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| Mary Mapes Dodge (1831-1905) | |
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Miss Halcombe Wandering White Soul
Nombre de messages : 3819 Age : 74 Localisation : Bourbonnais Date d'inscription : 24/06/2007
| Sujet: Mary Mapes Dodge (1831-1905) Dim 20 Nov 2011 - 15:50 | |
| J'ai relu récemment un classique de la littérature enfantine " Les Patins d'Argent " . L'auteur, l'américaine Mary Mapes Dodge ( 1831-1905) écrivain pour la jeunesse et éditeur, commença à écrire après la mort de son mari et est restée célèbre avant tout pour ce roman ( " Hans Brinker , or The Silver Skates " en VO ) écrit en 1865 et qui obtint immédiatement un considérable succès. Le récit se déroule en Hollande , au XIXe siècle, et est à la fois l'histoire touchante de deux enfants , et de plusieurs de leurs amis, et un petit documentaire sur le pays et ses habitants. Hans et Gretel Brinker, 15 et 12 ans, vivent avec leur parents dans la pauvreté depuis l'accident de travail où leur père a perdu mémoire et capacités physiques. Les économies familiales ont disparu au même moment, mais la maman se refuse à vendre une mystérieuse montre confiée au père juste avant son accident. Le récit commence en décembre, dans le petit village de Broek, au moment où les canaux sont gelés. Là-bas, le patinage est une nécessité et un plaisir ; on annonce une course de patinage pour les jeunes gens du village, la récompense pour les gagnants est une paire de patins en argent. Toute la jeunesse locale est en effervescence, Hans et Gretel aussi , eux qui n'ont que des patins de bois. La petite Gretel surtout rêve de ces fameux patins. Hans, lui, est prêt à renoncer à la course car il n'a qu'une idée, convaincre le célèbre et intimidant docteur Boekman de venir soigner son père. Mais l'intérêt de ce roman, c'est aussi le voyage que va faire un petit groupe de garçons du village parmi les plus aisés, profitant des congés de la St Nicolas. Ils vont parcourir près de 80 kms en patins à glace, sur les canaux gelés, nous offrant un parcours touristique de Broek à La Haye, en passant par Haarlem et Leyde. L'histoire d'Hans et Gretel est bien sympathique, mais c'est cette partie du livre que j'ai préféré. L'auteur a fait là une sorte de petit guide touristique très intéressant, avec anecdotes sur la vie , les coutumes des Hollandais du XIXe, légendes, faits historiques, personnages célèbres...J'y ai appris bien des choses ! J'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce livre, dont je me rend compte que je n'avais que peu de souvenirs. Par contre, j'ai été un peu troublée par le fait que ce roman paraît en France sous deux versions : une portant le nom de l'auteur et l'autre celle de P. J. Stahl. Après quelques recherches, j'ai appris que le roman de Mme Dodge avait été traduit et adapté par l'éditeur Jules Hetzel ( sous le nom de P.J. Stahl ) pour le jeune public français, supprimant une grande partie de l'aspect documentaire du récit, le jugeant trop minutieux pour ses jeunes lecteurs. De ce que j'ai pu en voir en comparant les deux versions, il a pour ainsi dire réécrit le récit. Voici ce qu'il en dit dans sa préface - Spoiler:
Mary Mapes Dodge, adapté par P.-J. Stahl Les Patins d’argent ◄ ►
Dodge Stahl - Les Patins d argent frontispice.jpg
DESSINS DE TH. SCHULER
P. J. STAHL
─────
LES
PATINS D’ARGENT
HISTOIRE
D’UNE
FAMILLE HOLLANDAISE
ET D’UNE BANDE D’ÉCOLIERS
ADAPTÉ DE L’ANGLAIS DE ME MARY MAPES DODGE
DESSINS PAR THÉOPHILE SCHULER
Dodge Stahl - Les Patins d argent page titre.jpg
GRAVURES PAR PANNEMAKER
BIBLIOTHÈQUE D’ÉDUCATION ET DE RÉCRÉATION J. HETZEL ET Cie, 18, RUE JACOB PARIS
Tous droits de propriété et de traductions réservés
LES
PATINS D’ARGENT
Dodge Stahl - Les Patins d argent page 001.jpg
AU LECTEUR
C’est par une traduction mot à mot, littérale, des Patins d’argent, demandée par nous à un de nos collaborateurs, M. Anceaux, que nous avons connu tout d’abord le livre de Mme Mapes Dodge, et que nous avons pu juger que cette charmante œuvre avait en effet le double mérite que son auteur avait voulu lui donner, « de combiner la part d’instruction qui peut se rencontrer dans un livre de voyage avec l’intérêt d’une histoire intime, attachante. »
Mais, si cette traduction suffisait pour nous donner une idée photographique des Patins d’argent, il restait pour nous à faire à cette œuvre, écrite en vue d’autres lecteurs que les nôtres, cette toilette d’adaptation et d’acclimatation à laquelle il est bien rare que nos livres français échappent quand on veut leur faire un sort à l’étranger. Cette méthode, de laquelle j’ai pu avoir soit à souffrir, soit à profiter pour mon compte, il m’a paru plus d’une fois qu’elle pouvait avoir, comme on dit, « du bon », et qu’on pouvait tout au moins plaider pour elle les circonstances atténuantes.
Est-il si fâcheux, est-il si injuste qu’un étranger, qu’il soit un être idéal comme un livre, ou un personnage de la vie réelle, fasse au pays dans lequel il désire trouver bon accueil les sacrifices nécessaires aux habitudes d’esprit et au génie particulier de ce pays ? Vaudrait-il mieux pour lui n’y pénétrer qu’à l’état d’œuvre morte, ou même n’y point entrer du tout ?
La question peut se poser, mais elle peut se résoudre dans les deux cas, sans qu’au bout des deux solutions il y ait mort d’homme, ou mort d’écrivain à coup sûr.
Toujours est-il qu’avec l’agrément de l’auteur, nous avons entrepris d’adapter les Patins d’argent à l’usage des lecteurs spéciaux de notre Bibliothèque d’éducation et de récréation, dans l’espoir que ce livre touchant en deviendrait une des perles les plus précieuses. Abandonnant donc pour lui nos œuvres personnelles, nous n’avons pas reculé devant cette tâche toujours ingrate de reprendre, de récrire ligne à ligne l’œuvre d’un autre.
Nous avions dans quelques travaux précédents, notamment dans « l’Odyssée de Pataud », publiée dans le Magasin d’éducation, témoigné de l’intérêt de plus en plus vif qu’après plusieurs voyages nous avait inspiré la Hollande. De son côté Mme Mapes Dodge avait été charmée, comme nous, de ce curieux pays. Cette communauté d’appréciation établissait un premier lien entre l’auteur et nous. Les Patins d’argent nous plaisaient par leur cadre même. Seulement Mme Mapes Dodge s’était proposé la double tâche devant laquelle aurait reculé un écrivain français, d’enfermer dans un récit attachant une description si minutieuse de la Hollande, que son livre, roman et guide tout à la fois, pût servir à deux fins.
Ce double but, un peu témérairement visé par l’auteur américain, nous a paru rendre impossible de publier les Patins d’argent en français, sans rien changer, sans rien ajouter au texte original ou sans en rien sacrifier. Le Français n’est pas le plus patient des lecteurs ; chasser deux lièvres à la fois est trop pour son attention. Le génie même ne parviendrait pas à lui faire reconnaître le mérite ou l’utilité de digressions capables de le détourner du principal. Il aime la méthode, la clarté. Ce peuple français, brouillon, dit-on, ne peut rien supporter de ce qui ressemble au désordre dans les œuvres d’art. Mme Mapes Dodge avait écrit son livre en vue de ses compatriotes américains. À ceux-ci, infiniment moins voisins que nous de la Hollande, elle avait à révéler de cette contrée originale une foule de choses qu’un voyage de treize heures place à la portée d’un Parisien quelconque lorsqu’il se met en route, un des excellents guides de Joanne à la main. Le lecteur français n’avait que faire de ces nomenclatures trop fidèles, de ces récits rétrospectifs, historiques et biographiques, étrangers et par conséquent nuisibles à l’action du livre et qui y tiennent une place considérable. Nous avons dû réduire au nécessaire ces hors-d’œuvre, pour nous superflus. Nous sommes assuré que pour un public à qui la découverte de la Hollande est facile, nous avons sagement agi. Le livre américain était plutôt une description de la Hollande qu’un récit, qu’un roman, nous en avons fait un roman plutôt qu’un guide. L’histoire de la famille Brinker, qui fait pour nous la valeur principale des Patins d’argent tels que nous les publions aujourd’hui, se fût noyée, perdue, égarée tout au moins pour nos lecteurs français, au milieu de trop nombreux accessoires.
Grâce au parti que nous avons pris, les aventures de Hans et de Gretel (à qui nous avons conservé les noms que leur avait donné l’auteur américain, mais que de vrais Hollandais auraient nommé Jan et Griel) reprendront la place capitale qu’elles méritent et qu’elles ne gardaient pas toujours dans l’œuvre primitive. Cette étude exquise des mœurs hollandaises en restera plus saisissante, et peut-être nous reprochera-t-on d’avoir trop concédé encore à la volonté de l’auteur de décrire et de guider.
Si nous avons dégagé avec soin le récit des accessoires parasites qui lui faisaient trop souvent et trop longtemps obstacle, si nous l’avons lié plus que l’auteur ne l’avait fait aux incidents des excursions de la gentille bande de ses écoliers hollandais, avec plus de soin encore nous sommes-nous attaché à mettre en relief ce que ses personnages, tous pris sur le vif, avaient et pouvaient donner de charmant, complétant au besoin ce que l’auteur semblait avoir négligé et nous efforçant de laisser un tableau là où nous n’avions trouvé qu’un croquis.
Que Mme Mapes Dodge nous pardonne. Nous désirons que son livre soit aimé chez nous autant qu’il mérite de l’être ; mais du moment où nous nous chargions de le présenter à un public qui n’était pas celui qu’elle avait cherché et qui nous a d’ailleurs donné plus d’une preuve de confiance, nous avons dû faire pour son œuvre tout ce qui, sans lui rien ôter de ce qui faisait sa véritable saveur, pouvait la faire agréer parmi nous, et, en plus d’un point par conséquent la faire française, la faire nôtre.
Les Patins d’argent ont été traduits en hollandais. L’édition hollandaise a été, on le comprend, infiniment plus réduite encore que l’édition française en ce qui concerne la partie historique et descriptive
Je trouve dommage, pour ma part, cette " toilette d'adaptation ", comme l'appelle l'auteur, et ai apprécié ma version, traduite par Geneviève Meker. |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Mary Mapes Dodge (1831-1905) Dim 20 Nov 2011 - 18:16 | |
| Merci pour cette intéressante présentation, Miss Halcombe. Eh bien, Hetzel avait des idées bien arrêtées. - Citation :
- Le Français n’est pas le plus patient des lecteurs,
j'adore. J'ai lu la version Rouge et Or, je suis soulagée de voir que c'est la plus fidèle. Malheureusement je devais l'avoir empruntée à la bibliothèque, car elle ne figure pas dans les livres de jeunesse que j'ai conservés précieusement. Comme tu m'as donné envie de relire ce livre, je me suis commandé une VO (en espérant que ce soit une bonne édition, il n'y pas grand chose de dispo). _________________ |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Mary Mapes Dodge (1831-1905) Dim 20 Nov 2011 - 18:26 | |
| J'ai lu la version par PJ Stahl quand j'étais petite, je me rappelle avoir bien aimé mais alors zéro souvenir de l'histoire. |
| | | pouchkinet Intendante de Pemberley
Nombre de messages : 571 Age : 50 Localisation : Lyon Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: Mary Mapes Dodge (1831-1905) Lun 21 Nov 2011 - 15:28 | |
| Je ne m'y étais pas intéressée quand j'étais petite, et découvrant à l'âge adulte que Stahl était Hetzel, j'avais écarté ce livre. Tu viens de me faire découvrir qu'il y avait un autre auteur, je vais reconsidérer les choses. Les éditeurs ont souvent de drôles d'idées et pratiquent des coupes honteuses sous prétexte de dépoussiérer ou d'allèger un texte. J'imagine Le voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, mais sans les passages sur la Suède... |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Mary Mapes Dodge (1831-1905) Lun 21 Nov 2011 - 19:17 | |
| C'était un de mes livres de chevet quand j'étais enfant (avec la petite fadette, que j'avais dans la même collection). J'avais encore une autre version, celle d'Anne Proutière aux éditions Lito (BTW MissHalcombe, merci de m'avoir répondu dans le topic "que lisez-vous en ce moment ?") Comme celle de Stahl, elle est tellement élaguée qu'il ne reste que le squelette de l'histoire et des personnages.
Je pense lire la VO pour me faire une idée plus juste de ce roman. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Mary Mapes Dodge (1831-1905) Mer 3 Avr 2013 - 16:57 | |
| Ah ! Les patins d'argent !!! Ca me fait quelque chose de lire ce sujet ... j'ai lu le livre dans sa version traduite par Stahl quand j'avais une dizaine d'années ; le livre était à ma mère, il était jauni, je m'en souviens très bien ; c'est ma mère qui me l'avait recommandé comme l'ayant marqué elle-même quand elle l'avait lu enfant dans les années 40 ... Je n'aurais pas su dire le titre mais en lisant le sujet, j'ai tout de suite reconnu l'histoire.
Je suis émue de voir parler ici de ce livre, dont je me souviens surtout de l'atmosphère, et du couple frère et soeur. |
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| Sujet: Re: Mary Mapes Dodge (1831-1905) | |
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| | | | Mary Mapes Dodge (1831-1905) | |
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