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| Gunnar Gunnarsson | |
| | Auteur | Message |
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Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Gunnar Gunnarsson Sam 27 Juin 2020 - 0:33 | |
| J’avais envie de répondre à Rosalind sur Gunnar Gunnarsson, en évitant le hors-sujet sur le topic Que lisez-vous en ce moment, tout en souhaitant garder dans un topic plus spécifique mon retour positif sur Le berger de l’Avent et nos échanges consécutifs. Je ne sais pas si un membre du forum ou moi lirons d’autres œuvres de Gunnar Gunnarsson (qui a une œuvre prolifique mais peu traduite en français apparemment…), donc ouvrir un topic dédié à cet auteur me semblait prématuré… Donc si les modératrices sont en accord avec ma proposition, je propose d’ouvrir ce topic sur la littérature islandaise, excluant les auteurs plus connus ayant leur topic propre tels que : - Arnaldur Indriðason - Audur Ava Ólafsdóttir - Jón Kalman Stefánsson - Ragnar Jónasson - Andri Snær Magnason - Arni Thorarinsson Si elles pensent que Gunnar Gunnarsson peut avoir son topic, elles peuvent le renommer. Gunnar Gunnarsson est un auteur islandais, né en 1889 et mort en 1975. Il a essentiellement publié en danois, mais a aussi publié en islandais (je développerai plus bas). C'est un auteur très reconnu en Scandinavie et pour citer l'article Wikipédia qui lui est consacré: - Citation :
- On peut citer Bienheureux sont les simples, publié en 1919 et considéré comme une œuvre phare de la littérature scandinave ou encore L'Église de la Montagne, œuvre en partie autobiographique, dont les cinq volumes sont publiés entre 1923 et 1928. Il devient un écrivain très célèbre, particulièrement au Danemark et en Allemagne et ses œuvres sont traduites dans de nombreuses autres langues.
En 1939, il décide de revenir s'installer en Islande. À partir de ce moment, sa production littéraire devient moins importante.
Gunnar Gunnarsson a fait partie de la liste des écrivains proposés pour le prix Nobel en 1918, 1921 et 1955, mais ne l'a jamais obtenu. J’y copie ci-dessous nos premiers échanges entre Rosalind et moi et y ajoute ma réponse. - Vavyala a écrit:
- De mon côté, j'ai lu Le berger de l'Avent, de Gunnar Gunnarsson, que j'ai beaucoup aimé!
Cela raconte l'épopée de Benedikt, un berger qui chaque année, le premier dimanche de l'Avent, part dans les montagnes islandaises accompagné de son chien et son bélier pour récupérer les moutons égarés avant l'hiver. Cette année, les contretemps et la météo difficile vont être de la partie pour rendre sa tâche dangereuse... Le texte se lit agréablement, je sais déjà que ce sera une lecture annuelle du mois de décembre. Certains spécialistes pensent que ce récit aurait inspiré Hemingway pour Le vieil homme et la mer. - Rosalind a écrit:
- Je sens que je vais le mettre sur ma liste au père Noël
Ma médiathèque ne possède pas celui-ci, mais un autre Frères jurés. - Vavyala a écrit:
- Bonne idée, je pense qu'on goûte plus cette lecture à cette période de l'année!
J'ai une édition poche de chez Zulma. Il y a une postface de Jon Kalman Stefansson très intéressante. Il aborde comment le prix Nobel de Laxness a impacté la littérature islandaise, faisant de l'ombre à d'autres auteurs (aussi méritants à ses yeux, comme Gunnarsson) et infléchissant l'écriture d'autres. Outre une analyse courte du Berger de l'Avent, il cite les meilleurs romans de Gunnar Gunnarsson à ses yeux (Le berger de l'Avent, L'oiseau noir et L'église sur la montagne). - Rosalind a écrit:
- Vavyala tu me donnes de plus en plus envie de lire Le Berger de l'Avent, et la postface de Jon Kalman
Je pensais que Gunnar Gunnarsson devait être un auteur récent, et j'ai été surprise de voir qu'il est né en 1889 et mort en 1975, et qu'il a écrit en danois, pour une plus large audience. Dans sa postface, Jón Kalman Stefánsson explique que Gunnar Gunnarsson est fils de paysan, dans une Islande pauvre, encore sous domination danoise. Il part au Danemark pour ses études et choisit d'écrire en danois pour devenir écrivain et surtout vivre de ses écrits (ce dont il n'aurait pas été sûr en écrivant en islandais). La majorité de ses écrits sont donc en danois. Les Islandais ont trois choix pour le lire: directement en danois, en traduction en islandais (notamment traduit par le prix Nobel islandais Halldór Laxness) mais aussi en traduction par Gunnar Gunarsson lui-même, faite à la fin de sa vie! Jón Kalman Stefánsson explique que le choix de la version n'est pas évidente: d'un côté Gunnar Gunnarsson utilise un très bon danois (mais il faut pouvoir le lire), et si on choisit de le lire dans son "auto-traduction", on a le regard d'un homme âgé sur ses productions de jeunesse (donc un possible biais?)... A noter que la version du Berger de l'Avent que j'ai est traduite de l'islandais. Ce serait donc une de ses rares productions en langue islandaise...
Dernière édition par Vavyala le Mar 26 Jan 2021 - 19:48, édité 1 fois |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Ven 2 Oct 2020 - 15:35 | |
| Merci pour l’ouverture de ce topic Vavyala Je garde mon idée de lire Le berger de l’Avent d’ici la fin de l’année, et peut-être le mettre sur ma liste au Père Noël Je pense que c’est l’endroit approprié pour parler du roman islandais que je suis en train de lire, puisque l’auteur n’a pas encore de chambre à l’auberge. Je reviendrai donc quand j’aurai fini la lecture de Karitas, l’esquisse d’un rêve de Kristin Marja Baldursdóttir. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Ven 2 Oct 2020 - 16:56 | |
| Très bonne idée ce topic ! merci Vavyala pour la présentation de cet écrivain |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Ven 2 Oct 2020 - 21:46 | |
| - Rosalind a écrit:
- Je garde mon idée de lire Le berger de l’Avent d’ici la fin de l’année, et peut-être le mettre sur ma liste au Père Noël
J'espère que le père Noël te gâtera! Tu me rappelles que ça peut être une bonne relecture de décembre! - Rosalind a écrit:
- Je pense que c’est l’endroit approprié pour parler du roman islandais que je suis en train de lire, puisque l’auteur n’a pas encore de chambre à l’auberge.
Je reviendrai donc quand j’aurai fini la lecture de Karitas, l’esquisse d’un rêve de Kristin Marja Baldursdóttir. Hâte de lire ton retour! Le titre m'intrigue... Et de rien Petit Faucon! |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 26 Jan 2021 - 19:02 | |
| - Rosalind a écrit:
- Merci pour l’ouverture de ce topic Vavyala
Je garde mon idée de lire Le berger de l’Avent d’ici la fin de l’année, et peut-être le mettre sur ma liste au Père Noël
Gâtée par le Père Noël (plus exactement une Mère Noël ) qui m'a offert Le Berger de l'Avent je viens pour poster mon avis et je vois mon précédent message - Rosalind a écrit:
Je pense que c’est l’endroit approprié pour parler du roman islandais que je suis en train de lire, puisque l’auteur n’a pas encore de chambre à l’auberge.
Je reviendrai donc quand j’aurai fini la lecture de Karitas, l’esquisse d’un rêve de Kristin Marja Baldursdóttir. de venir poster ici, et j'ai ouvert une chambre à Kristín Marja Baldursdóttir Comme nous n'avons parlé ici que de Gunnar Gunnarsson, je pense que tu peux renommer le topic Vavyala Il mérite sa chambre individuelle Je viens donc de lire Le Berger de l'Avent Il s'agit d'un très court roman de soixante-dix pages, mais d'une rare intensité. Jón Kalman Stefánsson le présente comme "un joyau", et je partage son enthousiasme. L'histoire est toute simple, et relate le voyage entrepris (comme chaque année depuis vingt-sept ans) par Benedikt le berger, pour rechercher des moutons égarés dans la neige. Il n'est pas seul dans cette quête bénévole et périlleuse, il est accompagné de ses fidèles compagnons, Roc le bélier et Leó le chien. Ensemble, grâce à leur connaissance du terrain, leurs qualités respectives, leur complicité et leur respect mutuel, ils vont surmonter les dangers d'un hiver particulièrement rude. Récit d'aventure, belle histoire de Noël, allégorie biblique, conte philosphique ? un peu de tout, un récit universel, empreint de délicatesse et poésie, d'où l'on émerge émerveillé et confiant dans l'humanité. Bref un message de paix et d'amour dont nous avons bien besoin en ce moment. Quelques extraits - Citation :
- Depuis des années, tous les trois étaient inséparables. Et cette connaissance profonde qui ne s’établit qu’entre espèces éloignées, ils l’avaient acquise les uns des autres. Jamais ils ne se portaient ombrage. Aucune envie, aucun désir ne venait s’immiscer entre eux.
- Citation :
- Une chandelle brûlait pour eux, à l'intérieur de la ferme. Une flamme qui n'éclaire que pour elle, c'est comme un être humain abandonné au doute. Sitôt que quelqu'un approche, elle se transforme. Quand les trois hommes entrèrent, la flamme eut soudain une fonction, une mission à remplir.
- Citation :
- Celui qui n'a jamais bu de café dans un trou, sous la terre, au milieu de montagnes désolées, quand le blizzard hurle et qu'au-dehors il fait trente degrés en dessous de zéro, celui-là ne connaît pas le goût du café ...
La postface de Jón Kalman Stefánsson est passionnante, et apporte un éclairage intéressant sur l'auteur et son oeuvre dont - Citation :
- la pérennité dépend de la fertilité de l'esprit du lecteur.
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| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 26 Jan 2021 - 19:57 | |
| - Rosalind a écrit:
- Comme nous n'avons parlé ici que de Gunnar Gunnarsson, je pense que tu peux renommer le topic Vavyala
Il mérite sa chambre individuelle
C'est fait! - Rosalind a écrit:
- Il s'agit d'un très court roman de soixante-dix pages, mais d'une rare intensité. Jón Kalman Stefánsson le présente comme "un joyau", et je partage son enthousiasme.
Je partage tout à fait ton qualificatif (en gras)! Le roman a beau être court, il est très riche! - Rosalind a écrit:
- Récit d'aventure, belle histoire de Noël, allégorie biblique, conte philosphique ? un peu de tout, un récit universel, empreint de délicatesse et poésie, d'où l'on émerge émerveillé et confiant dans l'humanité. Bref un message de paix et d'amour dont nous avons bien besoin en ce moment.
En effet, ce qui me touche, c'est que Benedikt soit un homme simple, mais qui fait ce qui doit être fait. Il ne trouverait pas normal qu'on laisse des animaux mourir de froid en montagne et fait son action chrétienne en allant les rechercher pendant l'Avent. Il a beau être "un simple berger", il a des réflexions très profondes sur la place de l'homme, de chacun, dans le cycle de la vie. Tu as ainsi tout à fait raison, c'est plus qu'une histoire singulière d'un Islandais allant chercher des animaux égarés, il y a une universalité du message qui touche! - Rosalind a écrit:
- Quelques extraits
- Citation :
- Depuis des années, tous les trois étaient inséparables. Et cette connaissance profonde qui ne s’établit qu’entre espèces éloignées, ils l’avaient acquise les uns des autres. Jamais ils ne se portaient ombrage. Aucune envie, aucun désir ne venait s’immiscer entre eux.
- Citation :
- Une chandelle brûlait pour eux, à l'intérieur de la ferme. Une flamme qui n'éclaire que pour elle, c'est comme un être humain abandonné au doute. Sitôt que quelqu'un approche, elle se transforme. Quand les trois hommes entrèrent, la flamme eut soudain une fonction, une mission à remplir.
- Citation :
- Celui qui n'a jamais bu de café dans un trou, sous la terre, au milieu de montagnes désolées, quand le blizzard hurle et qu'au-dehors il fait trente degrés en dessous de zéro, celui-là ne connaît pas le goût du café ...
Merci d'avoir pris le temps de partager ces citations! - Rosalind a écrit:
- La postface de Jón Kalman Stefánsson est passionnante, et apporte un éclairage intéressant sur l'auteur et son oeuvre dont
- Citation :
- la pérennité dépend de la fertilité de l'esprit du lecteur.
C'est une bonne idée de l'éditeur d'avoir proposé à Stefánsson d'en écrire une, elle apporte un éclairage très intéressant sur l’œuvre de Gunnarsson (et ce roman en particulier). |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 26 Jan 2021 - 22:59 | |
| La traduction est de Gérard Lemarquis et María S. Gunnarsdóttir. Je me suis demandée si elle pouvait être de la famille de l'auteur mais pas réussi à trouver des informations |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mer 27 Jan 2021 - 18:11 | |
| Merci pour cette présentation, Roz ! Le roman fait envie |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Jeu 28 Jan 2021 - 13:44 | |
| Merci à Vavyala et Rosalind pour cette présentation très attrayante Et, ce qui ne gâte rien, la couverture est très jolie |
| | | Uly Ready for a strike!
Nombre de messages : 968 Date d'inscription : 19/04/2016
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Lun 1 Mar 2021 - 14:18 | |
| Séduite par vos présentations je suis partie en quête, non de brebis égarées dans le blizzard, mais de cet ouvrage que j'ai fini par dénicher dans une traduction anglaise. J'ai été surprise par la tonalité très religieuse ( mystique ?) de ce roman. Personnellement j'y ai lu une fable édifiante, cet adjectif étant pris au sens 1er du terme : - Citation :
- Qui édifie par sa valeur, ses qualités, etc., qui exerce par son exemple une influence morale salutaire, exemplaire
Benedikt incarne en effet un certain nombre de valeurs morales : devoir, altruisme, abnégation. Ces valeurs il ne veut en aucun cas y renoncer même au péril de sa vie et il illustre parfaitement l'adage La foi soulève les montagnes, d'autant plus que la montagne est finalement l'un des personnages de ce texte En dehors de cet aspect "parabole" auquel on peut être sensible ou pas c'est la relation homme/animal qui m'a intéressée. Elle est très "moderne" : l'animal est un être sensible qui ne peut être abandonné fusse t-il une "simple" brebis. Et l'animal qui est un compagnon de travail doit être considéré comme un égal. Benedikt veille d'ailleurs à satisfaire les besoins de ses animaux avant les siens propres. Ce lien qui fait la force de la quête est parfaitement décrit dans ce passage : - Citation :
There is something holy and inviolable in the relationship between man and beast. Some fine day he would have to stand there and make up his mind: a bullet for one, a knife for the other. That was the price to pay. That the responsibility to be shouldered. A man had to become master not only over their lives, but also over their deaths. To the best of his knowledge and conscience. That was the way life went. It hurt. Only one who had been through it could understand how it hurt. After all, to a certain extent, all animals were sacrificial beasts—but was not all of life a sacrifice ? When it was lived in the right manner ? Was not this the key to the riddle, that the power of growth is a power within, actually a self-abnegation, and that all life that in its innermost being is not sacrifice is arrogance, the wages whereof is death ?
La responsabilité de l'animal jusque dans sa mort. Toute personne qui a été confrontée à la décision de l'euthanasie pour son animal se retrouve dans ces lignes. Par contre je m'interroge sur la précision ...a knife for the other. Cela a une connotation "sacrificielle". Comme tendraient à le faire penser les phrases suivantes ? Je serais curieuse de connaître la version française de ce passage. Pour terminer, j'ai trouvé que les descriptions étaient très "cinématographiques" et ce texte pourrait d'ailleurs donner matière à un joli film de Noël. Je ne pense pas le relire mais je suis contente de l'avoir découvert grâce à vous. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Lun 1 Mar 2021 - 14:52 | |
| Merci Uly pour ton retour très détaillé |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 2 Mar 2021 - 0:25 | |
| Merci Uly pour ton commentaire - Uly a écrit:
- Personnellement j'y ai lu une fable édifiante
Benedikt incarne en effet un certain nombre de valeurs morales : devoir, altruisme, abnégation. D'accord avec toi, on peut le voir comme un symbole, représentant toutes les valeurs positives de l'homme. - Uly a écrit:
- la montagne est finalement l'un des personnages de ce texte
Bien vu - Uly a écrit:
- c'est la relation homme/animal qui m'a intéressée.
La responsabilité de l'animal jusque dans sa mort. Toute personne qui a été confrontée à la décision de l'euthanasie pour son animal se retrouve dans ces lignes. Par contre je m'interroge sur la précision ...a knife for the other. Cela a une connotation "sacrificielle". Comme tendraient à le faire penser les phrases suivantes ? Je serais curieuse de connaître la version française de ce passage.
La version française est plus succincte. - Citation :
- Un jour, pourtant, il aurait à prendre cette décision : une balle dans le crâne pour l'un, et un coup de couteau pour l'autre. Malgré le caractère sacré, inviolable, de la relation entre un homme et un animal, il y a le prix à payer : la responsabilité. On est maître de leur vie mais aussi de leur mort. En toute conscience. C'est ainsi. La vie fait mal, parfois. Ceux qui ont dû prendre cette décision le savent. En un sens, les animaux sont destinés au sacrifice. Mais quand on suit le droit chemin, est-ce que toute vie n'est pas sacrifice ?
N'y pensons plus. De toute façon, ce n'est pas facile à comprendre. Je n'ai pas du tout pensé à une victime sacrificielle. Mais il est sûr que ce passage est dérangeant. - Uly a écrit:
ce texte pourrait d'ailleurs donner matière à un joli film de Noël Dieu nous en préserve |
| | | Uly Ready for a strike!
Nombre de messages : 968 Date d'inscription : 19/04/2016
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 2 Mar 2021 - 9:05 | |
| - Rosalind a écrit:
- Uly a écrit:
ce texte pourrait d'ailleurs donner matière à un joli film de Noël Dieu nous en préserve Je parlais du roman Rosalind, pas de ce passage Merci pour la traduction française qui me paraît en effet bien succincte. Cela dit, difficile de juger, ne connaissant pas le texte original mais la phrase - Citation :
- N'y pensons plus. De toute façon, ce n'est pas facile à comprendre
me surprend Ce n'est pas dans la tonalité de l'ensemble. Là où l'anglais traduit : - Citation :
- Was not this the key to the riddle, that the power of growth is a power within, actually a self-abnegation, and that all life that in its innermost being is not sacrifice is arrogance, the wages whereof is death ?
On a l'impression qu'effectivement le traducteur français n'a pas compris le passage et qu'il le reconnaît Ou alors le traducteur anglais a fait de l'analyse de texte... Comme quoi, selon les traductions, le texte original peut être altéré. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 2 Mar 2021 - 11:26 | |
| Super Uly que nos retours t'aient donné envie de cette lecture! Merci beaucoup pour ton retour sur ta lecture et la traduction en anglais. - Uly a écrit:
- J'ai été surprise par la tonalité très religieuse ( mystique ?) de ce roman. Personnellement j'y ai lu une fable édifiante, cet adjectif étant pris au sens 1er du terme :
- Citation :
- Qui édifie par sa valeur, ses qualités, etc., qui exerce par son exemple une influence morale salutaire, exemplaire
Benedikt incarne en effet un certain nombre de valeurs morales : devoir, altruisme, abnégation. Oui, c'est un des éléments de ce récit qui me plaît, c'est un homme simple qui a trouvé sa voie en faisant ce qu'il faut pour la communauté (humaine et animale). En dehors des tonalités chrétiennes du texte, c'est un exemple de sagesse qui transcende toutes les religions et philosophies! - Uly a écrit:
- En dehors de cet aspect "parabole" auquel on peut être sensible ou pas c'est la relation homme/animal qui m'a intéressée.
Elle est très "moderne" : l'animal est un être sensible qui ne peut être abandonné fusse t-il une "simple" brebis. Et l'animal qui est un compagnon de travail doit être considéré comme un égal. Benedikt veille d'ailleurs à satisfaire les besoins de ses animaux avant les siens propres. Très intéressant le double aspect que tu as noté, la responsabilité envers les animaux égarés (moutons comme chevaux), mais aussi le statut égalitaire des trois membres de l'équipe, l'homme, le chien et le bélier! - Uly a écrit:
- Pour terminer, j'ai trouvé que les descriptions étaient très "cinématographiques" et ce texte pourrait d'ailleurs donner matière à un joli film de Noël.
Ce ne serait pas facile à scénariser, mais en effet, si réussite, cela ferait un beau conte de Noël. Pour ma part, je l'ai classé dans mes lectures de décembre, que j'aurai plaisir à relire (il est court en plus). Merci Rosalind pour être allée chercher la traduction française. - Uly a écrit:
- On a l'impression qu'effectivement le traducteur français n'a pas compris le passage et qu'il le reconnaît
Ou alors le traducteur anglais a fait de l'analyse de texte...
Comme quoi, selon les traductions, le texte original peut être altéré. Comme dit plus haut par Rosalind, la traduction française a été faite à quatre mains, par un Français et une Islandaise visiblement (Gérard Lemarquis et María S. Gunnarsdóttir). J'aurais tendance à leur faire confiance... Mais en effet, se pose toujours la question de la traduction, entre les travaux d'interprétation et ceux de réécriture... Malheureusement, à part si on lit l'islandais, on aura difficilement accès à la VO pour ce texte. |
| | | Uly Ready for a strike!
Nombre de messages : 968 Date d'inscription : 19/04/2016
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 2 Mar 2021 - 12:40 | |
| - Vavyala a écrit:
Comme dit plus haut par Rosalind, la traduction française a été faite à quatre mains, par un Français et une Islandaise visiblement (Gérard Lemarquis et María S. Gunnarsdóttir). J'aurais tendance à leur faire confiance... Mais en effet, se pose toujours la question de la traduction, entre les travaux d'interprétation et ceux de réécriture... Malheureusement, à part si on lit l'islandais, on aura difficilement accès à la VO pour ce texte. Recherche personne parlant l'islandais pour venir échanger avec nous ! Oui on peut penser que si une traductrice islandaise a participé à la traduction on est au plus prêt du texte d'origine... Cela dit un autre exemple : Roc le bélier s'appelle en Anglais Gnarly - Citation :
- ...because he was so tough
Or quand on cherche la traduction de gnarly on est renvoyé à une notion de "caractère extrême, de danger" et pour les végétaux à leur coté "noueux". Difficile à traduire donc mais dans le texte il est souvent fait référence au caractère difficile et "bougon" du bélier, du style "il ne faut pas le chercher..." Du coup Roc me paraît un peu "simple" comme nom d'autant plus avec la fin du texte qui nous apprend - Spoiler:
qu'il finit l'aventure les pattes en sang d'avoir fait des allers-retours incessants dans la glace pour encadrer les brebis. Il a poussé ses limites à l'extrême de ses forces.
Sur le site des éditions Zulma j'ai lu les 1ères pages du roman et effectivement le ressenti n'est pas le même en français qu'en anglais. Plus "fluide" en français, plus "scandé" en anglais, ce qui lui donne une tonalité beaucoup plus "texte religieux". Peut-être un parti pris du traducteur ? Je préfère cette couverture Edit (après recherches): - Vavyala a écrit:
- A noter que la version du Berger de l'Avent que j'ai est traduite de l'islandais. Ce serait donc une de ses rares productions en langue islandaise...
D'après ce que j'ai lu sur Goodreads le texte original serait en danois, la version islandaise serait donc une traduction aussi. L'intervenante, qui apparemment lit l'islandais, disait n'avoir pas aimé la traduction anglaise car comportant des ajouts par rapport au texte islandais, notamment des connotations religieuses, mais ne pouvait dire laquelle des deux traductions, anglaise ou islandaise était la plus fidèle à l'original danois. Vous me suivez toujours ? La version que j'ai lue semble être, si je me fie à la couverture, la traduction anglaise de la 1ère édition de 1940 (donc en danois mais ce n'est pas mentionné ) Donc maintenant nous recherchons des lecteurs lisant le danois !
Dernière édition par Uly le Mer 3 Mar 2021 - 9:56, édité 2 fois |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
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| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mar 2 Mar 2021 - 17:28 | |
| Merci Uly pour tes recherches! Ça a l'air complexe ces histoires de traductions, depuis l'original qui serait en danois ou depuis la version islandaise... C'est peut-être Gunnarsson qui s'est auto-traduit en islandais? J'avoue que la traduction française (fiable ou pas) me plait bien, il y a une fluidité comme tu dis et l'arrière-plan chrétien reste discret. - Uly a écrit:
- Donc maintenant nous recherchons des lecteurs lisant le danois !
C'est pas gagné! |
| | | Uly Ready for a strike!
Nombre de messages : 968 Date d'inscription : 19/04/2016
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mer 3 Mar 2021 - 18:22 | |
| Un site islandais en langue anglaise (ouf ) très détaillé et consacré à Gunnar Gunnarsson Il confirme que l'oeuvre a bien été écrite en danois mais d'abord sous forme de nouvelle basée sur une histoire vraie., https://www.skriduklaustur.is/en/writer/his-works - Citation :
Gunnar laid the foundation for his most popular story, Aðventa (The Good Shepherd) with a short story, Den gode Hyrde, published in 1931 in the periodical Julesne. The story was based on an account by Benedikt Sigurjónsson, known as Fjalla-Bensi (Mountain Bensi), of his adventures rounding up sheep from the uninhabited upland grazing areas east of Lake Mývatn in north Iceland.
The full story of The Good Shepherd was first published in Leipzig in 1936, in the Reclam Universal-Bibliothek series, entitled Advent im Hochgebirge, in the category Meisternovellen. The story was published in Danish in the autumn of 1937, and has now been published in at least 12 languages around the world, and invariably sold well. The largest print-run was in the USA, where it was a Book of the Month Club gift book in 1941, and sold in several hundred thousand copies.
It has continued to be reissued every few years by Reclam in Germany; since the end of World War II, over 400,000 copies have sold there. Thus it is probable that over a million copies of the book have been sold since it was originally published nearly 70 years ago.
Walt Disney is said to have shown an interest in making a cartoon production of The Good Shepherd, and spoke to the author on the telephone. When Gunnar asked what he would be paid, Disney is supposed to have remarked that he was more accustomed to himself being paid for his services. At this Gunnar hung up. His experience of the film industry had soured him previously, after seeing the free adaptation of his Guest the One-Eyed as produced by Nordisk Film Kompani in 1919.
A noter que la 1ere parution sous forme de roman est en fait une traduction allemande qui, d'après ce que j'ai lu par ailleurs, a été bien accueillie par la propagande nazie y voyant une allégorie, les brebis à retrouver symbolisant les territoires à conquerir. Si vous explorez le site vous trouverez les dates de publication dans les autres langues. 1940 pour les USA ( la version que j'ai lue) et là encore reprise politique, les lecteurs y voyant un symbole de résistance. Je ne sais si ces informations sont véridiques ? A noter que la France ne s'est intéressée au roman qu'en 1993 ( c'est la couverture mise dans mon précédent message) puis en 2019. Un petit texte mais pas anodin donc... |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Gunnar Gunnarsson Mer 3 Mar 2021 - 18:58 | |
| - Uly a écrit:
Cela dit un autre exemple : Roc le bélier s'appelle en Anglais Gnarly
- Citation :
- ...because he was so tough
Or quand on cherche la traduction de gnarly on est renvoyé à une notion de "caractère extrême, de danger" et pour les végétaux à leur coté "noueux". Difficile à traduire donc mais dans le texte il est souvent fait référence au caractère difficile et "bougon" du bélier, du style "il ne faut pas le chercher..."
Du coup Roc me paraît un peu "simple" comme nom d'autant plus avec la fin du texte qui nous apprend - Spoiler:
qu'il finit l'aventure les pattes en sang d'avoir fait des allers-retours incessants dans la glace pour encadrer les brebis. Il a poussé ses limites à l'extrême de ses forces.
Merci pour les précisions, c'est toujours passionnant de connaître les noms ou titres originaux. Malgré tout Roc me plait bien comme nom, et je me demande bien quel autre nom aurait pu lui convenir - Uly a écrit:
- A noter que la 1ere parution est en fait une traduction allemande qui, d'après ce que j'ai lu par ailleurs, a été bien accueillie par la propagande nazie y voyant une allégorie, les brebis à retrouver symbolisant les territoires à conquerir.
Si vous explorez le site vous trouverez les dates de publication dans les autres langues. 1940 pour les USA ( la version que j'ai lue) et là encore reprise politique, les lecteurs y voyant un symbole de resistance. C'est un texte qui se prête à de nombreuses interprétations, pas étonnant que beaucoup se le soient approprié. |
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