance à Elizabeth Bowen - bien que les commentaires ici n'encouragent pas forcément à persévérer - mais pas dans l’immédiat. J’ai lu qu’elle a écrit un court récit sur son enfance à Dublin qui me tente assez.

Dans la foulée j’ai visionné l’adaptation ciné de 1999. Sa distribution 5 étoiles (Maggie Smith, Michael Gambon, Fiona Shaw, Keeley Hawes, Lambert Wilson, David Tennant, qui dit mieux ) représentait un attrait suffisant, et il est plaisant de mettre des visages sur des personnages qui, au fil des pages, restaient lointains. L’adaptation se révèle plutôt fidèle au roman sans être elle non plus très marquante, avec quelques libertés. L’aspect politique est développé par rapport au livre en particulier concernant Lois et sa relation avec Gerald, affublé je ne sais pourquoi d’un autre nom de famille.

Merci pour ton avis

C'est vrai que je garde le souvenir d'un roman ennuyeux.
Enfin maintenant que du temps a passé, je serais "presque" tentée de découvrir un autre de ses romans

Et j'ignorais qu'il existe une adaptation filmée, si je tombe dessus un jour, pourquoi pas ?