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| | Daisy Miller (1878), le livre. | |
| | Auteur | Message |
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serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Daisy Miller (1878), le livre. Sam 13 Fév 2016 - 16:04 | |
| - Resmiranda a écrit:
- J'ai beaucoup aimé Daisy Miller . C'est une histoire très courte et assez rapide à lire.
Au final, on ignore si Daisy est vraiment innocente, consciente de ses actes et par le fait provocatrice, si au contraire elle est consciente de ses actes et se moque bien de choquer son entourage. C'est un personnage assez ambigüe ( étrangement ce personnage me rappelle celui de Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier, qu'on arrive pas vraiment à cerner non plus - Spoiler:
et qui connait également une fin tragique )
Mon 4ième de couverture annonce "Un admirable portrait d'une femme libre dans une société engoncée dans ses préjugés". Je suis donc toutefois un peu surprise par le destin qu'Henry James a donné à son héroïne qui semble recevoir "le chatiment" pour son comportement si peu en accord avec les moeurs de la "bonne société" de son époque. Ce qui m'a donné l'impression que l'auteur approuvait cet espèce de puritanisme alors que jusqu'à présent j'avais toujours été sous l'impression que justement il était plus en accord avec la "jeunesse américaine" qu'avec les comportements "dépassés"de l'Europe vieillissante. Mais n'étant pas une experte de cet auteur je vais arrêter là mon analyse. - cat47 a écrit:
- Je suis contente que tu aies aies aimé Daisy Miller, Resmiranda. C'est avec ce roman (cette longue nouvelle?), que j'ai découvert Henry James, nous l'avions lue en cours d'anglais et j'avais beaucoup aimé.
Je ne suis pas sûre que l'auteur approuve l'attitude de la société qui entoure Daisy. Il faudrait que je relise le livre pour voir quels détails ont pu te faire penser cela mais si je pense aux grandes lignes, je crois qu'une - Spoiler:
fin tragique n'est pas nécessairement un signe de désapprobation. Plus qu'un châtiment, j'y vois une fatalité, à laquelle les femmes comme Daisy sont souvent exposées. Ce destin est un peu similaire à celui de Lily Bart dans The House of Mirth, de Wharton, et je pense que cette dernière avait sur ce point un peu les mêmes idées que James et une compréhension pour ces destins tragiques.
- Resmiranda a écrit:
- Ce qui m'a laissé penser cela c'est que
- Spoiler:
la fin tragique de l'héroïne découle directement d'une de ces escapades que son entourage désapprouvait tant. En effet sa maladie est contractée suite à sa ballade au clair de lune avec son bel Italien. Pour moi c'est une façon de dire que si elle n'avait pas eu ce comportement coupable elle n'aurait pas connu cette fin.
C'est peut être un raisonnement simpliste mais telle était mon impression. - cat47 a écrit:
- Je n'avais pas ressenti cela ainsi lors de ma lecture.
- Spoiler:
Je le vois plutôt comme une métaphore : lorsque l'on prend des risques on a de fortes chances d'en payer le prix. Cela ne signifie pas nécessairement à mes yeux que l'écrivain désapprouve.
- nathy's a écrit:
- J'ai lu aujourd'hui Daisy Miller et je suis plutot mitigée: le livre était bien écrit et j'ai aimé l'histoire mais je ne supporte pas Daisy....pour moi elle n'est pas innocente du tout, se rend bien compte de tout ce qu'elle fait (et meme le calcule) mais en meme temps ne s'en fiche pas de l'opinion des gens, au contraire elle fait ça pour attirer l'attention sur elle, elle a besoin de reconnaissance Bref elle ne m'a pas plu et Winterbourne non plus, que j'ai trouvé assez inconsistant.
Quant à la fin, elle arrive très brusquement, je ne m'y attendais pas et c'est vrai que j'aurai tendance à rejoindre l'avis de Resmiranda, en pensant que Henry James a voulu punir son héroine et en mm temps l'auréoler d'un destin tragique pour lui rendre un dernier hommage, histoire qu'on se souvienne d'elle. - serendipity a écrit:
- J'ai terminé "Daisy Miller" et mon avis sur cette longue nouvelle rejoint ceux exprimés précédement par Resmiranda et Nathy's.
- Resmiranda a écrit:
- Au final, on ignore si Daisy est vraiment innocente, consciente de ses actes et par le fait provocatrice, si au contraire elle est consciente de ses actes et se moque bien de choquer son entourage. C'est un personnage assez ambigu.
Je suis peut-être un peu moins enthousiaste que vous, et je dois dire que si j'avais commencé à lire Henry James par cette nouvelle, je n'aurais pas une image aussi positive de cet auteur. - Marganne a écrit:
Daisy Miller est plutôt une nouvelle, elle se lit très rapidement. C'est l'histoire d'une jeune américaine très belle, en voyage en Europe avec sa mère et son jeune frère. Daisy est excentrique, légère, et se moque des convenances. Elle s'affiche en public avec des hommes sans être accompagnée, et perd rapidement sa respectabilité. La bonne société européenne lui fermera rapidement ses portes.
J'ai eu du mal à trouver de l'empathie pour le personnage de Daisy que j'ai trouvée sotte, en fait Pour moi son attitude anti-conventionnelle ne rélève pas d'un véritable état d'esprit mais de l'inconscience, de l'ignorance et de la sottise . Quoiqu'il en soit, on s'y attache, ne serait-ce que pour la plaindre [/spoiler]
J'ai vraiment aimé les personnages de ce roman. Catherine, assez effacée dans le début, devient une jeune femme amoureuse extrèmement touchante. La tante et le père, dont on se demande lequel est le plus odieux L'écriture est très fluide, très agréable. C'est une lecture que je vous recommande - esperluette a écrit:
- J'ai lu Daisy Miller cet après-midi et mon avis est un peu mitigé. Le personnage de Daisy est intéressant, on ne sait pas si elle d'une naïveté folle ou si elle joue avec ses interlocuteurs, mais je l'ai trouvée attachante. J'ai lu cette longue nouvelle avec plaisir mais la fin ne m'a pas plu
- Spoiler:
la maladie dont meurt Daisy est assez ridicule, alors certes c'est l'image de sa condamnation par la société mais ça m'a semblé caricatural.
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| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11786 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Daisy Miller (1878), le livre. Jeu 18 Fév 2016 - 16:01 | |
| J'ai beaucoup aimé ce texte court, écrit directement et sans fioritures, dont l'ambigüité fait tout le charme et la profondeur.
En quelques mots, cette Daisy Miller est une jeune américaine qui voyage en Europe avec sa mère (dyspepsique) et son frère de 10 ans Randolph (hyperactif). Cette jeune fille est très jolie et semble absolument sans aucune conscience des convenances sociales : sortir sans chaperon, discuter de sujets de son choix avec un homme, rester seule avec un homme pour chanter et jouer du piano, etc ... Daisy repousse les limites de ce qu'on appelle la bienséance, comme une ado en révolte, mais avec un calme parfait. L'histoire est racontée par un jeune homme, Frederick Winterbourne, qui rencontre Daisy à Vevey en Suisse puis la suit à Rome. Nous sommes donc spectateurs de son récit, et regardons comme lui Daisy Miller évoluer parmi les cercles d'américains expatriés des années 1880.
Ce qui est intéressant avec ce texte, c'est qu'il a plusieurs niveaux de lecture : On peut voir Daisy comme une écervelée qui agit sans réfléchir et qui finalement meurt bêtement de son obstination à n'en faire qu'à sa tête. On peut la voir aussi comme une aguicheuse à la Scarlett O Hara, une petite fille gâtée qui profite de la faiblesse de caractère de sa mère pour mener sa petite vie comme elle l'entend. Je la vois comme quelqu'un qui affirme son droit à être elle-même, et à vivre comme elle l'entend, tout en étant parfaitement sociable ; on suppose que sa beauté et sa grâce la mettent au-dessus des conventions sociales, et la société qui l'entoure le lui fait cruellement payer par ses remarques et ses subtils désaveux. Je la vois comme quelqu'un qui refuse les règles du jeu social, et le paye de sa vie, peut-être une métaphore de la vie en groupe, tout court.
Toutes ces interprétations sont parfaitement cohérentes, et au final le personnage garde tout son mystère. |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5729 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Re: Daisy Miller (1878), le livre. Mer 24 Jan 2024 - 21:11 | |
| J'ai lu Daisy Miller ce soir et j'en ressors avec un certain sentiment d'agacement : agacement envers Daisy elle-même, si peu - ou au contraire bien trop - consciente du regard désapprobateur que porte sur elle son cercle social ; agacement envers cette "bonne société" si engoncée dans le corset étouffant des conventions et du paraître (surtout quand cela concerne la bienséance des jeunes filles) ; agacement envers la mère de Daisy, si timorée et incapable de soutenir sa fille ; agacement envers le narrateur, mollement admiratif des libertés prises par l'élue de son cœur mais bien tiède quand il s'agit de prendre sa défense... et enfin agacement contre moi-même d'être agacée par un personnage féminin finalement très humain et moderne, refusant de respecter les règles tacites qu'elle méprise sans se sentir aucunement obligée de se justifier La narration par une tierce personne joue beaucoup dans ce ressenti : je pense que j'aurais plus aisément apprécié Daisy si le récit était raconté de son point de vue, mais c'est ce mystère et ce détachement qui portent l'histoire vu qu'on ne sait jamais vraiment quelles sont ses motivations... une lecture intrigante et quelque peu frustrante donc, mais qui confirme le talent d'Henry James pour les subtiles intrigues psychologiques |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Daisy Miller (1878), le livre. Jeu 25 Jan 2024 - 20:40 | |
| Merci pour ton avis Fauvette, qui me rappelle cette lecture un peu ancienne. Je comprends parfaitement ton agacement d'être agacée, surtout à la relecture du topic |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1578 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Daisy Miller (1878), le livre. Mar 30 Jan 2024 - 10:23 | |
| Relu cette nouvelle que j'avais découverte en octobre dernier, après avoir souhaité la lire depuis longtemps. Cet automne, mon avis était assez neutre, j'étais un peu déçue face à la bonne réputation du récit. Aujourd'hui, je continue de ne pas la trouver particulièrement enthousiasmante, mais je l'ai trouvée plus intéressante. L'enjeu du texte reste tout de même un peu mince pour réellement passionner. Car pour moi, savoir si Daisy est innocente ou provocatrice n'a pas tellement d'importance, parce qu'au fond elle est les deux à la fois. Innocente parce que c'est une jeune fille qu'on a emmenée à l'étranger et qui cherche simplement à se distraire. Au début en Suisse, je l'ai trouvée principalement sotte et frivole. A Rome elle m'est apparue en effet plus mystérieuse, car son comportement y est encore plus clairement émancipée. Malgré tout si elle est, devient provoquante, c'est une conséquence et non une cause. Elle n'agit pas comme elle le fait par défi des conventions, pour choquer, mais parce qu'elle estime qu'avoir, garder sa liberté de se promener et discuter avec qui elle l'entend a plus de prix que l'approbation ou la réprobation des autres membres de la société. Et surtout, comme il est démontré vers la fin au cours d'un bref échange avec Winterbourne, elle pense sincèrement ne rien faire de mal et que les autres font seulement semblant d'être indignés, ce en quoi elle n'a pas tout à fait tort, même si elle ne se rend pas compte que cela n'annule pas le danger à son encontre pour autant. Le personnage de Winterbourne est un autre exemple d'innocence, c'est l'homme du monde qui s'estime relativement bien au courant des usages de la société où il évolue mais qui se trouve embarrassé d'être mystifié par la jeune fille. Certe, c'est parce qu'il est attiré par elle, sa beauté, qu'il attache tant d'importance à démêler l'énigme qu'elle constitue. Mais après le passage au Colysée, quand il juge enfin avoir définitivement compris qui est Daisy, c'est-à-dire, pas une fille bien, il continue surtout de révéler son aveuglement. En fait il n'a jamais réellement cherché à comprendre qui ou quoi que ce soit. Car pour lui, comprendre, c'est avant tout vouloir retrouver le soulagement de ses certitudes. - Spoiler:
C'est pour ça que c'est un être creux et qu'il est dit à la fin qu'il retourne à Genève et reprend sa vie exactement comme décrite au tout début de la nouvelle. Il y a ce passage assez savoureux qui expose la bêtise du personnage puisqu'il n'est pas capable de s'apercevoir du parallèle entre Daisy et Giovannelli et l'approche contradictoire que lui-même a envers chacun d'eux : - Spoiler:
Winterbourne se flatta de prendre la mesure du signor Giovanelli. "Ce n'est pas un gentleman, se dit-il. Ce n'en est que l'imitation. (...) Au diable sa belle allure !" Mr Giovanelli avait certainement un très joli visage ; mais Winterbourne s'indignait hautement à l'idée que sa belle compatriote ne sût pas distinguer un faux gentleman d'un véritable. Giovanelli bavardait, plaisantait, se rendait merveilleusement agréable. Il fallait reconnaître que s'il était une imitation, l'imitation était très habile. "Néanmoins, se dit Winterbourne, une fille bien devrait faire la différence !
James semble insinuer ici que Daisy est elle aussi une imitation. Mais je ne crois pas que ce soit forcément un trait négatif. Ni d'ailleurs positif. L'auteur décrit les moeurs de son milieu, il reste distancié. Giovanelli et Daisy sont de la même eau, mais parce que lui est un homme et un étranger, ça ne prête pas à conséquence, alors que cela s'avère fatal pour la jeune femme. De même, si l'on renverse la réflexion de Winterbourne, cherche-t-on à signifier que lui-même n'est pas un homme bien ? Puisqu'il commence par être charmé par l'allure et la jovialité de Daisy, mais là aussi, du fait qu'il est homme, cela ne vient pas mettre en question sa respectabilité. Mais l'apparence peut être différent de la nature profonde. Au bout du compte, cette division entre "bien/pas bien", soi-disant vitale, existe uniquement afin d'instaurer une convenable hiérarchie parmi la société, mais elle est dérisoire au niveau des individus. - Spoiler:
C'est pour ça que les gens snobaient Daisy vivante mais vont à son enterrement : ils ne vont pas jusqu'au bout de leurs positions car leurs convictions sont en fait inexistantes, ils ne cherchent que le frisson du scandale et le pouvoir d'avoir le droit de mépriser. En cela, Daisy avait donc vu juste quand elle affirmait que les gens ne se souciaient pas tellement de ce qu'elle pouvait faire ou pas.
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