Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda Ngozi Adichie est une autrice nigériane née en 1977 écrivant en anglais. Après avoir passé son enfance au Nigéria, elle a fait ses études aux États-Unis.

Son premier roman, L’hibiscus pourpre, est publié en 2003, suivi en 2006 par L’autre moitié du soleil, un recueil de nouvelles, Autour de ton cou, en 2009, et Americanah en 2013. Dès ses débuts, les critiques son enthousiastes.

Féministe convaincue (elle a publié le manifeste Nous sommes tous des féministes), Chimamanda Ngozi Adichie développe beaucoup de destins de femmes, et en particulier des femmes noires, dans ses livres. Il est aussi question de racisme dans ses œuvres, de la colonisation, du tiraillement que l’on éprouve lorsqu’on appartient à deux pays différents et du Nigéria.

J’ai découvert cette autrice avec L’autre moitié du soleil, qui a été un coup de coeur.  

Lagos, début des années soixante. L'avenir paraît sourire aux sœurs jumelles : la ravissante Olanna est amoureuse d'Odenigbo, intellectuel engagé et idéaliste ; quant à Kainene, sarcastique et secrète, elle noue une liaison avec Richard, journaliste britannique fasciné par la culture locale. Le tout sous le regard intrigué d'Ugwu, treize ans, qui a quitté son village dans la brousse et qui découvre la vie en devenant le boy d'Odenigbo.
Quelques années plus tard, le Biafra se proclame indépendant du Nigeria. Un demi-soleil jaune, cousu sur la manche des soldats, s'étalant sur les drapeaux : c'est le symbole du pays et de l'avenir. Mais une longue guerre va éclater, qui fera plus d'un million de victimes.

C’est un roman historique qui m’a fait découvrir un conflit que je ne connaissais pas, et qui met bien en lumière le rôle des Occidentaux dans de nombreuses guerres en Afrique. Les personnages sont complexes, les personnages prennent la parole à tour de rôle, le propos est poignant sans être trop brutal. Il s’agit d’un gros livre, mais le style de Chimamanda Ngozi Adichie ne pose pas de difficulté. Je n’ai pas vu les pages défiler.

J’ai aussi lu Americanah, qui raconte une histoire d’amour entre deux jeunes Nigérians. Elle part pour les Etats-Unis, lui passe du temps en Angleterre puis revient dans son pays natal. Chimamanda Ngozi Adichie y évoque ce que signifie être noir en Occident, en partant de la question des cheveux crépus jusqu’à des sujets dont la violence est encore plus flagrante. Une partie se déroule également au Nigéria, ce qui est l’occasion d’analyser les inégalités qui sévissent dans ce pays.

J’espère vous donner envie de découvrir cette romancière, elle a une écriture très fluide et croque les situations avec une grande pertinence. Je suis sûre qu’elle devrait plaire aux grandes lectrices de l’auberge.

Merci pour cette présentation très complète de l'oeuvre de Chimamanda Ngozi Adichie, missho ! Cela fait un moment que j'entends parler de cette autrice, mais je n'avais pas encore pris le temps d'en savoir plus sur ses romans qui me paraissent d'ailleurs tous très intéressants ! Ma PàL virtuelle vient de grossir encore un peu, je ne sais pas si je dois te remercier

Merci MissHo pour cette belle présentation, très complète !

A la suite de notre discussion sur le topic de Wole Soyinka, j'ai téléchargé L'hibiscus pourpre, Americanah et Chère Ijeawele avec dans l'idée de commencer par Americanah ...
Pour l'instant j'ai pas mal de lectures en vue (j'ai peut-être été un peu ambitieuse), mais je pense découvrir cette auteure qui m'intéresse d'ici quelques mois.

Merci pour le topic MissHoneychurch

Pour l'instant je n'ai lu que le recueil de nouvelles Autour de ton cou (et de mémoire je ne l'ai pas terminé car j'ai été déçue). Je l'ai trouvé très sombre, violent et désespérant. Normal en fait, mais je ne m'attendais pas à ça

En fait, je voulais lire Americanah ou l'Hibiscus pourpre, dont j'avais eu d'excellents échos et les circonstances ont fait que je me suis rabattue sur le recueil de nouvelles en attendant le moment favorable pour un de ces romans, mauvaise pioche

Je ne désespère pas de lire un des deux romans -la preuve, j'en ai proposé un au challenge Wentworth en 2019 et j'ai voté pour l'autre cette année Mais j'ai aussi repéré son dernier livre Notes on grief, texte récemment publié suite au décès de son père.

Merci misshoneychurch pour cette belle présentation qui donne envie de découvrir cette autrice.
Cela va être compliqué cette année, mais envisageable en 2022 que j'essaie un de ses romans.

J'ai lu Americanah l'année dernière, j'avais beaucoup apprécié. Plus récemment, j'ai aussi lu L'Autre moitié du Soleil, sur la guerre du Biafra, un conflit que je ne connaissais que de nom. Le roman est très dur, forcément vu le sujet, mais très fort. Elle a vraiment un style qui vous emporte je trouve et des personnages très humains.

Merci pour cette jolie présentation, Miss Ho ! C'est une auteure que je souhaite découvrir depuis longtemps (notamment avec Americanah) mais je viens également d'ajouter L'Autre moitié du Soleil dans ma wish-list !

Je suis contente de vous donner envie. Et d'être soutenue par Zakath Nath pour défendre Adichie.

C'est l'ambiance plombante du livre qui t'a fait l'abandonner Serendipity ?

misshoneychurch a écrit:

C'est l'ambiance plombante du livre qui t'a fait l'abandonner Serendipity ?

Non pas uniquement. De mémoire je n'ai pas accroché aux histoires, aux personnages, il manquait un je ne sais quoi qui fait que cela n'a pas pris. Mais je reste intéressée par les romans
et également par l'autrice qui semble être une voix importante de notre époque... ce qui me fait penser, léger HS, que dans l'interview du mari-traducteur de Maryse Condé cité dans le topic de cette dernière, celui-ci indiquait que Maryse Condé était presque exclusivement lue par des femmes noires aux USA. Je ne sais pas si c'est également le cas pour Ms Adichie, mais je trouve dommage que les auteurs soient ainsi cantonnés à certaines catégories de lecteurs j'ai le sentiment que ces catégorisations sont moins marquées en France, que la lecture y est plus universelle

J’ai eu un problème de smiley, j’ai mis un en trop après ma question à Serendipity.

Je ne suis pas sûre que la situation des autrices noires soit tellement plus reluisante en France. Honnêtement, combien en lisez-vous ? Pour ma part, je dois reconnaître que ce n’est pas brillant. On cherche ce qui nous ressemble, même inconsciemment. Les Toni Morrison, Maryse Condé et Chimamanda Ngozi Adichie sont parmi les quelques rares romancières à vraiment être lues. J’ai écouté un épisode du podcast Le Book Club dans lequel une invitée disait qu’elle n’avait presque que des romancières noires dans sa bibliothèque, mon premier réflexe a été de me demander comment c’etait possible, puisque j’ai l’impression qu’il n’y en a pas tellement (ce qui est très certainement faux).

Pourtant, je suis une très grosse lectrice et je passe un temps fou à suivre les sorties littéraires.

CN Adichie est l'invitée de la Grande Librairie ce soir

Merci pour cette information, serendipity !
Je ne regarde jamais cette émission, mais j'aime savoir qu'elle existe 

Je m'aperçois que je n'ai pas laissé de commentaire sur Americanah (2013), excellent roman qui m'a ravi 

MissHo en a parlé dans son post d'introduction, il s'agit d'une histoire d'amour et d'apprentissage, mais pas que, qui se déroule entre le Nigeria, le Royaume Uni et les Etats-Unis, et qui commence à la toute fin des années 90 jusque vers 2010. Le livre est construit en 7 parties inégales, dans lesquelles on suit alternativement Ifemelu, jeune nigériane d'origine igbo de Nsukka douée pour les études, et Obinze son amoureux, étudiant à Lagos comme elle. A 19 ans, Ifemelu part rejoindre sa tante Uju dans l'est des Etats-unis, où celle-ci tente de valider son diplôme de médecin ; à force de travail et de tentatives, Ifemelu parvient à faire ses études tout en les finançant par toutes sortes de jobs. De son côté Obinze n'arrive pas à obtenir de visa pour les USA, il se tourne donc vers le Royaume-Uni, mais doit retourner "bredouille" au Nigéria. Il fera donc sa carrière à Lagos. 
Il est beaucoup question dans ce livre de préjugé de race, bien sûr, mais aussi de la difficulté d'être soi-même dans des sociétés qui veulent vous faire tenir une place qu'on ne veut pas tenir.
Le livre est raconté avec le fil conducteur de la coiffure féminine, objet de tous les fantasmes : cheveux défrisés, lissés, tressés, courts, longs, libres de toute coiffure ; cela devient le symbole de la libération, et de l'acceptation de ce qu'est l'héroïne vraiment.

Ce qui m'a plu surtout, c'est que le ton n'est ni mièvre, ni amer, ni aigre ; alors que le sujet est tout de même assez dur, et que l'une comme l'autre vont connaître une expérience très traumatisante en temps qu'émigré(e) clandestin(e), elle aux Etats-Unis, lui en Angleterre.


Pour compléter, un très bel article intégral en accès libre du Monde, daté de 2015, parution de Americanah en français

Merci pour ton joli retour ! Ce livre est dans ma liste d'envie depuis très longtemps !!

Je pense qu'il te plairait, Juliette !

Merci pour ce retour, Petit Faucon C’est un livre que je trouve d’autant plus intéressant qu’il a de quoi plaire au plus grand nombre tant il aborde de sujets.

Oui tu as raison, c'est un classique 

Merci pour le retour Petit Faucon, qui donne très envie de découvrir ce roman!

L'hibiscus pourpre (2003)

Voici le début du résumé par l'éditeur :

Citation :

Kambili a quinze ans. Son monde est limité aux murs de la résidence luxueuse d'Enugu, au Nigeria, où elle vit avec ses parents et son frère Jaja.
Son père, Eugène, est un riche notable qui régit son foyer selon des principes d'une rigueur implacable.
Sa générosité et son courage politique (il possède le seul journal indépendant du pays) en font un véritable héros de sa communauté.
Mais Eugène est aussi un fondamentaliste catholique, qui conçoit l'éducation de ses enfants comme une chasse au péché où les plus terribles punitions trouvent leur justification dans la foi.

C'est un récit raconté par Kambili, dans lequel on découvre petit à petit derrière le confort matériel l'ombre terrible du père et des maltraitances psychologiques et physiques qu'il inflige à ses enfants et à sa femme. Le récit est construit en un long flash-back, après la scène d'ouverture de rébellion du frère ainé ; cela permet de prendre la mesure de la folie ? du père ; son comportement est d'autant plus terrible qu'on ne parvient jamais vraiment à comprendre ce qui le pousse à châtier sa femme et ses enfants de façon si extrême ; il dit juste à un moment que les missionnaires du couvent qui l'ont éduqué l'avaient châtié très violemment une fois ; mais c'est tout ; on se sait pas la racine de cette intransigeance et de cette violence.
C'est pourquoi je pense qu'on peut l'interpréter de façon symbolique comme un avatar de la colonisation, avec son cortège d'horreurs, et son aculturation des enfants, la perte des repères culturels et sacrés.
Quoiqu'il en soit le livre est profondément déstabilisant car il n'y a pas vraiment d'explication au comportement atroce du père. Et la narratrice reste jusqu'au bout sous l'emprise de son père-bourreau, ce qui est finement observé.
La fin apporte une possibilité de sortie, pour le frère et la soeur, peut-être ; mais la mère est broyée, et la tonalité finale est pessimiste.

Ca reste un très bon livre, avec des moments lumineux, et aussi une grande soif de vivre.

Merci pour ta présentation Petit Faucon!
Malgré le traitement d'un sujet difficile, cela donne le ressenti que les intrications complexes de l'emprise sont finement analysées.

Merci beaucoup pour ton retour sur ce livre Petit Faucon, sur lequel j'avais eu d'excellents échos

serendipity a écrit:

Merci beaucoup pour ton retour sur ce livre Petit Faucon, sur lequel j'avais eu d'excellents échos

D'ailleurs, je souhaite découvrir la plume de cette auteure, certainement par le biais de son roman Americanah !

Je pense que Americanah te plaira, Juliette !

Petit Faucon, je pense que le père agit de cette façon car son fanatisme et sa mégalomanie lui donnent le sentiment d’être tout puissant. Il a le droit de vie et de mort sur les siens et ne manque aucune occasion de s’en assurer. Pourquoi les hommes sont-ils violents ? Pourquoi les personnes très respectées par le public ou dont l’image est immaculée sont-elles souvent différentes dans l’intimité ? Je crois que c'est un héritage complexe, l’autrice n’apporte pas de réponse simple car il n’y en a pas.

J’ai apprécié ce livre moi aussi, mais je garde une grosse préférence pour ses deux autres romans, en particulier L’autre moitié du soleil. C'est dommage qu'il soit moins lu, même si Americanah est plus vendeur pour des Occidentaux.

misshoneychurch a écrit:

(...)
J’ai apprécié ce livre moi aussi, mais je garde une grosse préférence pour ses deux autres romans, en particulier L’autre moitié du soleil. C'est dommage qu'il soit moins lu, même si Americanah est plus vendeur pour des Occidentaux.

J'ai prévu de le lire aussi , je viendrai en parler ici !