Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Herman Melville | |
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Auteur | Message |
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Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Herman Melville Dim 23 Jan 2022 - 18:35 | |
| Merci pour ton retour, Annwvyn ! J'avais beaucoup aimé ce film, son casting et son histoire passionnante ! |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Herman Melville Dim 23 Jan 2022 - 21:30 | |
| Ah, super Juliette ! Je n'avais pas du tout entendu parler de ce film avant de tomber dessus par hasard. Je suis contente de l'avoir découvert, et décidément, cela me convainc de ne pas tarder des années à lire Moby Dick. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 14 Juin 2023 - 17:44 | |
| Typee/Taïpi de Herman Melville Un résumé de ce récit basé sur l'expérience vécue de Melville, matelot dans sa jeunesse : - Citation :
- Le mot Taïpi désigne à la fois une région de l'île Nuku-Hiva, de l'archipel des Marquises, et la population qui l'habite.
C'est ce pays et ces hommes que le jeune matelot Herman Melville, évadé du navire baleinier la Dolly, fut, vers 1843, amené à connaître. Les Taïpis ont une horrible réputation : on les dit cannibales. Cela n'empêcha pas Melville et son camarade Toby de se réfugier chez eux. Contre toute attente, les deux fugitifs furent très bien accueillis et vécurent avec les Taïpis des mois merveilleux. Melville fait revivre la gentillesse et l'intelligence de ses hôtes, ses amours avec la belle Faïaoahé, ses nobles discussions avec le grand chef Mehevi, ses démêlés avec Kory-Kory son domestique... C'est aussi intéressant d'un point de vue ethnologique car Melville est américain, et contemporain de l'extermination des derniers Indiens d'Amérique du Nord ; il a à la fois le point de vue de son époque, en particulier sur la religion chrétienne, mais également une certaine réserve sur les "bienfaits de la civilisation sur les sauvages". Ce qui donne un texte assez équilibré, parfois drôle, parfois assez triste rétrospectivement (il parle à la fin de la conquête de Tahiti et des iles Sandwich). Le récit est d'abord axé sur la volonté de Melville (Thomas) de déserter son baleinier, puis sur les péripéties de cette fugue avec son ami Toby ; enfin Toby réussit à s'enfuir après peu de semaines, et Thomas resté seul décrit la vie et les coutumes des Taïpis, tout en se désespérant de pouvoir quitter l'ile de Nuku-Hiva (ce qui prouve son peu de suite dans les idées ). Ça nous en apprend aussi sur l'être humain qu'était Melville, et sur ses préjugés. Le tatouage sur le visage avec des bandes horizontales ou verticales, par exemple, l'horrifie au plus haut point ; alors que Mehevi insiste beaucoup pour qu'il en fasse, sans doute pour l'intégrer progressivement au groupe et l'assimiler, Thomas refuse avec véhémence et ne comprends pas la signification sous-jacente, ou ne veut pas l'entendre. J'ai lu ce livre car je suis tombée d'abord sur une BD en médiathèque : Taïpi un paradis cannibale ICI |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 14 Juin 2023 - 18:01 | |
| Très intéressante présentation, Petit Faucon, qui donne envie, merci beaucoup. Je n'ai toujours rien lu d'Herman Melville, mais encore une fois, voilà un de ses textes qui me fait envie. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 14 Juin 2023 - 18:45 | |
| Voici quelques extraits : "Qu’on civilise les sauvages, soit, mais qu’on les civilise en bien, et non en mal. Qu’on supprime l’idolâtrie, mais non en supprimant les idolâtres. Les Anglo-Saxons ont extirpé le paganisme de presque tout le continent nord-américain ; mais avec lui, ils ont pareillement extirpé la plus grande partie de la race rouge. La civilisation élimine graduellement de la terre les derniers vestiges du paganisme, et en même temps réduit à vue d’œil le nombre de ses malheureux sectateurs. Dans les îles de la Polynésie, on n’a pas plus tôt renversé les idoles, abattu les temples, et converti les idolâtres en chrétiens nominaux, que la maladie, le vice et la mort font leur apparition. La terre dépeuplée est alors envahie par la horde rapace d’individus éclairés qui s’établissent dans ses limites et annoncent à grands cris le progrès de la Vérité. De coquettes villas, des jardins soignés, des pelouses tondues, des clochers et des coupoles s’élèvent, tandis que le pauvre sauvage ne se voit bientôt plus qu’un intrus dans le pays de ses pères, et cela jusque sur l’emplacement même de la case où il est né. Accaparés sans vergogne par l’étranger, les produits spontanés de la terre, réservés par la sagesse divine à la subsistance des indolents naturels, sont consommés sous les yeux des habitants faméliques, ou expédiés à bord des nombreux vaisseaux qui touchent désormais à leurs rives. Lorsque les misérables affamés sont privés ainsi de leurs ressources naturelles, leurs bienfaiteurs viennent leur raconter qu’ils doivent travailler et gagner leur pain à la sueur de leur front. Mais plus encore qu’à un délicat gentleman né dans l’opulence héréditaire, le labeur manuel est cruellement hostile au voluptueux Indien une fois dépouillé des bienfaits du ciel. Habitué à sa vie de farniente, il ne peut ni ne veut faire d’efforts ; et le besoin, la maladie, le vice, tous maux d’importation étrangère, ont tôt fait de mettre un terme à sa misérable existence. Mais qu’importe tout cela ? Admirez le glorieux résultat ! Les abominations du paganisme ont fait place aux purs rites du culte chrétien ; l’ignorant sauvage a été supplanté par l’Européen raffiné ! Voyez Honolulu, métropole des îles Sandwich ! Un groupe de négociants désintéressés et de hérauts dévoués de la Croix, s’étant volontairement exilés, se sont établis sur le lieu même qui, il y a vingt ans, était déshonoré par l’idolâtrie. Voilà un beau sujet de discours pour un éloquent orateur de réunion biblique ! Aussi ne s’est-on pas fait faute de tirer parti de cette occasion de rhétorique missionnaire. Mais lorsque ces philanthropes nous font parvenir leurs brillants comptes rendus sur une moitié de leurs activités, pourquoi donc leur modestie les retient-elle de publier l’autre moitié de leurs bonnes actions ? Ce ne fut pas avant d’avoir été moi-même à Honolulu que je sus que la civilisation apportée aux quelques naturels restants avait consisté à les transformer en chevaux de trait et leur évangélisation à en faire des bêtes de somme. Mais il en est ainsi. On les a littéralement pliés aux traits et attelés comme des bêtes brutes aux véhicules de leurs éducateurs spirituels !"
Ici une anecdote comique, il indique que l'ile ne connaît pas les moustiques : "Les Taïpis sont encore entièrement préservés de cet hôte importun ; mais sa place est malheureusement tenue, dans une certaine mesure, par la présence occasionnelle d’une espèce de mouche minuscule qui, tout en ne piquant pas, est néanmoins cause d’intolérables désagréments. La familiarité des oiseaux et des lézards n’est rien à côté de l’entière confiance de cet insecte. Il se posera sur un de vos cils, et restera perché là tant que vous ne ferez rien pour l’en déloger ; ou bien il se frayera un chemin parmi vos cheveux, ou encore dans le creux de votre narine, au point que vous vous demanderez s’il n’est pas résolu à explorer jusqu’à votre cerveau même. Je fus une fois assez malavisé pour bâiller au moment où un grand nombre de ces bestioles tournaient autour de moi. Jamais je ne recommencerai ! Il y en eut bien une demi-douzaine à se précipiter dans ce logement vacant, où elles commencèrent à marcher au plafond ; la sensation était horrible. Je fermai involontairement la bouche, et les pauvres créatures, enveloppées des ténèbres internes, durent dans leur consternation trébucher sur mon palais et se trouver précipitées dans le gouffre qui le suivait. En tout cas, bien que par la suite j’eusse gardé la bouche charitablement ouverte durant cinq bonnes minutes pour ménager une issue aux retardataires, aucune d’elles ne profita de l’occasion."
Dernière édition par Petit Faucon le Jeu 15 Juin 2023 - 9:33, édité 3 fois |
| | | cléopatre Traveler of both time & space
Nombre de messages : 12762 Age : 30 Localisation : Santa Carla Date d'inscription : 25/04/2012
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 14 Juin 2023 - 23:39 | |
| Merci pour la présentation et aussi pour les extraits Petit Faucon! Ces extraits sont bien choisis, l'un un peu triste (et assez révoltant) sur le vol des terres indigènes par les blancs, l'autre beaucoup plus marrant.. Je note ce livre! Comme Annwvyn je n'ai jamais lu Melville. |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Herman Melville Mar 20 Fév 2024 - 16:40 | |
| Toujours pas lu Herman Meville, mais je viens de voir Moby Dick au théâtre du Lucernaire à Paris, spectacle créé par la compagnie Les Vagabonds. Le spectacle part ensuite en tournée, et il sera cet été au festival d'Avignon. La pièce dure une heure vingt, on peut donc raisonnablement dire qu'il a fallu faire des choix dans les extraits adaptés. Je pense que l'objectif des metteurs en scène (et de l'adaptation, qui est signée Benjamin Bouzy, interprète également du rôle principal d'Ismaël) était d'en faire un spectacle familial et accessible à tous, sans négliger pour autant la complexité et la noirceur du capitaine Achab. Je ne peux pas juger de la qualité de l'adaptation, je peux dire en revanche que j'ai vraiment passé un bon moment. Le spectacle est assez immersif (on parle au public comme s'il embarquait sur le Pequod), il y a parfois des fumigènes pour figurer la mer agitée (et les acteurs évoluent au-dessus, sur une planche à roulette, figurant un canot, le rendu est réussi et esthétique), et la musique accompagne tout le voyage (parfois de manière un peu insistante, avec quelques échos de Pirates des Caraïbes, ou d'autres petits airs qui m'ont fait l'effet d'un pirate sur une plage en train de siroter un cocktail , mais dans l'ensemble c'est réussi !) de quoi créer un environnement sonore assez enveloppant. Il y a un peu de pédagogie également, pour les enfants du public, pour réexpliquer l'importance de la chasse à la baleine. Ce qui est impressionnant c'est surtout la force de ces seulement quatre acteurs, qui récréent à eux seuls le mouvement et l'énergie d'un équipage tout entier. C'est un peu plus difficile lorsqu'il s'agit de faire vivre une tempête, ou un affrontement avec une baleine géante, mais l'effort de la troupe reste assez remarquable ! Un acteur joue Ismaël, l'autre joue Achab, et les deux autres se partagent l'équipage (avec la priorité donnée à Queequeg et à Starbuck, le second). Un mot enfin sur le capitaine Achab. Il y a beaucoup de discussions autour de lui avant son arrivée, le personnage est donc chargé de mystère, puis il apparaît, avec toute sa profondeur désespérée et sa hargne. Je crois que cette pièce était une bonne entrée en matière, cela a confirmé mon envie de lire le roman... Je dirais bien qu'un tel spectacle à le mérite d'exister, je crois que c'est un tour de force de se lancer ainsi dans l'adaptation de Moby Dick, lorsqu'on est une petite troupe. C'est sombre, un peu, mais c'est aussi une pièce de théâtre d'aventure, avec de l'humour, et une ouverture de la réflexion sur nombre de sujets humains et graves. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Herman Melville Mer 21 Fév 2024 - 18:03 | |
| Merci Annwvyn pour ton retour toujours argumenté, et enthousiaste ! sur cette adaptation. C'est vrai que le souvenir que j'ai du livre est très visuel, alors le théâtre doit bien se prêter à cette histoire, qui garde aussi une part de son mystère (c'est souvent le cas avec Melville, on n'est jamais sûr d'avoir vraiment tout compris). Ça donne envie d'aller la voir, en tous cas |
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| Sujet: Re: Herman Melville | |
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