Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| 3e concours d'écriture | |
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+18Fred Framboise mag Keren lady Clare Rosalind Ju Emily-de-Winter Camille Mc Avoy Pr.nadia April Marian LadySilverDoe Ysabelle cat47 Miriel clinchamps Keina 22 participants | |
Auteur | Message |
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Keina Demande enflammée
Nombre de messages : 361 Age : 45 Localisation : Le Havre Date d'inscription : 28/12/2009
| Sujet: 3e concours d'écriture Sam 23 Juil 2011 - 18:43 | |
| Bon, ben voilà, l'été est déjà bien avancé, il est plus que temps de lancer le... 3e concours d'écriture ! J'ai honteusement copié le règlement de mes glorieuses prédécess... euh, de celles qui m'ont glorieusement précédée. J'espère qu'elles ne m'en voudront pas. —CONTRAINTES— Voici l'intitulé du concours : - Citation :
- Troisième concours d’écriture : Embarquement immédiat !
Bateaux en partance pour des mondes inexplorés, trains enfumés qui sifflent leur départ imminent vers de lointaines contrées ou, au contraire, vers la patrie tant regrettée… Qu’elle soit fantastique, romantique, tragique ou carrément burlesque, l’aventure abonde sur les quais, dans les yeux des voyageurs, dans ces grands hall d’aéroport où les rencontres se nouent et se dénouent. Pour ces vacances, je vous propose d’imaginer ce que vous inspirent ces lieux d’évasion que sont les gares, les ports maritimes et les aéroports. Tous les genres sont acceptés ! « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, veuillez regagner votre siège et attacher votre ceinture, le troisième concours d’écriture de l'Auberge est officiellement lancé ! » Comme déjà dit et redit auparavant, les personnages doivent être inventés, alors merci de ne pas prendre des personnages déjà existants dans la littérature, au cinéma mais vous pouvez vous inspirer d’un style, d’un genre que vous avez aimé et qui correspond au sujet demandé. Votre texte devra comporter - un minimum de 2 pages et - un maximum de 4 pages, en format Word. Merci d'utiliser la police de caractère "Times New Roman" en taille 12. Les marges de votre texte seront les suivantes : Haut : 2,5 cm Gauche :2,5 cm Droite : 2,5 cm Bas : 2 cm —RÈGLES DU CONCOURS— 1. Seuls les membres inscrits sur le forum peuvent participer au concours. 2. Un maximum de 3 textes est autorisé par participant. 3 Les participants ont le droit de voter, à condition de ne pas choisir leur propre texte. 4. Le nom du créateur ne doit apparaître nulle part dans votre texte, pour éviter que les votes ne soient influencés par l'identité des auteurs. Une fois les votes clos, les noms seront dévoilés. 5. Dès que vous aurez fini votre texte, merci de m’envoyer un MP afin que je vous communique l’adresse e-mail à laquelle il devra être envoyé. 6. Je me réserve le droit de refuser une contribution si j’estime que le thème n’est pas respecté. 7. Pas de plagiat svp. On n'est pas là pour montrer les créations des autres, mais pour contribuer de manière personnelle. —1ère PARTIE : ENVOI DES CONTRIBUTIONS— Début : 23 juillet 2011 Fin : le jeudi 3 novembre à minuit Publication des contributions : à partir du vendredi 4 novembre 2011 (je ne sais pas encore quelles seront mes disponibilités à cette période, mais au pire, ce sera posté dans le week-end.) —2ème PARTIE : VOTES ET RESULTATS— Début : lundi 7 novembre 2011 Fin : dimanche 20 novembre 2011 à minuit Publication des résultats : lundi 21 novembre 2011 Procédure : Vous m'enverrez vos votes par message privé sous cette forme : 1) Titre du texte (3 points) 2) Titre du texte (2 points) 3) Titre du texte (1 point) En cas d'ex-æquo, c'est l'œuvre qui aura obtenu le plus de "3 points" qui prendra le dessus. Jusqu’à l’annonce des résultats, par égard pour tous nos auteurs qui se sont donné bien du mal, merci de ne pas divulguer votre vote. Le ou la gagnant(e) organisera, comme il se doit, le concours suivant. Bon, ben, voilà ! Il me semble que tout y est. Amusez-vous bien !
Dernière édition par Keina le Jeu 15 Sep 2011 - 9:50, édité 1 fois |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72616 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | Miriel Gleaner of Books
Nombre de messages : 3082 Age : 65 Localisation : dans les jardins de Lorien Date d'inscription : 04/05/2008
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Sam 23 Juil 2011 - 19:53 | |
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| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Sam 23 Juil 2011 - 23:32 | |
| Je ne sais pas encore si je vais m'inscrire, parce que j'ai perdu la maîtrise de mon emploi du temps. Mais une chose est sûre : le thème me paraît extrêmement séduisant. Si je parviens à gérer mon été, j'essaierai de participer. Merci beaucoup pour l'organisation de ce troisième concours, Keina. _________________ |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36538 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Mer 27 Juil 2011 - 22:47 | |
| Le thème est très séduisant. Je me donne quelques jours de réflexions avant de me lancer! |
| | | LadySilverDoe Subtil compliment
Nombre de messages : 177 Age : 31 Localisation : The Library... Date d'inscription : 17/06/2011
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 28 Juil 2011 - 11:46 | |
| Le thème a l'air très intéressant Keina! J'attends un peu de voir si j'ai des idées, et si c'est le cas je m'inscrirai sûrement. |
| | | Marian Sherwoodian Dreamy Quill
Nombre de messages : 3076 Age : 34 Localisation : Bordeaux, un café à la main, un livre dans l'autre... Date d'inscription : 06/07/2010
| | | | April Black Leather's Violet
Nombre de messages : 17118 Age : 50 Localisation : Allongée sur des pétales de violettes, en très bonne compagnie Date d'inscription : 20/06/2007
| | | | Keina Demande enflammée
Nombre de messages : 361 Age : 45 Localisation : Le Havre Date d'inscription : 28/12/2009
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 4 Aoû 2011 - 9:56 | |
| Merci beaucoup pour vos retours ! J'attends de pied ferme les participations, maintenant ! M'enfin, vu le temps qu'il fait ici, j'aurais dû proposer "vacances pourries" comme intitulé, ça vous aurait peut-être plus parlé ! |
| | | Pr.nadia Manteau de Darcy
Nombre de messages : 83 Age : 82 Localisation : Paris - Moscou - Cambodge Date d'inscription : 21/08/2011
| Sujet: 3e concours d'écriture Ven 26 Aoû 2011 - 19:35 | |
| Merci de ta réponse rapide. Bien qu'il ne me reste que très peu de temps, je prends le risque de m'inscrire. Ce sujet me convient également. |
| | | Keina Demande enflammée
Nombre de messages : 361 Age : 45 Localisation : Le Havre Date d'inscription : 28/12/2009
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 1 Sep 2011 - 11:02 | |
| Tu es la bienvenue, Pr.nadia ! La date limite s'approche petit à petit ! Y a-t-il eu quelques inspirations durant les vacances ? |
| | | April Black Leather's Violet
Nombre de messages : 17118 Age : 50 Localisation : Allongée sur des pétales de violettes, en très bonne compagnie Date d'inscription : 20/06/2007
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 1 Sep 2011 - 13:18 | |
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| | | Pr.nadia Manteau de Darcy
Nombre de messages : 83 Age : 82 Localisation : Paris - Moscou - Cambodge Date d'inscription : 21/08/2011
| Sujet: 3e concours d'écriture Ven 2 Sep 2011 - 16:51 | |
| Merci. Oui, j'ai déjà bien avancé, mais c'est le temps qui manque pour le terminer. J'espère y arriver avant la date limite ! |
| | | Keina Demande enflammée
Nombre de messages : 361 Age : 45 Localisation : Le Havre Date d'inscription : 28/12/2009
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Mar 13 Sep 2011 - 9:25 | |
| Coucou ! La date limite approche et je n'ai pas reçu beaucoup de textes (merci aux quelques courageuses participantes ! ) du coup, je me demandais : voulez-vous une rallonge de délai ? Je sais de source sûre qu'il y en a au moins une qui serait intéressée... Il me semble que lors des deux derniers concours, il y avait déjà eu des prolongements. Du coup, autre question : de combien je repousse le délai ? Deux semaines, un mois, deux mois ? Dites-moi tout ! |
| | | April Black Leather's Violet
Nombre de messages : 17118 Age : 50 Localisation : Allongée sur des pétales de violettes, en très bonne compagnie Date d'inscription : 20/06/2007
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Mar 13 Sep 2011 - 9:47 | |
| Un petit délai ne serait pas de refus. Pour la durée, je me range à la majorité. |
| | | Camille Mc Avoy Bits of Ivory
Nombre de messages : 11921 Age : 39 Localisation : in Highbury Date d'inscription : 10/02/2006
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Mar 13 Sep 2011 - 16:40 | |
| Ah ouai je voulais participer mais j'ai un peu oublié la date du 15 septembre Alors ok pour le délais ! |
| | | Keina Demande enflammée
Nombre de messages : 361 Age : 45 Localisation : Le Havre Date d'inscription : 28/12/2009
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 15 Sep 2011 - 9:47 | |
| Bon, ben je vais éditer mon post et repousser le délai au 3 novembre. Mon mois d'octobre est assez chargé, du coup ça vous laisse un très gros mois pour finir votre texte ! Je rappelle : deadline au 3 novembre à minuit, vous oubliez pas, hein ? |
| | | April Black Leather's Violet
Nombre de messages : 17118 Age : 50 Localisation : Allongée sur des pétales de violettes, en très bonne compagnie Date d'inscription : 20/06/2007
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 15 Sep 2011 - 10:04 | |
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| | | Keina Demande enflammée
Nombre de messages : 361 Age : 45 Localisation : Le Havre Date d'inscription : 28/12/2009
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Dim 6 Nov 2011 - 11:30 | |
| Vous les attendiez, voici les textes ! Le guetteur- Spoiler:
Allongé sur le sol rocailleux, il contemplait le ciel. Mais était-ce un ciel ? Il n’y avait qu’un noir profond et dense, presque palpable, que les rares étoiles parvenaient à grand peine à percer, comme étouffées par l’épaisseur de cette obscurité d’encre. Pourquoi venait-il chaque soir – enfin à l’heure où le marqueur temporel définissait le soir – s’étendre sous cette nuit, et la laisser l’envahir, comme une eau lente et insidieuse ? Il venait pour qu’enfin elle vide totalement son esprit de tout. Il pouvait alors bâtir image par image le monde dont il tentait de garder l’image vivante. Il fallait d’abord que le noir s’efface, se dilue, disparaisse dans du gris puis du bleu. Voilà ... Le plus difficile à présent est de comprendre la clarté, le jour, la couleur, d’imaginer la lumière éclatante d’un soleil triomphant, les ombres dures, les couleurs crues, alors qu’elles s’effacent peu à peu de sa mémoire, remplacées par le pauvre et triste jour artificiel des rampes à fluorescence qui créent l’alternance des jours et des nuits, toujours à la même heure, toujours avec la même intensité. Une fois de plus il renonça, ne pouvant recréer dans son esprit que les images en 3D, que l’ordinateur de la base faisait se succéder sur les écrans des baies, elles aussi toujours les mêmes. Allons !! Un effort !! Sur l’écran noir passa fugacement l’ombre verte d’une forêt, l’or clair d’un champ de blé, images pâlies, figées qui s’effaçaient aussitôt. Il se redressa, ralluma sa torche. Un cercle de lumière jaillit faisant paraître la nuit encore plus noire et les rocs plus aigus. Il se dit qu’il ne devrait pas exposer sa combinaison à ces aspérités, qu’une fissure lui serait fatale, mais il ne pouvait résister au désir de sortir du dôme, de se colleter à l’immensité au plus près, et ce risque était, après tout, la seule petite excitation de sa monotone existence. Faisant attention à ne pas trébucher, il s’achemina vers le sas, composa le code. La porte s’ouvrit sans un bruit: pas d’atmosphère, pas de son ! Une fois dans le sas, il appuya sur divers boutons, et lorsque les cadrans furent tous verts il retira son casque et sortit de sa combinaison. Puis il ouvrit la seconde porte et pénétra dans la salle des ordinateurs. Juste à l’heure !! Une sonnerie se déclancha, lui indiquant que le moment était venu de la communication quotidienne. Il s’installa devant les écrans et les cadrans et ouvrit la transmission. Un bourdonnement envahit la salle, et des lignes sinusoïdales se mirent à onduler sur les écrans. Il tapa le code et attendit l’autorisation d’émettre. La voix métallique de l’ordinateur s’éleva : « Canal ouvert ! Parlez ! » Il répéta la phrase qu’il énonçait tous les soirs, la phrase qui signalait qu’il n’y avait, justement, rien à signaler. Et comme tous les soirs, il ajouta que cela faisait maintenant 480 jours terrestres que la date de la relève était passée, et qu’il attendait les instructions pour préparer l’arrivée d’une navette. Le bourdonnement continuait, coupé par instant de courts grésillements qui faisaient à chaque fois battre son coeur. Puis la voix de l’ordinateur nasilla à nouveau : « Canal fermé. Communication terminée. » Ne pas penser, se répétait-il chaque jour à cet instant, ne pas penser, ne rien attendre, ne pas être déçu, ne pas souffrir, ne pas penser qu’il suffirait d’ouvrir le sas sans combinaison, et qu’alors il en aurait fini d’attendre. Se cramponner , s’accrocher à la consigne : surveiller l’infini et transmettre la moindre alerte, le plus petit mouvement, le plus infime clignotement qui annoncerait l’approche d’un vaisseau. Car il était le Guetteur, celui qui, aux frontières des univers connus, sauverait les mondes d’une attaque. Il monta à l’étage supérieur, là où il dormait, mangeait, vivait enfin. Machinalement il mit en route l’ambianceur. Il se trouva aussitôt environné de cocotiers, de plages de sable blanc et le doux murmure des vagues se fit entendre. On lui avait demandé, lors de son installation, quel programme il voulait, il avait choisi les mers exotiques, et depuis des mois, des années, il vivait sous des tropiques factices. Comme il en avait rêvé, pourtant, de l’espace, des infinis stellaires !! Avec quel enthousiasme, aspirant frais émoulu de l’Ecole Spatiale, il avait posé sa candidature pour un poste de Guetteur !! Il avait pleine conscience de la grandeur de la mission. On lui avait appris depuis toujours qu’un jour viendrait de l’espace Quelque chose, Quelqu’un et qu’il fallait des sentinelles pour prévenir, afin que les Hommes fussent prêts. Les premières années, il avait été parfaitement heureux. Il vivait son rêve, quitter le petit monde surpeuplé et poussiéreux de la Colonie Alpha où il était né, et partir, s’envoler, découvrir, mais il n’avait connu que cet avant-poste. On lui disait : « Tu es jeune, c’est un poste de débutant, bientôt tu auras de l’avancement » à chaque période de vacances qu’il retournait passer sur Alpha. Les premières années, régulièrement, tous les trois mois terrestres, il recevait l’appel qui l’avertissait que le vaisseau approchait, puis la navette déposait son remplaçant temporaire et l’emportait à son tour. Il était toujours revenu avec plaisir sur son phare intersidéral. Mais les années s’écoulaient, et rien ne bougeait dans l’infini d’encre. À son dernier passage sur Alpha, il avait demandé à son chef d’escadre, celui qui gérait la myriade de postes de guet dans ce quadrant de la galaxie, si il pouvait espérer changer d’affectation. Il se reprenait à rêver à des départs et des arrivées sur des astroports importants, que le ballet des navettes animerait jour et nuit, des astroports où il rencontrerait de ces pilotes de croiseurs stellaires dont le regard lointain encore plein des espaces infinis, peinait à se poser sur les rampants. Il retrouvait l’impatience du départ qui l’habitait lorsque adolescent il faisait le mur de l’Ecole pour rôder aux abords de l’aire de décollage de sa petite ville, bien modeste pourtant, mais qui lui semblait la porte ouverte sur l’infini. Oui, il avait demandé qu’on se souvienne de lui et de ses rêves. Mais à sa question le Chef avait hoché la tête, et répondu évasivement qu’il y penserait. Il avait du s’en contenter. Lors de la dernière relève, au moment où il recevait l’appel du vaisseau, il y avait eu de violents craquements dans la transmission, et une brève flamme orange avait brillé, là où le vaisseau aurait du se trouver. Celà l’avait à peine inquiété, mais les trois mois terrestres écoulés, aucun message d’arrivée n’était Parvenu. Et depuis, rien ! plus rien !! plus un mot ! Plus une nouvelle !! La pensée insidieuse de son abandon avait commencé à faire son chemin, et les interrogations sans réponse s’étaient mises à tourner dans son cerveau . Mais si quelque chose était arrivé au vaisseau, un autre n’aurait-il pas du venir ? Et il devrait y avoir une réponse à ses transmissions, il y en avait toujours eu, jusqu’à ce dernier jour, il y avait maintenant si longtemps. Que s’était-il produit ? Quelqu’un ou Quelque chose étaitil enfin arrivé ? Pas dans son quadrant, en tous cas ! Mais la galaxie était si vaste !! Pourquoi, pourquoi personne ne se souvenait de lui ? Et y avait-il encore quelqu’un pour s’en souvenir ? Il se reprit rapidement : ne pas penser, ne pas attendre, ne pas être déçu, ne pas penser, ne pas attendre, ne pas être déçu ... Il fit le tour habituel, vérifiant mécaniquement les serres hydroponiques, les stocks de tablettes de protéines, les générateurs d’électricité, d’atmosphère. Les serres, ça allait, mais les stocks baissaient !! Et la minuscule parcelle radioactive qui assurait l’énergie, combien de temps durerait-elle ? Ne pas penser, ne pas attendre, ne pas penser ... Il s’allongea sur sa couchette, éteignit et le noir sidéral reprit possession du dôme. Il avait rêvé de départ, d’espace, et l’espace était là, autour de lui, et pourtant il était prisonnier, prisonnier, prisonnier ... Mobilisation générale- Spoiler:
Edouard de Saint-Darcy, un peu hébété, tient son ordre de mobilisation à la main. Ainsi, en ce jour d’Août 1914, la guerre vient d’être déclarée, et ce distingué jeune homme doit tout quitter pour se rendre à Toul, lieu de son affectation. Saint-Darcy est issu d’une famille française installée à Saint Petersbourg depuis la révolution française de 1789. Bien qu’ils soient tous nés en Russie, les membres de sa famille ont repris ou conservé leur nationalité française. Fervent patriote, Saint-Darcy prend à peine le temps de préparer son paquetage. Les adieux sont brefs. Courtoisement, il baise la main de sa mère qui le bénit et pose doucement ses lèvres sur son front. D’un claquement de talons, en uniforme d’officier, Edouard salue son père et ses sœurs puis s’empresse de quitter la maison. Pour rejoindre son corps d’armée, il doit d’abord prendre le train de Saint-Petersbourg direction ; Odessa. Le gouvernement russe met à la disposition des mobilisés français un train spécial pour leur transport jusqu’à Odessa. Confortablement installé dans son compartiment, Edouard ferme les yeux. Il peut enfin mettre de l’ordre dans son esprit et penser à ce qui l’attend. Oui bien sûr, il se sent prêt à affronter les allemands qui viennent d’envahir son pays ; mais d’un autre côté, il a beaucoup d’amis allemands. En Russie, ils tiennent la plupart des postes clefs aussi bien de l’administration que des sociétés privées. Eux aussi viennent de quitter le pays pour rejoindre leur armée, ce qui a provoqué d’ailleurs un sérieux désordre dans la vie quotidienne des petersbourgeois. A l’idée de se battre peut être contre ses amis allemands, Saint-Darcy ressent un profond malaise et fulmine contre la stupidité de cette guerre. Epuisé, il s’endort. Dans les gares, tout au long du voyage, les soldats peuvent profiter des buffets gratuits prévus à leur intention par des jeunes filles de l’aristocratie russe. Ces jeunes filles parlent toutes admirablement bien français avec cet accent slave, si doux et si charmant. Le chemin de fer longe la frontière des pays ennemis sur plusieurs centaines de kilomètres, et doit fréquemment s’immobiliser. Par moments, le train passe si près d’elle, que les voyageurs perçoivent nettement le grondement des canons ; tant et si bien, que le train mettra trois jours et quatre nuits pour arriver à Odessa. Lors d’un arrêt prolongé à la gare de Kharkov, Edouard descend pour faire un peu d’exercice et se restaurer au buffet. Il demande un verre de vodka et des pirojkis aux choux. Quand la jeune fille qui le sert lui tend son verre, leurs regards se croisent ; un de ces regards qui abolit le reste du monde. Ils restent ainsi les yeux rivés l’un à l’autre sans pouvoir se détacher comme ci, du fond des âges, leur cœur s‘était reconnu. Prenant conscience de l’inconvenance de sa position, la jeune fille rougit et baisse les yeux. Malgré lui, comme hypnotisé, Edouard continue à la dévisager. Il émane de cette créature charme, douceur, et un « je ne sais quoi » de magique. Tous deux comprennent qu’un événement irréversible vient de se produire. Enfin, ils purent échanger quelques mots et se présentèrent : «Anastasia Koulikovskya, » dit-elle simplement avec son délicieux accent slave qui vous perce l’âme. Edouard eut le sentiment qu’un ange du ciel venait soudain le visiter. Anastasia s’enquit du lieu où il se rendait : « A Toul, dans l’Est de la France » chuchota-t-il. – « Mes pensées vous accompagneront aujourd’hui et toujours, Edouard ». Puis, le signal du départ retentit. Dans un élan spontané, ils s’étreignirent. Edouard la supplia de lui laisser, en souvenir un de ses gants. Elle lui tendit celui de la main droite et, murmura : « Il vous protégera, mon très cher » ! Puis, sans se retourner, il remonta prestement dans son wagon. Son destin venait de basculer. Le Jeune homme ferma les yeux. Dorénavant, il évita de parler et plaisanter avec ses compagnons de voyage afin de préserver dans son cœur cette précieuse émotion. A Odessa, Edouard retrouva les mobilisés français qui arrivaient de tout le sud de la Russie. Cela formait un détachement de presque mille hommes qui devaient embarquer pour Constantinople. De jour en jour leur départ fut retardé à cause de la présence, dans le détroit des Dardanelles, de deux corsaires allemands. Enfin, vint le moment où ils purent monter à bord du « Moussoul ». Ce bateau prévu pour recevoir deux cents passagers, en accueillit mille. Le soir, tous les ponts, tous les locaux se transformèrent en dortoirs. En outre, pour se nourrir ils embarquèrent, juste avant le départ, dix bœufs vivants qui devaient servir de nourriture pendant la traversée. Chaque matin, sous leurs yeux, un bœuf était abattu puis dépecé. Après avoir traversé la Mer Noire et le Bosphore, ils arrivèrent le matin devant Constantinople. Le ciel d’une pureté cristalline, la mosquée de Sainte Sophie baignée de la lumière dorée du soleil les accueillit. Tous ces jeunes hommes à l’avenir incertain eurent le souffle coupé devant tant de beauté. Comment pouvait-on se faire la guerre ? Edouard, comme dans un rêve, poursuivit son voyage. L’escale à Constantinople fut de courte durée. Ils embarquèrent à nouveau : Mer de Marmara – Détroit de Dardanelles – Mer Egée – Mer Méditerranée – puis enfin Marseille. Cependant, durant la traversée, à cause du manque d’hygiène, il y eut une épidémie de typhoïde. Ce fut un affligeant spectacle. Tous ces jeunes gens hirsutes, au teint verdâtre et souvent inconscients, n’avaient même plus la force de se lever pour se soulager. Edouard n’échappa point au mal. Dans les moments de lucidité il s’emparait du gant blanc d’Anastasia et le serrait sur son cœur. Ce gant finit par ne plus quitter sa poitrine, tel un talisman. Grâce au flacon d’Aniodol que l’un de ses camarades partagea avec lui, la maladie, peu à peu se retira. Néanmoins, beaucoup de mobilisés périrent et furent jetés par dessus bord. A Marseille, munit de son ordre de mobilisation, Saint Darcy réussit à prendre un train en direction du nord. Ce train, composé de wagons à bestiaux était réservé uniquement à l’armée. Il lui fallut plusieurs jours pour atteindre Toul. Arrivé à Toul, en partie détruite par un bombardement, il apprit que son régiment venait de quitter la ville avec un grand nombre de blessés. Quelques jours passèrent ainsi à attendre sa nouvelle affectation. Il reçut enfin l’ordre de partir sur le front dans les tranchées. Le voyage s’effectua en train puis en camion jusqu’à Bray sur Somme. Là, il éprouva la faim, le froid, une pluie fine glaçait son corps. Les jours les nuits passèrent ainsi. Puis ce fût le drame. Un obus éclata près de lui. Edouard sentit sa tête exploser. Dans un ultime moment de lucidité il serra son talisman plus fort sur son cœur. Il vit tourner autour de lui les arbres, le ciel et les corneilles. Puis un silence ouaté l’enveloppa. Tout à coup, Anastasia apparut rayonnante, nimbée de lumière : « Je suis avec vous depuis l’aube des temps et pour l’éternité » ! Embarquement- Spoiler:
Anthony m'ouvrit enfin la portière de la voiture. Auparavant, j'avais passé le voyage le nez collé contre la vitre à regarder les paysages de la campagne du Frioul se livrant à moi avec la rapidité d'un cheval lancé au triple galop. Cette portière qui s'ouvrait laissa s'engouffrer l'air marin du port dans mes cheveux et fit gonfler mes jupes. Une multitude de bruits s'élevait dans les airs, la précipitation de tous. Mon oncle Charles et moi nous extirpâmes de la voiture tandis que ma cousine Fanny continuait inlassablement à tourner les pages de son précieux livre à l'intérieur. Ce n'était pas sa première croisière, l'aventure des chariots, de la fumée et des préparatifs d'embarcation lui était moins excitante qu'à moi. En levant un peu la tête, ce que ma voilette et mon chapeau me laissait entrevoir se dressa devant moi : le massif vaisseau de croisière, imposant de toute sa hauteur, trônait dans le port comme un géant au pays des pygmées. Je soupirai. J'allais donc passer plus de douze longues journées de ma vie à parler thé et scones avec l'oncle et moult dames respectables d'un certain âge, et où je réussirais peut-être à m'échapper avec Fanny dans quelques péripéties qui n'arrivaient toujours qu'à elle. Je souris en pensant à notre dernière escapade dans une petite ville du sud de l'Espagne. Je ne me souviens plus de son nom, c'est l'âge qui me condamne à oublier les choses qui furent importantes, un voile blanc recouvre mes souvenirs comme un mobilier poussiéreux. Fanny m'avait réveillée aux beau milieu de la nuit et m'avait entraînée dans un sous-sol lugubre écouter des gitans jouer de la guitare et des claquettes jusqu'à l'aurore. Cousine Fanny... C'était une passionnée, qui ne vivait que pour vivre chaque jour toujours plus fort, toujours plus beau. Moi, plus secrète, n'était pourtant pas en reste, j'avais la chance d'être plus délicate de visage et plus jolie que cette vive cousine, dont les cheveux bruns coupés assez courts ne pouvaient souffrir d'être coiffés et dont la taille fine et marquée, mais aussi musclée et bronzée par les exercices de plein air la faisaient passer plus facilement pour ma demoiselle de compagnie que pour un membre de ma famille. Il faut dire aussi qu'elle ne portait que ce qui était pratique Fanny, mais c'est ce qui lui allait le mieux... Toute admirée que je fus en ces temps-là, je n'ai jamais pu avoir assez confiance en moi pour décider de vivre comme Fanny qui m'écrasait de sa trop forte personnalité. J'aurais voulu lui ressembler mais au lieu de cela je m'éloignais plus encore d'elle en me cachant derrière voilettes et accessoires élégants, au meilleur goût du jour. Je savais bien que Fanny n'allait jamais accepter de jouer le rôle d'épouse auprès de l'homme choisi par les bons soins de l'oncle Knighty, parfois j'avais peur de sa liberté, qui l'obligeait à vivre en marge de la bonne société. En réalité je savais qu’un jour elle finirait par couper les ponts avec la famille pour vivre ailes toutes déployées, à n’importe quel prix. Ma mère me disait souvent que les orphelins adoptaient souvent un comportement rebelle à l’âge adulte. Ma cousine n’y semblait pas faire exception. Je fus soudain réveillée dans mes pensées par une exclamation de l’oncle Charles : « Oh ! Mais quelle merveille ! Fanny, Sophie, mais regardez-moi ça ! Oh vraiment quel génie humain, quelle grandeur ! ». Fanny sortit enfin, sa veste sous le bras et le sourire aux lèvres , l’aventure commençait, bientôt Corfou, Athènes, Santorin, Rhodes... Tant de destinations qui avaient une senteur de livre de grec et d’histoire européenne de mon ancien pensionnat où moi et Fanny avions passé nos meilleures années. -C’est formidable mon cher oncle, « voyage au pays des Dieux », n’allons-nous pas trouver un bel Apollon au coin d’une ruine ou un Poséidon au détour d’une vague pour notre très chère Sophie ? Quoique sa beauté soit digne de mieux encore ne croyez-vous pas ? » dit-elle tout haut en me regardant, ses yeux noirs brillant d’intelligence. - Fanny je te prie, Je te demanderai d’ailleurs, puisque j’y pense, d’avoir une conduite irréprochable pendant le voyage. Si ton cas est désespéré, je peux encore sauver ta cousine. Et puis, ce n’est pas ici que nous allons la marier, tout le monde sait que les Grecs ne sont pas riches comme Crésus n’est-ce pas ? - Mais absolument mon oncle ! dit-elle avec ironie. Il n’y a qu’un Anglais de toute manière qui soit digne d’elle ! - Mais certainement. Anthony, les malles. dit-il à notre jeune domestique qui s’exécuta. Je lui souris, il le cachait bien mais l’idée de ce voyage l’excitait tellement et il ne rêvait que de cela depuis des mois qu’il ne pouvait cacher sa joie. Nous commençâmes à avancer vers la salle des bagages où nous laissâmes Anthony avec nos précieuses malles. Ensuite l’oncle nous recommanda d’aller nous reposer et nous restaurer au salon d’embarcation pendant qu’il faisait enregistrer nos bagages. Nous étions donc toutes les deux, Fanny et moi, en train de monter les dernières marches qui nous séparaient de l’entrée du salon lorsqu’un homme fort élégant qui nous gardait la porte ouverte nous sourit et glissa à Fanny ces quelques mots lorsqu’elle passa devant lui : « Un voyage ensemble, n’est-ce pas merveilleux ? » Je vis ma cousine brièvement rougir, l’homme était déjà loin, perdu dans la vague de passagers de troisième classe qui commençait à déferler à l’extérieur. Malgré mon envie je ne lui posais pas de question, comme répondant à mon silence Fanny me dit : « Vraiment il fait une chaleur ici, les gens de savent plus ce qu’ils disent ». Un flot de passagers de première classe nous bouscula à l’entrée alors que nous cherchions une place avec un serveur. Nous entrâmes alors dans un salon décoré art nouveau dans lequel nous pûmes nous mettre plus à l’aise et nous rafraîchir. J’avais encore en tête la scène que je n’avais pas comprise. Fanny connaissait-elle cet homme ? Mais d’où ? La grande baie vitrée nous laissait entrevoir la magnificence du bateau qui une fois encore nous écrasait d’une angoissante présence, j’aurais mieux aimé être à l’intérieur. En regardant plus en bas, dans la masse des passagers moins aisés, mon attention fut portée sur un homme qui tenait de sa main ferme une toute petite fillette. Ils jouaient ensemble au milieu de la cohue d’embarcation des malles, des réserves de nourriture, du personnel, des domestiques, de l’argenterie et des passagers de 3ème classe. D’un coup il leva la tête et me regarda. Ses yeux bleus clairs et perçants, curieux et à la fois méfiants, ne purent se détacher des miens, et toute surprise que j’étais de cette brusque marque d’intérêt, je ne pensa même pas à détourner le regard. L’homme retira sa casquette, regarda à nouveau avec hésitation, pinça sa lèvre inférieure et prit la fillette dans ses bras pour disparaître dans la marée noire de monde, la fillette suspendue à ses épaules qui continuait à me montrer du doigt en murmurant des propos inaudibles pour moi. De loin, je vis ses lèvres s’agiter... L’oncle Charles vint nous chercher pour aller attendre dans un autre salon où nous allions patienter, le temps qu’on nous appelle. Une salle d’embarquement est un lieu idéal pour observer de plus près la nature humaine. En effet, celle de l’A.S mediterranea était un véritable microcosme de la société moderne : mères grondant leur progéniture geignarde et fatiguée de l’attente, gesticulant dans tous les sens, d’autres mères plus patientes répétant inlassablement des « bientôt » aux questions répétées de leurs enfants. Des pères de famille, hommes d’affaires, fumant la pipe et lisant le Times, grooms empressés auprès des passagers, vieilles femmes avec domestiques, jeunes hommes se retournant à chaque appel, distributeurs de journaux... Quand un événement tel qu’un embarquement nous livre à une multitude d’étrangers qui le resteront toute notre vie, le premier réflexe humain, en particulier pour une jeune fille curieuse et ingénue, est d’essayer de paraître la plus attirante possible, mystérieuse, dans l’espoir qu’on vous remarque. La salle d’embarquement devient alors le théâtre de séductions cachées. On nous appela et le temps passa alors plus vite, comme si tout cet ennui qui avait fait que les heures passaient plus lentement auparavant se rattrapait dès que nous étions sur le bateau. Très vite, je me retrouvais dans le grand restaurant à l’arrière du vaisseau, regardant par le hublot Venise la belle s’éloignant dans un Soleil pourpre. Faux départ- Spoiler:
- J'ai bien réfléchi. J'ai pris la bonne décision. Enfin je crois. Je vais partir.
Ce matin-là, Mila s’était réveillée sereine, après avoir passé une nuit calme, la première d’une longue succession de sommeils agités. Elle acceptait pleinement son choix et regardait l’avenir avec le sourire. Devant le miroir de sa salle de bains, elle répétait cette phrase, comme pour chasser les quelques ultimes doutes émis par son subconscient.
Il y a de cela 6 mois environ, son fiancé avait accepté un poste à Manchester. C’était le job dont il avait toujours rêvé… seul hic, il se trouvait loin de chez eux. Jack n’avait pas osé lui demander de la suivre immédiatement. Elle venait elle-même de trouver un travail qu’elle aimait et ils avaient décidé que pour le moment, elle resterait à Bath et qu’elle le rejoindrait les week-end. Mais au fil des semaines, ces déplacements commençaient à lui peser, sans parler de la fatigue et des coûts engendrés par ces fréquents aller-retour.
S’il n’y avait que cela, Mila se dit qu’elle aurait pu tenir encore un peu, mais son couple également commençait à pâtir de la situation. Les relations à distance, cela n’a jamais été bénéfique à long terme.
Après mûre réflexion et avoir pesé le pour et le contre, elle avait finalement décidé de faire le grand saut : elle allait quitter sa ville natale bien-aimée et un travail de décoratrice d’intérieur qui lui plaisait pour rejoindre Jack. Elle savait parfaitement qu’elle faisait là un gros sacrifice, mais le jeu en valait la chandelle. Elle se dit qu’elle trouverait facilement une nouvelle place le temps venu, une fois qu’elle se serait bien installée.
Mila avait vraiment hâte d’arriver à destination et annoncer la bonne nouvelle à son compagnon. Nul doute que celui-ci serai fou de joie à l’idée qu’elle quitte définitivement Bath pour aller s’installer avec lui.
Son sac ne contenait que le strict nécessaire, comme à chaque fois qu’elle partait le rejoindre. Elle s’occuperait dès son retour du déménagement de ses affaires et de toutes les questions administratives. Chaque chose en son temps, se dit-elle lorsqu’elle fut enfin prête une vingtaine de minutes plus tard.
Elle ferma la porte à clé après avoir vérifié une dernière fois qu’elle n’avait rien oublié. Le temps qu’elle sorte de l’immeuble, le taxi qu’elle avait réservé la veille était déjà là, en train de l’attendre. Heureusement, le trajet jusqu’à la gare ne prenait pas trop de temps. Elle était si impatiente d’arriver et de serrer Jack dans ses bras. Ils avaient beau se voir toutes les fins de semaine ou presque, il lui manquait beaucoup, même si parfois elle avait la désagréable sensation que la réciprocité n’était pas de mise. Elle s’empressa de chasser cette idée de son esprit.
Mais le subconscient peut parfois faire preuve d’une bien cruelle sournoiserie. Alors qu’elle s’était efforcée d’enfouir cette pensée au plus profond de son être, celle-ci semblait vouloir faire preuve d’un malin plaisir à remonter à la surface pour y semer le doute.
Mila jeta un œil distrait par la fenêtre et regarda le paysage défiler. Elle allait lui manquer cette ville qui l’avait vu naître quelques 25 années plus tôt, tout comme ces rues dans lesquelles elle aimait flâner, sans oublier le magnifique parc situé en face du Royal Crescent, dans lequel elle s’accordait régulièrement le plaisir suprême de dévorer un livre, confortablement assise sur un banc. Et que dire de cette chocolaterie dans laquelle elle venait souvent faire le plein de petites douceurs...
Elle n’eut plus guère le loisir d’émettre d’autres regrets, le taxi venait d’arriver à destination. La jeune femme régla sa course au chauffeur avant de se diriger d’un pas rapide à l’intérieur. Elle pesta intérieurement à la vue de l’interminable file d’attente qui s’allongeait devant les guichets. Mila se maudit de n’avoir pas été plus prévenante en achetant son billet à l’avance, comme elle le faisait d’habitude.
Les minutes passèrent, qui lui semblaient des heures. Bien entendu, tous les guichets disponibles n’étaient pas en fonction et comme un fait exprès, certains clients paraissaient avoir des requêtes farfelues auxquelles les employés avaient le plus grand mal à répondre.
Un cas particulier attira son attention. Le client du guichet numéro 2, un homme dans la force de l’âge, aux cheveux ébènes et au physique ma foi plutôt agréable à contempler, paraissait donner du fil à retordre à son interlocuteur. Mila leva les yeux au ciel et ne put retenir un soupir teinté d’une pointe d’agacement de s’échapper de ses lèvres. Bien que celui-ci fut presque inaudible, « Monsieur Casse-pieds », tel qu’elle l’avait surnommé, se retourna et lui adressa un timide sourire à faire fondre un iceberg. Sauf qu’elle n’était pas un bloc de glace et que cette tentative d’excuse n’eut pas le moindre effet sur sa personne si ce n’est celle de l’agacer davantage.
Après un temps qui lui parut interminable, « Monsieur Casse-pieds » céda sa place et ce fut son tour. Malgré elle, ses traitresses prunelles l’observaient, tandis qu’il se dirigeait vers les escaliers menant aux quais. Mila secoua la tête, fâchée que ses sens prennent le dessus sur la raison. Ce petit intermède eut pour effet d’accentuer encore plus sa mauvaise humeur et elle dut prendre sur elle pour ne pas la reporter sur l’employé qui s’occupa d’elle.
Son précieux sésame enfin en mains, Mila se précipita à son tour en direction des quais. C’est à ce moment-là qu’elle se félicita ne n’avoir emporté qu’un léger bagage à mains. Mais la malchance prenait un malin plaisir à jouer contre elle. La jeune femme dut s’y prendre à trois fois avant que la machine veuille bien accepter son billet pour qu’elle puisse passer le tourniquet et accéder aux escaliers.
Malheureusement, lorsque Mila eut enfin atteint son but, ce ne fut que pour voir le train s’éloigner inexorablement, sans elle à son bord. Interdite, elle mit quelques secondes à réaliser qu’elle avait bel et bien manqué le départ. Figée telle une statue, elle ne savait comment réagir. C’est tout juste si elle se rendit compte que sa main droite s’ouvrait, laissant choir le sac qu’elle agrippait fermement un instant auparavant. Il n’y eut pas de drame, pas de larmes, pas de hargne… Son visage demeura impassible, ne montrant aucune émotion. Elle semblait être dans un autre monde.
La jeune femme avait si peu conscience de ce qui l’entourait qu’elle ne vit tout d’abord pas que quelqu’un s’était approché d’elle. - Mademoiselle…
Mais c’était comme si aucun son ne parvenait jusqu’à elle. Ce ne fut que lorsque Mila sentit une main se poser sur son bras qu’elle sursauta et parut revenir à la réalité. Elle fixa l’homme qui s’était permis ce geste audacieux et mit quelques secondes à reconnaître le « Monsieur Casse-pieds » de tout à l’heure. Comme elle ne répondait pas, il retira doucement sa main pour se placer juste en face d’elle. - Est-ce que vous allez bien ?
Non, bien sûr qu’elle n’allait pas bien, quelle question stupide ! Elle venait de manquer son train et ce, par sa faute. Mais au lieu de le lui dire, elle se contenta de le fixer sans un mot. - Je suis vraiment désolé… Je me sens responsable, c’est à cause de moi si vous avez manqué votre train.
Oui, c’est à cause de vous, approuva-t-elle intérieurement. Mais honnêtement, à tout bien réfléchir, elle était aussi fautive que lui. Si seulement elle avait pris le temps d’acheter son billet la veille, si seulement… - Le prochain train pour Manchester est dans deux heures. Me permettez-vous de vous offrir un café pour m’excuser ?
Son premier réflexe fut de décliner poliment mais fermement sa proposition. Aller boire un verre avec un inconnu, aussi séduisant soit-il et lui faire la conversation était bien la dernière chose que Mila souhaitait pour le moment. Mais ce fut une toute autre réponse qui franchit la barrière de ses lèvres. - Volontiers.
Puis, comme si cela était la chose la plus naturelle au monde, l’homme se pencha pour prendre son sac de sa main libre et elle l’accompagna au café situé non loin de là. Ils s'installèrent à une table et une serveuse leur amena leurs consommations quelques instants plus tard. D’habitude, Mila n’était pas aussi timide et réservée, mais là, face à cet inconnu, elle ne savait que dire pour commencer. Ce fut lui qui lança la conversation en se présentant. - Je m’appelle Alec. Enchanté de faire votre connaissance, même si j’aurais préféré que cela se fasse dans d’autres circonstances. - Mila, lui répondit-elle en serrant la main qu’il lui tendait.
Sa poignée de main était ferme, mais sans être brusque. Quant à son ton de voix, la jeune femme n’aurait su dire pourquoi, il l’apaisait et la mettait en confiance. Comme elle, Alex était originaire de Bath et venait de racheter une arcade au centre ville, qu’il comptait bien transformer en librairie. Mila, pour qui les livres étaient une chose importante dans sa vie, lui posa de nombreuses questions à ce sujet, auxquelles il répondit avec le plus grand plaisir. Et alors qu’elle n’en avait jamais parlé à personne, elle lui confia ses peurs et ses doutes quant à son futur déménagement. Alec lui avoua à son tour qu’il avait failli vivre une situation identique. Mais contrairement à elle, il n’avait pu se résoudre à quitter cette ville qu’il aimait tant. Ils ne virent pas le temps passer. Ce fut Alec qui lui rappela en plaisantant qu’elle avait un train à prendre. - Et vous… ne deviez-vous pas également partir ? lui demanda-t-elle. - Rien ne presse…
Ce fut là sa seule réponse. Ils prirent congés et Mila s’éloigna doucement en direction du quai. Elle mourrait d’envie de se retourner, juste pour voir s’il la regardait, mais elle réfréna son envie. Elle savait qu'elle ne le reverrait jamais et s'étonna d'être triste à cette idée, après avoir fait sa connaissance il y deux heures à peine.
La jeune femme partie, Alec resta assis, tenant sa tasse à deux mains, comme s’il cherchait à se réchauffer, alors que celle-ci était vide depuis un bon moment. Plusieurs pensées se bousculèrent dans sa tête, dont il ne savait que faire. Tout à coup, mû par une irrésistible envie, il se leva brusquement de table, posa un billet pour régler les consommations, prit son sac et courut en direction des quais.
A sa grande surprise, il s’aperçut que la jeune femme s’y trouvait toujours. Cette fois ci, elle tenait son bagage à deux mains et lui tournait le dos. Alec se rapprocha lentement d’elle, clignant plusieurs fois les yeux, comme pour être certain qu’elle n’était pas une apparition. Comme la première fois, il se plaça juste devant elle et lui adressa un sourire amusé lorsqu’elle leva les yeux vers lui. - Vous venez à nouveau de manquer votre train. - Oui.
Ils restèrent ainsi un moment, silencieux, profitant simplement de l’instant présent. - Vous ne partez donc pas ? finit-il par lui demander dans un souffle.
Sa réponse, elle la donna sans la moindre hésitation. - Non. J’ai bien réfléchi. Je ne pars plus… je reste.
Les votes commencent donc demain lundi 7 novembre, et se terminent le 20 novembre ! Bonne lecture ! ^^ |
| | | April Black Leather's Violet
Nombre de messages : 17118 Age : 50 Localisation : Allongée sur des pétales de violettes, en très bonne compagnie Date d'inscription : 20/06/2007
| | | | Emily-de-Winter Romancière anglaise
Nombre de messages : 2737 Age : 29 Date d'inscription : 03/03/2010
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Mer 9 Nov 2011 - 13:48 | |
| Fantastique ! Je les ai parcourus mais je vais prendre le temps de les relire bien car à première vue ils me plaisent tous (sauf le miens ). |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 10 Nov 2011 - 16:03 | |
| A voté! Ce fut dur, les textes sont très bons |
| | | April Black Leather's Violet
Nombre de messages : 17118 Age : 50 Localisation : Allongée sur des pétales de violettes, en très bonne compagnie Date d'inscription : 20/06/2007
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 10 Nov 2011 - 16:06 | |
| J'ai voté aussi. Pas facile de choisir... |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 10 Nov 2011 - 19:35 | |
| J'ai voté mais le choix fut difficile |
| | | Emily-de-Winter Romancière anglaise
Nombre de messages : 2737 Age : 29 Date d'inscription : 03/03/2010
| Sujet: Re: 3e concours d'écriture Jeu 10 Nov 2011 - 23:00 | |
| Voté ! Tous de très beaux textes je félicite ceux qui les auteurs ! J'ai trouvé ça incroyable, et je veux la suite !! |
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| Sujet: Re: 3e concours d'écriture | |
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| | | | 3e concours d'écriture | |
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