A la demande de Serendipity je présente un auteur que j'ai découvert récemment et que je compte suivre de près:
Jean Mattern est né en 1965 et est originaire d'Europe centrale, titulaire d'une licence de littérature comparée.
Il est éditeur, responsable de la littérature étrangère aux éditions Gallimard. En 2008, il publie son premier roman,
Les Bains de Kiraly traduit dans 7 langues.
Les bains de Kiraly que j'ai terminé ce week-end est un livre très bien écrit et plutôt prenant:
Résumé:
Gabriel a bien tenté de croire au bonheur. Subjugué par Laura, il s’est arrimé à son rire et s’est employé à vivre au présent. Mais du jour où elle lui a annoncé qu’elle attendait un enfant de lui, il a pris la fuite, sans un mot...
Quand, après des mois d’errance dans Londres, il échoue par hasard dans une synagogue, les chants des hommes l’apaisent, et libèrent enfin sa parole. Il se lance alors dans l’écriture de cette longue confession, où le silence et la culpabilité dansent un vertigineux pas de deux.
Jean Mattern évoque avec beaucoup de pudeur le désarroi existentiel et sentimental d'un homme qui ne se retrouve pas dans son enfance et qui réclame des racines que ses parents par envie de changer de vie refusent de parler. Cela fait de lui un homme enmuré dans le silence des mots, incapable de communiquer sur le moindre sentiment et incapable de trouver des mots à mettre sur sa peur de ne rien transmettre à son fils.
Devenu traducteur pour vaincre les mots c'est ceux des autres qu'il traduit, barricadé derrière une montagne de dictionnaires. Roman des origines, c'est en allant à Budapest en Hongrie, pays natal de ses parents qu'il commence à comprendre ses racines.
Si j'ai aimé ce roman, j'ai été un peu déçue par la fin. J'aurais voulu qu'il creuse un peu plus, qu'on en sache plus.
J'ai préféré son deuxième roman, lu en premier:
De lait et de mielRésumé:Au premier regard, quand il la rencontre en 1957 à la sortie d’un concert au bénéfice des réfugiés hongrois, le narrateur sait qu’il peut offrir à Zsuzsanna une vie de lait et de miel.
Avec cette jeune femme volontaire et lumineuse, qui a fui Budapest et sa révolution manquée, il a en commun l’expérience de l’exil et, chevillé au corps, le désir de construire un avenir possible. Arrivé en France quelques années plus tôt, il a lui aussi échappé à l’étau de l’histoire.
Parvenu à la fin de sa vie, il se remémore son long combat contre le typhus, dans un hôpital de fortune, après qu’à l’automne 1944 il a quitté précipitamment avec son ami Stefan la ville de Temesvar que se disputaient les puissances ennemies. Roumain du Banat, d’origine française pourtant, il ne s’est jamais senti tout à fait chez lui dans cette Champagne où avec Zsuzsanna devenue Suzanne il a fondé une famille.
Ecrit en 2010, ce roman construit l’histoire intime d’un double exil ainsi qu'un beau portrait d'une amitié. Une fuite en avant, de la part de tellement d'étrangers qui pour mieux s'intégrer et oublier les horreurs de la guerre ont complètement reniés leurs origines. Mais le vide se fait sentir, et malgré la vie de lait et miel possible en France, la réalité rattrape cette famille. Ce n'est pas parce qu'ils sont à l'abri dans un pays en paix qu'ils peuvent échapper aux tragédies de la vie.
Et puis à la fin quand on comprend la raison, pourquoi il a dû quitter son ami Stefan, c'est une impression que le puzzle est enfin entier, on comprend tout.
Petit extrait:
- Citation :
- Les guerres et les révolutions sont de ces moments, où l'on doit choisir son camps et l'on sera jugé en conséquence pour le reste de ces jours.
Ces deux romans sont un véritable plaisir de lecteur, tellement c'est écrit avec tact et savoir faire. Evidemment je vous conseille vivement de les emprunter à la bibliothèque, ou bien de les acheter d'occasion car l'édition Wespieser est très chère: 17 euros pour 120 pages je trouve cela quand même hallucinant.