OBLOMOV de Ivan Gontcharov - publié en 1859.
Je viens de terminer ce roman, qui va rester certainement parmi les 10 plus grands livres de mon panthéon personnel
L'auteur, Ivan Gontcharov, né en 1812 à Oulianovsk et mort en 1891 à Saint Petersbourg. En parallèle à sa carrière de haut fonctionnaire, il écrit des romans, des récits, des contes, de la poésie et des critiques théâtrales et littéraires.
D'après wiki, il a fréquenté un peu Pouchkine, Lermontov et surtout Tourgueniev avec qui il s'est brouillé puis réconcilié.
Son oeuvre a l'air assez peu traduite en français.
D'après un de ses biographes : « Gontcharov s'est indéfiniment raconté lui-même, car il n'a dépeint d'autre vie que la sienne propre et celle de ses proches, transformées sans doute l'une et l'autre par sa fantaisie, mais toujours suivant un instinct de vérité par lequel il égale les plus grands réalistes. Vie et œuvre sont mêlées de manière intime. »
Son ouvrage le plus connu est Oblomov, qu'il a mis plus de 10 ans à écrire, et dont la traduction intégrale n'est parue en français qu'en 1988.
Le livre raconte l'histoire d'Ilia Illytch Oblomov, propriétaire terrien qui vit à St Petersbourg, et qui a une trentaine d'années au début de l'histoire.
C'est un homme intelligent, loyal, bon, posé ; mais il passe ses journées sur son divan, indolent, à méditer sur les "autres" qui passent leur temps les uns chez les autres à faire leur cour, et à dire pis que pendre de leurs hôtes dès qu'ils ont le dos tourné, et qui s'agitent.
Lui, Oblomov, n'est pas fait de cette étoffe là : il aime sa tranquilité, se fait une montagne de toutes les tracasseries de la vie, et cherche le bonheur dans l'inaction et la "dormition".
Le roman s'articule en 4 parties :
On voit d'abord Oblomov dans le cadre de son vieil appartement de St Petersbourg, qu'il doit quitter car le propriétaire veut y faire des travaux, il reçoit des amis à qui il demande conseil, on fait connaissance avec Zakhar son serviteur, et il fait une longue sieste au cours de laquelle il rêve de son enfance dans le domaine familial, en même temps qu'il s'imagine y mener une vie paradisiaque avec une femme et des enfants (c'est "le rêve d'Oblomov").
Ensuite son ami d'enfance Stolz arrive, le secoue, et le confie aux soins d'une jeune fille Olga, qui a pour tâche de l'empêcher de "s'endormir".
Ils vont tomber amoureux l'un de l'autre, puis se séparer à la demande d'Oblomov, et chacun fondera un foyer de son côté.
Comme tout bon livre, il y a plusieurs niveaux de lecture : au premier plan, on a dit que Oblomov symbolise la vieille Russie tsariste, indolente, qui s'enferme dans l'immobilisme ; cette analyse a beaucoup été faite par les marxistes et Lénine en particulier. On peut voir aussi la destinée d'Oblomov comme celle de quelqu'un qui refuse : la vie, l'agitation, les émotions fortes, et qui se réfugie dans une sorte de négation, de nihilisme. On peut y voir aussi une fable philosophique sur le sens de la vie et du bonheur, j'y ai vu aussi une quête de l'amour et du bonheur à deux qui m'a beaucoup touchée.
Les personnages de Olga et de Stolz sont eux aussi très intéressants, car la destinée d'Oblomov les ébranle et les amène à s'interroger sur leur moi profond.
Le livre a été adapté au cinéma par Nikita Mikhalkov en 1979 :
Quelques jours de la vie d'Oblomov (voir
ici la fiche IMDB du film)
Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, j'ai trouvé une
Emission consacrée au livre de France Culture, avec quelques extraits du film de Mikhalkov et une analyse très intéressante du personnage.