Look At My Swoon de mai 2020

Un jour, dans le train vers la Normandie, je lisais Lajja (La honte) de Taslima Nasreen. Mon voisin, un jeune homme noir, me pose la question : C'est intéressant? Je lui raconte de quoi il s'agit (guerre de religions) et la situation de l'écrivain exilée et menacée,... Il m'a demandé : Vous êtes de là bas? J'ai dit en riant, je ressemble? Il m'a dit, non mais il y a des anglais aussi. Je lui dis non, je suis en partie, africaine (je ne voulais pas rentrer dans les détails ) Et là le jeune homme éclate de rire à faire tourner toutes les têtes dans le wagon. Il m'a dit, Madame, vous vous payez ma tête? J'ai répondu, connaissez vous l'Afrique du Nord? Là il me regarde bien et il se rend compte de son erreur

Je suis dans le TGV et je lis. Submergée par une envie pressante, je me dirige vers l'endroit adéquat. J'ai vu que la lumière était rouge mais je pense attendre devant la porte. Je m'assieds sur le strapontin, le contrôleur passe et vérifie mon billet... Le contrôleur repasse et me signale que j'attends depuis 40 minutes (mon livre devait être passionnant ) et il y avait deux personnes derrière moi qui attendaient aussi. Il frappe bruyamment à la porte et demande s'il y a quelqu'un. Sans réponse, il nous dit que la porte doit être coincée et il l'ouvre avec un outil et là, consternation, il y a une jeune femme toute nue qui se met à hurler  En fait, elle se lavait  je l'ai croisée ensuite et ce n'était pas une SDF  Je n'avais jamais vu ce genre de situation et je pense surtout que le TGV est un endroit très inconfortable pour se laver

J'avais pris un billet un première parce que le prix était intéressant. Assise, je lisais quand mon compagnon de voyage s'est installé en face de moi. J'étais en pleine crise Northandsouthmania  je l'ai pris pour Richard Armitage car il était d'une beauté  Brun aux yeux bleus, costume noir sur une chemise très blanche Il a passé le voyage sur son ordinateur. Je n'ai pas osé l'aborder mais faisant mine d'aller aux toilettes, j'ai regardé ce qu'il faisait  c'était des plans, donc j'ai supposé qu'il était architecte. J'ai passé le voyage en extase  Il est descendu à Lyon donc amies Lyonnaises, si vous le croisez ...

Je viens d’atterrir à Paris et je dois rejoindre Lyon pour chercher ma voiture. C'est genre 20h, je monte dans le train pour Lyon, tout va bien quoi. Et puis à peu près 20 min, une demi-heure plus tard, je me rends compte que je suis montée dans le mauvais train! Celui-ci va à Montpellier, et aucun arrêt à Lyon... Je cherche sur mon téléphone, le prochain arrêt du train est à Avignon vers 21h30 ou 22h, et là je me dis qu'il n'y aura jamais d'autre train pour Lyon vu l'heure tardive.. Miracle, il y en a un dernier.. Mais il passe seulement 4 min après que le mien s'arrête.. Et là je commence à paniquer parce que 4 min, avec les multiples retards à la sncf, je risque de le louper et que comme c'est le dernier train, qu'est-ce-que je vais faire si je le loupe... Je me suis retrouvée à courir comme une folle gare d'Avignon pour choper mon train, et finalement c'était le train qui allait à Lyon qui était en retard! (j'avais oublié le retard systématique des trains partant de Marseille pour aller à Lyon ) bref du coup je suis arrivée à ma voiture vers minuit avec ces conneries, et j'ai bien flippé... Se tromper de train non mais franchement  

assise en face d'une nana d'à peu près mon âge, dans un carré avec une table entre nous ; je regarde son reflet dans la vitre (il fait nuit) parce que je m'ennuie. A un moment donné je me tourne vers elle machinalement, en fait elle me fixait. Panique à bord je me remets à regarder la vitre (d'où je la vois continuer de me regarder). Là je sens un pied qui m'effleure la cheville, qui monte le long de ma jambe et qui redescend, et qui remonte et ainsi de suite, et ça pendant bien 2 ou 3 min... Et je me suis dit mais elle me prend pour le pied de la table, ou elle me fait du pied? Ben j'ai jamais su

J'ai 19 ans, je suis en Ardèche chez des amis suite à l'exode des Pieds- noirsen 1962... J'ai passé la cession bac spéciale rapatriés à Grenoble et je dois repartir à l'Ecole-Normale d'oran, et pour ça je dois prendre le trai à 2 h du matin à Valence !!!
Je précise que je voyage seule et qu'en 1962 avoir 19 ans n'a pas la même signification qu'aujourd'hui !
Bref, je suis à la gare de valence, j il est 2 h du matin, je cherche le train pour Marseille, je le trouve je m'installe... et je m'endors...
Des heures plus tard je me réveille et me rend compte que mon train s'arrête dans toutes les gares et qu'il y a très peu de chance que sois à l'heure à Marignane pour mon avion... je m'étais trompée et avais pris un omnibus au lieu du rapide... Panique totale...Franchement, j'ai cru que mon cœur allait s'arrêter de battre !! Alors, pour la suite du voyage, j'ai vraiment expérimenté la gentillesse de l'humain... parfois !
Une dame me prend en pitié, et arrivés à Marseille, elle me trouve un taxi (une mercédes verte, je ne l'oublierai jamais,) qui fonce ventre à terre (c'était le temps heureux où il n'y avait ni radar, ni limitations, ni toutes ces choses modernes et gênantes ) vers Marignane. On arrive, j'entre dans l'aéroport où mon nom est clamé sur tous les hauts-parleurs ! Une hôtesse me prends par le bras, me traîne au galop à l'embarquement, une autre me pousse dans l'allée de la caravelle, et je n'étais encore assise que l'avion décollait !!!

Je me suis crue tirée d'affaire, mes parents prévenus par télégramme devaient m'attendre à la Sénia (aéroport d'Oran). Vol sans histoire... On arrive à la Sénia... personne... Il faut dire que je n'avais plus un sou, depuis la course en taxi... J'essaie de téléphoner, mais pas de téléphone ! Rappelez-vous, nous étions en octobre 1962, l'Algérie était un vaste bazar où plus rien ne marchait, ni télégrammes ni téléphone...
Que faire ? Une de mes tantes habitaient à Oran, il fallait y aller, il y avait un bus, mais pas de sou ! Une autre dame me prende à nouveau en pitié et me paye le bus. J'ajoute que je portais un manteau et des bottes (-2 à Valence, mais 25°à Oran) ce qui rendait la vie encore plus difficile ! Une fois arrivées à la gare routière la dame m'emmène avec elle en taxi (parce qu'il y avait foules de taxis plus ou moins officiels et plus ou moins sûrs) jusqu'à l'adresse de ma tante. Arrivée là, elle s'en va. Je minte les étages (toujours crevant de chaleur et traînant ma valise) je sonne, je sonne, en vain... Une voisine sort et me dit que ma tante est partie ... chez mes parents, à 42 km d'ici !!!
Je suis redescendue, et là, j'ai craqué, je me suis assise au bord du trottoir et je me suis mise à pleurer !!

A ce moment, le patron de la station servce à côté m'a demandé ce qu'il y avait. Je lui ai expliqué, et il m'a dit : "Pleure pas comme ça ! je t'emmène,moi ! " (sic) Je me suis dit qu'il avait unebonne tête et que de toutes façons je n'avais pas le choix ! Il avait une Dauphine, bleu ciel, et il conduisait comme un vrai cinglé, sur une route où on croisait plein de gensqui avaient récupéré des voitures abandonnées, qui n'avaient jamais conduit et qui transportaient deux fois plus de gens que les voitures n'en pouvaient contenir ! Eh bien nous avons fait les 42 km sans accident, ce que je considère comme un miracle vu le kharma pourri de ce voyage, et le monsieur n'a pas voulu monter chez mes parents, il était pressé (?!) de retrouver sa station service...

je ne vous raconte pas la tête de mes parents qui n'avaient bien sûr jamais reçu de télégramme !! Le lendemain, mes parents et moi somme retournés voir le monsieur à la Dauphine, mon père voulait à tous prix le remercier, mais il était étonné qu'ils aient fait la route, pour lui ça ne valait pas un remerciement particulier !

A la suite de ce voyage, j'ai gardé pendant des années une violente anxjété concernant les voyages et les horaires de train, et depuis je suis toujours longtemps à l'avance partout où je dois prendre un quelconque moyen de transport, et je vérifie 3 fois que c'est le bon train ! Enfin, maintenant, un peu moins, mais j'ai toujours une inquiétude qui je crois ne disparaîtra qu'avec moi !

Pour moi, en Algérie, ce n'était pas des erreurs de ma part, mais j'ai vécu souvent des pannes et autres déraillements de trains. Ils tombaient souvent en panne dans des endroits déserts et à des heures impossibles! Je voyageais d'Alger vers le Constantinois pour mes papiers, car à l'époque, tout était centralisé et il fallait aller sur place pour avoir un extrait de naissance etc,... Les angoisses que j'ai vécues étaient énormes! Heureusement, je trouvais souvent des gens qui m'aidaient.

Une fois, en plein été, alors que j'étais en tee-shirt et qu'il faisait vraiment très chaud dehors, la clim du train était à fond, et tous les voyageurs étaient frigorifiés ! Le contrôleur, interrogé, nous a dit qu'il ne pouvait rien faire. J'ai fini par sortir ma valise, je n'avais rien de chaud dedans, j'ai récupéré 3 tee-shirts et je les ai enfilés les uns sur les autres, le dernier simplement en écharpe. Et j'ai enfilé un 2ème jean par dessus le premier Et malgré ça, j'ai passé le reste du voyage roulée en boule sur mon siège tellement j'avais froid 

Il y a 25 ans, je prenais le train et c'était l'époque des compartiments de 6 places. Je me retrouve en 2ème classe seule dans un compartiment avec une autre jeune fille de mon âge, inconnue. Elle était très sympa, on a commencé à discuter. Arrive dans notre compartiment un homme d'une trentaine d'années, très sale et malodorant. Il s'assoie et commence à parler tout seul tout haut Puis il sort un couteau à cran d'arrêt de sa poche  La jeune fille et moi nous regardions d'un air inquiet et ne disions plus rien, on échangeait seulement des regards en dessous. J'étais prête à prendre mes affaires et m'en aller mais l'homme était en travers du passage.

J'ai interpellé le contrôleur, qui passait dans le couloir, en disant tout haut que j'avais un renseignement à lui demander. Je suis alors sortie dans le couloir, je lui ai expliqué discrètement la situation, il nous a demandé de sortir toutes les deux du compartiment et a discuté un moment seul avec l'individu. Puis le contrôleur est ressorti, nous a dit de prendre nos bagages et nous a installées en 1ère classe, en nous disant que nous serions plus en sécurité    C'était la première fois que je voyageais en  1ère classe     Une grosse frayeur mais cela a bien fini    

une fois, quand j'avais 12 ou 13 ans, j'ai pris le train vers 6h du mat' et j'étais totalement seule dans tout le wagon. A un arrêt un vieux (enfin la cinquantaine mais à 12, 13 ans...) rentre et s'assoit juste à côté de moi alors qu'on a tout le wagon.. Je commence à stresser mais reste calme. Et là il commence à me demander où je vais, où je vis, des détails intimes comme ça, et puis se met à me parler d'étalons... Je commence à vraiment stresser et aucun contrôleur ne passe dans notre wagon... Heureusement il a fini par descendre!