The Master, Colm Tóibín

Dans ce roman biographique publié en 2004, Colm Toibin s’attache aux pas et à la personnalité d’Henry James entre 1895 et 1899. Il a alors une cinquantaine d’années. Le lecteur le suit pendant un bref séjour en Irlande où il tente de se remettre de l’échec d’une incursion au théâtre, à Londres et dans la campagne anglaise, et en Italie. Avec de très fréquents retours dans son enfance et sa jeunesse aux Etats-Unis, ce qui permet d’avoir une vue fouillée de son parcours.

La forme est originale et ce roman a le sérieux d’une biographie. Les multiples ouvrages consultés qui figurent en fin de volume soulignent combien l’auteur a voulu coller au plus près de l’existence de ce romancier américain si britannique. En de nombreux points, c’est un ouvrage très intéressant. J’ai tout appris sur l’homme et le romancier, son style de vie plutôt solitaire, sa vie privée (point encore aujourd'hui auréolé d'un certain mystère), sa manière de travailler et ses inspirations, ses relations avec sa famille et ses amis, son goût de l’Italie, son attachement pour la culture britannique, etc.

Pour autant, j’en sors mitigée. En dépit du plaisir de retrouver cet auteur irlandais, j’ai eu du mal à rester concentrée tout au long des quelques 350 pages, rédigées au demeurant dans un style fluide très agréable, et suis soulagée de pouvoir passer à autre chose. Il est difficile me semble-t-il de s’attacher à Henry James en tant que sujet de roman. La familiarisation acquise au cours des pages avec sa personnalité ne parvient pas à supprimer une certaine distance liée à la froideur de l’homme. J’ai eu du mal à le cerner, comme on dit.  C’est comme si tout au long de ma lecture un voile avait été posé sur le récit que je ne suis jamais parvenue à déchirer pour entrer pleinement dedans. Néanmoins, j’espère que ce roman sera traduit un jour car c'est une mine.