John Steinbeck

Je viens de finir Lune noire, découvert grâce à LYN et je partage son appréciation. C'est une lecture que j'ai beaucoup aimée et je ne m'étonne pas que sa traduction française ait circulé sous le manteau durant la guerre.
Outre d'autres références d'occupation comme le Cercle évoqué par LYN, ce livre m'a rappelé le film La vallée perdue (de qui ? avec Omar Shariff et Michael Caine) qui relate, entre autres, l'histoire oppressante d'un huis clos enneigé entre un détachement de mercenaires et un village dans lequel ils s'établissent pour passer l'hiver. A ceci près que le chef des mercenaires établit une sorte de pacte avec le chef du village, on retrouve l'analyse des relations tendues dans une ambiance lourde de menace entre les deux factions.
Dans Lune Noire aussi les deux chefs en présence (le maire et le commandant) sont des personnages qui méritent attention, par la complexité que leur donne l'auteur en dépit de la brièveté du roman.

J'ai lu Des souris et des hommes il y a quelques temps et j'en suis ressortie ultra-déprimée.

Je cherchais un petit livre pour le métro, j'en avais entendu parler en bien, mais je n'avais aucune idée de l'histoire. Je me suis prise de passion pour ces deux hommes qui voyageaient, l'un débile mais d'une force sur-humaine et l'autre son ami qui sans obligation veillait sur lui.

Spoiler:

Le style est impeccable. Il est pourtant d'une simplicité incroyable, on a tout à imaginer, mais on est immédiatement happé dans l'histoire à cause de cette façon d'écrire.

Je vais m'intéresser de plus près à cet auteur et je conseille ce petit livre, mais pas quand on est déprimé.

C'est vrai que des Souris et des Hommes, si on est déprimé...
Dans le même genre mais en plus long, Les Raisins de la colère, c'est bien aussi...

Mais pareil, l'écriture de Steinbeck est très belle, et elle nous fait surgir la réalité... (j'ai toujours du mal avec le début des Raisins de la colère, aprce que ça me donne horriblement soif, sa description du Dust Bowl... )

Et c'est ainsi que dernièrement, je me suis lancée dans ce que Miss A conseillais depuis longtemps... Tortilla Flat... où l'on suit les aventures d'une fine équipe de branquignol bon à rien dans le quartier de Tortilla Flat, le vieux quartier hispanique déglingué de Monterey (si j'ai bien compris)
Et pour le moment j'adore... on a l'impression de vivre avec eux leur existence vouée à... rien, si ce n'est se bourrer, trouver de la bouffe gratuite, et surtout, surtout... éviter au maximum de bosser

Kusa, tu me donnes envie de lire Tortilla Flat, que j'avais emprunté à la bibliothèque il y a quelques années, avant de le rendre sans l'avoir lu parce que j'étais en retard.

De Steinbeck je n'ai lu que Des souris et des hommes quand j'avais 13-14 ans, j'avais bien aimé mais j'avais aussi été déroutée par ce livre. Mais mes souvenirs sont vagues.

Et Les raisins de la colère est un livre qui me tente énormément aussi.

Les naufragés de l'autocar, c'est celui dont je me rappelle le mieux. J'ai pourtant lu Les raisins de la colère et A l'Est d’Éden, c'est pourtant de ce livre,d'une grande austérité que je me souviens le plus. Ça se passe en Californie, un groupe de passagers se trouvent contraints de passer la nuit dans une station service. Il se livre alors à une analyse très minutieuse de chaque personnage mêlant humour et suspense. Il nous tient en haleine avec une histoire toute simple, une ballade au tréfonds de l'âme humaine. Voilà! Mais moi en découvrant ce topic, j'ai regardé ma PAL qui me regarde comme un sadique me défiant de continuer à l'alimenter! Je ne vous remercierai donc pas!

Kusa, copine de moi !!!! Je suis sûre que tu vas aimer Tortilla flat qui n'attend que d'être transformé en un de ces dramas dont les japonais ont le secret !!! Faudrait le leur suggérer !!
En attendant j'adore ce livre relu maintes fois, Dany et sa bande de copains et la nana qui passe l'aspirateur

Spoiler:

Il y a aussi dans la même veine Rue de la sardine et Tendre jeudi où l'on retrouve certains des personnages.
Ces livres traduisent la profonde humanité de Steinbeck, l'un de mes auteurs favoris :
Ysabelle, je ne connais pas celui dont tu parles mais il me tente bien !!

clinchamps a écrit:

Kusa, copine de moi !!!! Je suis sûre que tu vas aimer Tortilla flat qui n'attend que d'être transformé en un de ces dramas dont les japonais ont le secret !!! Faudrait le leur suggérer !!

Oh, doit bien avoir un drama dans le même genre...
Ceci dit, les personnages me font aussi penser aux personnages croisés au détour des westerns de Sergio Leone

Ravie de voir que Tortilla Flat te plaît Kusa
Il faut que me rachète le livre (perdu je ne sais où) et que je me procure Tendre Jeudi.

Dans les dramas, on a IWGP qui rappelle un peu, même s'ils sont un peu moins traîne-savante que Danny et sa clique.

C'est pas faux pour IWGP... on y retrouve un peu le même thème, des héros jeunes qui se laissent porter par la vie, et qui ont quand même des "idéaux" rapport à ce qu'ils peuvent faire pour leur quartier

Il faudrait que je retrouve, mais il y a aussi une série de dramas/films qui a duré une trentaine d'années au moins. Dont le héros représentait justement l'âme des Edokko dans l'après-guerre, les évolutions du Japon, et lui était un gars tout simple, un bateleur, dont la philosophie de la vie était un peu comme ça... prendre la vie comme elle vient
Faut que je retrouve le nom...

J'ai lu Des souris et des hommes la semaine dernière, et j'ai beaucoup aimé. C'est très court, j'aurais bien aimé en savoir un peu plus sur ce qui lie Lennie et George, mais je trouve que le milieu décrit par Steinbeck semble très concret (je ne trouve pas le bon terme pour exprimer ce que je veux dire). J'ai été très touchée par ces deux types qui rêvent d'une ferme et d'élever des lapins (et ces rêves, c'est bien tout ce qu'ils pourront avoir ) et leur amitié.

J'ai maintenant hâte de plonger dans Les raisins de la colère, qui a l'air plus étoffé.

Satine, "à l'est d'Eden" est un très beau roman, de plus une partie est autobiographique, mais pour moi le chef d'œuvre de Steinbeck est sans conteste "les raisins de la colère" à compléter avec le très beau film de John Ford !!

Merci pour ton avis Satine, j'aime beaucoup ce roman et le film était génial!
Comme Clinchamps, j'avais été marquée par Les raisins de la colère, mais A l'est d'Eden est très bien aussi

Merci les filles Ohllalala ma Pal grandit de plus en plus

J'ai lu Des souris et des hommes en deux jours.
J'ai adoré ! Je l'avais lu il y a dix ans mais je ne m'en rappelais plus trop.
C'est un livre plutôt court mais qui pose bien le décor et on suit sans hésiter Georges et Lennie dans leur aventure.
Milieu d'hommes, avec une seule femme, on sent dès le départ qu'elle sera source à ennuis. Evidemment, ça ne loupe pas.
Mais le thème principal reste la handicap et la façon dont il est perçu par les autres.
C'est très triste et si, bien évidemment, on éprouve de la compassion pour Lennie qui, malgré sa force décuplée, est gentil, j'ai eu beaucoup de tristesse pour Georges. Georges se sacrifie pour soutenir Lennie, pense d'abord à son ami mais finalement se retrouve à devoir faire LA chose la plus difficile qui soit... on se doute qu'il sera obligé d'en arriver là tôt ou tard avec le cas de Candy et son chien.

J'ai lu Des souris et des hommes et mon dieu, ce livre.... Dès les premiers paragraphes et la description de ce paysage, j'étais plongée dedans.... À aucun moment je n'ai été tentée de lâcher le livre ou de bâcler ma lecture, parce qu'il était bon, tout simplement Et la fin.... Je suis restée choquée pendant quelques temps, j'étais juste là, comme une idiote, devant mon bouquin fini... La fin était magistrale.
Cet écrivain réussi, avec son écriture "simple" mais justement recherchée, à faire mieux ressentir les personnages que beaucoup d'autres qui décrivent la moindre de leur pensées....

Merci pour ton avis Cléo, tu me donnes furieusement envie de le relire!

Je réactive ce topic pour vous dire deux mots de ma lecture (encore en cours) de Voyage avec Charley, carnet de voyage en camion à travers les Etats-Unis entrepris en 1960 par un Steinbeck en mal de solitude et désireux de prendre la température de son pays.

Charley est un chien, un vieux caniche français plein de sagesse.
Rossinante est un camion aménagé en caravane, avec tout le confort, un bon stock de livres et pas mal de whisky. Il y a même du cognac français que John Steinbeck boira dans le Maine avec des saisonniers québécois venus ramasser les pommes de terre en famille.

Le voyage s'effectue de la côte est à la côte ouest, puis retour, par les petites routes et en évitant autant que possible les agglomérations où notre voyageurs se perd régulièrement dans le trafic déjà surchargé. Entre détails pratiques de stations services, de pneus éclatés sur une piste boueuse de l'Oregon un jour de pluie ou de motels plus ou moins confortables et/moderne (l'ère du plastique s'annonce), descriptions passionnantes, rencontres fortuites, souvenirs, anecdotes ou réflexions plus profondes sur ses contemprains... eh bien : je suis avec beaucoup de plaisir le circuit cahotant de Rossinante.

De ce récit riche et un peu foisonnant, j'ai envie de garder beaucoup de citations, que j'oublierai malheureusement, faute de les noter. J'en partage quelques unes avec vous:

Citation :

Allongé sur ma couchette dans cette nuit sanglotante, je m'efforçais de lire pour distraire mon esprit de sa détresse, mais mes yeux suivaient les caractères imprimés et mes oreilles écoutaient la nuit. Un son nouveau m'arracha au sommeil proche. Des pas furtifs écrasaient le gravier. A côté de mon lit, j'avais posé une torche de soixante centimètres de long comme en utilisent les braconniers. Elle éclairait à un mille de distance. Je me levai, décrochait ma carabine et, à l'affut derrière la porte, j'entendis les pas se rapprocher. Charley émit son grondement d'alerte. J'ouvris la porte et éclairai la route. Le faisceau lumineux cloua sur place un homme botté, vêtu d'un ciré jaune.
- Que voulez-vous ? lui crai-je.
Il avait dû être surpis. Il marqua un temps avant de répondre.
- Je veux rentrer chez moi. J'habite en haut de la route.
Et je ressentis alors tout le ridicule de la situation.
- Une tasse de café ou un verre, ça vous dirait ?
- Non. Il est tard. Si vous vouliez retirer cette lumière de ma figure, je continuerai mon chemin.
J'éteignis la torche et il disparut de ma vue. Mais j'entendis sa voix, au passage :
- ça me fait penser, que faites-vous ici ?
- Je campe, tout simplement, pour la nuit.

Citation :

Les chutes du Niagara sont bien jolies. Cela ressemble, en plus grand, à l'enseigne de l'Old Bond à Times Square. Je suis très heureux de les avoir vues car, maintenant, je peux répondre "oui" quand on me demande si je les ai visitées et, pour une fois, dire la vérité.

Citation :

Ce qui suivit fut une histoire d'amour.
J'aime le Montana. Pour d'autres Etats, j'éprouve du respect, de l'admiration, de la reconnaissance, voire de l'affection, mais pour le Montana, c'est de l'amour.

to be continued...

Ton post donne très très envie! Je l'ajoute définitivement à ma liste au père Noël

Ah, merci Miss A. je ne le connais pas celui-là, je note.

cléopatre a écrit:

Ton post donne très très envie! Je l'ajoute définitivement à ma liste au père Noël

Rosalind a écrit:

cléopatre a écrit:

Ton post donne très très envie! Je l'ajoute définitivement à ma liste au père Noël

Je l'ai rajouté aussi

Selenh a écrit:

Ah, merci Miss A. je ne le connais pas celui-là, je note.

Et j'aime beaucoup la dernière citation, qui est tellement vraie lorsqu'on a une région "de cœur"

Merci les filles , j'ai terminé ce récit, qui tient ses promesses jusqu'au bout.

Deux citations, pour la bonne bouche:

Les séquoias de Californie a écrit:

Charley était devenu très vite expert en arbres. Il aurait trouvé facilement du travail à titre de consultant dans ce domaine. Mais, depuis le début, j'ai évité qu'il ne pût obtenir la moindre information sur les séquoias. Il me semblait qu'un caniche de Long Island qui aurait rempli ses devoirs sur des Sequoias sempervirens ou Sequoia gigantea pourvait être classé à part des autres chiens... tout comme ce Galaad qui vit le Saint-Graal. Riche de cette expérience, il pouvait se trouver transféré mystiquement dans un autre plan de l'existence, dans une autre dimension, de la même façon que le séquoia semble hors du temps, inconcevable. Cela aurait pu le rendre fou - j'y avais songé- ou parfaitement ennuyeux. Un chien ayant vécu une telle expérience pouvait devenir un paria, au sens le plus strict du mot.

Voir un séquoia vous laisse une marque qui ne s'effacera plus. Jamais on n'en a reproduit de bonne photo ou de bonne peinture. La sensation que l'on éprouve ne peut se transmettre. Ces arbres imposent le silence et le respect. Ce n'est pas dû à leur stature incomparable, à leur couleur qui semble se transformer, se nuancer sous vos yeux, non, ils ne ressemblent en rien aux autres arbres que l'on connaît ; ce sont les ambassadeurs d'une autre époque. Ils ont le mystère de ces fougères disparues un millions d'années plus tôt dans le charbon de l'ère carbonifère. Ils transportent leur propre lumière et leur ombre. L'homme le plus vaniteux, le plus satisfait, le plus irrévérencieux mis en présence d'un séquoia est frappé d'émerveillement et de respect. Respect, c'est le mot. On éprouve le besoin de s'incliner devant une souveraineté incontestable. Depuis ma plus petite enfance, j'ai connu ces grands de la terre ; j'ai vécu parmi eux, campé et dormi contre leurs corps chauds et monstreux, jamais je n'ai éprouvé l'ombre d'un dédain. Je ne suis pas le seul dans ce cas.

Pour avoir eu la chance de visiter le nord de la Californie, je confirme point par point, caniche inclus, le ressenti de John Steinbeck (soixante ans après...)

Le café cajun a écrit:

Ce passant, habillé avec soin, était déjà chargé d'ans; Ses traits étaient ceux d'un Greco. Il avait une moustache blanche bien taillée et de fins cheveux blancs que soulevaient le vent.

Je l'invitai à me tenir compagnie. Il accepta et j'entrai chez moi préparer le café. Je me souvenais comment l'aimait Roark Bradford et je doublai la dose : deux cuillères à soupe pleines par tasse et deux autres pour la cafetière. je cassais un oeuf, en retirais le jaune et fis glisser blanc et coquille dans la cafetière. Je ne connais rien qui donne d'avantage d'éclat au café.
Il faisait toujours très froid, une nuit encore plus froide s'annonçait, et l'arôme du breuvage qui chauffait luttait avec avantage contre les parfums alentour.

Mon invité, satisfait, se réchauffa les mains aux flancs de sa tasse en matière plastique.

-D'après la plaque de votre voiture, vous êtes étranger à ces parages, dit-il. Comment savez-vous faire le café ?

-Je l'ai appris à Bourbon Street, de géants de la terre. Mais ils eussent choisi le grain plus brûlé et ajouté un soupçon de chicorée pour le mordant.

- Dites-donc, vous n'êtes pas un étranger, vous ! savez-vous faire le diablo ?

- Au besoin, oui. Vous êtes d'ici ?

- Depuis plus de générations que je ne peux l'assurer. A l'exception de ceux qui sont étiquetés "ci-gît" à Saint-Louis

Et voilà

Tes extraits sont bien choisis MissA, merci!   J'ai toujours rêvé de voir les sequoia de Californie      Et j'ai maintenant envie de gouter ce café