Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Elizabeth Taylor | |
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Auteur | Message |
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cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Jeu 24 Mar 2011 - 13:43 | |
| Séverine, je me retrouve beaucoup dans tes propos. J'avais ressenti le même agacement par rapport au personnage et ça m'avait un peu gâché ma lecture. _________________ |
| | | pouchkinet Intendante de Pemberley
Nombre de messages : 571 Age : 50 Localisation : Lyon Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Mar 7 Juin 2011 - 11:22 | |
| Je commence Mrs Palfrey, hôtel Claremont. J'y retrouve un univers de dames vieillissantes comme on peut les voir chez Barbara Pym, la pratique religieuse en moins. Mrs Palfrey prend résidence dans un hôtel modeste au personnel anonyme, et où les autres locataires sont trois dames et un homme taciturne. Les journées y sont longues et tristes, rythmées par la prise de repas sans grand intérêt ("le Claremont évoquait un univers scolaire (...). Certes, la nourriture était meilleure, mais si tel n'avait pas été le cas, elle aurait été immangeable par des adultes.")
Je ne suis qu'au début du roman, alors je n'arrive pas bien encore à distinguer l'écriture d'Elizabeth Taylor de celle de Barbara Pym (moins de citations poétiques cependant). Je pense que ça va me plaire.
Je suis ravie qu'il en existe une adaptation avec Whikham 2005, je suis curieuse de voir cela. |
| | | pouchkinet Intendante de Pemberley
Nombre de messages : 571 Age : 50 Localisation : Lyon Date d'inscription : 02/07/2007
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Ven 15 Juil 2011 - 14:06 | |
| J'ai fini Mrs Palfrey et je suis ravie d'avoir découvert Elizabeth Taylor. On dirait du Barbara Pym (l'acuité à décrypter la nature humaine), mais en beaucoup plus désespéré! La fin est triiiiste! |
| | | eveange66 Riche célibataire
Nombre de messages : 120 Localisation : Près des grandes villes solitaires et dans mes rêves Date d'inscription : 18/01/2009
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Dim 23 Oct 2011 - 13:29 | |
| Grande fan d'Elizabeth Taylor, je viens de commencer "Palladian" et.... bof, l'irritation ma gagne. Et même si, dans l'introduction, il est bien indiqué que ce livre s'inspire grandement de Jane Eyre, je suis assez déçu car j'ai, pour le momenet, l'impression de lire une compilation de Jane Eyre meets Jane Austen meets South Riding.... Jamais vécu ça encore avec Elizabeth Taylor, je suis très surprise au point d'avoir suspendu ma lecture, que je vais reprendre. Bref à suivre. |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Jeu 1 Nov 2012 - 10:00 | |
| J'ai dévoré Angel cette semaine et j'ai énormément aimé ce livre. J'avais vu le film au ciné, je me rappelle avoir beaucoup aimé, mais je n'avais pas beaucoup de souvenirs précis (2007 c'est loin ). Ce livre est un petit bijou d'intelligence. Commençons par l'essentiel : le personnage d'Angel Deverell. Je fais partie des rares personnes à ne pas l'avoir détestée (minoritaires au vu de ce topic !). Je me retrouve beaucoup dans ce que disait misshoneychurch : - Citation :
- Pour moi, sa pire ennemie, celle à qui elle nuit le plus, c'est elle même. Elle n'est pas méchante volontairement, elle a "simplement" complètement perdu pied par rapport à la réalité. Et franchement, je comprends qu'elle refuse d'ouvrir les yeux... (même si elle a causé son propre malheur avec ses rêves).
Comme toi, j'ai de l'affection pour elle, même si je n'aimerais pas la connaître Pour moi Angel est quelqu'un qui n'est pas à sa place au début du roman, qui est déconnectée de la réalité et qui se construit inconsciemment une carapace. Ce qui est dérangeant chez elle c'est son aveuglement au monde et à tout ce qui ne la concerne pas directement. Mais ça ne fait que montrer sa profonde fragilité. Quant au fait de vivre dans ses rêves, d'être souvent à distance de la réalité du monde, je n'irais pas lui jeter la pierre étant donné que cela m'arrive aussi. Mais c'est sûr qu'avec elle, tout est dans l'excès. C'est ce qui rend le personnage si fascinant ! Et c'est ce qui fait que comme missho, même si j'ai de l'affection pour le personnage de fiction, je l'éviterais dans la vraie vie... Ce qui est génial aussi, c'est la manière dont Elizabeth Taylor fait de cet être inculte un écrivain à succès qui a compris, inconsciemment toujours, ce que veulent les lecteurs. On a beau savoir que ses livres sont des concentrés de clichés et d'invraisemblances... personnellement j'aurais bien aimé en lire un ! Et mine de rien j'ai trouvé la conviction d'Angel en la qualité de son oeuvre, sa foi presque, impressionnante. Rien ne la fait dévier de son but. Et le roman lui-même est un tourbillon, à l'image sûrement des livres d'Angel. La galerie de personnages secondaires est également très réussie : j'ai ressenti beaucoup de peine pour la pauvre Mrs Deverell, de compassion et d'agacement envers Nora, de sympathie pour Théo Gilbright. Marvell est également un personnage intéressant, le seul quasiment à être à égalité avec Angel lors de leurs affrontements. Quant à Esmé, si j'ai été séduite comme Angel au début, il m'a vite déçue. Angel est toujours dans sa vérité, même si elle se ment à elle-même elle ment rarement aux autres. Esmé s'est quant à lui montré minable envers elle, et j'ai fini par le considérer comme un pauvre type. - Spoiler:
Quand il joue les délicats, blessé qu'Angel paye ses dettes sans faire de détours... Je rêve où il l'a de toute manière épousée surtout par intérêt ? Donc je trouve son attitude assez déplacée à ce moment-là.
J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, même s'il faut avouer qu'elle est assez déprimante, surtout dans la seconde moitié. J'ai trouvé la prolifération de la nature véritablement inquiètante, comme si tout ce qu'avait construit Angel malgré tout pourrissait lentement. En conclusion j'ai été bluffée par le talent d'Elizabeth Taylor, et Angel restera un personnage marquant pour moi ! Comme Séverine j'ai pensé à Scarlett, toutes deux balaient tout sur leur chemin pour parvenir à leur but, et toutes deux sont capables de s'aveugler elles-mêmes... J'ai lu dans l'intéressante préface de Diane de Margerie que l'auteur s'était inspirée de Marie Corelli, une romancière à succès du XIX e, un sacré personnage apparemment. A présent j'aimerais bien revoir le film, et puis découvrir d'autres romans de Mrs Taylor ! |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Mer 9 Oct 2019 - 17:30 | |
| Remontée de topic Je continue peu à peu ma découverte d'Elizabeth Taylor avec La belle endormie, le cinquième roman que je lis d'elle. Pour l'instant, je n'en ai pas réellement de préféré, mis-à-part peut-être Une couronne de roses (je l'ai même lu deux fois). Je trouve assez difficile de parler de ses romans qui n'ont pas d'intrigues clairement définies et qui souvent - malgré la présence apparente de protagonistes principaux - exposent également les existences, pensées et sentiments des personnages plus secondaires. La belle endormie se passe dans une station balnéaire anglaise où un homme d'âge mûr vient consoler une amie devenue récemment veuve. Il loge dans une pension de famille où il va faire la connaissance d'une jeune femme qui vit en recluse après un terrible accident. J'ai aimé ce livre. J'y ai retrouvé cette ambiance feutrée, calme, assez sombre et mélancolique qui fait la particularité de cette romancière. Taylor possède également un humour fin et perçant, d'apparence innocente mais finalement implacable. Elle sait observer les humains, leurs comportements, et en rendre compte. On sent également que ce devait être une femme très cultivée car même si cela reste discret, elle évoque souvent écrivains, peintres ou autres artistes célèbres dans ses livres. Même si ses romans sont très agréables à lire, ils peuvent également donner un sentiment de malaise car elle n'hésite jamais à nous mettre en face de nos peurs, hontes, agissements répréhensibles. |
| | | Emma75 Riche célibataire
Nombre de messages : 146 Localisation : Creusant un couloir entre les piles de livres et de DVDs Date d'inscription : 17/08/2018
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Jeu 7 Juil 2022 - 12:18 | |
| Après avoir énormément aimé le film de François Ozon (l'un de mes cinéastes préférés), j'ai enfin lu le roman d'Elizabeth Taylor : Angel. Et je l'ai tout autant aimé...
Voici mon grain de sel sur l'édition française (Rivages Pocket ou Hachette, 1988 ; traduction de Tina Jolas)
« Un jour, il aperçut un grand cactus dans la vitrine d'un fleuriste. D'une poussée malingre et hérissée de piquants s'était épanouie une immense fleur inquiétante, solitaire et incongrue, un monstrueux accident. Et il avait songé à Angel. »
Angel Deverell a 15 ans. Angel Deverell n’aime pas sa vie. Angel Deverell s’ennuie dans l’épicerie que tient sa mère veuve. Seules visites d’importance, celles, dominicales, de sa tante Lottie, femme de chambre chez la maîtresse de Paradise House, la grande maison perdue dans une petite vallée, non loin de la petite cité ouvrière provinciale où vivent les Deverell.
Nous sommes à la fin du XIXe siècle en Angleterre.
C’est parce que sa mythomanie a affolé ses voisins et qu’elle craint une punition que l’adolescente tombe opportunément malade. Et, durant cette supposée maladie, elle écrit le roman qu’elle n’aurait pas aimé lire (puisqu’elle ne lit quasiment pas) : elle y déverse son imagination foutraque, mal informée et totalement baroque. Après quelques essais infructueux, elle parvient à faire accepter son manuscrit, ahurissant d’inculture et d’envolées lyriques emphatiques, aux éditeurs Gilbright & Brace. Ceux-ci voient en cette pseudo-littérature un récit qui satisfera ceux qui, comme Angel, veulent fuir leur vie, et qui amusera les lecteurs aguerris ; et en son autrice une fille étrange, dure, exigeante, et parfois touchante par son inadaptation et sa solitude.
C’est un succès foudroyant. Et Angel, devenue la coqueluche des lecteurs et la mine d’or de ses éditeurs, change de vie.
Elle change de vie mais pas d’intériorité.
Car Angel est incapable de voir la vie autrement que par le filtre de son imagination. Le réel n’existe pas ; seuls ses buts, ses envies, son insatisfaction profonde, ont quelque réalité. Son narcissisme et sa fuite en avant vont toucher tout son entourage : sa mère, vite déracinée ; son admiratrice éperdue, Nora, qui abandonne tout pour se mettre à son service ; et le frère de Nora, Esmé, peintre avant-gardiste dissolu, dont Angel s’est éprise. Aucun n’en sortira indemne.
Elizabeth Taylor conte cette histoire d’enfermement mental, de cécité volontaire, d’une plume précise, alerte et acérée. L’ironie abonde même lorsque le style indirect fait pénétrer dans les pensées d’une héroïne volontaire qui pense pouvoir faire plier le réel devant ses fantasmagories. La filiation avec Frances Trollope (La veuve Barnaby) ou Barbara Pym (d’ailleurs amie de l’auteur) saute aux yeux : les personnages ne sont jamais caricaturaux bien qu’ils soient solidement campés. Ce récit d’une élévation sociale étonnante et d’une déchéance progressive tout au long d’une vie de plus en plus étriquée est aussi un portrait sans concession d’une société qui ferme plus ou moins les yeux devant une aveugle qui prétend peindre la vie dans ses livres
Car Angel est aveugle : aveugle à la souffrance des autres, aveugle à la maladie, à la mort, à la dégénérescence. Incapable d’évoluer, de grandir. D’écrire vraiment, même si son « génie » inné est quelque peu aberrant. Son manque d’humour en est une preuve flagrante. Mais si l’autrice adulée de ses lecteurs est rigide, la plume d’Elizabeth Taylor ne l’est pas. L’humour noir y abonde tout autant que l’observation : les entretiens avec l’éditeur Theo Gilbright, les réactions de l’épouse de ce dernier, Hermione, sont des moments comiques mêlés de compassion.
Si, dans sa préface, Diane de Margerie relève que « ce qu’Elizabeth Taylor a montré à travers ce récit haletant mieux qu’à travers toute prose moralisante, ce sont les dangers, les pièges de la littérature-miroir qui s’enferme dans sa propre ignorance et flatte chez le lecteur ses instincts de fuite égotiste. […] ce qui est visé avec une lucide poésie, c’est aussi cela : la littérature qui abêtit, la médiocrité des aspirations, la sottise des illusions jamais perdues, le manque de curiosité et d’information […] », ce portrait à l’acide ne tend-il pas désormais un miroir à un autre type de littérature bien de notre temps ? |
| | | Emma75 Riche célibataire
Nombre de messages : 146 Localisation : Creusant un couloir entre les piles de livres et de DVDs Date d'inscription : 17/08/2018
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Jeu 7 Juil 2022 - 12:25 | |
| - esperluette a écrit:
- Ce qui est génial aussi, c'est la manière dont Elizabeth Taylor fait de cet être inculte un écrivain à succès qui a compris, inconsciemment toujours, ce que veulent les lecteurs. On a beau savoir que ses livres sont des concentrés de clichés et d'invraisemblances... personnellement j'aurais bien aimé en lire un ! E
E. Taylor s'étant inspirée de la romancière Marie Corelli, il suffit de lire quelques uns de ses romans... On peut en lire un sur Gallica (en V. O., par contre) : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1647879?rk=21459;2 - Citation :
- J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, même s'il faut avouer qu'elle est assez déprimante, surtout dans la seconde moitié. J'ai trouvé la prolifération de la nature véritablement inquiètante, comme si tout ce qu'avait construit Angel malgré tout pourrissait lentement. No
Effectivement. Et comme Angel ne voit rien du monde qui l'entoure, elle y est totalement indifférente. La scène de la serre et celle du monument funéraire sont assez frappantes... |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Jeu 7 Juil 2022 - 18:35 | |
| Merci pour ton avis détaillé, qui donne envie de découvrir ce roman Les romans d'Elizabeth Taylor me séduisent particulièrement mais je n'ai jamais lu celui-ci. J'avais vu l'adaptation y a longtemps et me souviens l'avoir appréciée. |
| | | Emma75 Riche célibataire
Nombre de messages : 146 Localisation : Creusant un couloir entre les piles de livres et de DVDs Date d'inscription : 17/08/2018
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Jeu 7 Juil 2022 - 20:46 | |
| - Dulcie a écrit:
- Merci pour ton avis détaillé, qui donne envie de découvrir ce roman
Les romans d'Elizabeth Taylor me séduisent particulièrement mais je n'ai jamais lu celui-ci. J'avais vu l'adaptation y a longtemps et me souviens l'avoir appréciée. Ravie que cela te donne envie. Je n'ai lu aucun autre livre d'Elizabeth Taylor, même si j'ai Une saison d'été (In a summer season) sur ma PAL. Le fil de discussion me donne envie également d'essayer ses autres romans. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Lun 10 Oct 2022 - 13:03 | |
| - pouchkinet a écrit:
- Je commence Mrs Palfrey, hôtel Claremont.
J'y retrouve un univers de dames vieillissantes comme on peut les voir chez Barbara Pym, la pratique religieuse en moins. Mrs Palfrey prend résidence dans un hôtel modeste au personnel anonyme, et où les autres locataires sont trois dames et un homme taciturne. Les journées y sont longues et tristes, rythmées par la prise de repas sans grand intérêt ("le Claremont évoquait un univers scolaire (...). Certes, la nourriture était meilleure, mais si tel n'avait pas été le cas, elle aurait été immangeable par des adultes."
(...) J'ai fini Mrs Palfrey et je suis ravie d'avoir découvert Elizabeth Taylor. On dirait du Barbara Pym (l'acuité à décrypter la nature humaine), mais en beaucoup plus désespéré! J'ai dévoré ce roman à toute vitesse je m'attendais à une lecture feel-good mais cela n'a pas vraiment été le cas Publié en 1971, ce roman n'a rien perdu de son actualité, il comporte même une toile de fond sociale assez troublante : le jeune homme Ludo doit choisir entre se nourrir ou se chauffer, il passe ses journées dans le hall du magasin Harrods pour pouvoir travailler à l'écriture de son roman au chaud. A aucun moment je n'ai pensé à Barbara Pym dont l'univers est dans mon souvenir plus serein et cosy. Ici, rien de tel, Mrs Palfrey se retrouve à l'hôtel Claremont car elle a encore les moyens financiers de s'offrir cet hébergement mais elle sait d'emblée que dès que sa santé déclinera elle ne pourra pas rester ("we are not allowed to die here" dira-t-elle à son jeune ami Ludo). Elle vit dans l'indifférence de sa fille, installée en Écosse, et de son petit-fils, Desmond, pourtant basé à Londres. C'est cette situation qui la pousse à vouloir sauver les apparences et à faire passer Ludo, un jeune aspirant écrivain sans le sou, rencontré par hasard, pour son petit fils. Les pensionnaires de l'hôtel sont décrits avec humour (l'acariâtre Mrs Arbuthnot, l'alcoolique Mrs Burton, Mrs Post qui commence à perdre la mémoire..) mais c'est pour souligner le désespoir de leurs situations : la solitude et cette épée de Damoclès qui sera la prochaine étape en nursing home (EHPAD aujourd'hui). Malgré tout j'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a plutôt rappelé un autre roman sur la fin de vie ( Memento Mori de Muriel Spark -qui était carrément acide). Ce n'est certes pas un roman feel-good mais il n'est pas déprimant non plus Le style d'Elizabeth Taylor est agréable, imprégné d'un humour très British. Le monde est vu alternativement du point de vue de Mrs Palfrey, une femme au sens pratique très développé, qui en a vu d'autres mais qui n'est plus très à l'aise avec la société post 1968, et du point de vue du jeune Ludo, qui souffre également de solitude. Le point de vue de Mr Osmond, seul pensionnaire masculin à l'année de l'hôtel, lecteur assidu du conservateur Daily Telegraph et aux idées assez réactionnaires est assez drôle également J'ai vu en page précédente qu'existait une adaptation ciné de ce roman, mais cela ne me tente pas vraiment. Je préfère en rester sur mon appréciation du livre J'ai hâte de savoir ce qu'en aura pensé Tatiana, qui doit lire ce roman prochainement J'aurais volontiers poursuivi l'exploration de l'oeuvre d'Elizabeth Taylor, mais aucun autre de ses romans ne me fait de l'oeil pour l'instant (surtout pas Angel). J'ai dans ma pile de recueils de nouvelles The Devastating Boys and other stories (lecture entamée et au long cours). |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Lun 10 Oct 2022 - 19:42 | |
| Je ne connais pas du tout ce roman, néanmoins ton retour donne très envie de le lire! Merci pour la présentation!! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| | | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14359 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Dim 23 Oct 2022 - 21:02 | |
| J'ai aussi beaucoup aimé Mrs Palfrey at the Claremont, et ma découverte de Elizabeth Taylor. Je m'attendais également à une lecture légère, à un roman à la D. E. Stevenson, alors qu'elle se révèle plus profonde, voire carrément sombre. L'humour n'est pas absent, loin de là, c'est même ce qui constitue une partie du charme du livre. Les résidents/habitués (existe-t-il un terme pour qualifier ces personnes d'un certain âge qui sont seules et ont les moyens de résider à l'année dans un hôtel d'un certain standing ?) sont décrits avec une drôlerie savoureuse bien qu'acerbe. L'histoire se passe à la fin des années 60 ou tout début des années 70, mais j'ai parfois eu l'impression qu'elle se déroule plutôt avant 1945 tant les principaux personnages semblent restés figés dans la première moitié du siècle. L'héroïne est attachante, une femme qui allie détermination, douceur et lucidité, dont on apprend qu'elle a toujours su se maîtriser même dans des situations inquiétantes dans les colonies anglaises. En revanche ses compagnons sont moins bien traités par la romancière, pour le plus grand plaisir du lecteur, qui met en avant leurs défauts, surtout ceux de ces dames . Mr Osmond n'est pas forcément mieux loti, mais son évolution au fur et à mesure du roman le rend un peu plus sympathique. - Spoiler:
Disons qu'on comprend qu'il soit attiré par les qualités de Mrs Palfrey, bien qu'il n'ait aucune chance de réussir le pauvre.
Il y a aussi quelques scènes mémorables, telle cette affreuse soirée que les quatre résidents passent chez une hôtesse qu'ils avaient côtoyée à l'hôtel. La vieillesse est dépeinte avec un mélange de réalisme et de pudeur, et j'ai été frappée par la solitude de l'ensemble des protagonistes, quel que soit leur âge d'ailleurs. Les résidents se retrouvent seuls, personne ne veut d'eux, ni leur famille, ni le directeur de l'hôtel qui préférerait que son établissement accueille des hommes d'affaires. L'existence de Ludo, dont j'ai trouvé la relation avec Mrs Palfrey très touchante, et complice (jusqu'à un certain point), n'est pas très enviable non plus. Il a une relation bien plus filiale avec Mrs Palfrey qu'avec sa propre mère, perdue dans ses propres problèmes. La fin m'a un peu surprise, et j'ai refermé le livre la gorge serrée, ainsi qu'avec une certaine mélancolie. J'ai vu aussi qu'il existe un film avec Joan Plowright, contrairement à toi serendipity j'ai bien envie de voir comment le roman a été adapté. Je compte aussi poursuivre mon exploration de l'oeuvre d'ET. Dulcie a cité Chez Mrs Lippincote comme sa lecture en cours, un titre qui éveille ma curiosité. _________________ |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Lun 24 Oct 2022 - 14:27 | |
| Merci pour ton retour Tatiana et je suis ravie de lire que ce roman t'a également beaucoup plu ! En refermant Mrs Palfrey et après avoir lu quelques critiques ici ou là (dont celle-ci), j'ai eu le sentiment d'avoir commencé par le meilleur roman d'E. Taylor J'attends avec impatience que Dulcie vienne faire remonter le topic et nous offre une nouvelle tentation |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14359 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Lun 24 Oct 2022 - 18:51 | |
| Oui la barre est haute pour les suivants . Merci pour le lien. Les héros d'un certain âge sont rares en littérature, c'est vrai. Je m'étais déjà fait la réflexion pendant ma lecture de Toute Passion abolie de Vita Sackville-West. J'ai consulté par curiosité le classement de ses romans sur Goodreads, Mrs Palfrey at the Claremont arrive en tête, suivi par Angel (je tenterai peut-être) et A View of the Harbour (qui m'intéresse davantage). Très intéressée aussi par le retour de Dulcie . _________________ |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Mar 25 Oct 2022 - 19:42 | |
| Encore merci pour vos excellents retours, les filles ! Si je décide de lire E. Taylor, je commencerai par celui-ci ! |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Mar 1 Nov 2022 - 12:05 | |
| serendipity et Tatiana, merci pour vos avis sur Mrs Palfrey que je n'ai pas encore découvert Vous avez toutes deux évoqué votre étonnement devant la tonalité relativement sombre du roman et je confirme qu'il ne s'agit pas d'une exception, c'est le style d'Elizabeth Taylor. En effet, l'humour n'est pas absent mais l'ambiance est toujours assez sérieuse. Donc j'ai terminé Chez Mrs Lippincote. C'est le premier roman de Taylor, sorti en 1945. Ayant déjà lu plusieurs de ses ouvrages, j''étais curieuse de découvrir celui-ci. C'est un premier essai réussi car l'écriture est claire, les intérieurs et les paysages finement décrits, l'intériorité des personnages révélée avec la perspicacité habituelle de l'autrice. Le roman m'a parfois ennuyée, en particulier dans sa première moitié. L'ensemble est assez morne, avec en apparence très peu d'événements, a fortiori marquants, même si un scandale vers la fin agit comme un révélateur et remet en question toute l'histoire, donnant même envie de relire muni de ce nouveau savoir. On y trouve en même temps beaucoup de choses séduisantes et assez étonnantes. A propos de l'histoire : un couple encore jeune et leur fils de sept ans, la cousine célibataire du mari emménagent dans la maison d'une veuve dans une ville de province, cette dernière étant partie s'installer dans un hôtel avec sa fille. Cela se passe pendant la guerre (les années 1940) qui n'est jamais plus qu'une très vague toile de fond, et le mari, officier, a été muté là. On suivra donc la vie quotidienne de ce petit ensemble, rejoints parfois par d'autres personnages, en particulier un colonel et sa petite fille, ou encore un groupe de sympathisants communistes. Ce que j'ai aimé, c'est la manière dont Taylor y instille une ambiance littéraire puisque l'épouse, Julia, aime lire les classiques (les Brontë en particulier, sont également brièvement cités les noms de Virginia Woolf ou Gustave Flaubert). Son fils est également féru de lectures, lisant par exemple "Tess d'Urberville". J'ai trouvé que ses capacités d'analyse des adultes ne correspondaient pas trop à son âge mais il s'agit d'un enfant un peu étrange. Ces deux personnages comprennent leur propre existence par le prisme des romans ou même surtout la présupposent d'après eux. Aussi j'ai beaucoup aimé le réalisme situationnel et psychologique, la façon dont Taylor montre les relations entre les personnages, chacun désirant de l'autre ce qu'il ne peut ou surtout ne veut être. Le personnage de Julia est très intéressant car c'est une femme sensible et intelligente avec un mari imbu de lui-même, fort soucieux des convenances. Elle essaie tant bien que mal de trouver des espaces de liberté, ne serait-ce qu'une promenade seule le soir ou même aller rejoindre une connaissance masculine au pub. Elle n'hésite pas à remettre les autres à leur place, se montre souvent sarcastique et peu charitable. Un roman aux dehors calmes mais qui montre toute l'agitation et les tourments de l'existence. |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14359 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Mar 1 Nov 2022 - 14:09 | |
| Merci Dulcie pour ton retour sur ce livre qui semble séduisant malgré ses défauts. J'ignorais qu'il s'agit de son premier roman.
_________________ |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Mar 1 Nov 2022 - 19:40 | |
| - Dulcie a écrit:
- Un roman aux dehors calmes mais qui montre toute l'agitation et les tourments de l'existence.
Cette phrase me suffit à m'y intéresser ! Merci pour ce très bel avis ! |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Lun 3 Juil 2023 - 21:33 | |
| Terminé "Vue sur le port". Ce ne sera sans doute pas un de mes préférés de la romancière, néanmoins j'ai été impressionnée par son habileté à construire l'ensemble du livre du début à la fin. Elle nous fait découvrir les habitants d'un petit village balnéaire, quelles existences se dissimulent derrière les fenêtres. Ses personnages sont d'âge, sexe, milieu social, caractère très variés et chaque fois très bien montrés, non seulement les apparences qu'ils laissent voir mais aussi leurs émotions. Il y a aussi quelques réflexions féministes, le livre date de 1947. Ce n'est pas que ça m'a étonnée en soi, mais peut-être parce que c'est écrit très simplement, sans s'attarder mais franchement. C'est un roman "panorama" très réussi. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elizabeth Taylor Ven 7 Juil 2023 - 7:21 | |
| Merci pour ton retour Dulcie, une tentation de plus |
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| | | | Elizabeth Taylor | |
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