Cesare Pavese (1908-1950).

J'ouvre un topic à ce grand auteur italien dont la courte vie n'aura pas été un long fleuve tranquille (cf. la page wikipedia qui résume bien tout cela) : adhésion au parti fasciste, engagement antifasciste, adhésion au PCI. Le tout se termine par un suicide pour vous résumer très vite  

Pour l'instant, je n'ai lu de sa plume que quelques nouvelles et un court roman Le Bel Eté (1949 -qui remporta le prestigieux Prix Strega en 1950) qui m'a plutôt ennuyée. J'ai eu le sentiment de passer à côté    peut-être était-ce dû à la traduction d'origine qui commençait à être un peu datée ?

Citation :

«À cette époque-là, c’était toujours fête. Il suffisait de sortir et de traverser la rue pour devenir comme folles, et tout était si beau, spécialement la nuit, que, lorsqu’on rentrait, mortes de fatigue, on espérait encore que quelque chose allait se passer, qu’un incendie allait éclater, qu’un enfant allait naître dans la maison ou, même, que le jour allait venir soudain et que tout le monde sortirait dans la rue et que l’on pourrait marcher, marcher jusqu’aux champs et jusque de l’autre côté des collines.»

«Le bel été est celui de Ginia, une jeune ouvrière de Turin qui vit son adolescence comme une "fête" – elle se promène avec ses amies, va danser dans les collines, se mire dans les vitrines pour se voir femme. Amelia, plus mûre et plus délurée, l’introduit dans un milieu de peintres où elle pose nue pour Guido. Le bel été n’est pas le récit de l’innocence mais celui de sa perte – celle qui se "sent seule et nue" pensera au suicide : "On se tue parce qu’un amour, n’importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant" (Cesare Pavese, Le métier de vivre, 25 mars 1950). Ginia se perd une dernière fois en suivant Amelia l’initiatrice sombre, la lesbienne syphilitique dont elle embrasse la poitrine malade.»

Dulcie a récemment posté son avis sur un autre livre de Pavese dans le topic "Que lisez-vous en ce moment?"

Dulcie a écrit:

J'entame (...) La lune et les feux de l'Italien Cesare Pavese que je n'ai jamais lu (même si j'ai vu quelques adaptations en films)

Je suis preneuse des références des adaptations si tu les as en mémoire Dulcie  

Dulcie a écrit:

La lune et les feux de Cesare Pavese, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, qui jusqu'au bout ne m'a franchement pas intéressée (récit & personnages). Cependant je dois reconnaître le talent d'évocation de l'auteur pour décrire un petit village dans l'Italie de l'après-guerre avec ses habitants, leurs mœurs, les paysages… J'admire aussi la construction du livre, la façon dont il s'empare de la temporalité avec des retours en arrière et avancées, ça fait réfléchir sur la notion de "destin", c'est même un peu déstabilisant. En tout cas c'est un très court roman donc pour découvrir ça allait. Et je compte poursuivre avec d'autres textes de l'écrivain.

Merci pour ton retour sur ce livre Dulcie. J'espère que tes prochaines rencontres avec les textes de Cesare Pavese seront plus enthousiasmantes

Merci serendipity pour la présentation de cet auteur que je ne connais que de nom.
Est-ce qu'il a été adapté au cinéma par ses compatriotes ?

Ce que vous en dites, Dulcie et toi, ne me donne pas vraiment envie.
Si je résume, il écrit avec une belle langue des histoires pas palpitantes ... donc il doit falloir être italophone pour en profiter pleinement, je suppose.

Merci pour cette présentation, Serendipity ! Effectivement, d'après ce que vous en dites, je vais passer mon chemin pour l'instant

Je vous assure, je n'ouvrais pas ce topic pour vous rebuter Surtout que Pavese est considéré comme un grand écrivain italien

Petit Faucon a écrit:

Est-ce qu'il a été adapté au cinéma par ses compatriotes ?

(...) il doit falloir être italophone pour en profiter pleinement, je suppose.

Je ne connais aucune adaptation de ses oeuvres. Dulcie pourra nous en dire plus quand elle passera par ici.

Je ne sais pas s'il faut être italophone pour apprécier, Petit Faucon. Je me demande si en fin de compte ses oeuvres ne sont pas un peu datées à notre époque ... mais la seule lecture d'un court roman ne permet pas d'en tirer de telles conclusions...

J'ai lu Le Bel Eté il y a un an, donc j'ai du mal à me souvenir de mes réserves sur ce livre. Un mélange entre une période qui ne m'attire pas spécialement et quelques réserves sur la psychologie des personnages féminins et leurs rapports avec les personnages masculins.

J'ai ouvert ce topic car j'espère bien y attirer des membres qui vont venir nous détromper et plaider la cause de Pavese

J'ai lu Le bel été quand j'avais 18/19 ans, je n'ai aucun souvenir de l'histoire, à part une vague réminiscence de campagne italienne. J'avais aimé à l'époque, peut-être parce que Pavese était auréolé du prestige d'un destin tragique. Je suppose qu'à présent j'aurais une tout autre vision

Ou peut-être que cette histoire de jeune femme/fille qui se cherche est-elle plus appréciable quand on est plus jeune ?
C'est bizarre parce que je ne me souviens pas de campagne je me souviens de chambres d'artistes bohèmes et de cafés en ville

En France, cette histoire a été publiée avec deux autres nouvelles (je ne les ai pas lues).

Merci d'avoir ouvert ce topic (et replacé mon avis), serendipity

J'ai fait erreur en parlant d'adaptations au pluriel puisque je n'en ai vu qu'une : Femmes entre elles qui date de 1955 et réalisé par Michelangelo Antonioni. Je garde un bon souvenir du film (mais ce n'était pas gai). En fait c'est même apparemment la seule véritable adaptation au cinéma de l'oeuvre de Pavese. Autrement je ne vois indiqué qu'une série de courts-métrages par les Français Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (je ne connais pas du tout ces gens !)
A cause des titres et parce que ce sont aussi des films italiens des années 1950, je m'étais mis en tête que Eté violent et Dimanche d'août devaient être des adaptations de Pavese Je donne néanmoins ces références parce que j'ai l'impression que ça peut tout de même se rapprocher de son univers donc si certaines sont intéressées, ce sont de plutôt bons films !

Sinon je ne crois pas non plus qu'il faut particulièrement être italophone pour apprécier ; en tout cas je ne le suis pas du tout et même si ma première rencontre avec Pavese est mitigée, j'ai bon espoir pour la suite de son oeuvre. Bon si ça se trouve je me trompe complètement - attendons de voir. (j'ai acheté sur un coup de tête le volumineux Quarto Gallimard qui lui est consacré alors j'ai de quoi faire !)

Dulcie a écrit:

(...)
Sinon je ne crois pas non plus qu'il faut particulièrement être italophone pour apprécier ; en tout cas je ne le suis pas du tout et même si ma première rencontre avec Pavese est mitigée, j'ai bon espoir pour la suite de son oeuvre. Bon si ça se trouve je me trompe complètement - attendons de voir. (j'ai acheté sur un coup de tête le volumineux Quarto Gallimard qui lui est consacré alors j'ai de quoi faire !)

Ah oui, quand même ! on va en savoir plus sur son oeuvre, alors  

Dulcie a écrit:

Femmes entre elles qui date de 1955 et réalisé par Michelangelo Antonioni. Je garde un bon souvenir du film (mais ce n'était pas gai).

(...) j'ai acheté sur un coup de tête le volumineux Quarto Gallimard qui lui est consacré alors j'ai de quoi faire !

Merci, je note la référence cinématographique

Tes coups de tête sont très raisonnables Dulcie Quel courage

Presque un an après ma première approche de Pavese, j'ai lu un second texte de lui, une longue nouvelle intitulée Par chez toi.

On y suit quelques jours de la vie du narrateur, qui vient de sortir de prison et qui y a rencontré un jeune paysan. Il décide de partir de Turin pour l'accompagner dans son village et travailler comme mécanicien pour machine agricole. C'est donc à la découverte d'un "autre monde" que nous convie ce récit, cette campagne italienne et ses habitants vus à travers les yeux d'un citadin.

A la lecture, j'ai ressenti la même impression qu'avec "La lune et les feux" : c'est facile à lire car l'écriture, même si travaillée, est accessible. Mais la difficulté provient surtout du vague ennui qui ne m'a presque pas quitté. C'est dommage mais probablement que l'univers évoqué par Pavese ne m'intéresse pas suffisamment pour me rendre la lecture agréable. Et cependant de nouveau, au fil du texte, j'ai fini par éprouver de la curiosité, voire de l'admiration. Car l'auteur sait créer une atmosphère de mystère, de non-dit ; il décrit cette famille de fermiers de manière assez crue et réaliste, ce qui est à la fois dérangeant et 'instructif', dans le sens où cela m'interroge sur mes préférences en tant que lectrice, le type de personnages et d'ambiances que j'aime ou n'aime pas trouver dans les livres.