Colm Toibin, auteur irlandais

Contrairement mes habitudes car je n'aime pas parler de ce que je ne connais pas, j'ouvre un topic sur un auteur que je n'ai pas lu: Colm Toibin.


Auteur irlandais né en 1955 dans le Comté de Wexford, il est diplômé en anglais et histoire de l'Université de Dublin. Il a roulé sa bosse en Europe et en Amérique du Sud, travaillé comme journaliste et huit de ses romans sont traduits en français (mais son oeuvre est plus importante).

Désormais notre exil [« The South »]
Histoire de la nuit [« The story of the night »]
Bad Blood. Pérégrination le long de la frontière irlandaise [« Walking along the Border »]
La bruyère incendiée [« The heather blazing »]
Le Bateau phare de Blackwater [« The Blackwater Lightship »]
Le maître [« The Master »]
L'épaisseur des âmes [« Mothers and sons »]
Brooklyn

Il est passé ce soir dans l'Humeur vagabonde, émission de Kathleen Evin sur France Inter, consacrée à Brooklyn qui vient de sortir en France. Outre que j'ai eu l'impression de tout comprendre ce qu'il disait (quand sa voix n'était pas couverte par le traducteur), l'entrée en matière de Mme Evin a immédiatement attiré mon attention. Elle a démarré sa présentation en disant à peu près ceci: "Colm Toibin, on vous compare souvent à James Joyce ou à ??? (trou de mémoire) mais en fait vous vous rapprochez plus d'Henry James ou de Jane Austen par votre étude des caractères, de la situation de vos personnages dans des carcans sociaux étouffants, blablabla..."
Il n'en fallait pas plus pour que je sois tout ouïe.
Ajoutez à ça que Colm Toibin a consacré un livre à Henry James (Le maître) et qu'il a reçu le prix E.M. Forster en 1995, et vous comprendrez que je lui ouvre une petite chambre à Lambton.

Lien vers son site officiel:

Lien vers l'émission de France inter:

Je lirai avec intérêt les avis de ceux qui le connaissent mieux que moi

Je ne connais pas non plus, mais je viens de télécharger l'émission, les noms cités m'intriguent trop

MissA : je vais t'emboîter le pas et parler de ce que je ne connais pas encore ;-)
Colm Toibin* figure dans ma PAL virtuelle depuis une éternité pour Le Maître ...
* il y a selon mon souvenir un accent sur un I mais lequel ??

Merci pour les liens, MissAcacia.

MissAcacia a écrit:

"Colm Toibin, on vous compare souvent à James Joyce ou à ??? (trou de mémoire) mais en fait vous vous rapprochez plus d'Henry James ou de Jane Austen par votre étude des caractères, de la situation de vos personnages dans des carcans sociaux étouffants, blablabla..."
Il n'en fallait pas plus pour que je sois tout ouïe.
Ajoutez à ça que Colm Tobie a consacré un livre à Henry James (Le maître) et qu'il a reçu le prix E.M. Forster en 1995, et vous comprendrez que je lui ouvre une petite chambre à Lambton.

En lisant James Joyce, j'ai mais là suite m'a paru plus avenante.

J'attends d'en savoir plus par votre intermédiaire avant de tenter quoi que ce soit de plus aventureux.

cat47 a écrit:

J'attends d'en savoir plus par votre intermédiaire avant de tenter quoi que ce soit de plus aventureux.

J'ai vérifié, il y a deux accents: sur le o et sur le deuxième i (mais j'ai la flemme de chercher comment arriver à les mettre).

Toxic, je comptais un peu sur toi et sur ta curiosité des auteurs irlandais ... J'ai bien envie de le découvrir, d'autant que l'interview était intéressante, mais ça ne va pas être pour tout de suite malheureusement.

MissHo : quand tu écouteras l'émission, je veux bien que tu nous indiques le nom du second auteur auquel Toibin est comparé, parce que la présentation de MissA m'a intriguée !!

MissAcacia a écrit:

Toxic, je comptais un peu sur toi et sur ta curiosité des auteurs irlandais ... J'ai bien envie de le découvrir, d'autant que l'interview était intéressante, mais ça ne va pas être pour tout de suite malheureusement.

Oh ça, je te confirme que ça m'intéresse très très fortement Miss Acacia, y a aucun souci là dessus .
Par contre, si tu m'attends pour te lancer, alors là tu risques d'attendre trèèèèèèèèèèèès longtemps, parce que je suis une lectrice lente qui a trop de livres à lire et encore plus de livres qui l'intéressent.

Donc si je comprends bien, nos meilleurs espoirs d'avoir un avis constructif reposent donc sur Miss Honeychurch, c'est ça ? Sans vouloir te mettre la pression MissHo, bien entendu

toxicangel a écrit:

Donc si je comprends bien, nos meilleurs espoirs d'avoir un avis constructif reposent donc sur Miss Honeychurch, c'est ça ? Sans vouloir te mettre la pression MissHo, bien entendu

Quel sens de la synthèse
Que puis-je ajouter sinon que je souscris totalement (et imaginant la taille de la PAL de ladite MissHo, je pense que ce n'est pas gagné, même avec de la bonne volonté

Nan mais ça va pas ? Serendipity, c'est la deuxième fois en peu de temps que tu essaies de me mettre la pression pour la lecture d'un livre, mais ça ne marche pas comme ça J'ai une PAL à trois chiffres, et j'ai promis de moins acheter de livres en 2011, donc on se calme

Mais j'ai commencé à écouter l'émission, je vous tiens au courant de mon degré de tentation C'est Beckett le deuxième auteur sinon.

toxicangel a écrit:

Par contre, si tu m'attends pour te lancer, alors là tu risques d'attendre trèèèèèèèèèèèès longtemps, parce que je suis une lectrice lente qui a trop de livres à lire et encore plus de livres qui l'intéressent.

En fait, j'escomptais que tu le connaisses déjà . Je suis obligée de différer pour les mêmes raisons que tout le monde (sauf que ma PAL n'est qu'à deux chiffres... et under restriction, car je souffre trop de voir des livres que j'ai envie de lire pleurer de solitude sur mes étagères ) mais il peut toujours remonter d'un cran si je le croise à la bibli (c'est ma trick-PAL, les emprunts ne comptent pas en PAL et comme il faut que je les rende, ils grillent la file des vrais PALiens qui continuent de pleurer de solitude, etc... ma vie est un enfer )

Beckett ! bon sang mais c'est bien sûr ! Merci MissHoneychurch

Et voici le lien vers la critique du New York Times sur Brooklyn (qui vient de sortir en français, donc):

Je tombe par hasard sur ce topic et je ne résiste pas au plaisir de vous dire que j'ai lu, il y a trop longtemps pour en parler, "Le Maître" et que j'avais adoré.
Je me souviens d'une écriture magnifique et d'un grand enthousiasme.

J'ai lu aussi et apprécié "Désormais notre exil".

Merci de nous donner tes impressions Majeanne, cela confirme mon envie de découvrir cet auteur.

Quant à moi, je viens tout juste de finir Brooklyn et j'ai adoré. Du coup, j'ai du mal à me replonger dans un autre livre maintenant Ca raconte l'histoire d'Ellis, une jeune Irlandaise qui n'arrive pas à trouver du travail. Un prêtre lui vient en aide en lui trouvant un travail dans un grand magasin, aux Etats-Unis, à Brooklyn plus précisément. Comme l'initiative est chaleureusement approuvée par sa mère et sa soeur, Eilis se décide à partir. C'est la première fois qu'elle quitte sa famille, le pays où elle a toujours vécu et forcément, elle appréhende un peu son arrivée dans ce pays étranger. Elle loge dans une pension de famille tenue par une Irlandaise elle aussi. D'ailleurs, quasiment toutes ses co-pensionnaires sont venues comme elle d'Irlande pour trouver du travail. La pauvre Eilis commence par avoir le mal du pays, douleur accentuée par le courrier qu'elle reçoit de sa famille mais elle finit par se faire peu à peu à sa nouvelle vie et à faire une charmante rencontre. Helas, un drame familial la contraint à retourner chez elle.
Voilà, je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler. Le récit est à la 3e personne mais on ressent vraiment les impressions d'Eilis. On comprend sa tristesse de quitter sa famille même si elle prend sur elle pour ne pas avoir l'air triste pour ne pas inquiéter sa mère et sa soeur. On suit ses efforts pour s'acclimater à sa nouvelle vie, ses relations avec ses co-pensionnaires (des sacrés numéros, celles-là!). On aime et on déteste autant qu'elle les mêmes personnes. Bref, Eilis est un personnage que j'ai eu plaisir à suivre tout le long du roman. Ca m'a même dégouté de la laisser à la dernière page mais bon, comme toutes les histoires, celle-là aussi a une fin
Bref, ce fut un vrai coup de coeur et le style est tellement fluide. Franchement, ça se lit tout seul

Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur, mais vos avis me donnent très envie, je vais essayer de me procurer brooklyn s'il croise mon chemin à la bibli ( oui avril c'est le mois de l'assurance voiture, mon banquier m'en voudra si en plus j'achète des livres ) , et si ca me plait, je finirai surement par en acheter d'autres^^

Brooklyn est sur ma Pal virtuelle depuis longtemps ! Je ne savais pas qu'il était sorti en Français! Merci Jennie de ta critique, je pense que je vais me laisser tenter même si ma pal réelle commence à tanguer vu sa hauteur

Je pensais vous avoir parlé de "La bruyère incendiée"...... et je ne vois rien...........

Donc,
Une fois de plus je savoure un livre de Colm Toibin.
Eamon Redmont et sa femme passent leurs vacances à Wexford, village de leur enfance, situé au bord de la mer. Chez Toibin la nature et les personnages sont étroitement mêlés et l'eau froide et les embruns, la falaise qui s'effrite année après année, sont en accord avec les années qui passent, la vie qui s'amenuise et la difficulté des relations .

Eamon, juge de son métier, farouche défenseur de la loi, alterne balades et baignades et plongées dans ses souvenirs d'enfant et d'adolescent élevé par son père enseignant.

Chez Toibin la lutte nationaliste de l'Irlande est indissociable de la nature et de la vie de ses protagonistes.

Eamon se souvient de la maladie de son père, de sa rencontre avec sa future épouse, Carmel, de ses engagements politiques.

Aujourd'hui Eamon doit faire face à la maladie de sa femme et à la maternité sans père de sa fille Niahm.

Des vies passées côté à côte sans réelle communication, des choses qu'on ne s'est pas dites, des attentes jamais comblées qui rendent parfois aveugle à ce qui pourrait advenir et peut être grâce à l'enfant de Niahm le bonheur d'une rencontre.

Miam, voilà qui semble très alléchant. Décidément, Toibin est un auteur qui m'intéresse de plus en plus. Je sens que je vais craquer sous peu, moi. Merci pour cet avis, Majeanne.

Eh bien je vais commencer la deuxième étape du challenge Wentworth avec mon avis sur "Brooklyn".
Je dirai tout de suite que je l'ai beaucoup aimé, d'autant plus que je l'ai enchaîné après "Chimères" et que la simplicité, la clarté du style était déjà un repos en soi après celui beaucoup plus ornementé et les personnages et le scénario très complexes de Nuala O'Faolain
La jeune Eilis, poussée par sa mère et sa sœur aînée Rose, part à Brooklyn sous l'aile protectrice d'un prêtre. Cette jeune fille timide, effacée, va devoir se confronter à la difficulté du dépaysement, au mal du pays, au travail contraignant et à la tutelle plus ou moins bienveillante de son entourage. Elle est à Brooklyn, mais l'Irlande est omniprésente dans le cercle étroit de la communauté. Cependant ce ne sera pas un Irlandais qui sera le premier à éveiller son cœur, mais un Italien,

Spoiler:

C'est à l'occasion d'un retour pour un court séjour en Irlande qu'Eilis va comprendre combien son passage à Brooklyn l'a transformée, changeant à la fois son regard sur l'Irlande et ses anciennes connaissances, et celui des autres sur elle. À travers elle on sent le côté provincial, corseté par la tradition et le qu'en-dira-t-on de la petite ville où elle habite.

Spoiler:

Le récit est limpide, linéaire, on s'attache rapidement à cette jeune fille qui n'a jamais son mot à dire. C'est un tableau assez pessimiste de la condition féminine en Irlande et dans la communauté irlandaise américaine et là est le point commun entre Chimères et Brooklyn : chacune à sa façon ces deux femmes vont se débattre pour sortir de l'étouffoir irlandais, l'une en cassant tout sur son passage, l'autre en apprenant peu à peu à se connaître, et à assumer lucidement ce qu'elle a été amenée à faire.

Avant de poster mon avis sur Brooklyn je voudrais vous parler d'une autre oeuvre que je viens de lire L'épaisseur des âmes un recueil de nouvelles.

Le titre original est Mothers and sons et j'ignore pourquoi il a été changé, car il était excellent. En effet dans chacune de ces neuf nouvelles la relation mère fils est au centre du récit. Des relations difficiles, tendues, secrètes. Tout est dans le non-dit, la dissimulation, l’incompréhension.

Les nouvelles sont inégales, tant par leur longueur que par leur intensité dramatique. J’ai moins aimé les deux nouvelles « longues » d’une quarantaine de pages.

Je ne sais pas exactement ce qui caractérise une nouvelle en tant que genre littéraire, les profs de français du forum pourront répondre. A mon avis personnel, une bonne nouvelle doit être relativement courte.

Celles que j’ai préférées :

Une chanson.
Noel, un musicien, se trouve un soir face à sa mère qu’il n’a pas vue depuis l’âge de neuf ans, quand ses parents se sont séparés. Elle est une chanteuse célèbre, et ce soir-là elle interprète de façon bouleversante une vieille balade irlandaise. L’a-t-elle reconnu ? on ne le saura pas.

Un prêtre dans la famille
Celle-ci est d’une douloureuse actualité. Une vieille femme apprend que son fils prêtre a été reconnu coupable d’abus sexuels sur des adolescents. Sa famille lui propose de partir de la ville pour fuir les commérages, mais elle fait face avec une grande dignité.

Un trajet
Un jeune homme a passé plusieurs mois à l’hôpital pour dépression, et communique difficilement. Sa mère le ramène à la maison, où l’attend le père qui est gravement malade. Cette nouvelle très courte est bouleversante.

clinchamps a écrit:

Je dirai tout de suite que je l'ai beaucoup aimé, d'autant plus que je l'ai enchaîné après "Chimères" et que la simplicité, la clarté du style était déjà un repos en soi après celui beaucoup plus ornementé et les personnages et le scénario très complexes de Nuala O'Faolain
.

complètement d'accord avec cette présentation, Clinchamps. Je ne saurais dire mieux;
Que ce livre est agréable et simple à lire, à coté de ce qui a précédé!

J'ai beaucoup aimé, et à la fois, je pense que ce livre a tous les arguments pour ne pas déplaire.
Je dirais qu'il prends toute sa force dans la dernière partie , où Eilis est confrontée à un choix cornélien:

Spoiler:

J’avoue que je me suis demandée jusqu'au bout quelle décision finale , elle allait prendre.

J'ai assez peu à en dire, au final, si ce n'est : allez y, c'est une jolie lecture.

Nous sommes le 15, je peux poster mon avis
Clinchamps, Zoju vous avez tout dit ce que je voulais dire
J'ai beaucoup aimé le personnage de Eilis, si courageuse. Le début m'a fait penser à Denise du Bonheur des Dames, elle aussi devant affronter seule les difficultés, et se faisant courageusement son chemin dans un monde parfois hostile.
J'ai été bouleversée par sa prise de conscience que sa soeur s'était sacrifiée pour elle, et sa décision de la remercier en faisant semblant de partir le coeur léger.
Au contraire de toi Zoju j'ai préféré la première partie du roman, mais comme toi je me suis demandée jusqu'au bout quelle décision elle allait prendre.
Et en conclusion de cet avis très peu constructif, j'aurais aimé une suite au roman, pour savoir si elle a acquis assez de force pour ne pas se laisser fagocyter par sa nouvelle famille qui semble un peu envahissante.

Rosalind a écrit:

Et en conclusion de cet avis très peu constructif, j'aurais aimé une suite au roman, pour savoir si elle a acquis assez de force pour ne pas se laisser fagocyter par sa nouvelle famille qui semble un peu envahissante.

Quand l'avis est positif, il est difficile d’être constructif. J'ai eu un grand manque d'inspiration moi même.

Pour la nouvelle famille , je te rejoins. D'autant que j’étais désolée pour elle quand elle dit à un moment, qu'elle allait surement devoir arrêter de travailler lorsqu’elle serait mariée. Tous ses efforts de formation et de diplôme, réduits à néant, quelle tristesse. Enfin , c'est l'époque qui veut ça.

Le recueil de nouvelles que t'as présenté, Rosalind, m'intéresse beaucoup. Je vais essayer de le trouver surtout que j'aime beaucoup le style d'écriture de Colm Toibin. J'ai lu Brooklyn l'année dernière et comme vous pouvez le voir, dans ma critique, une page plus haut, ça avait été un vrai coup de coeur et je suis contente que d'autres l'apprécient aussi