Lady Anna

Dans ce roman écrit en 1871 pendant sa traversée vers l’Australie où vivait son fils, et très mal accueilli à sa parution en 1873-1874, Anthony Trollope met en scène, dans les années 1830, une jeune fille et sa mère désargentées, Anna et la comtesse Lovel. Leur statut social est remis en cause par les propos de leur père et mari, affirmant, avant de mourir, l’existence d’une première épouse encore en vie. La comtesse part alors en croisade pour rétablir ses droits et ceux de sa fille, dans une quête qui va s’avérer obsessionnelle.

Le personnage de la comtesse m’a semblé à la fois le plus intéressant et le plus surprenant. Elle commence par être sympathique avant d’être prise progressivement dans une spirale combattive qui l’oppose à sa fille. Elle ressent l’attachement inébranlable de celle-ci pour Daniel Thwaite comme une humiliation, la remise en cause de tout ce pour quoi elle se bat, à savoir la reconnaissance d’Anna comme fille légitime de son père et son héritière.

Daniel Thwaite, tailleur de métier et donc trop bas dans l’échelle sociale pour pouvoir prétendre, aux yeux de la comtesse, à la main d’Anna, est de son côté assez ambivalent : dépeint presque toujours comme froid, il est attaché à des principes de révolte contre les privilèges de l’aristocratie dont il méprise les membres. D’un certain côté, il ne mérite pas vraiment l’amour d’Anna, dont la douceur et la gentillesse apparentes masquent une volonté de fer.

L’action, très lente voire répétitive par moments, entraîne le lecteur dans les méandres des démarches juridiques, avec toutefois, une fois encore chez Trollope, une grande maîtrise dramatique et une analyse psychologique fouillée de ses personnages. En particulier, ici, ceux de la comtesse et d’Anna. Cette dernière est soumise à un véritable harcèlement moral pour accepter de rompre ses fiançailles avec Daniel au profit du nouveau Comte Lovel, à qui elle plaît beaucoup (mais il finit par reconnaître que, sans la fortune considérable qu’elle amènerait par son mariage, il ne la choisirait pas). Outre la violence de certains gestes et propos – la comtesse allant jusqu’à traiter sa fille de "garce" - surprenante chez ce romancier, le lecteur est dans l’expectative quant au choix d’Anna : va-t-elle céder à la pression monstre de son entourage et épouser le jeune comte, qu’elle trouve au demeurant charmant, ou rester fidèle à la parole donnée à son ami et soutien de toujours ?

Si je suis contente d’avoir lu ce roman, comme tous ceux d’Anthony Trollope, il ne restera pas parmi mes préférés. J'aurais aimé, entre autres, que des personnages comme le jeune comte Lovel soient plus développés, pour sortir du triangle principal.

Je me disais chouette un nouveau Trollope en français mais non, c'est en anglais que tu l'as lu, non ? En tout état de cause, merci pour ton avis,en attendant une traduction

Oui j'ai oublié de préciser que je l'ai lu en anglais.
Tous les espoirs sont permis pour la sortie d'une traduction, chez Points ou Archipoche par exemple, ce serait chouette.

Merci pour ton avis, Tatiana J'espère aussi qu'il y aura bientôt une sortie en VF

Je viens de le terminer et je ne suis pas hyper enthousiaste
J'ai déjà lu pire de l'auteur, mais celui-ci ne m'a pas passionnée, beaucoup trop de longueurs et de redites...
Et puis l'intrigue en elle-même n'est pas des plus passionnantes (même si pour le coup, la fin est originale, je ne pensais pas que ça se terminerait ainsi quand je lisais la moitié du livre )
Mais bon, ça fait toujours un Trollope à ajouter à mon tableau de chasse

Je comprends tes réserves Ju. Ce n'est sans doute pas pour rien que ce roman reste peu connu dans l'oeuvre de Trollope.

Les longueurs sont effectivement un peu décourageantes. Peut-être qu'une histoire plus ramassée, ou avec plus d'intrigues secondaires, aurait suscité plus d'enthousiasme de la part des lecteurs. Je n'en garde pas un trop mauvais souvenir mais ce n'est pas un Trollope que je relirai.

Merci pour ton avis, Ju