Dominique Bona, romancière et biographe

Après plusieurs lectures de cette romancière et biographe née en 1953 et académicienne depuis 2013 je me décide à lui ouvrir un topic. Des commentaires ont été postés sur sa biographie de Berthe Morisot dans le sujet sur l’impressionnisme, que voici.

Tatiana a écrit:

J'ai découvert la vie de Berthe Morisot grâce à l'excellente biographie que lui a consacré Dominique Bona, académicienne depuis peu.

Dans un style riche et travaillé, elle dresse le portrait fouillé d’une grande artiste à la forte personnalité qui a su se faire une place de choix dans un monde presque entièrement masculin. Femme énigmatique,  indépendante, affichant une réserve et une sévérité intimidantes, elle a côtoyé les plus grands peintres et écrivains français de son temps. Quand il lit qu’elle a invité à sa table des invités aussi prestigieux que Claude Monet, Edouard Manet, Auguste Renoir, Edgar Degas et Stéphane Mallarmé, , on en regrette de ne pas avoir été témoin, ne serait-ce qu’une heure, des rencontres de ce cénacle brillant et passionné   . Leurs créations ont longtemps été incomprises et méprisées par leurs contemporains, suscitant moqueries et diatribes. Leur petit groupe, soudé bien que parfois en désaccord, a combattu avec ténacité, bénéficiant du soutien de mécènes, amateurs, et marchands d’art influents comme Paul Durand-Ruel qui ont su avant tout le monde déceler leur génie.

Parmi ces nombreux peintres, Edouard Manet occupe une place privilégiée dans cet ouvrage. Grand ami de Berthe qui le vénère et fut son modèle avant de devenir sa belle-sœur, et qui s’est battue après sa mort pour que ses tableaux soient exposés, il est un de ceux dont les œuvres ont été le plus dénigrées. Celui aussi qui a tenu à maintenir son indépendance par rapport à ses amis. Jamais découragé, il a continué à présenter ses peintures aux Salons officiels jusqu’à sa mort prématurée à 51 ans. Ses plus grands chefs d’œuvre y ont été refusés et décriés, tant par les critiques – y compris par Zola    qui l’a pourtant longtemps soutenu de sa plume et admiré – que le public, ce qui nous paraît incompréhensibles aujourd’hui tant il fait figure de maître et de précurseur.

La vie de "Madame Manet" comme l’appelait ses amis après son mariage (jamais de familiarité envers elle) a été tout entière consacrée à la peinture, la sienne bien sûr, délicate et féminine, mais aussi celle de ses collègues et amis. Le livre est illustré de quelques œuvres, trop peu nombreuses pour apprécier son génie créateur. Heureusement, la mine de ressources Internet offre la possibilité d’en contempler un très large panel.

angé a écrit:

J'ai terminé hier soir la biographie de Berthe Morisot.

Je m'y connais très peu en peinture, la seule chose que je sais, c'est l'émotion ou le sentiment qui m'empare quand je regarde une toile. Au fur et à mesure que le temps a passé, je me suis aperçue que j'adhérais principalement aux toiles des peintres dits "Impressionnistes". En y regardant de plus près lors des expositions diverses que j'ai pu faire, Berthe Morisot m'est apparue comme étant l'un de mes peintres favoris. La biographie de Dominique Bona est donc parfaite pour mieux connaître cette femme qui a su se faire une place dans un milieu masculin et misogyne.

Non contente d'en apprendre plus sur la personne et l'artiste qu'elle était, l'on peut aussi découvrir (ou redécouvrir pour les plus passionnés) le contexte et l'émergence du mouvement Impressionniste. Petite anecdote amusante au passage, le nom a été donné par un critique plutôt négatif suite à la première exposition relevant exclusivement de l'Impressionnisme où Claude Monet y a exposé son Impression, soleil levant.

Spoiler:

Quand on voit la reconnaissance que ce mouvement a de nos jours, c'est surprenant de voir à quel point il était décrié à l'époque ! Il faut dire que tous ces artistes se démarquaient et n'entraient pas dans le moule.

Cette biographie permet également d'en savoir plus sur les moeurs de l'époque : par exemple, Edouard Manet et Berthe Morisot ne pouvaient rester seuls dans les ateliers, Madame Morisot étant le chaperon idéal avant que sa fille ne se marie.
Berthe Morisot était une femme très secrète et, je pense, incomprise comme elle n'extériorisait pas ses sentiments. La peinture était son exutoire et lui permettait de coucher sur la toile tout ce qu'elle n'osait pas forcément dire à voix haute.

Tout au long de ma lecture, j'ai ressenti beaucoup d'admiration pour cette femme. Par choix, elle ne s'est mariée qu'à 33 ans, sa priorité étant son travail. Sa fille est née bien après. A l'époque, cela posait problème, sa mère souhaitant la marier coûte que coûte. Aujourd'hui, cela ne choquerait pas.

Je n'aurais qu'un petit bémol à souligner : le manque d'une frise chronologique ! Avec tous les contacts que Berthe Morisot avait, cela implique beaucoup de dates et je dois dire que je m'y suis perdue plus d'une fois... Mais cela n'enlève rien au plaisir de la lecture.

Ayant beaucoup aimé sa biographie sur Berthe Morisot j’ai lu ce mois-ci deux autres de ses essais et me voilà définitivement entrée dans le cercle de ses grands admirateurs. Avec un style vivant et sensible elle fait vivre les destins de personnalités plus ou moins connues. Dans Mes vies secrètes paru en janvier elle revient sur son goût des biographies et celles qui ont jalonné son oeuvre : Romain Gary d’abord mais aussi Stefan Zweig, Berthe Morisot, Clara Malraux, Colette, etc. Il est passionnant de la suivre dans ses recherches ou véritables enquêtes, s’attachant à tenter de comprendre la vie et les choix de la personne qui l’occupe, de s’en imprégner, et c’est un bonheur pour tout amateur de bonne biographie.

Mais je suis surtout marquée par son livre consacré aux Claudel, Camille et Paul. La passion Claudel   .

Dans cette biographie croisée elle retrace la vie et la psychologie de ces deux grands artistes ayant grandi dans un environnement rude, très unis et qui ont voué leur vie à leurs passions, sculpture et littérature. Paul Claudel est un dramaturge et écrivain réputé mais ne le connaissant que de nom avant ma lecture j’ai trouvé passionnant de découvrir à la fois l’homme, l’écrivain et le diplomate à la carrière prestigieuse, grand amateur de voyages. Sa soeur Camille représente elle aussi une figure connue de nos jours mais il a fallu attendre les années 1980 pour qu’elle soit réhabilitée, après avoir été recluse pendant 30 ans dans un hôpital psychiatrique. Difficile de ne pas être touché par le destin de cette forte personnalité, énergique et passionnée par son art mais dont l’histoire d’amour avec Rodin a fini par la détruire. Dominique Bona restitue sa vie avec sensibilité et finesse, sans jamais de longueur.
Au cours de ma lecture j’ai revu le beau film de Bruno Nuytten avec une Isabelle Adjani au sommet. Il est très proche du récit de Dominique Bona bien que centré sur la relation entre les "amants maudits" que furent Camille Claudel et Auguste Rodin.

Je suis curieuse de savoir si certain(e)s ont lu ses romans, dont l’un a remporté le prix Renaudot.

Merci d'avoir ouvert ce topic Tatiana

Je n'ai jamais lu quoi que ce soit de Dominique Bona mais j'ai récemment écouté l'émission Remède à la mélancolie où elle était invitée

Pour celles et ceux que cela intéresse, c'est ici et pour celles et ceux qui n'ont pas le temps d'écouter cette émission de 45 minutes ou pas envie, voici les remèdes de Dominique Bona, qui sont disponibles sur le site de France Inter  

France Inter a écrit:

Les remèdes de Dominique Bona

   "Le Guépard" de Luchino Visconti (1963) d'après le roman éponyme de Giuseppe Tomasi di Lampedusa avec l’irrésistible Burt Lancaster
   Il ne faut surtout visionner pas de films comiques : "On ne soigne de la mélancolie par la mélancolie."
   La pensée de Paul Valéry, « Mon père le soleil et ma mère la mer m’ont fait l’un très obscur et l’autre non amer »  
   Le soleil
   La reprise de la chanson de Michel Sardou, "Je viens du Sud", par la chanteuse Chimène Badi (2005)
   "Blowing in the wind" de Bob Dylan (1963)
   Le roman de Colette, "La Naissance du jour" (1928)
   Les prières récitées avec sa grand-mère puis avec ses petits-enfants
   "Le Berceau", un tableau de Berthe Morisot peint en 1872, exposé au Musée d'Orsay
   La marche

Merci pour l'information serendipity, j'écouterai l'émission car j'ai toujours plaisir à entendre Dominique Bona .

merci pour ce topic !
Je n'ai rien lu d'elle, mais je la vois parfois en librairie !

Merci pour l'ouverture de ce topic ! J'ai plusieurs des biographies de Dominique Bona chez moi, notamment celle de Berthe Morisot qu'il faudra que je lise un jour !