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Sujet: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Lun 13 Juil 2009 - 21:06
Plutôt que de polluer le topic des lectures en répondant à la question, je suis l'avis de Cat et j'ouvre un topic sur James Lee Burke. J'ignorais tout de cet auteur jusqu'à ce que je voie le dernier film de Bertrand Tavernier (réalisateur que j'adore) consacré à l'un de ses livres "Dans la brume électrique avec les morts confédérés". Le ton du film, la voix off du narrateur, m'ont tout de suite fait penser que le scénario venait d'un livre et que celui-ci avait toutes les chances d'être bon ! je me suis donc lancée et je l'ai dévoré ! Tavernier l'a admirablement adapté, appuyant un peu plus sur certains points (les soldats) et Tommy Lee(lui aussi !) Jones fait un inspecteur Robicheaux parfait. Alors je suis allée faire un tour sur le net et j'ai trouvé que cet auteur très prolifique a écrit de très nombreux romans policiers, surtout la série avec dave Robicheaux. Voici quelques mots sur sa bio :
Citation :
Burke naît au Texas et passe son enfance sur la côte entre le Texas et la Louisiane. Il suit ses études à la Southwestern Louisiana Institute ainsi qu’à l’Université du Missouri d’où il sort diplômé. Il a ensuite pratiqué plusieurs métiers (dans l’industrie du pétrole, comme journaliste ou comme assistant social). Actuellement Burke et sa femme Pearl partagent leur temps entre l’État du Montana et la Louisiane. Leur fille, Alafair Burke, est également auteur de romans policiers.
Il semble évident que Robicheaux est un avatar de son auteur, car même sa fille se nomme Alafair ! Voici la série des Robicheaux :
Citation :
* The Neon Rain (1987) : La Pluie de néon, Payot & Rivages/noir n°339 * Heaven's Prisoners (1988) : Prisonniers du ciel, Payot & Rivages/noir n°132, porté au cinéma en 1996 sous le titre Vengeance froide par Phil Joanou. * Black Cherry Blues (1989) : Black Cherry Blues, Payot & Rivages/noir n°159 * A Morning for Flamingos : Une saison pour la peur (1990) * A Stained White Radiance : Une tâche sur l'éternité (1992) * In the Electric Mist with Confederate Dead (1993) : Dans la brume électrique avec les morts confédérés, Payot & Rivages/noir (ISBN 978-2-7436-0428-X), adapté au cinéma en 2008 sous le titre Dans la brume électrique par Bertrand Tavernier. * Dixie City Jam (1994) * Burning Angel (1995) Le Brasier de l'ange, Payot & Rivages/noir n°420 * Cadillac Jukebox (1996), Rivage (2003) * Sunset Limited (1998), Rivages (2002) * Purple Cane Road (2000) [2], Rivages/Thriller (2005) * Jolie Blon's Bounce (2002), Rivages (2006) qui est sur ma PAL !) * Last Car to Elysian Fields (2003) Dernier tramway pour les Champs-Élysées, Payot (2008) * Crusader's Cross (2005) : L'Emblème du croisé, Payot Rivages (2009) * Pegasus Descending (2006) * The Thin Roof Blowdown (2007) * Swan Peak (2008) * Rains Gods (2009)
Si certains le connaissent mieux j'aimerais quelques conseils pour en acquérir d'autres, parmi ses meilleurs !
Et voici quelques extraits de l'interview de Tavernier sur Burke :
15/04/2009 15:25 James Lee Burke, par Bertrand Tavernier
« Dans la brume électrique », le dernier film de Bertrand Tavernier, est l’adaptation d’un livre de la série des Dave Robicheaux, écrite par James Lee Burke, romancier catholique américain
Bertrand Tavernier, au centre, et Tommy Lee Jones, à droite, lors du tournage de Dans la brume électrique (Dawn Jones 2007 Electric Mist Joint Venture, LLC)
«J’ai découvert l’univers de James Lee Burke il y a une dizaine d’années, en farfouillant dans une librairie de mon quartier. En lisant la quatrième de couverture, le nom du personnage principal (Dave Robicheaux) m’a tout de suite séduit. J’ai lu : La Pluie de néon, puis Dixie City, et j’ai immédiatement adoré sa façon de parler de la Louisiane, des bayous, de la nature, du temps, des ciels, des odeurs. J’étais littéralement happé.
Je croyais posséder une bonne connaissance du sud des États-Unis. Or, j’ignorais ce monde de violence et de traditions, gangrené par la Mafia, où la corruption est omniprésente. J’ai dévoré tous les bouquins de Burke. Tout me parlait.
Son style me touchait, son sens du dialogue où il fait alterner ce qui se passe dans la tête de Dave Robicheaux, des moments introspectifs très littéraires, avec des répliques tantôt très économes, tantôt hilarantes, pleines de couleurs, de variété, avec une invention dans l’agressivité et les injures qui surprend toujours. J’ai senti très vite le désir de filmer cet univers, l’envie de connaître Dave Robicheaux, de passer du temps avec ce personnage de roman.
Son passé, on le reconstitue de livre en livre. Il ne nous est jamais vraiment donné.
Spoiler:
Dave Robicheaux est un héros très éduqué, d’origine cajun, qui a fait des études universitaires. Il tranche dans cet État qui possède le triste record du nombre d’illettrés aux États-Unis. Il a vécu une très belle histoire d’amour avec une femme, Bootsie, à la fin de ses études. Il a enseigné l’anglais. Lieutenant au Vietnam, il a sauté sur une mine. La guerre et la violence l’ont marqué.
Sa foi provoque de grands moments de culpabilité L’horreur de ce qu’il a vécu l’a transformé en alcoolique et il n’ose pas renouer avec Bootsie. Il ne répond ni à ses demandes, ni à ses lettres. Il s’est engagé dans la brigade criminelle de La Nouvelle-Orléans. Mais il a démissionné à cause de son alcoolisme (dont il est sorti) mais aussi au nom de son refus de la corruption. Il travaille depuis pour le shérif de la paroisse de New Iberia. Il a épousé une autre femme.
Un jour, un avion de réfugiés du Salvador s’écrase dans le bayou. Dave Robicheaux plonge, sauve une petite fille que le couple adopte : Alafair. Sa femme est tuée une nuit par des inconnus. Le choc de cette mort va se confondre dans ses cauchemars avec les massacres de la guerre. Il retrouve Bootsie qui a connu deux mariages malheureux, notamment avec un mafieux dont elle ne soupçonnait pas les vraies activités et qui a été exécuté. Quand ils se retrouvent, la vie les a sérieusement abîmés, l’un et l’autre.
Dave Robicheaux vit avec le désir de protéger cette région, de la préserver du mal. Comme son créateur James Lee Burke, c’est un catholique pratiquant dont la foi provoque de grands moments de culpabilité. ... ... C’est un thème que l’on retrouve souvent dans les livres de Burke : sa colère contre la vulgarité des mafieux, leur imbécillité chronique.
Robicheaux est un peu le double de Burke En réalité, Dave Robicheaux mène plus une quête que des enquêtes. Il cherche la paix intérieure. ... ...Les combats de Dave Robicheaux par rapport au passé, à la mémoire, à l’intégrité de sa région me touchaient parce qu’ils rejoignaient ceux des personnages de mes films : du commandant Dellaplane dans La Vie et rien d’autre, de Cordier dans Coup de torchon, des personnages de L. 627, de Laissez-passer, de Ça commence aujourd’hui. J’avais l’impression d’être déjà en amitié avec celui qui écrivait ces histoires.
Dave Robicheaux est un peu le double de James Lee Burke. La famille du romancier, d’origine irlandaise, très religieuse, est intimement liée à l’histoire de la Louisiane. Plusieurs de ses ancêtres ont été mêlés à la guerre de Sécession. James Lee Burke est un catholique très pratiquant. Il a changé de paroisse parce que le prêtre de son église avait justifié la guerre en Irak.
Engagé dans les combats sociaux, d’éducation, il est très proche d’une communauté de religieuses qui a créé un fonds d’aide pour reconstruire les maisons des pêcheurs et des paysans ravagés par Katrina et conteste les chiffres officiels.
La violence n’est jamais une solution Ces religieuses attaquent les compagnies pétrolières qui ont détruit le pays et assèchent des zones réservées à la pêche. Grâce aux procès qu’elles gagnent, elles réussissent à avoir beaucoup d’argent.
James Lee Burke a suivi le parcours habituel de la plupart des écrivains américains. Il a été travailleur social, reporter, spécialiste des questions sociales, garde forestier dans le Kentucky, chauffeur de poids-lourds, surveillant de pipelines au Texas et au Colorado.
Dans tous ses livres, James Lee Burke insiste : la violence n’est jamais une solution. Et si on doit la pratiquer, il y a de la culpabilité et un prix à payer, parfois assez lourd. ... ...Ses cibles sont les démagogues de tout poil, républicains aussi bien que démocrates. Mais il donne des chances de rédemption à des criminels endurcis.
...En Louisiane, on n’a jamais voulu regarder de face la question de l’esclavage. On n’a pas affronté non plus l’histoire de La Nouvelle-Orléans.
Burke pétille tout le temps Depuis Reagan, l’administration a coupé tous les crédits pour l’éducation et pour l’entretien des digues. On n’a jamais voulu examiner les conséquences et les dégâts de cette politique. Katrina est aussi le produit de cette incurie.
L’une de ses premières phrases quand nous nous sommes rencontrés a été de me demander si André Schwarz-Bart était toujours vivant. Il m’a invité à venir vivre chez lui, m’a aidé pour les repérages et a écrit des dialogues pour le film. Il irradie tout de suite une sorte d’amitié, de facilité et de chaleur dans les rapports humains. À New Iberia, il connaît tout le monde et tout le monde le connaît.
Il est incollable sur l’histoire de sa région, de la guerre de Sécession, du syndicalisme américain, du cinéma. Il pétille tout le temps, s’amuse, glane des détails aussi bien dans l’actualité que dans le passé. Il dévore les journaux. Tout reste incroyablement concret dans ses conversations.
James Lee Burke se reconnaît de multiples influences : la Bible, la mythologie grecque, Shakespeare, le cycle de la Table ronde. Et, bien sûr, la Louisiane et le bayou qu’il a sillonné en tous sens. Il est tellement écœuré par la destruction et le saccage de son État qu’il songe à ne plus quitter le Montana où il vit désormais une bonne partie de l’année. » Propos recueillis par Jean-Claude RASPIENGEAS
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Sur le tournage, Tavernier et Tommy Lee Jones. J'espère que cela vous aura donné envie de découvrir cet auteur et cet hommes si attachant et d'aller voir le film, ou d'acquérir le DVD quand il sortira !
althea Countess of Dagobah
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Mar 14 Juil 2009 - 10:08
Merci Clinchamps d'ouvrir un topic sur cet auteur de romans noirs J'aime beaucoup le caractère désabusé de Robicheau et cette ambiance moite de la Floride et de la Louisiane. J'apprécie ausi qu'il n'en rajoute pas dans la surenchère glauque pour coller à l'étiquette "roman noir" J'ai beaucoup aimé les 2 premiers sortis en France que je te conseille : Prisonniers du ciel et black cherry blues. Ils permettent en plus de mieux comprendre l'histoire de Robicheau, de "sa fille". J'ai lu aussi dixie city que j'ai lu avec plaisir, mais qui m'a moins enthousiasmée (il y a peut être aussi l'effet de répétition qui a joué en sa dévaveur)
lady Clare Lily-white Doe
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Mer 19 Mai 2010 - 22:31
Finalement, je n'ai pas encore lu le livre comme je le prévoyais, mais je viens de voir le film...
J'ai toujours été attirée par la Louisiane, je rêve d'aller voir de quoi cela a l'air... Quand on a affaire à une intrigue qui s'y déroule, que ce soit en livre ou en film, le contexte a beaucoup d'importance et la localisation a toujours une place dans l'intrigue... je me souviens à titre d'exemple d'un film que j'aime beaucoup et qui s'appelle The Big Easy, où le climat de la ville New Orleans est oppressant et omniprésent...je crois même que le titre de ce film est le surnom donné à cette ville...
Ici au contraire, dans La Brume électrique, nous sommes dans le climat étouffant d'une petite ville, New Iberia... D'emblée, dès les premières images, on est happés par la beauté absolue du décor, j'ai adoré la musique qui accompagne cette entrée en matière, une musique digne de polar aux accents de la musique folklorique cajun...
Comme toi Clinchamps, j'ai une admiration sans bornes pour Bertrand Tavernier...et Tommy Lee Jones aussi!!!!!!!! la rencontre des deux ne pouvait être qu'électrique précisément!!! j'ai adoré le personnage de Robicheaux qui doit lutter contre des tourments intérieurs très impressionnants, tout le personnage de Dave est admirablement interprété, de même que sa charmante famille...
J'ai plus de réserve sur les personnages des acteurs, qui font un peu trop clichés, sex, drugs and rock and roll...mais bon, puisqu'ils font partie de l'intrigue...de même que
Spoiler:
le meurtre de Kelly, je le voyais venir gros comme une maison celui-là
John Goodman est excellent, il fait froid dans le dos, je ne l'avais jamais vu comme cela...
Quant à l'intrigue policière en elle même, il me semble qu'on la perd un peu facilement de vue, au profit des tourments de Dave,
Spoiler:
il ne me semble pas que l'on découvre finalement le pourquoi du comment de tous ces assassinats, c'est le meurtre du jeune Dewitt Préjean qui devient l'intrigue à résoudre en cours de route...
En conclusion, je dirai que c'est un excellent film pour qui aime les films d'ambiance, ici, celle de la Louisiane est très bien rendue et filmée, la photographie et la musique sont magnifiques! à voir bien sûr en vo pour apprécier les subtilités francophones de la belle langue cajun...
Miss Halcombe Wandering White Soul
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Jeu 20 Mai 2010 - 9:38
Merci, clinchamps, pour l'ouverture de ce topic. je ne connaissais pas cet auteur, et ta présentation me donne furieusement ( ma pauvre PAL ...) envie de réparer ce manque ! Idem pour le film " la Brume électrique " , car j'aime beaucoup Tommy Lee Jones.[b]
clinchamps Oshaberi Sensei
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Jeu 20 Mai 2010 - 9:58
Merci pour ton commentaire, Lady Clare, je suis contente que ce film t'ait plu. je ne m'en souviens plus suffisamment pour ce qui est de l'intrigue policière, d'autant que j'ai lu ensuite le livre qui la rendait plus évidente à comprendre, je crois. d'ailleurs je voulais continuer les romans de cet auteur et c'est resté à l'état de projet, il va falloir que je le concrétise
lady Clare Lily-white Doe
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Ven 28 Mai 2010 - 15:33
Dans le cadre du Festival Paris en toutes lettres voici une information :
Citation :
Bertrand Tavernier / James Lee Burke « J’ai découvert l’univers de James Lee Burke il y a une dizaine d’années, en farfouillant dans une librairie de mon quartier. En lisant la quatrième de couverture, le nom du personnage principal (Dave Robicheaux) m’a tout de suite séduit. J’ai lu : La Pluie de néon, puis Dixie City, et j’ai immédiatement adoré sa façon de parler de la Louisiane, des bayous, de la nature, du temps, des ciels, des odeurs. J’étais littéralement happé. » Bertrand Tavernier Bertrand Tavernier, Pas à pas dans la brume électrique, Flammarion, 2010 Vendredi 11 juin ~ 19h30 ~ CENTQUATRE , salle 200
voilà qui promet d'être bigrement intéressant!!
A lire donc en complément du film :
cat47 Master of Thornfield
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Dim 6 Juin 2010 - 11:56
J'ai vu hier soir Dans la brume électrique et j'ai beaucoup aimé.En ce moment, question fiction télévisuelle, je suis noyée sous les crimes, les atmosphères délétères et les héros peu glorieux , mais bon, on ne va pas se plaindre, tant que les histoires sont bien écrites et bien filmées et que les acteurs nous comblent d'aise. Il y avait très longtemps que je n'avais plus vu Tommy Lee Jones, ça fait du bien de le retrouver. Surtout lorsqu'il est accompagné de Kelly McDonalds et de Peter Sarsgaard. Le livre doit être pas mal du tout, j'ai envie de m'intéresser de plus près à son auteur, la voix off bien utilisée donne envie de s'essayer à ce type de lecture. Etonnant qu'un réalisateur français ait réussi à ce point à évoquer une Louisiane plus vraie que nature (c'est True Blood en plus réaliste ), il faut croire que l'âme cajun joue encore un grand rôle dans cette région. En tout cas, chapeau à Bertrand Tavernier.
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lady Clare Lily-white Doe
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Dim 6 Juin 2010 - 12:13
cat47 a écrit:
Etonnant qu'un réalisateur français ait réussi à ce point à évoquer une Louisiane plus vraie que nature (c'est True Blood en plus réaliste ), il faut croire que l'âme cajun joue encore un grand rôle dans cette région. En tout cas, chapeau à Bertrand Tavernier.
Je me permets du coup à la suite de ton post Cat de refaire de la promo pour le dernier livre de Tavernier, il explique sa rencontre littéraire avec James Lee Burke grâce à son libraire de quartier, vive les librairies de quartier!! Pas à pas dans la brume électrique , publié en octobre 2009 et pour lequel Bertrand Tavernier a remporté le Grand prix de l'essai de la Société des gens de Lettres.
J'aime bien aussi la chanson du film en langue cajun, La terre tremblante :
Miss Halcombe Wandering White Soul
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Mar 8 Juin 2010 - 20:37
J'ai visionné le film de Bertrand Tavernier , " Dans la Brume électrique " , et j'ai bien aimé : les paysages de Louisiane, superbes et , en même temps un peu oppressants ( avec quelques passages un peu tristes où l'on voit les méfaits de l'ouragan Katrina ) ; la musique, du générique et de la chanson dont Lady Clare nous a mis la vidéo ; le personnage de Robicheaux ( ah, Tommy Lee Jones ! ). L'intrique policière , par contre , m'a laissée sur ma faim
Spoiler:
on ne résout pas vraiment l'énigme des assassinats de jeunes femmes, ou , alors, quelque chose m'a échappé !
Cela me motive d'autant plus pour lire le roman. J'hésite un peu à lire le livre de Tavernier ; n'est-ce pas un peu trop " technique-cinéma " ?Merci encore à Lady Clare, grâce à qui j'ai pu faire cette belle découverte !
lady Clare Lily-white Doe
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Sam 12 Juin 2010 - 0:47
Merci pour ton avis Miss Halcombe, je suis ravie que tu aies aimé ce film!
Sinon, j'ai eu la chance d'assister ce vendredi 11 juin à la Conférence de Bertrand Tavernier, dans le cadre du festival Paris en toutes lettres, joliment intitulée "Exercice d'admiration". Il s'agissait pour le réalisateur de nous narrer sa rencontre coup de foudre avec James Lee Burke, l'auteur de "Dans la brume électrique", le film qu'il a tourné en 2007, et qui est sorti l'an dernier. Bertrand Tavernier a d'ailleurs publié un livre en complément du film dans lequel il raconte le tournage au jour le jour. Ce livre est truffé d'anecdotes passionnantes et intimes, personnelles et touchantes.
Lors de cette mini-conférence, de cet exercice d'admiration puisqu'on se doit de le nommer ainsi, Bertrand Tavernier a souhaité nous faire partager ses souvenirs de tournage au plus près, de même qu'il a choisi de nous lire ses passages préférés de quelques uns des romans de James Lee Burke, de "Dixie city" (qu'il a aussi voulu adapter), "Dans la brume électrique" (les toutes dernières pages), "Vers une aube radieuse" ... Il nous a parlé aussi des sensations, des impressions qu'il ressentait pendant le tournage, il nous a expliqué qu'il aurait voulu nous faire sentir à travers la pellicule l'importance de la terre, de la lumière, des odeurs, de l'humidité qui participent à la fois de la violence et de la beauté de la Louisiane... Dès les premières images, le réalisateur a souhaité mettre en scène la lumière, l'odeur particulière, la présence de la nature, sa beauté luxuriante...et même ses moustiques (si forts qu'ils ont mangé les chauves souris!)
Avec beaucoup d'humour, Bertrand Tavernier explique qu'il a choisi ce roman à cause du personnage du Général sudiste...Il a eu un vrai coup de coeur pour les personnages. Très vite, il est entré en contact avec James Lee Burke, le courant semble être passé admirablement, on se dit que les discussions entre ces deux esprits forts ont dû être savoureuses. L'auteur américain est enthousiaste, chaleureux, plein d'humour. Il emmène Tavernier sur les lieux mêmes de l'action du livre, New Iberia, où le personnage de Dave Robicheaux est connu comme le loup blanc, notamment dans un restaurant "le Victor" où ce personnage vient régulièrement manger. Tavernier le compare alors au Comte de Monte Christo qui a sa cellule au Château d'If... Le personnage de Dave Robicheaux est un personnage récurrent dans l'oeuvre de James Lee Burke, il parle aussi à la première personne, assez troublant dans un roman policier. C'est un personnage érudit, il a fait des études. Pour le film, le réalisateur et sa décoratrice ont d'ailleurs décidé d'en faire le seul personnage à avoir une bibliothèque, Tavernier raconte avec malice la joie qu'il a eue de remplir les étagères avec Raymond Carver , Flannery O'Connor ou encore Hemingway....
James Lee Burke est amoureux de la Louisiane et le fait sentir dans ses livres, il est très concerné politiquement (démocrate actif & engagé, chrétien pratiquant), il dénonce notamment la politique destructrice de Bush vis à vis de cet état, qui s'il était indépendant serait du niveau d'un pays du Tiers Monde...Il dénonce tout cela dans ses livres, le taux illettrisme bas et le taux d'alcoolémie élevé reviennent comme des leitmotive & sont des prétextes à des intrigues parallèles. Une autre de ses caractéristiques est qu'il y a beaucoup de détails autobiographiques dans ces livres, notamment son alcoolisme, contre lequel il se bat depuis 39 ans et qui fait partie intégrante de ce qu'il est, Tavernier l'a d'ailleurs accompagné à une réunion des Alcooliques Anonymes.
Pour Tavernier, James Lee Burke est de la même trempe que Jack London, Mark Twain, William Faulkner ou encore John Steinbeck, l'un des plus grands esprits littéraires de ces dernières décennies... comme eux, il semble avoir eu plusieurs vies, des hauts et des très bas... Dans son univers, les personnages ont plus d'importance que l'intrigue elle même, Tavernier le compare aussi à Simenon, dans ce sens, et ses histoires sont prétextes à une confrontation avec le passé. "Le passé n'est pas mort, le passé n'est pas encore passé" (Faulkner) est une des phrases fétiches de Lee Burke. Les violences et les exactions faites contre le peuple noir ont fait de la Louisiane ce qu'elle est. La beauté des lieux et leur mystère tiennent autant à la nature & aux paysages qu'à la douleur qu'ils véhiculent encore et à travers les ans. Chaque arbre porte encore les stigmates des violences, comme on le voit dans le film avec le personnage de Dewitt Prejean. C'est à la fois sa force et son humiliation.
Tavernier a reconnu que l'on perd peu à peu l'intrigue policière de vue, au profit de la quête quasi mystique de Robicheaux...Le passé doit être exorcisé. La fin du livre n'a pas été tournée, c'est un choix bien précis du réalisateur, qui trouve que la fin est très riche (elle nous raconte ce que devient précisément le personnage de Big Feet), et pourrait être l'objet d'un film à elle seule, nous avons eu droit à une dernière lecture passionnée, les dernières pages de La Brume électrique et effectivement c'est si riche et coloré que l'on comprend bien le choix de coupe qui a été fait pour le scénario.
Voilà, c'était un petit compte rendu de cette rencontre fabuleuse avec un homme généreux, passionné, cultivé et aussi extrêmement pudique. J'ai feuilleté et acheté son livre, il m'a fait une gentille dédicace et j'ai eu la chance de lui dire tout le bien que je pense de son oeuvre...
Bertrand Tavernier en signature à la librairie Le Merle Moqueur, au 104. la dédicace...
Extrait d'un documentaire qui met dans l'ambiance...
En faisant quelques recherches, j'ai appris que sa fille Alafair Burke écrit aussi des polars...
Dernière édition par lady Clare le Dim 13 Juin 2010 - 22:36, édité 2 fois
Miss Halcombe Wandering White Soul
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Sam 12 Juin 2010 - 9:34
Lady Clare , merci pour le compte-rendu, qui me convainc que la lecture du livre de Bertrand Tavernier est à noter dans mes tablettes ! ; et qu'elle doit être un intéressant complément à l'oeuvre de James Lee Burke, que j'ai hâte de me procurer, à présent ! J'ai beaucoup aimé la dédicace ! Quelle chance tu as de pouvoir assister à ce genre de manifestation. C'est ce qui me rend parfois ( parfois, seulement ! ) nostalgique d'avoir quitté la région parisienne !
Tatiana A view from the past
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Sam 12 Juin 2010 - 11:52
Waou, merci Lady Clare pour ce superbe compte rendu, j'aime beaucoup les films de Tavernier (d'ailleurs existe-t-il un topic qui lui est consacré ?), et merci à toi Miss Halcombe d'avoir fait remonter ce topic que je n'avais pas encore vu ! J'ai aussi vu ce film récemment, sur les conseils de ma soeur qui me bassinait me recommandait depuis longtemps de le voir. En bref, j'ai été un peu déçue par l'intrigue policière car je n'ai pas tout compris (ce qui va m'encourager à le lire le livre, donc c'est plutôt une bonne chose !). Mais par contre, j'ai trouvé Tommy Lee Jones excellent, son jeu est très sobre mais tellement juste qu'il m'a beaucoup émue. Et comme Miss Halicombe, j'ai été conquise par la beauté des paysages et le mystère dégagé par les bayous. Petit détail qui m'a amusé : tous les noms sont d'origine française et leur prononciation est parfois assez cocasse !
lady Clare Lily-white Doe
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Sam 12 Juin 2010 - 19:59
Merci pour ton avis Tatiana!! Oui Tommy Lee Jones est Dave Robicheaux, c'était un grand fan des livres lui même, comme John Goodman d'ailleurs... Il a d'ailleurs avoué à Bertrand Tavernier qu'il a joué le personnage en s'appuyant sur des souvenirs très intimes et très personnels, comme son rapport au père par exemple, apparemment c'est un sujet important dans les livres de James Lee Burke. Il y a beaucoup de mots & de noms d'origine française en effet, mais ce n'est pas du français, c'est du cajun... c'est un sujet de fascination pour James Lee Burke qui aime toujours à inventer des noms improbables...comme Twinky LeMoyne par exemple... avec l'accent américain, c'est très drôle!
cat47 Master of Thornfield
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Dim 13 Juin 2010 - 18:08
Merci pour ton compte rendu détaillé de la conférence ainsi que pour la vidéos et toutes les infos que tu nous as données, Lady Clare. C'est un vrai plaisir de découvrir la passion de Tavernier pour l'oeuvre de Burke en ta compagnie. Je ne suis plus aussi étonnée que le réalisateur ait aussi bien réussi à rendre l'atmosphère louisianaise, maintenant. Il a l'air de s'être investi à fond dans ce film et sa relation particulière avec l'auteur explique aussi bien des choses. Tout cela donne encore plus envie de se plonger dans cette oeuvre, qui doit recéler de belles pépites.
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lady Clare Lily-white Doe
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique" Dim 13 Juin 2010 - 22:39
Mais de rien!! J'ai pris quatre pages de notes, je n'ai pas tout mis! en tout cas, c'était vraiment un magnifique moment que j'avais envie de partager avec vous... Le livre est effectivement passionnant, on y apprend beaucoup de choses sur le tournage, bien évidemment, mais aussi beaucoup sur les goûts littéraires et cinématographiques de Tavernier...
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Sujet: Re: James Lee Burke : "Dans la brume électrique"