Tracy Chevalier

C'est un beau livre, en effet.
Il me semble que Vermeer a laissé très peu de traces dans la vie de sa cité, et que l'explosion d'un quartier de Delft au XVIIe a contribué à détruire le peu d'archives qu'on aurait pu trouver le concernant.

Merci Tatiana pour ton retour positif sur ce roman, qui me donne envie de le découvrir!

Vavyala a écrit:

Merci Tatiana pour ton retour positif sur ce roman, qui me donne envie de le découvrir!

surtout que j'ai revu le film il y a quelques jours

On pourrait se noter l'idée d'une lecture en duo un de ces quatre si ça te dit...

Avec plaisir, j'ai déjà le roman à la maison !

Je ne l'ai pas, je bascule sur le topic des lectures en duo pour planifier une période de lecture.

Arte a consacré une de ses émissions "Invitation au voyage" au livre de Tracy Chevalier "Prodigieuses créatures". L'émission va également sur les traces de Jane Austen à travers Bath et P&P Je vais mettre le lien dans le topic Ad hoc

J'ai terminé ce matin La Jeune fille à la perle qui a été un beau coup de cœur ! J'y ai retrouvé tous les ingrédients qui m'avaient passionnée dans le film, le tout retranscrit avec délicatesse par Tracy Chevalier J'ai particulièrement apprécié la narration de Griet qui nous dévoile ses pensées, l'évolution de sa relation (et de ses sentiments) vis-à-vis de Vermeer, les difficultés rencontrées en tant que servante (elle doit ainsi subir les brimades et la pression des femmes de la maison, mais aussi la jalousie de Catharina et Cornelia, femme et fille de Vermeer qui la voient comme une rivale) ainsi qu'en tant que femme (elle doit ainsi repousser les avances du marchand d'art Von Ruijven tant en étant courtisée par Pieter, un boucher).

Les coutumes de l'époque sont décrites de façon intéressante, sans être redondantes ni excessives, tout comme le quotidien et les méthodes d'un peintre reconnu

Griet et Vermeer sont bien évidemment mes deux personnages préférés : la première est marquante par son intelligence, sa modestie, sa discrétion, son courage, tandis que le second, réservé, taciturne est profondément attachant La relation les unissant est unique, chacun complète et respecte l'autre. J'ai apprécié les scènes se référant à un ou plusieurs détail(s) d'un tableau ou la préparation des palettes

En 300 pages, Tracy Chevalier a donc réussi à m'embarquer au XVIIème siècle, à Delft, au côté de cette mystérieuse jeune fille à la perle

Ravie de lire ton retour très positif Juliette et d'avoir mené cette lecture en duo avec toi!  

Je l'ai terminé ce soir et je l'ai beaucoup apprécié (avec un léger bémol).

Juliette2a a écrit:

le tout retranscrit avec délicatesse par Tracy Chevalier

C'est pour moi le gros point positif de ce roman. La ville de Delft, les personnages, leurs relations sont décrits avec beaucoup de finesse et de délicatesse, ce roman est comme une dentelle...  
C'est le premier roman de Tracy Chevalier que je lis et j'ai trouvé son style très fluide, sensible et sensitif, sans maniérisme car elle arrive aussi à aborder les aspects les moins agréables de la société de l'époque sans les esquiver.

Juliette2a a écrit:

Griet et Vermeer sont bien évidemment mes deux personnages préférés : la première est marquante par son intelligence, sa modestie, sa discrétion, son courage, tandis que le second, réservé, taciturne est profondément attachant La relation les unissant est unique, chacun complète et respecte l'autre. J'ai apprécié les scènes se référant à un ou plusieurs détail(s) d'un tableau ou la préparation des palettes

Comme toi, j'ai beaucoup aimé le personnage de Griet. Elle est très intelligente, elle perçoit assez vite la place de chacun dans la famille où elle sert, leurs qualités et défauts. Elle est aussi très consciencieuse et compétente (plus que Tanneke qui est pourtant servante depuis plus longtemps qu'elle). Tracy Chevalier nous révèle par petites touches peu à peu son sens artistique qui va en faire une interlocutrice de choix pour seconder Vermeer dans cette fiction.  

J'ai plus de réserve que toi sur le personnage de Vermeer.  
Je l'ai trouvé assez égoïste par moments, faisant passer l'Art avant l'humain, par exemple

Spoiler:

Comme on suit l'histoire par les yeux et les pensées de Griet, on ne peut que conjecturer sur ce qu'il pense et ressent réellement vis-à-vis d'elle. Du coup, je me demande jusqu'où allait son intérêt pour elle. Muse? Alter ego artistique? L'un et/ou l'autre mâtiné de désir physique? Au final, il semble

Spoiler:

Je précise que le personnage de Vermeer n'est pas un bémol pour moi. Tel qu'il est décrit, le flou de ses sentiments, comme ses choix, contribuent à l'intérêt du roman!  

Ceci m'amène à une remarque qu'a faite sur ce même topic Fée clochette et qui résonne avec ce que j'ai ressenti:

Fée clochette a écrit:

A la relecture, il y a un point que je n'ai pas soulevé... J'ai souvent eu par moment la curieuse impression que Griet était la fille de la Princesse de Clèves.

A un moment de ma lecture, j'ai aussi eu l'impression que de la même façon que la Princesse de Clèves se trouve prise en étau entre l'amour raisonnable pour son mari et celui passionnel pour le Duc de Nemours, Griet se retrouvait entre Pieter fils et Vermeer.

Spoiler:

Du coup, je fais partie des lectrices qui voit son choix final

Spoiler:

comme positif, une émancipation totale de son passé.  

Juliette2a a écrit:

En 300 pages, Tracy Chevalier a donc réussi à m'embarquer au XVIIème siècle, à Delft, au côté de cette mystérieuse jeune fille à la perle

Elle a réussi aussi à me transporter dans l'espace et le temps et c'est à mes yeux une belle réussite.

Le seul bémol que je donnerai à ce roman qui ne le classe pas dans mes coups de cœur est une sensation de roman trop lisse, sans aspérité. Il est presque trop parfait, un peu comme ce qui manquait au tableau de la femme de Van Ruijven avant que Griet y propose un désordre contrôlé. Mais je n'ai pas la finesse de Griet pour voir à quel niveau il me manque un petit désordre, chaos, pour donner une imperfection plus humaine et chaleureuse dans mon rapport à ce roman.  

Pour terminer, mes pensées à Tatiana qui par son post m'a vraiment donné envie de découvrir ce roman. La finesse de ce qu'elle en disait m'incitait à penser qu'il me plairait et ça a été le cas!

Ravie que vous ayez toutes deux apprécié ce beau roman Juliette et Vavyala, et merci pour tes pensées Vavyala   .

Vavyala a écrit:

Comme on suit l'histoire par les yeux et les pensées de Griet, on ne peut que conjecturer sur ce qu'il pense et ressent réellement vis-à-vis d'elle. Du coup, je me demande jusqu'où allait son intérêt pour elle. Muse? Alter ego artistique? L'un et/ou l'autre mâtiné de désir physique?

Tout à fait. Concernant les sentiments respectifs des deux principaux intéressés, si ceux de Griet ne font pas de doute, ceux de Vermeer sont beaucoup difficiles à percer. Il vit tellement pour son art qu’on ne sait pas réellement s’il l’aime la jeune fille ou s’il voit juste en elle une inépuisable source d’inspiration, celle qu’il rêvait de rencontrer pour sublimer sa peinture. Le désir est clairement présent, mais là aussi on peut se demander s’il désire Griet ou les personnages pour lesquels elle pose Sa personnalité constitue en effet un des grands intérêts du livre, et j’ai pour ma part apprécié qu’il conserve jusqu’au bout ce côté impénétrable, presque hermétique. C’est l’Artiste par excellence, perdu dans son monde, et la raison pour laquelle son épouse ne le comprendra jamais totalement.

Quant à la

Spoiler:

Ravie de voir que tu as passé un bon moment de lecture, Vavyala ! J'étais ravie de faire cette lecture en duo avec toi

Concernant tes réserves au sujet de Vermeer, je comprends ton ressenti ! Pour ma part, d'une part, j'ai gardé l'image du Vermeer de Colin Firth en tête (donc forcément, j'avais un à priori positif à son sujet   ) et d'autre part, je ne suis pas étonnée de la réaction de Vermeer par rapport à Griet, cela fait partie de sa personnalité ; il ne vit que pour son Art, il est dans son monde et ne fait pas forcément attention aux autres, même s'il les respecte.

Je vous rejoins sur la fin, que j'ai trouvée très réussie,

Spoiler:

Je rejoins vos retours Tatiana et Juliette, à la fois sur le doute des sentiments réels de Vermeer dans cette fiction, mais aussi sur le fait que cela participe à donner de l'intérêt à ce roman.

Merci Tatiana pour la comparaison entre la fin du livre et de l'adaptation cinématographique (que je n'ai pas vue). C'est intéressant le parti pris choisi par le réalisateur

Spoiler:

Je vous plussoie sur la symbolique de la fin du livre

Spoiler:

Vavyala, je te conseille vraiment l'adaptation, elle est excellente et très fidèle (malgré quelques légers changements par rapport au livre) !

C'est noté!
J'avoue que j'étais allée voir la bande annonce et que ça m'avait fait peur, j'avais l'impression que les sentiments de Vermeer y étaient moins ambigus (et justement le flou est un des éléments que je trouve intéressant).

Je te rassure, les sentiments de Vermeer dans le film sont bien ambigus, Colin Firth y excelle !

Tu me rassures!

Vavyala a écrit:

j'avais l'impression que les sentiments de Vermeer y étaient moins ambigus

 Avec Colin Firth impeccable en Mr Regards et Silences, Vermeer est parfaitement opaque et ambigu, il est d'un mutisme impressionnant.

Vermeer, élevé dans la fois protestante s'est converti au catholicisme pour pouvoir épouser une catholique et ainsi avoir accès à de riches clients, c'est franchement ambigu. Jamais nous n'y pensons, mais il a quand même été formé à une rigueur morale différente. Ses pensées tournent constamment autour de la peinture, cependant, Griet le subjugue, elle a des talents qu'il reconnait. La jeune femme peut l'attirer certes,  mais c'est une servante :  elle n'est donc rien pour lui.

Involontairement il l'a transforme en Muse, la femme représenté par  Griet en devient  désincarnée. Elle devient une simple image, innocente, qu'il peut parer à son gré que nous pouvons imaginer porteuse de son désir de peintre et  d'homme, mais il est marié, elle est une servante, une invisible qui sert dans le ménage, et aussi, taillable et corvéable à merci.

Merci Fée clochette pour le partage de ton analyse, très instructive comme tout ce que tu as posté précédemment sur ce topic!

Je comprends ton point de vue et il participe de l'intérêt que je trouve au roman, car il présente un aspect de l'intérêt qu'un homme peut porter sur une femme qui est peu représenté dans l'art, car très nuancé.
Il y a plusieurs hommes dans ce personnage de Vermeer (l'homme hétérosexuel, le protestant d'éducation, le maître, le mari et l'artiste). Chacune de ses facettes a une attirance/distance différentes pour Griet.

Spoiler:

Ce qui rend le livre lumineux malgré tout est la façon dont Griet réussit à rebondir après cette rencontre qui a marqué sa vie. Et ça me plait beaucoup!

Fée clochette a écrit:

Avec Colin Firth impeccable en Mr Regards et Silences, Vermeer est parfaitement opaque et ambigu, il est d'un mutisme impressionnant.

Tout est dit

Sur le site de Artetv on peut regarder un petit reportage sur Prodigieuses Créatures de Tracy Chevalier (je n'en ai pas trouvé trace sur le topic, donc je mets le lien) :

Si avec ça vous n'avez pas envie de partir sur les traces de Mary Anning...

Merci MissAcacia, demain, je pars casser des cailloux.

J'ai lu Prodigieuses créatures il y a quelques jours, et j'ai beaucoup apprécié cette lecture sur les pas de Mary Anning et de d'Elizabeth Philpot, peu connues du grand public mais dont j'avais déjà entendu parler en lisant des ouvrages de paléontologie et en visitant le Natural History Museum de Londres à plusieurs reprises

C'est le deuxième roman de Tracy Chevalier que je lis (après La jeune fille à la perle, lu il y a une éternité), et j'ai beaucoup apprécié le style fluide et sans fioriture de cette narration à deux voix, les chapitres alternant les points de vue de Mary et de Miss Philpot ; le côté scientifique m'a énormément intéressée (ainsi que les diverses réactions des gens de l'époque à la découverte des fossiles, entre intérêt scientifique, répulsion, "collectionite" pour se faire bien voir en société, et désintérêt voir rejet violent car ils remettaient en cause le dogme religieux de l'époque...), mais également les aspects plus personnels concernant les deux protagonistes : bien que de milieux sociaux différents, les deux sont vite confrontées au mépris, sexisme et à la condescendance d'une bonne partie de la population, qu'il s'agisse des habitants de Lyme Regis ou des scientifiques anglais et français, bien plus intéressés par les fossiles que par leur découvreuses... J'avoue que le côté "romance" de l'histoire ne m'a pas particulièrement captivée, mais le reste est vraiment fascinant et j'ai passé un excellent moment avec ce roman, en attendant de pouvoir retourner outre-Manche admirer les ammonites, bélemnites et autres "curios" sur les pas de ces deux précurseuses de la paléontologie moderne

Et comme j'ai la chance de travailler au Muséum d'histoire naturelle, je suis allée faire un tour dans la galerie de Paléontologie à midi pour voir de plus près le fossile vendu par Mary Anning à Cuvier, qui est évoqué dans le roman !

photos:

merci Fauvette, superbe le reportage photo 
Il me semble que le film Ammonite qui a été tiré de ce livre n'est pas encore ou même jamais sorti en France, non ?

Je ne crois pas non, il me semble qu'il est très brièvement sorti en Grande-Bretagne l'an dernier mais je n'ai rien vu passer par chez nous (Mais je vais regarder du côté des DVD ! )

Il est peut-être déjà dispo sur une plateforme de streaming 

En tous cas, ton compte-rendu m'a donné envie de lire le livre, alors que le titre ne m'attirait pas du tout