Chimamanda Ngozi Adichie

J'ai lu Lundi de la semaine dernière et Le tremblement, deux nouvelles extraites du recueil Autour de ton cou mais rassemblées (pour je ne sais quelle raison) par Folio dans un livre de poche très court
J'ai bien aimé les deux, sans toute fois accrocher outre mesure aux personnages et aux intrigues très simples étant donnée la brièveté de ces deux nouvelles (et leur fin un peu abrupte à toutes les deux), mais j'ai apprécié le style de Chimamanda Ngozi Adichie que je voulais lire depuis un bon moment Maintenant que c'est chose faite, je vais sans doute me procurer L'autre moitié du soleil dont le thème (la guerre du Biafra au Nigéria) m'était inconnu jusqu'à ce que j'en entende parler par des collègues béninois.

Merci de ton retour, Fauvette.
Mon prochain Adichie sera également L'autre moitié du soleil, que j'ai déjà téléchargé sur mon téléphone

Je reviens sur ce topic pour parler de L'autre moitié du soleil que j'ai entamé cette semaine et fini à l'instant ; j'avais entendu dire que ce n'était pas le plus accessible des romans de l'autrice, mais cela a été un gros coup de cœur mêlé d'une leçon de géopolitique bien nécessaire en ce qui me concernait

Je ne sais pas trop par où commencer pour évoquer ce récit très riche qui entremêle les vies de multiples personnages, pour la plupart issus de la classe moyenne à aisée du Nigéria, beaucoup d'entre eux étant professeurs ou lettrés de l'université de Nsukka dans le sud-est du pays (zone qui allait brièvement devenir la république indépendante du Biafra entre 1967 et 1970)) ; avant toute chose, je précise qu'il faut parfois avoir le cœur bien accroché car si un bon premier tiers du roman se passe avant la guerre civile qui a déchiré le pays, le reste (qui alterne tempoellement avant et après la déclaration d'indépendance du Biafra) s'attarde souvent sur les atrocités de la guerre et surtout de ses conséquences directes : déplacements de réfugiés, famine, viols, trafics en tout genre pour survivre... le tout est cependant raconté de façon assez factuelle et relativement neutre, à travers les yeux des différents narrateurs obligés de vivre avec l’insoutenable et se réfugiant parfois dans le déni, les souvenirs plus heureux de leur vie "d'avant" ou l'espoir vibrant d'un monde meilleur suite à une victoire forcément acquise du peuple Biafrais face aux "vandales" nigérians.

J'ai trouvé la narration très fluide et addictive, alors même qu'elle passe souvent d'un narrateur à l'autre : on commence par découvrir le petit monde des intellectuels du Nsukka des années 60 à travers les yeux d'Ugwu, jeune boy qui va vite considérer son maître Odenigbo (un mathématicien révolutionnaire et gonflé d'idéaux) et sa "madame" Olanna (fille de bonne famille convertie aux idéaux de son compagnon) comme sa propre famille, ainsi que le cercle de chercheurs, poètes et autres universitaires qui gravitent autour d'eux, avant de passer plusieurs chapitres dans la peau d'Odenigbo ou d'Olanna. L'histoire se déroule aussi parfois par l'intermédiaire de Kainene, la sœur distante et pragmatique d'Olanna, et de son amant anglais Richard, assez transparent au début puis se découvrant une âme idéaliste et patriote au contact de la ferveur biafraise.

J'ai d'ailleurs bien apprécié le fait que les personnages soient tous très imparfaits et donc très humains : les intellectuels théorisent sur la lutte des classes tout en continuant à employer des domestiques, Ugwu est parfois méprisant envers ses collègues moins instruits que lui

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, Olanna rêve d'égalité

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Ce sont d'ailleurs ces défauts qui rendent tous les personnages si intéressants, et la structure du récit rend leur destinée passionnante :

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. Leur vie intime est de plus intrinsèquement liée au récit plus large du devenir de leur pays : même au plus profond des combats et de la famine, on est parfois surpris au détour d'un chapitre par une querelle de couple ou un détail sans importance, preuves irréfutables que la vie continue toujours, malgré tout

Merci pour ce retour enthousiaste, Fauvette ! Je me note également celui-ci !

Merci Fauvette de ton long compte-rendu, très détaillé !
Ce que tu en dis me conforte dans l'opinion que j'avais déjà ressenti sur le grand talent d'écrivaine de Adichie  

Je l'ai dans mes affaires, je le lirai prochainement

Merci Faivette pour ton retour sur ce magnifique roman